Age of Steel

Cloven Hoof

24/04/2020

Pure Steel Records

J’ai des souvenirs très vivaces de mon enfance. Je vous passe évidemment les souvenirs trop personnels, mon affection pour la solitude, et j’aborderai très superficiellement ma passion et ma tendresse pour des programmes TV comme Benny Hill, L’Esprit de Famille, Papa-Poule, les émissions de Maritie & Gilbert Carpentier…Mais comme beaucoup d’enfants/préadolescents, je regardais évidemment la télévision en compagnie de mes parents, et souvent, en nous délectant de l’audace de Michel Drucker et de ses invités imprévisibles, j’entendais mon père se fendre d’un tonitruant « Tiens, il est pas mort celui-là ? », ou d’un très finaud « Faudrait peut-être qu’il songe à la retraite lui… ». Tout ceci était évidemment très amusant à mes oreilles de jeune garçon découvrant les joies du sarcasme, principe que j’applique très souvent depuis que je suis parvenu à l’âge adulte il y a une dizaine d’années. Long préambule qui n’a pas pour seul but de meubler cette chronique, mais qui en plante le décor. Car en effet, n’ayant pas vraiment suivi l’actualité du groupe abordé ce matin, je fus fort surpris de constater que sa carrière n’avait pas atteint son terme, et qu’il continuait à produire des albums. CLOVEN HOOF, pour les non-initiés, c’est un de ces nombreux groupes de la fameuses NWOBHM, qui au départ profitèrent de l’allant créatif de la vague, avant de petit à petit sombrer en seconde division. Il est certain que cette vague profita à un peu tout le monde et n’importe qui au départ, propulsant les IRON MAIDEN, DEF LEPPARD et SAXON sur le devant de la scène, tout en laissant pas mal de leurs petits camarades derrière le rideau une fois la bise venue. Il y avait plusieurs raisons à cela, notamment le talent indéniable des trois groupes parvenus au firmament (ponctuellement pour SAXON soyons honnête), mais aussi le caractère très anecdotique et inamovible d’une partie des ensembles qui n’ont pas su s’adapter à l’air du temps. Le cas de CLOVEN HOOF fait partie des plus intéressants, et reste une énigme aujourd’hui. On comprend assez bien qu’en ayant sorti leur premier album en 1984, les anglais avaient plus d’un thé de retard, mais en se replongeant dans les excellents A Sultan’s Ransom et Dominator, on a du mal à saisir pourquoi leur Heavy musclé n’a jamais séduit les masses.

Vivants donc les originaires de Wolverhampton ? Plus que jamais, depuis le comeback de 2001 qui rompait un silence de dix années. Certes, en vingt ans ou presque depuis le nouveau siècle, le line-up a pas mal évolué, et ne reste plus qu’à son poste ce bon vieux Lee Payne, bassiste depuis 1979 et principal compositeur. Lee a bien essayé de rameuter d’anciens amis de la formation d’origine, mais les efforts étant rarement payants, il a fini par se tourner vers des éléments extérieurs, à tel point que le plus ancien de ses sidekicks n’accuse même pas dix ans de présence dans le groupe, et que depuis l’année dernière, deux nouveaux partenaires ont rejoint la partie. Outre Lee, on retrouve donc Chris Coss à la guitare depuis 2011, George Call au chant depuis 2015, ainsi que Mark Bristow à la batterie et Ash Baker à la seconde guitare depuis 2019 tous les deux. Un line-up renouvelé donc, pour une inspiration cherchant à répéter le coup de maître que fut l’excellent Who Mourns for the Morning Star?, considéré par le groupe comme son meilleur album en date. Certes, on connaît le discours promotionnel consistant à désigner son plus récent travail comme le sommet d’une carrière, mais il est certain que ce LP paru en 2017 était d’une qualité rare, et semblait difficile à surpasser. Mais ce serait mal connaître Lee de ne pas le croire capable de puiser en lui-même l’énergie nécessaire pour continuer de progresser, et en effet, cet Age of Steel, qui célèbre le retour de la mascotte Dominator, et la renaissance d’un concept qui ne fait qu’ajouter de la valeur à cette nouvelle œuvre. Ramené génétiquement à la vie pour combattre la mort et la destruction dans la galaxie, Dominator retrouve donc son empire, à mesure que ses créateurs retrouvent l’allant de leur jeunesse. Et autant ne pas y aller par quatre chemins, Age of Steel fait clairement partie des meilleurs travaux du groupe, qui signe là un disque à rendre fous de jalousie tous les acteurs de la scène nostalgique actuelle.

Difficile de croire à l’écoute de ces dix glorieux morceaux que le groupe accuse quarante ans de carrière, tant ils sonnent frais, puissants, inspirés et plein d’allant. Sans s’éloigner de leur but de départ, les anglais nous ont pondu le plus bel hommage moderne à la NWOBHM, combinant une fois encore la solidité du Heavy Metal et la puissance du Power Metal. Décidément galvanisé par l’adjonction d’un nouveau batteur et d’un nouveau guitariste, Lee a vu ses forces se décupler, ce que l’on sent immédiatement sur le surpuissant « Bathory », qui a de quoi donner bien des suées à la nouvelle génération. Son immense et moderne, énergie de tous les diables, mise en place parfaite, guitares qui rugissent et performance hallucinante de George Call qui se sort les tripes à la Halford/Scheepers. En un seul titre, le quintet semble oublier sa date de naissance, et propose une ambiance sombre et théâtrale, qui rappelle un peu ses premières années costumées, lorsque chacun des membres du groupe représentait l’un des quatre éléments. Aujourd’hui, c’est assurément le feu qui s’impose, avec des interventions incendiaires, mais surtout, des allusions très marquées à la légende ce cette vague de nouveau Heavy Metal de l’orée des années 80. Ainsi, « Alderley Edge » semble synthétiser le MAIDEN des années 80, avec son intro empruntée au légendaire Killers, et son déroulé qui rappelle les grandes heures de Seventh Son of a Seventh Son. D’ailleurs, Call se montre très crédible lorsqu’il singe les intonations lyriques de Dickinson, mais comment ne pas craquer face à cet hommage à peine déguisé ? Dès lors, le groupe n’a plus qu’à s’appuyer sur son inspiration pour dérouler comme à la parade, avec un passage en revue exhaustif de toutes ses qualités, du Heavy stable et pugnace (« Apathy »), au Heavy épique et guerrier à la MAIDEN, encore (« Touch the Rainbow », qui ressemble comme deux gouttes d’eau à une version moderne de « The Evil that Men Do »).

Une incroyable impression de puissance et d’assurance prend l’auditeur à la gorge pour ne plus jamais le lâcher, et la majesté de l’entreprise saute aux oreilles au moindre arrangement et au moindre riff. Connaissant les ficelles du métier par cœur, le groupe s’amuse beaucoup de ces humeurs changeantes, acceptant la délicatesse (« Bedlam ») pour mieux imposer la violence (« Ascension » très PRIEST). Dix morceaux, autant de démonstrations de bravoure, avec toujours en exergue cette passion pour le Metal des années 80, joué par des spécialistes (« Victim of the Furies »). CLOVEN HOOF se permet même de nous pondre un hit imparable, avec un « Judas » qu’on finit par reprendre en chœur sans vraiment s’en rendre compte. Incroyable de se dire que Lee Payne, quarante ans après la naissance de son groupe est encore capable de pondre des albums de cette trempe, mais sans aucun doute, Age of Steel est le plus beau pied de nez qu’il pouvait adresser à ses détracteurs, pensant que son groupe n’avait plus rien à dire depuis longtemps.         

                                                                                                 

Titres de l’album :

                      01. Bathory

                      02. Alderley Edge

                      03. Apathy

                      04. Touch the Rainbow

                      05. Bedlam

                      06. Ascension

                      07. Gods of War

                      08. Victim of the Furies

                      09. Judas

                      10. Age of Steel

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par mortne2001 le 04/05/2020 à 14:24
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