Il est toujours intéressant de découvrir la culture musicale d’un pays dont peu de groupes nous sont connus. Ainsi, le Hard Rock soviétique connut un gros boom dans les années 80 suite à la Perestroïka, et l’Europe put tendre ses oreilles sur des groupes comme KRUIZ, SHAH et surtout GORKY PARK. Le Brésil connut plus de fascination encore quelques années auparavant par l’entremise de sa scène Death/Thrash et ses dignes représentants SEPULTURA, DORSAL ATLANTICA, CHAKAL, SARFOFAGO et RATOS DE PORAO. Le Heavy japonais, lancé par les immanquables LOUDNESS permit aux EZO de bénéficier d’une certaine couverture, et au-delà de l’exotisme de la découverte, le public médusé se rendit compte que les musiciens des quatre coins du monde, parfois avec des moyens terriblement chiches pouvaient se montrer aussi créatifs que les plus grandes légendes anglaises, américaines et allemandes. Et personne au départ ne songeait qu’un groupe issu d’un tiers monde artistique puisse devenir un leader, ce qui indiquait une certaine méconnaissance géographique ainsi qu’une condescendance inconsciente liée à l’apprentissage proposé par les magazines grand public qui n’avaient cure de cette forme d’exotisme. Et c’est bien d’exotisme dont il faut parler, cet exotisme de carte postale qui fait envisager une culture comme un plaisir un peu cocasse, alors même que la richesse artistique d’un pays ne dépend pas forcément de sa location. Qui aurait pu penser que le Rock asiatique allait un jour devenir une référence mondiale, alors même que dans les sixties, le Rock là-bas était traité comme une bête inconnue et indomptable ? Mais à l’heure d’Internet, les frontières ne sont plus que des concepts illusoires, et tout le monde à sa chance, ce que semble vouloir nous démontrer le label finlandais Svart records avec cette excellente compilation regroupant les plus grands groupes du…Botswana.
Oui, on joue du Metal en Afrique, et oui, ce pays de la taille de la France et ceinturé par l’Afrique du Sud, la Namibie et le Zimbabwe a une longue histoire musicale derrière lui, ce que le documentaire Freedom in the Dark s’est évertué à démontrer de ses images et de son reportage en immersion. Pour synthétiser le propos de ce documentaire, disons qu’il remonte aux racines du patrimoine du pays en situant l’apparition du premier vrai groupe national dans les années 70, avec l’émergence de NOSEY ROAD, le premier combo à composer une musique originale. Formé par des émigrés italiens, NOSEY ROAD jouait alors une forme très light de Hard Rock classique, mais reste le pionnier du Rock au Botswana, puisqu’il fallut attendre vingt ans pour que des héritiers présumés reprennent leur flambeau. C’est ainsi que METAL ORIZON naquit dans les années 90, avec son mélange de folklore traditionnel, de grosses guitares et de chant grogné. Ces deux groupes ont donc représenté les influences de la nouvelle scène nationale, et dans les années 2000, la télévision et le Net permirent à d’autres musiciens de se faire entendre, des musiciens plus radicaux dans leur démarche, et plus portés sur l’extrême que leurs aînés. Avec un peu de retard sur la locomotive, apparurent les WRUST, premier gang estampillé Death Metal du pays, rapidement suivi par les STANE (2005), CRACKDUST (2006), PMMA (2008), et OVERTHRUST (2008). Ce sont donc ces six derniers groupes qui se partagent le timing de cette compilation Brutal Africa - The Heavy Metal Cowboys of Botswana, qui plus qu’un simple témoignage ludique présente la fertilité et l’énergie de la scène nationale du Botswana, un pays encore relativement peu connu pour ses exactions métalliques pourtant bien présentes.
Autant l’avouer immédiatement, aucune épiphanie musicale ne vous attend sur ce sampler pourtant diablement intelligent et exhaustif. Il est certes plaisant de découvrir un mouvement peu connu des amateurs de sensations fortes, mais aucun des groupes à l’affiche ne peut prétendre à un quelconque leadership sur le marché mondial. Les six groupes sont presque tous bâtis sur le même moule, à l’exception de METAL ORIZON, qui fait un peu office d’épouvantail dans le champ de cadavres. METAL ORIZON est en effet le seul groupe typiquement Hard Rock du lot, et ose avec ses deux compos se démarquer de ses homologues. Fondé en 1991, le trio (Selaelo Slaezah “Stroke“ Selaelo - batterie, Bophelo Santos Thabakgolo - chant/basse et Dumisani "Rock Dawg" Matiha - chant/guitare) est celui qui a la carrière et la discographie la plus fournie, avec pas moins de quatre LP, et si « Ungazetted Mortuary » s’ancre dans une tradition 90’s de Fusion entre Death et Thrash rythmique, « We're Rolling » est beaucoup plus incongru, avec son mélange de Country et de Rock light, ressemblant même à une version locale des DEL AMITRI ou d’un obscur groupe Grunge africain imitant les DINOSAUR JR. Sympathique contraste et mélange assez amusant, pour une des seules notes un peu légères de cette compilation décidément vouée aux gémonies d’un Death Metal omniprésent. Omniprésent, mais pas seulement, puisque les étranges PMMA (POLYMETHYL METHACRYLATE BAND) avec « Imprisoned to Death » se distinguent aussi de leur cocktail biscornu entre Pop-Rock mélodique et Fusion Indus un peu biaisée. Si ce morceau est assez étonnant dans le fond, il n’est pas vraiment convaincant dans les faits, la production déficiente, et les fréquentes sorties de route vocales d’un chanteur ne maîtrisant pas vraiment ses cordes vocales dans les aigus rendant l’écoute assez difficile…
Le reste du tracklisting oscille donc entre Death musclé, Death renforcé et Death bousculé, et les STANE, CRACKDUST, WRUST et OVERTHRUST de s’affronter sur le terrain de l’extrême avec leurs propres armes, et autant dire que les botswanais se débrouillent aussi bien que les autres pour élaborer des ambiances délétères et mortifères sans avoir besoin de beaucoup d’artifices. Tous formés dans les années 2000, et disposant d’au moins une longue-durée dans leurs bagages, ces quatre combos se montrent d’une efficacité redoutable au moment de plaquer leur barouf sur bande, et avec les CRACKDUST en intro, difficile de ne pas craquer pour ces sonorités délibérément US et européennes, évoquant les MASSACRE ou nos LOUDBLAST. Ce sont selon moi les plus performants sur cette compile, quoique les légendaires WRUST s’en tirent plus que bien avec leur Death technique inspiré de SUFFOCATION et MORBID ANGEL. Plus classiques et médians, les OVERTHRUST jouent la modération, et se reposent sur des riffs éprouvés et un chant très raclé, avec quelques accélérations typiques du Brésil des années 80/90. Quant aux STANE, les plus professionnels dans le son, leur Death légèrement étouffé ne manque pas d’intérêt, mais une production un peu trop clean empêche de vraiment apprécier leur optique qui mériterait plus d’attention en studio. Et l’un dans l’autre, il est plaisant de constater que des pays comme le Botswana bénéficient aujourd’hui d’un peu de promotion hors de ses frontières, et cette compilation tombe donc à point nommé pour parfaire votre culture extrême internationale. Peut-être un peu anecdotique artistiquement parlant, mais plaisante à l’écoute, elle offre une petite tribune à des groupes méritants qui défendent le Metal dans leur pays, à l’image de cowboys luttant contre le mal avec des instruments en guise de flingues.
Titres de l’album :
Crackdust: Deranged Psychopath
Crackdust: Desecrate
Metal Orizon: Ungazetted Mortuary
Metal Orizon: We're Rolling
Overthrust: Psychosomatic Torture
Overthrust: Slay the Spectator
PMMA: Imprisoned to Death
Stane: Dictator
Stane: Run For Your Life
Wrust: God of the Insane
Wrust: The Day of the Sacrifice
Du texte en grasDu texte en italiqueDu texte soulignédu texte barrédu texte en vertune liste d'item numérotée(...)
16/09/2020, 22:12
16/09/2020, 21:49
15/09/2020, 22:30
15/09/2020, 22:06
gros souvenirs, j'y avais emmené mon neveu de 7 ans et demi ! c'etait drole les regards partagés des gens entre "cool la relève" et "ce n'est pas un endroit approprié pour un enfant " lol. ce qui etait drole aussi le nombre de gens qui se sont barrés après slayer ...comme nous ;)
11/09/2020, 12:32
Novateur ? Je ne sais pas du tout ce que la "presse" en dit mais moi je le trouve très varié (y'a tout NAPALM là dedans !), pas mal de côtés GODFLESH aussi... Pis même un titre totalement KILLING JOKIEN ("Amoral"). Bref, j'adore !!! Album de l'année ???
11/09/2020, 10:59
Barney, toujours aussi intéressant en interview. Bon sang j'adore ce type !!! J'adore l'écart qu'il y a (toujours eu) entre l'aspect brutal de leur musique et le fond, l'esprit derrière tout ça. Quant au dernier album, j'ai bien envie de craquer aussi... Il est aussi "novateur(...)
11/09/2020, 08:04
Nubowsky + 1000000 !!! Le dernier album en date est juste EX-TRA-OR-DI-NAIRE !!! !!! !!! Il tourne en boucle chez moi en ce moment...
11/09/2020, 07:25
Bel effort qui illustre bien le retour en grâce dont bénéficie cet album depuis, disons, une douzaine d'années, et après être passé pour le plus faible dans l'opinion générale jusqu'à la sortie de "Load". Tout est dit ici dans les faits, qui sont au demeurant bien connus. Ce (...)
10/09/2020, 21:27
Sabaton, je n'y prête même plus attention. Pas ma came mais je respecte ceux qui aiment. Y a pas de mauvais Metal. - Le bon Metal, c'est quoi ? Bah tiens, tu prends ce disque là, tu le poses sur la platine, tu écoutes. Bah, c'est du bon Metal. Et le mauvais Metal ? Ah..(...)
10/09/2020, 11:22
J'ai bien aimé celle de David White (Heathen, chant). On sent que l'intérim des gratteux chez Exodus lui a bien cassé les couilles, tout comme le fait que Kragen Lum se soit pointé avec la totalité du nouvel album entièrement composé par lui et que White ne pouvait même pas y apporter ses te(...)
10/09/2020, 11:18
L’interview de Napalm est toujours aussi intéressante.. quelle conviction et quelle carrière exemplaire.
10/09/2020, 09:45