Pastor of Muppets

Pastor Of Muppets

Secret Place, St Jean De Védas (France)

du 08/02/2020 au 08/02/2020

Le décalage, l’expérimentation et l’autodérision ont une place ancienne dans le Metal, plus ou moins tolérée selon les conceptions de chacun. Pour moi, l’idée du Brass Band de reprises me plaît bien. Voire, j’avais déjà vu Pastor of Muppets dans un festival de fanfares de rues il y a longtemps, et conservais un souvenir assez bon pour remettre le couvert. Hélas, en ce samedi soir, l’affluence était bien faible dans la cour et la salle de la TAF. Organisée par une structure extérieure cette fois, la soirée était à un tarif relativement cher qui a pu dissuader une partie du public potentiel.

Un mot sur le groupe local de première partie, DIG UP THE 90’s, qui comme son nom l’annonce servait des reprises de la dernière décennie du millénaire précédent. Les dégaines tatouées et assez white trash américaine des quatre instrumentistes et de la chanteuse ne laissaient pas deviner, par contre, que le programme irait des tubes du HC mélodique qui avaient percé la bande FM jusqu’au pires abominations de l’Eurodance restituées en instrumentation Rock. Je ne pense pas que le groupe aie quelque autre ambition que de partager le plaisir de ranimer une époque. Le panel des styles abordés est trop large pour dessiner une cohérence, à part le fait que Noir Désir, Culture Club et Blink 182 ont eu du succès pendant cette fourchette temporelle.


PASTOR OF MUPPETS arrivait avec sa farandole de déguisés et entamait sa partie à douze, avec un vrai batteur au fond, sur deux reprises purement instrumentales de Machine Head et Megadeth qui résumaient bien le concept. Le combo invite à la redécouverte de classiques mille fois entendus, c’est l’intérêt profond de la chose au-delà des dégaines parodiées. En les adaptant à une instrumentation totalement différente, on y fait entendre des choses auxquelles l’auditeur porte moins attention d’habitude. L’assistance étant introduite, le chanteur sortait des coulisses pour faire le treizième (…) avec son costume et son visage de démon à petites cornes qui allait à ravir avec son attitude lente, réservée et menaçante. "Blind" de Korn s’adapte évidemment très bien à l’exercice sans rien perdre de sa puissance. Les pastiches d’Axel Rose, Slash, Lemmy, Abbath ou Anselmo côtoient des figures plus fantastiques comme ce chanteur luciférien ou les deux jumeaux maléfiques aux trompettes. Selon les moments de bravoure des uns ou des autres, ils se succédaient au centre du demi-cercle très serré ou au gré de chorégraphies plus élaborées sur des riffs célèbres. Je n’avais jamais vu autant de musiciens se quicher sur cette petite scène en quinze ans de fréquentation ! De temps en temps certains s’échappaient dans le public.

Le programme ne s’échappait pas de groupes et titres connus. Il faut admettre que le Metal plus extrême se prête moins à cet exercice. Toutefois ils proposèrent au public un test d’identification sur un titre assez complexe dont ce qui semblait être le riff principal me disait immanquablement quelque chose… Quelqu’un proposa assez intelligemment dans les réponses le nom de Dream Theater, mais il s’agissait du "Master’s Apprentice" d’Opeth que j’avais effectivement bien usé en son temps ! On revint ensuite sur le registre grand public avec par exemple un redoutable "Domination" dont le riff final ne perd rien à la transformation (Slash y perdant sa perruque !), un "Freedom" de RATM vindicatif ou ce "Rock is Dead" de Manson où le chant passait particulièrement bien. Jadis quand je les avais vus, tout était instrumental ; mais l’intégration d’un peu de chant sur certains refrains ou totalités de morceaux parfois est pertinente, et globalement bien pensée au cas par cas. Sans accaparer du tout l’attention, le chanteur sait même se mettre en retrait au profit des instrumentistes en jouant de son personnage réservé mais très sûr de lui (on ne sait jamais, avec un démon…), comme un cérémoniaire. De plus, il allège la charge de la communication auparavant assurée uniquement par Slash, probable meneur de la troupe, qui partage ainsi ses vannes avec quelqu’un qui est plus à l’aise pour ce faire (nous appeler systématiquement "Nîmes" sur le ton de la provocation innocente prouve que le guitariste à chapeau connaît suffisamment bien la région et ses gens !). Et les standards se succédèrent, laissant une bonne place au Néo avec SOAD encore, mais Machine Head et Megadeth revinrent, seuls groupes repris deux fois… On tenta un Braveheart que le public un peu trop âgé pour ça n’honora pas autant qu’il aurait fallu. Mais la bonne humeur régnait. La fin approchait clairement avec la présentation des membres sous leurs pseudonymes et de l’association organisatrice, tandis que je me disais que la setlist qui empruntait naguère au Heavy s’était décalée vers le Thrash et au-delà dans l’évolution. Le rappel nuança cette sensation car il s’agit d’un brillant et complet "War Pigs" annoncé sous son nom traduit, comme plusieurs autres reprises avant lui. Une photo de famille clôtura pour de bon le set.

Maîtrisant finement son concept après des années de performances à travers la France, Pastor of Muppets ne saurait se comparer aux grands groupes établis auquel le groupe rend tribut, mais au-delà de l’humour qui baigne tout le set, les extraits choisis regagnent en intérêt après des années d’écoute, nous rapprochant autant que faire se peut des sensations inoubliables de la découverte.

L’année avançant, nous attaquerons dans quelque temps des rendez-vous un peu moins bon enfant. Enfin.


par RBD le 12/02/2020 à 12:02
   910

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Test de nouvelle vidéo

grinder92 11/09/2020

Vidéos

From This Day Forward

mortne2001 10/09/2020

From the past

...And Justice For All

mortne2001 08/09/2020

From the past

Slayer + Megadeth 2011

RBD 05/09/2020

Live Report

Manifest Decimation

mortne2001 31/08/2020

From the past

Opeth 2006

RBD 29/08/2020

Live Report

Widespread Bloodshed/Love Runs Red

mortne2001 24/08/2020

From the past

PILORI / Interview

Baxter 18/08/2020

Interview

Dead can Dance 2013

RBD 15/08/2020

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
grinder92

Du texte en grasDu texte en italiqueDu texte soulignédu texte barrédu texte en vertune liste d'item numérotée(...)

16/09/2020, 22:12

grinder92

 

16/09/2020, 21:51

grinder92

16/09/2020, 21:49

grinder92

  Affichage des smileys

16/09/2020, 16:48

grinder92

 

16/09/2020, 15:51

grinder92

15/09/2020, 22:30

grinder92

15/09/2020, 22:06

grinder92

  

15/09/2020, 19:09

grinder92

 

15/09/2020, 18:39

grinder92

 

15/09/2020, 18:38

grinder92

Affichage de Smileys  

15/09/2020, 13:57

grinder92

test de fonctionnement

15/09/2020, 13:57

senior canardo

gros souvenirs, j'y avais emmené mon neveu de 7 ans et demi ! c'etait drole les regards partagés des gens entre "cool la relève" et "ce n'est pas un endroit approprié pour un enfant " lol. ce qui etait drole aussi le nombre de gens qui se sont barrés après slayer ...comme nous ;)

11/09/2020, 12:32

Humungus

Novateur ? Je ne sais pas du tout ce que la "presse" en dit mais moi je le trouve très varié (y'a tout NAPALM là dedans !), pas mal de côtés GODFLESH aussi... Pis même un titre totalement KILLING JOKIEN ("Amoral"). Bref, j'adore !!! Album de l'année ???

11/09/2020, 10:59

Living Monstrosity

Barney, toujours aussi intéressant en interview. Bon sang j'adore ce type !!! J'adore l'écart qu'il y a (toujours eu) entre l'aspect brutal de leur musique et le fond, l'esprit derrière tout ça. Quant au dernier album, j'ai bien envie de craquer aussi... Il est aussi "novateur(...)

11/09/2020, 08:04

Humungus

Nubowsky + 1000000 !!! Le dernier album en date est juste EX-TRA-OR-DI-NAIRE !!! !!! !!! Il tourne en boucle chez moi en ce moment...

11/09/2020, 07:25

RBD

Bel effort qui illustre bien le retour en grâce dont bénéficie cet album depuis, disons, une douzaine d'années, et après être passé pour le plus faible dans l'opinion générale jusqu'à la sortie de "Load". Tout est dit ici dans les faits, qui sont au demeurant bien connus. Ce (...)

10/09/2020, 21:27

Arioch91

Sabaton, je n'y prête même plus attention. Pas ma came mais je respecte ceux qui aiment. Y a pas de mauvais Metal. - Le bon Metal, c'est quoi ? Bah tiens, tu prends ce disque là, tu le poses sur la platine, tu écoutes. Bah, c'est du bon Metal. Et le mauvais Metal ? Ah..(...)

10/09/2020, 11:22

Arioch91

J'ai bien aimé celle de David White (Heathen, chant). On sent que l'intérim des gratteux chez Exodus lui a bien cassé les couilles, tout comme le fait que Kragen Lum se soit pointé avec la totalité du nouvel album entièrement composé par lui et que White ne pouvait même pas y apporter ses te(...)

10/09/2020, 11:18

Nubowsky

L’interview de Napalm est toujours aussi intéressante.. quelle conviction et quelle carrière exemplaire.

10/09/2020, 09:45