Blinded

Metalriff

20/07/2018

Autoproduction

Nostalgie, nostalgie, pourquoi es-tu nostalgie ?

Non, c’est certain, cette réplique en supplication n’est pas du Shakespeare, mais elle aurait pu l’être si l’auteur anglais nous avait été plus contemporain, et fan de Metal. Il aurait pu se demander, depuis plusieurs années, ce qui attire les musiciens du cru vers un passé que nul n’oubliera jamais, un peu de la même façon que les producteurs américains se laissent tomber dans les filets du remake par facilité. Mais les remakes, aussi fidèles et impeccables soient-ils n’en sont que, et laissent l’originalité au placard pour de sombres histoires de gros sous. Dans le Metal, le mécanisme est un peu différent, puisqu’il est assez rare que les dollars, euros, yens et autres monnaies sonnantes et trébuchantes tombent dans le portefeuille, et lorsque ça arrive, l’argent encaissé est aussitôt consacré à l’achat de matériel. Alors, qu’est-ce qui motive les troupes finalement ? Le manque d’ambition, la passion ? Les deux ? On se perd en conjectures, ce qui ne nous empêche nullement d’apprécier des albums d’excellente facture, qui auraient toutefois pu être délivrés par le facteur dans notre boîte aux lettres il y a une bonne trentaine d’années. Tiens, en 1987/1988, nous aurions pu recevoir ce Blinded des METALRIFF, sans que l’on ne soit choqué du caractère avant-gardiste de cette réalisation. Car d’avant-gardisme il n’est absolument pas question sur cette œuvre, mais bien de classicisme au contraire, un classicisme qui trouve ses racines dans l’explosion Thrash de la Bay Area, et qui le revendique patch et skate.

Originaires de Santiago du Chili, les METALRIFF n’ont pas finassé au moment de choisir un nom de baptême et ont plutôt joué la franchise et retenant les leçons de sincérité de METALLICA. D’ailleurs, le rapprochement nominal n’est pas le seul point commun qui les rattache à l’histoire des four horsemen de Frisco, puisqu’ils partagent aussi leur goût pour cette frontière non réellement franchie entre Heavy tenace et Thrash salace. Leonel Contreras (chant/guitare rythmique), Felipe Mardonez (lead guitar), Patricio Muñoz (basse) et Roberto Contreras (batterie) ont l’honnêteté de leurs influences, qu’ils nomment sans honte sur leur page Facebook, et il n’est pas véritablement étonnant d’y retrouver les noms de quelques cadors du cru (METALLICA, MEGADETH, IRON MAIDEN, ANTHRAX, SLAYER, TESTAMENT), noms utilisés avec beaucoup de pertinence, qui balisent admirablement bien le terrain couvert par les chiliens. Chiliens qui auraient pu naître américains sans que cela ne surprenne, tant Blinded sonne plus L.A que n’importe quelle galette sortie à l’époque. Doté d’une production très honorable et claire, ce premier longue-durée fait la part belle aux modulations d’ambiance, et alterne les climats, forçant le Heavy pour le durcir Thrash, et adoucissant le Thrash pour le faire rentrer dans un moule Heavy, à la manière du MEGADETH le plus affable et capable. On pense d’ailleurs en plus d’une occurrence à un croisement diabolique entre la versatilité technique rêche d’And Justice et la rythmique roublarde et efficace d’un Youthanasia, deux références qui ont dû méchamment compter pour le quatuor, qui nous ressert des plans encore bouillants qui auraient pu être composés il y a presque trente ans.

Nostalgie donc, marquée, mais pas forcément passéisme. Le Heavy Thrash de ces sympathiques musiciens est doté d’une petite touche moderne pas désagréable du tout, qui rapproche leurs efforts et leur premier effort du dernier et miraculeux ARMORED SAINT, Win Hands Down, l’optique 80’s en plus, mais au talent équivalent. Mélodie et hargne, riffs acérés, duo basse/batterie très compétent et resserré, pour des compositions plus ambitieuses qu’elles n’en ont l’air à la première écoute, même si certaines évoquent avec insistance des hits de résistance, à l’instar du superbe « Them », qui une fois encore, oblige Dave Mustaine et James Hetfield à faire la paix autour d’une power-ballad. Chant clair qui d’une assurance féroce donne le ton, emprunts parfois un peu trop ressemblants (l’intro en guitare montante de « They Never Die » ressemble quand même comme deux gouttes d’Absolut à celle de « Blackened »), pour une fausse modération qui sait montrer les crocs et rentrer dans le lard, sans faire trop de blessés (« Pray or Die », qu’on trouvait déjà sur leur premier EP, mais dont la syncope principale nous renvoie dans les cordes de catch de NASTY SAVAGE période Indulgence). En gros comme en détail, un passage en revue de toutes les composantes d’un Thrash raisonnable mais énergique, qui s’abreuve à la source du genre pour étancher la soif des maniacs de tout poil qui n’ont jamais vraiment osé choisir leur camp. Celui des METALRIFF est solidement établi, et entre accroches séduisantes (« Reveal Yourself », qu’on croirait exhumée de bandes inédites du Slave To The Grind de SKIDROW), et complémentarité mélodique faisant se percuter les spectres d’ANTHRAX et IRON MAIDEN (« Blinded »), le tableau est complet et le plan d’action efficace.

Les chiliens ont poussé le vice jusqu’à nous offrir un instrumental d’époque, qui aurait pu être écrit conjointement par James Hetfield et Jeff Waters, pour un instant de délicatesse harmonique qui marque une pause sans marquer le pas (« In Our Minds », « The Call of Ktulu » n’est pas très loin quand même), avant de s’envoler pour des paradis Heavy, via la fusée « Restricted Zone », qui une fois encore s’amuse beaucoup à mélanger les ingrédients, pour suggérer un amour inconsidéré pour les METAL CHURCH, ANTHRAX, MEGADETH et METALLICA. Une impasse créative pour certain, un magnifique hommage pour les autres, mais surtout, une foi inébranlable en un style qui supporte très bien le poids des années, et qui permet à certains outsiders de prendre leur revanche sur le destin (le final « Loading Wars » qui louche méchamment vers les suédois d’AGONY et leur « Deadly Legacy » de bonne mémoire, tout en clignant de l’œil vers le METALLICA de Death Magnetic). Une réalisation qui mérite donc les honneurs, mais surtout, une reconnaissance hors de leurs frontières, pour que le public mondial puisse découvrir un groupe qui mérite le respect et susceptible de déclencher un headbanging global. A mi-chemin entre Songe d’une Nuit d’été et MacBeth, Blinded est, et ne se pose pas la question.   

 

Titres de l'album :

                          1.They Never Die      

                          2.Pray or Die 

                          3.Reveal Yourself      

                          4.Them          

                          5.Blinded       

                          6.In Our Minds (instrumental)

                          7.Restricted Zone      

                          8.Loading Wars

Facebook officiel


par mortne2001 le 06/09/2018 à 16:09
78 %    1027

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Test de nouvelle vidéo

grinder92 11/09/2020

Vidéos

From This Day Forward

mortne2001 10/09/2020

From the past

...And Justice For All

mortne2001 08/09/2020

From the past

Slayer + Megadeth 2011

RBD 05/09/2020

Live Report

Manifest Decimation

mortne2001 31/08/2020

From the past

Opeth 2006

RBD 29/08/2020

Live Report

Widespread Bloodshed/Love Runs Red

mortne2001 24/08/2020

From the past

PILORI / Interview

Baxter 18/08/2020

Interview

Dead can Dance 2013

RBD 15/08/2020

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
grinder92

Du texte en grasDu texte en italiqueDu texte soulignédu texte barrédu texte en vertune liste d'item numérotée(...)

16/09/2020, 22:12

grinder92

 

16/09/2020, 21:51

grinder92

16/09/2020, 21:49

grinder92

  Affichage des smileys

16/09/2020, 16:48

grinder92

 

16/09/2020, 15:51

grinder92

15/09/2020, 22:30

grinder92

15/09/2020, 22:06

grinder92

  

15/09/2020, 19:09

grinder92

 

15/09/2020, 18:39

grinder92

 

15/09/2020, 18:38

grinder92

Affichage de Smileys  

15/09/2020, 13:57

grinder92

test de fonctionnement

15/09/2020, 13:57

senior canardo

gros souvenirs, j'y avais emmené mon neveu de 7 ans et demi ! c'etait drole les regards partagés des gens entre "cool la relève" et "ce n'est pas un endroit approprié pour un enfant " lol. ce qui etait drole aussi le nombre de gens qui se sont barrés après slayer ...comme nous ;)

11/09/2020, 12:32

Humungus

Novateur ? Je ne sais pas du tout ce que la "presse" en dit mais moi je le trouve très varié (y'a tout NAPALM là dedans !), pas mal de côtés GODFLESH aussi... Pis même un titre totalement KILLING JOKIEN ("Amoral"). Bref, j'adore !!! Album de l'année ???

11/09/2020, 10:59

Living Monstrosity

Barney, toujours aussi intéressant en interview. Bon sang j'adore ce type !!! J'adore l'écart qu'il y a (toujours eu) entre l'aspect brutal de leur musique et le fond, l'esprit derrière tout ça. Quant au dernier album, j'ai bien envie de craquer aussi... Il est aussi "novateur(...)

11/09/2020, 08:04

Humungus

Nubowsky + 1000000 !!! Le dernier album en date est juste EX-TRA-OR-DI-NAIRE !!! !!! !!! Il tourne en boucle chez moi en ce moment...

11/09/2020, 07:25

RBD

Bel effort qui illustre bien le retour en grâce dont bénéficie cet album depuis, disons, une douzaine d'années, et après être passé pour le plus faible dans l'opinion générale jusqu'à la sortie de "Load". Tout est dit ici dans les faits, qui sont au demeurant bien connus. Ce (...)

10/09/2020, 21:27

Arioch91

Sabaton, je n'y prête même plus attention. Pas ma came mais je respecte ceux qui aiment. Y a pas de mauvais Metal. - Le bon Metal, c'est quoi ? Bah tiens, tu prends ce disque là, tu le poses sur la platine, tu écoutes. Bah, c'est du bon Metal. Et le mauvais Metal ? Ah..(...)

10/09/2020, 11:22

Arioch91

J'ai bien aimé celle de David White (Heathen, chant). On sent que l'intérim des gratteux chez Exodus lui a bien cassé les couilles, tout comme le fait que Kragen Lum se soit pointé avec la totalité du nouvel album entièrement composé par lui et que White ne pouvait même pas y apporter ses te(...)

10/09/2020, 11:18

Nubowsky

L’interview de Napalm est toujours aussi intéressante.. quelle conviction et quelle carrière exemplaire.

10/09/2020, 09:45