Black Bubbling Ooze

Starblind

31/07/2020

Pure Steel Records

Deuxième arnaque du jour, le quatrième LP des suédois de STARBLIND. Trois ans après l’acclamé Never Seen Again, les originaires de Stockholm reviennent par la grande porte qui a pourtant tout du petit portail de jardin déguisé en grande ouverture avec lierre et roses trémières. Après trois années de silence à peine interrompues par un single en 2018, le groupe ose se présenter à nous avec un LP de trente-cinq minutes, qui en sus, contient deux autocitations. Les malandrins Heavy pensent donc s’en tirer avec six nouveaux morceaux et deux reprises de leur propre catalogue, ce qui s’apparente plus ou moins à du remplissage pour gonfler un EP en LP, mais l’astuce mérite quand même d’être pointée du doigt. Heureusement pour eux, les six nouveaux titres sont de qualité et d’importance, et Black Bubbling Ooze passe la barre de l’escroquerie pure et simple, mais là encore, si l’auditeur reste en surface et ne cherche pas à approfondir les choses. Mais je reviendrai sur ce point précis plus tard…Pour ceux n’ayant pas suivi les actualités de Roger Gicquel, STARBLIND, malgré son nom pouvant évoquer des fans de RAINBOW ou de Space-Rock à la HAWKWIND sont de véritables rockeurs suédois, formés en 2013 et visiblement traumatisés par le Heavy européen des années 80. Et c’est après un an de mise en place que le quintet a lâché son premier long, le fameux Darkest Horrors auquel ils font plus qu’allusion encore aujourd’hui. S’ensuivirent Dying Son en 2015 puis Never Seen Again en 2017, avant un long silence dont les musiciens n’étaient pas coutumiers. Et c’est sans doute pour cette raison qu’on s’attendait à autre chose qu’un quickie torché sur le pouce, contenant deux reprises de leur premier album, remis à la sauce 2020.

Admettons le tour de passe-passe, et jugeons donc la musique pour ce qu’elle est. Je parlais tout à l’heure de rester en surface pour juger de la pertinence de l’œuvre des suédois, mais en approfondissant quelque peu l’analyse, il n’est pas difficile de comprendre que la bande fait partie des fans les plus acharnés d’IRON MAIDEN. La musique présentée sur ce Black Bubbling Ooze sert en effet de base au fan-club des frustrés de la Vierge de Fer, et aucun ou presque des titres présents ici ne fait exception ou ne s’éloigne de cette influence flagrante. L’argument sert même de promotion au label Pure Steel Records, trop fier d’héberger dans son écurie de puristes un clone parfait, susceptible de venir faire bouffer au râtelier de Steve Harris tous les fans éplorés du manque d’inédits. Pour faire simple, et malgré la citation d’autres références éventuelles (JUDAS PRIEST, pour décorer, MANOWAR, pour gonfler les muscles), STARBLIND est sans doute le tribute-band original le plus crédible du marché, et les fans de MAIDEN seront encore une fois ravis de dévorer une bordée d’inédits de leur groupe fétiche interprétés par des suédois pétris d’admiration. Certes, la voix de Marcus S. Olkerud a des capacités sur lesquelles Bruce Dickinson peut s’asseoir depuis longtemps, certes les soli de Björn Rosenblad et Johan "J.J" Jonasson renvoient la paire Murray/Smith à leurs chères études, mais le démarcage est à ce point faible qu’on a vraiment la sensation que les suédois se contentent de repiquer des plans à droite à gauche pour les assembler façon docteur Frankenstein. On se dit d’ailleurs que le Dr Stein continue de fabriquer de drôles de créatures tant les attaques de basse au doigt, les tierces, les envolées vocales et le climat épique semblent calqués sur les hits que furent Brave New World ou Fear of the Dark, et d’ailleurs, Black Bubbling Ooze incarne le chaînon manquant entre ces deux albums, comme si la période Blaze Bayley n’avait jamais existé.

Ecoutez juste pour le fun « The Man Of The Crowd », et demandez-vous si ce morceau n’aurait pas pu être cosigné par Dickinson et Harris sans que personne n’y trouve à redire. Même saccades de basse, même rythme à la Nicko, même harmonies héritées de la NWOBHM, et s’il n’y avait ces soudaines percées aigues de Marcus S. Olkerud, le mimétisme le confinerait à la copie carbone. Pour la défense des suédois, le parallèle joue clairement en leur faveur, leur énergie manquant à MAIDEN depuis très longtemps. Et autant l’admettre, une fois la règle du jeu acceptée, l’illusion est enivrante, d’autant plus que le quintet se permet parfois quelques trucs un peu plus personnels et typiques du Power Metal, comme cet endiablé « Room 101 » qui se rapproche clairement d’HELLOWEEN…autre groupe frappé du sceau de la fascination MAIDEN. Une histoire de famille donc, pour un fac-similé qui donne le vertige, mais comme les choses sont claires depuis 2013, on se laisse happer dans ce vortex de créativité impersonnelle qui joue le jeu d’un historique Heavy Metal très appliqué. Et franchement, comment résister à la fougue de « One Of Us », qui nous ramène aux grandes heures des héros anglais, lorsqu’ils étaient en train de conquérir le monde. En étant honnête, on peut aussi ajouter à l’addition des influences celle de SAVATAGE, de plus loin évidemment, et un brin de LIZZY BORDEN, mais tout ceci gravite encore dans la galaxie MAIDEN…

Alors, oui, le tout est aussi carré qu’un lit de militaire, aussi original qu’un album vendu sur le marché par un orchestre de bal, mais ça fonctionne miraculeusement, même si certains plans sont encore plus culottés que la moyenne (« At The Mountain Of Madness », et ses idées semblant piquées dans le coffre de « The Loneliness of the Long Distance Runner »), et qu’au final, on se demande clairement si Steve Harris n’a pas reformé les CHARLOTTE AND THE HARLOTS pour une tournée du côté de Stockholm. A vous de voir si vous acceptez le plan ou pas, mais je reste partagé entre admiration pour cette copie parfaite et agacement de voir des groupes se contenter de paraphraser leurs idoles, en misant sur une nostalgie de plus en plus envahissante et facile.    

                       

Titres de l’album:

01. One Of Us

02. At The Mountain Of Madness

03. Here I Am

04. Crystal Tears

05. The Man Of The Crowd

06. Room 101

07. The Reckoning

08. The Young Man


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par mortne2001 le 02/04/2021 à 19:25
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