Trois données à prendre en compte. Du Black/Death, le Chili, et Iron Bonehead. Avec ça en tête, inutile de venir vous plaindre parce que ça va faire du bruit et vous faire peur. On le sait depuis la nuit des temps, l’extrême sud-américain n’est pas des plus tendres, et fait partie des références du style. Les exemples ne manquent pas, que j’ai déjà cités à l’occasion d’une récente chronique de VULCANO, mais si l’underground des origines était l’un des plus actifs du monde, celui d’aujourd’hui est encore plus prolifique que son illustre modèle, et encore plus vilain. En reprenant à son compte les arguments bestiaux de ses aînés, la génération actuelle fait montre d’encore plus de violence et de sournoiserie, s’imposant comme la digne représentante de Satan sur terre. De fait, parlons donc des INVOCATION, entité démoniaque créée en 2015 du côté de Valparaiso. Quatre années auront donc suffi aux chiliens pour se forger une solide réputation dans les entrailles de la terre et se faire remarquer par l’un des labels les plus incorruptibles du circuit, mais il n’y a rien d’étonnant à cela. Avec une première démo qui sentait bon les cavernes et les incantations étranges (Seance Part. I, 2016), et un mini LP en confirmation (The Mastery of the Unseen, deux morceaux seulement, mais largement assez pour comprendre), le power-trio plus evil qu’un cauchemar d’Euronymous nous en revient avec un nouveau mini format sous le bras, mini dans l’amplitude mais pas dans l’effet. Quoiqu’avec ses trente-huit minutes d’horreur musicale, Attunement to Death bat le pavé d’un longue-durée qui ne devrait plus trop tarder. Six morceaux dont une intro, tous conséquents, tous emprunts d’un formalisme Black/Death patent, mais qui exhalent pourtant d’un parfum occulte très prenant. Insistant sur l’aspect hypnotique de leur musique, les trois instrumentistes aux pseudos inventifs (Sense of Premonition - guitare/chant, Sense of Clairaudience - batterie et Sense of Clairvoyance - basse) nous proposent donc une immersion totale dans leur monde nocturne et claustrophobique, en s’appuyant sur des éléments faussement simples.
Musicalement, on sait le Black/Death poisseux et gluant, mais celui pratiqué par INVOCATION va plus loin que ça, et reste intelligible dans son agression. On a souvent l’impression d’entendre le fruit de séances lunaires entre le MAYHEM de légende et l’INCANTATION le moins compromis, pour un résultat cryptique et assez épais. Car loin de se contenter de rapides saillies entre deux chênes, les chiliens agencent leurs chansons pour qu’elles prennent la forme de formules évolutives, soulignant donc le côté vraiment « croyant » de leur musique. Après tout, on ne propose pas au public des titres qui dépassent les sept ou huit minutes sans solides arguments, et dès le monstrueux (dans le sens littéral) « Flying Ointments », le décor est planté. La guitare est sous-mixée et rudimentaire, la rythmique blastée comme à la parade, le chant grumeleux et caverneux en soutien pour un festival de sensations fortes qui n’hésitent pas à emprunter au Doom, au Thrash, au Black de quoi élaborer un décorum infernal. Infernal, mais pas repoussant. En acceptant d’intégrer des mélodies vénéneuses dans leur barouf intense, les trois grands mages nous proposent donc un mélange corsé mais tout à fait buvable, et surtout, concentré en gravité. Les deux références utilisées à titre de comparaison sont viables, même si subjectives, et il convient évidemment de leur ajouter l’héritage géographique des années 80, tout comme l’affiliation à une scène underground actuelle qu’Iron Bonehead connaît mieux que quiconque.
« Divine Transition » vous expliquera d’ailleurs tout ça bien mieux que moi, avec son intro glaciale qui tournoie comme un vautour affamé. On sent sur cette intro une passion indéfectible pour la scène Death des années 90, et pour le rigorisme suédois réchauffé d’une surtension sud-américaine de la décennie précédente. Sans jamais tomber dans le piège du brouet infâme et puant, mais en gardant le cap sur une sauvagerie qui ne se dément jamais, INVOCATION parvient à tutoyer les cimes de l’ultra-bestialité tout en restant compréhensible et écoutable. On apprécie particulièrement ces ambiances stables qui évoluent, se transforment, se densifient, gardant au morceau sa cohérence tout en lui évitant un statisme borné et gênant. Accumulant les plans sans jouer l’overdose, le groupe nous offre donc une digression intéressante sur une tradition séculaire, et si tous les morceaux évoluent sur le même terrain souillé, ils n’en gardent pas moins une identité forte que des idées vraiment percutantes mettent en relief. Ainsi, « The First Mirror » nous offre une plongée en enfer avec ses percussions martelées et son chant possédé, tandis que le final en spirale de « Secret Tongues » confirme toutes les prises de position en allant encore plus loin dans la débauche. Aussi Death qu’il n’est Black, Attunement to Death est une belle litanie de mort, qui empeste les secrets inavouables, les recoins les plus sombres de l’âme humaine, et plus prosaïquement, l’incarnation d’une musique toujours aussi impénétrable, mais qui accepte volontiers de convertir les fidèles et quelques curieux. Un mini LP que vous pouvez tout à fait considérer comme un album entier avec ses quarante minutes, et qui laisse présager d’un avenir sombre comme la poix pour ce groupe qui n’a pas fini de hanter vos nuits blanches.
Titres de l’album :
01. Oppresssion
02. Flying Ointments
03. Divine Transition
04. The First Mirror
05. The Officiants
06. Secret Tongues
Du texte en grasDu texte en italiqueDu texte soulignédu texte barrédu texte en vertune liste d'item numérotée(...)
16/09/2020, 22:12
16/09/2020, 21:49
15/09/2020, 22:30
15/09/2020, 22:06
gros souvenirs, j'y avais emmené mon neveu de 7 ans et demi ! c'etait drole les regards partagés des gens entre "cool la relève" et "ce n'est pas un endroit approprié pour un enfant " lol. ce qui etait drole aussi le nombre de gens qui se sont barrés après slayer ...comme nous ;)
11/09/2020, 12:32
Novateur ? Je ne sais pas du tout ce que la "presse" en dit mais moi je le trouve très varié (y'a tout NAPALM là dedans !), pas mal de côtés GODFLESH aussi... Pis même un titre totalement KILLING JOKIEN ("Amoral"). Bref, j'adore !!! Album de l'année ???
11/09/2020, 10:59
Barney, toujours aussi intéressant en interview. Bon sang j'adore ce type !!! J'adore l'écart qu'il y a (toujours eu) entre l'aspect brutal de leur musique et le fond, l'esprit derrière tout ça. Quant au dernier album, j'ai bien envie de craquer aussi... Il est aussi "novateur(...)
11/09/2020, 08:04
Nubowsky + 1000000 !!! Le dernier album en date est juste EX-TRA-OR-DI-NAIRE !!! !!! !!! Il tourne en boucle chez moi en ce moment...
11/09/2020, 07:25
Bel effort qui illustre bien le retour en grâce dont bénéficie cet album depuis, disons, une douzaine d'années, et après être passé pour le plus faible dans l'opinion générale jusqu'à la sortie de "Load". Tout est dit ici dans les faits, qui sont au demeurant bien connus. Ce (...)
10/09/2020, 21:27
Sabaton, je n'y prête même plus attention. Pas ma came mais je respecte ceux qui aiment. Y a pas de mauvais Metal. - Le bon Metal, c'est quoi ? Bah tiens, tu prends ce disque là, tu le poses sur la platine, tu écoutes. Bah, c'est du bon Metal. Et le mauvais Metal ? Ah..(...)
10/09/2020, 11:22
J'ai bien aimé celle de David White (Heathen, chant). On sent que l'intérim des gratteux chez Exodus lui a bien cassé les couilles, tout comme le fait que Kragen Lum se soit pointé avec la totalité du nouvel album entièrement composé par lui et que White ne pouvait même pas y apporter ses te(...)
10/09/2020, 11:18
L’interview de Napalm est toujours aussi intéressante.. quelle conviction et quelle carrière exemplaire.
10/09/2020, 09:45