Chapters of Depravity

Pestilent Death

22/03/2019

Blood Harvest Records

Un nom évocateur, une pochette qui ressemble à la partouze de goules sur la pochette d’Altars of Madness, une distro via des labels spécialisés dans les exactions les plus fétides, pas de doutes à avoir, nous avons encore une fois affaire à des fossoyeurs de la musicalité la plus élémentaire. Mais qu’attendre d’autre d’un groupe baptisé PESTILENT DEATH qu’un Death Metal des plus primaires et ombrageux ? Rien en effet, et les spécialistes de la question savaient déjà quoi craindre d’un combo qui a depuis longtemps choisi de racler les égouts de l’inhumanité…Fondé en 2010 du côté de l’ensoleillée Los Angeles, PESTILENT DEATH incarne en quelque sorte un chef de file de la nouvelle vague Old-school Death qui agite les couloirs de la mort américains, mais un chef de file qui n’a pas l’intention d’émerger de sa crypte pour revendiquer son titre. En presque une décennie, ce quatuor (Skulllfucker - basse, Eraclio Olvera - batterie, Conrado Gesualdi - chant et Ominous - guitare) a déjà narré les pires aventures d’outre-tombe via une multitude de formats distribués par une multitude de labels courageux, et c’est ainsi que leur discographie peut aujourd’hui s’appuyer sur deux démos, un EP (The Art of Torture), et surtout, un premier LP paru il y a trois ans, Eulogies of Putrefaction, qui lui aussi en disait long de son intitulé macabre. De là, avec tous ces éléments en tête, facile de deviner ce qui vous attend au détour de ce très franc et massif Chapters of Depravity, qui se vautre dans l’ignominie, la lourdeur et l’horreur comme un cadavre en putréfaction dans la terre de son dernier voyage accompagné par les vers.

En substance, les quatre californiens ne proposent évidemment rien de novateur, et jouent le Death Metal comme les tarés d’INCANTATION en prônaient les valeurs il y a quelques décades. Un Death sourd, diffus, totalement en adéquation avec ses thèmes Gore, et il n’est donc pas incongru de voir en cette nouvelle réalisation la réconciliation des MORTICIAN et d’AUTOPSY autour d’un barbecue humain. Restant suffisamment musical pour ne pas faire fuir les plus impressionnables, Chapters of Depravity n’est qu’une collection de sévices, un amas de chairs en putréfaction, un catalogue de tortures infligées aux tympans, qui toutefois voit un peu plus loin que la simple punition auditive de base. Assez réjouissant dans son absence totale de compromission, ce second LP de PESTILENT DEATH empeste le moisi, la mort et la décadence, et s’interdit toute forme de sophistication en supprimant le mot finesse de son répertoire. Mais en utilisant des thématiques fortes, et en bénéficiant d’un son compact mais pointu, cette œuvre ignoble parvient sans peine à attirer l’attention, comme des cris émanant d’une vieille tombe défraichie dans laquelle se débattrait un corps refusant la mort. Assurément aussi vilain qu’un zombie qui pointe sa face en plein centre-ville de Los Angeles, n’importe lequel des morceaux de cette suite en râles majeurs est une réussite totale de mauvais goût, qui l’érige en tant que valeur fondamentale d’une recherche artistique ancestrale, plaçant le chaos, le magma, l’infamie au-dessus de toute autre considération. 

C’est donc très laid, très lourd, ça colle aux doigts, ça reste attaché à la pelle du fossoyeur, mais c’est bon comme un malheur s’abattant sur une famille méritante qui n’a rien demandé au destin. Avec des musiciens très capables et qui connaissent la problématique, Chapters of Depravity assume ses instincts les plus déviants, et nous propose une belle alternance de Death/Doom maladif et de Death ultra-brutal, sans avoir à admettre d’influences qui de toute façon sautent aux yeux dès les premières écoutes. Un peu d’AUTOPSY, un peu de DISEMBOWELMENT, un peu de ROTTREVORE, et le tour est joué, mais pas de ceux pendables qui vous font prendre des vessies bruitistes pour des lanternes brutales. Ici, le propos se veut intelligible mais ferme, et les structures des morceaux sont pensés pour naviguer entre bestialité glauque et violence ouverte (« Upheaval Of The Undead »), ce que l’entame morbide et sourde « Chamber Of Wretched Souls » démontre en quatre minutes et quelques. Des riffs qui essuient le manche avec un vieux linceul cradingue, un chanteur/grogneur qui vomit ses litanies comme un démon exprime son courroux, une section rythmique qui connaît toutes les astuces du pilonnage/mise en terre, pour un passage en revue savoureux des bas-morceaux d’un style certes classique et éprouvé, mais qui parvient toujours à faire jouir les plus allumés. Mais l’atout majeur de PESTILENT DEATH est ce refus du monolithisme qui aurait pu les condamner à la redondance d’un Death trop lent et trop cyclique, et un titres aussi enragé que « Torturous Incantations » permet justement d’échapper à la monotonie ambiante, bien que le quatuor sache toujours rendre ses longues et lentes complaintes intéressantes de par leur refus d’aération.

 Et au bout du compte, malgré des titres en forme de clichés horrifiques, malgré certaines facilités qui le confinent aux poncifs, malgré quelques passages encore un peu trop formels, ce deuxième album incarne une sorte d’épitomé de violence efficace, qui paie autant son tribut aux premiers CARCASS qu’aux chefs d’œuvres d’INCANTATION. Un Death qui utilise toutes les ficelles pour captiver, qui compose et ne se contente pas de ressasser les mêmes agonies, et qui a la décence de ne pas s’éterniser pour ne pas provoquer l’agonie de la tolérance. Bonne suite donc et bonne opération pour les californiens qui assoient leur réputation, et qui prouvent que le Death le plus cryptique et nauséeux a encore de belles morts devant lui avant l’agonie.


Titres de l'album :

                          1.Chamber Of Wretched Souls

                          2.Torturous Incantations

                          3.Pulsating Entrails

                          4.Perverse Blood Offering

                          5.Emanation Of Despair

                          6.Anthropophagy

                          7.Upheaval Of The Undead

                          8.Exhumation Of Fermented Graves

Facebook officiel

Bandcamp officiel


par mortne2001 le 25/06/2019 à 18:03
80 %    525

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Test de nouvelle vidéo

grinder92 11/09/2020

Vidéos

From This Day Forward

mortne2001 10/09/2020

From the past

...And Justice For All

mortne2001 08/09/2020

From the past

Slayer + Megadeth 2011

RBD 05/09/2020

Live Report

Manifest Decimation

mortne2001 31/08/2020

From the past

Opeth 2006

RBD 29/08/2020

Live Report

Widespread Bloodshed/Love Runs Red

mortne2001 24/08/2020

From the past

PILORI / Interview

Baxter 18/08/2020

Interview

Dead can Dance 2013

RBD 15/08/2020

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
grinder92

Du texte en grasDu texte en italiqueDu texte soulignédu texte barrédu texte en vertune liste d'item numérotée(...)

16/09/2020, 22:12

grinder92

 

16/09/2020, 21:51

grinder92

16/09/2020, 21:49

grinder92

  Affichage des smileys

16/09/2020, 16:48

grinder92

 

16/09/2020, 15:51

grinder92

15/09/2020, 22:30

grinder92

15/09/2020, 22:06

grinder92

  

15/09/2020, 19:09

grinder92

 

15/09/2020, 18:39

grinder92

 

15/09/2020, 18:38

grinder92

Affichage de Smileys  

15/09/2020, 13:57

grinder92

test de fonctionnement

15/09/2020, 13:57

senior canardo

gros souvenirs, j'y avais emmené mon neveu de 7 ans et demi ! c'etait drole les regards partagés des gens entre "cool la relève" et "ce n'est pas un endroit approprié pour un enfant " lol. ce qui etait drole aussi le nombre de gens qui se sont barrés après slayer ...comme nous ;)

11/09/2020, 12:32

Humungus

Novateur ? Je ne sais pas du tout ce que la "presse" en dit mais moi je le trouve très varié (y'a tout NAPALM là dedans !), pas mal de côtés GODFLESH aussi... Pis même un titre totalement KILLING JOKIEN ("Amoral"). Bref, j'adore !!! Album de l'année ???

11/09/2020, 10:59

Living Monstrosity

Barney, toujours aussi intéressant en interview. Bon sang j'adore ce type !!! J'adore l'écart qu'il y a (toujours eu) entre l'aspect brutal de leur musique et le fond, l'esprit derrière tout ça. Quant au dernier album, j'ai bien envie de craquer aussi... Il est aussi "novateur(...)

11/09/2020, 08:04

Humungus

Nubowsky + 1000000 !!! Le dernier album en date est juste EX-TRA-OR-DI-NAIRE !!! !!! !!! Il tourne en boucle chez moi en ce moment...

11/09/2020, 07:25

RBD

Bel effort qui illustre bien le retour en grâce dont bénéficie cet album depuis, disons, une douzaine d'années, et après être passé pour le plus faible dans l'opinion générale jusqu'à la sortie de "Load". Tout est dit ici dans les faits, qui sont au demeurant bien connus. Ce (...)

10/09/2020, 21:27

Arioch91

Sabaton, je n'y prête même plus attention. Pas ma came mais je respecte ceux qui aiment. Y a pas de mauvais Metal. - Le bon Metal, c'est quoi ? Bah tiens, tu prends ce disque là, tu le poses sur la platine, tu écoutes. Bah, c'est du bon Metal. Et le mauvais Metal ? Ah..(...)

10/09/2020, 11:22

Arioch91

J'ai bien aimé celle de David White (Heathen, chant). On sent que l'intérim des gratteux chez Exodus lui a bien cassé les couilles, tout comme le fait que Kragen Lum se soit pointé avec la totalité du nouvel album entièrement composé par lui et que White ne pouvait même pas y apporter ses te(...)

10/09/2020, 11:18

Nubowsky

L’interview de Napalm est toujours aussi intéressante.. quelle conviction et quelle carrière exemplaire.

10/09/2020, 09:45