Puisqu’on est dans les splits depuis ce matin, autant y rester, le format est confortable. Laissez-moi donc vous présenter un très bel objet, dispo dans une splendide édition vinyle vert fluo, aux deux pochettes et faces partagées par des groupes d’outre-Rhin.
D’un côté de la rondelle, les HELLKNIFE, de l’autre, les TACHELESS, pour une grosse demi-heure de tir de barrage Crust, D-Beat, Death et Grind made in Germany.
Autant dire que l’affaire, en tant que vinyle de bon ton, tourne rond, et que ses sillons exsudent d’une violence toute allemande, payant toutefois son tribut aux influences anglaises du style. Mais avant d’en parler plus précisément, laissez-moi vous introduire les forces en faction.
A gauche, les originaires de Mannheim, HELLKNIFE, formés en 2015, et déjà responsables d’un 7’’ éponyme sorti en décembre 2015.
Le quintette (Ralf – chant, Mark & Peter – guitares, Markus – basse et Alex – batterie) nous offre donc six tranches de vie Crust’n’Roll, dans la plus grande tradition d’un DISCHARGE trempé dans les eaux scandinaves d’un TOTALITÄR, et n’ayant pas oublié toute l’influence qu’il a pu avoir sur des combos comme EXTREME NOISE TERROR, dont les allemands se rapprochent quand même pas mal.
Pas de méprise, ça bourrine grave et ça cartonne dans les grandes largeurs, sans marquer de pause ou supporter un quelconque ralentissement. S’il est certain que les riffs sont globalement inscrits dans une même tonalité, la puissance rythmique écrasante et le chant Death de Ralf abattent un boulot Crust/D-beat phénoménal, qui nous permet de passer outre les grosses similitudes qui entraînent les titres dans un même marigot boueux. Et oui, c’est presque un compliment.
Pas vraiment de détail à traiter de côté, si ce n’est évoquer ces fréquentes crises de blasts qui dynamitent un schéma préétabli, ou ces passages en mid salement efficaces qui nous font dodeliner de la tête. Notons aussi quelques motifs de guitare en circonvolutions, des dissonances assez éparses et bien troussées, et quelques mélodies discrètes (« Doosmday Night »), qui nous catapultent dans un univers Crust/Death pénétrant et glauque au demeurant.
En somme, un bilan largement positif pour une horde de sauvages qui ne conçoivent le Crust et le Grind que sous leurs aspects les plus bruts et agressifs. Ce qui est exactement ce qu’on vient chercher lorsqu’on écoute de l’extrême germain. Ça tombe bien.
De l’autre face, nous retrouvons les TACHELESS, de Ruhrpott, qui n’évoluent pas vraiment dans le même créneau, tout en partageant des vues avec leurs collègues du jour. La carrière du quatuor (Mandrax – voix, Micha – guitare, Itak – basse et Zyn – batterie) est beaucoup plus ancienne, puisque la première trace discographique présente sur leur Bandcamp date de 2007, avec le EP As Man Among Wolves.
Admettons-le tout de suite, il existe beaucoup plus de différences entre eux et les HELLKNIFE que de points communs, même si l’approche du Hardcore le plus frondeur reste bloquée sur un excès de violence assumée. De ce côté-là du split, le Grind semble roi, et le son est surtout beaucoup plus froid. L’épaisseur se transforme en sècheresse parfois proche d’un Death sardonique (« Untrustworthy »), et la production a tendance à alléger les guitares pour les faire plus vibrer que gronder.
Mais l’ambiance, si elle se veut un poil moins épaisse n’en est pas moins brutale, et le joli équilibre trouvé entre le Death, le Grind et le Crust est assez intéressant. Les titres sont beaucoup plus courts que ceux de leurs camarades de vinyle, et se rapprochent même parfois d’un hardcore classique, toutefois malmené par une double grosse caisse très excitée («Advertising A Rebellion »).
Mais les TACHELESS ne sont pas là juste pour frôler le mur du son, et en version lente, ils restent très convaincants et relativement malséants, comme en témoigne le gravissime et lancinant « Premature Downfall », seul segment à se frotter aux trois minutes imposées.
On pense alors à un Darkcore un peu fluet, qui dégénère soudainement en Grind bien frappé, lui-même secoué de pulsions Crust bien agitées. Les allemands nous ramènent donc assez souvent vers les origines du Grind made in England, avec cette production si sèche qui fricote avec le fantôme des regrettés RIGHTEOUS PIGS, en bien plus puissante, bien que le spectre d’INFEST peut aussi être invoqué au détour d’un couloir mal éclairé (« Shit Stained And Spreading Fear »).
Une petite dose de Hardcore’n’Roll pour faire bon ton, sur une intro au groove béton (« Complacent Bastards »), et un final carton (« How Society Unravels »), pour neuf tranches de chaos libre et expansif, surfant sur toutes les vagues extrêmes de l’océan Core.
Outre le fait que ce vinyle magnifique décorera à merveille vos étagères déjà bien encombrées, ses pistes révèlent le meilleur du Crust/Grind allemand, au travers de deux groupes se complétant avec flair. Certes, j’en conviens, l’ensemble reste éminemment bourrin, mais quelques finesses d’interprétation et de réguliers changements de ton nous évitent la monotonie d’une attaque bidon, se contentant de recycler les mêmes thématiques jusqu’à l’abandon.
Deux faces, vertes, deux pochettes, noir et blanc, pour un disque à dix euros qui les vaut largement. Vous n’allez quand même pas jouer les radins éhontés passant à côté du meilleur Core de nos voisins à l’accent guttural charmant ?
D’autant plus que les deux groupes s’expriment en anglais. Alors, quelle excuse allez-vous invoquer ?
Titres de l'album:
Du texte en grasDu texte en italiqueDu texte soulignédu texte barrédu texte en vertune liste d'item numérotée(...)
16/09/2020, 22:12
16/09/2020, 21:49
15/09/2020, 22:30
15/09/2020, 22:06
gros souvenirs, j'y avais emmené mon neveu de 7 ans et demi ! c'etait drole les regards partagés des gens entre "cool la relève" et "ce n'est pas un endroit approprié pour un enfant " lol. ce qui etait drole aussi le nombre de gens qui se sont barrés après slayer ...comme nous ;)
11/09/2020, 12:32
Novateur ? Je ne sais pas du tout ce que la "presse" en dit mais moi je le trouve très varié (y'a tout NAPALM là dedans !), pas mal de côtés GODFLESH aussi... Pis même un titre totalement KILLING JOKIEN ("Amoral"). Bref, j'adore !!! Album de l'année ???
11/09/2020, 10:59
Barney, toujours aussi intéressant en interview. Bon sang j'adore ce type !!! J'adore l'écart qu'il y a (toujours eu) entre l'aspect brutal de leur musique et le fond, l'esprit derrière tout ça. Quant au dernier album, j'ai bien envie de craquer aussi... Il est aussi "novateur(...)
11/09/2020, 08:04
Nubowsky + 1000000 !!! Le dernier album en date est juste EX-TRA-OR-DI-NAIRE !!! !!! !!! Il tourne en boucle chez moi en ce moment...
11/09/2020, 07:25
Bel effort qui illustre bien le retour en grâce dont bénéficie cet album depuis, disons, une douzaine d'années, et après être passé pour le plus faible dans l'opinion générale jusqu'à la sortie de "Load". Tout est dit ici dans les faits, qui sont au demeurant bien connus. Ce (...)
10/09/2020, 21:27
Sabaton, je n'y prête même plus attention. Pas ma came mais je respecte ceux qui aiment. Y a pas de mauvais Metal. - Le bon Metal, c'est quoi ? Bah tiens, tu prends ce disque là, tu le poses sur la platine, tu écoutes. Bah, c'est du bon Metal. Et le mauvais Metal ? Ah..(...)
10/09/2020, 11:22
J'ai bien aimé celle de David White (Heathen, chant). On sent que l'intérim des gratteux chez Exodus lui a bien cassé les couilles, tout comme le fait que Kragen Lum se soit pointé avec la totalité du nouvel album entièrement composé par lui et que White ne pouvait même pas y apporter ses te(...)
10/09/2020, 11:18
L’interview de Napalm est toujours aussi intéressante.. quelle conviction et quelle carrière exemplaire.
10/09/2020, 09:45