Dream with Me

Leaving Eden

08/05/2020

Dark Star Records

En vieillissant, la mémoire commence à vous jouer des tours. Alors que je m’apprêtais à avouer ne pas connaître les LEAVING EDEN malgré leur parcours fourni, je m’aperçus alors que j’avais déjà traité de leur cas lors de la sortie de leur album précédent The Agony of Affliction…l’année dernière. Je pouvais miser sur des connexions synaptiques déficientes, mais je me rendis compte que cette occultation inconsciente n’était pas forcément due à un problème personnel, mais bien à une relation assez étrange nouée avec le groupe. Certes, j’enfile les chroniques comme d’autre des perles sur des colliers en plastique pour fête foraine, mais l’excuse n’est pas forcément valable à quelques mois d’intervalle. Mais en relisant ma chronique de l’album en question, j’ai vite compris que ma mémoire devenait non déficiente mais sélective, puisque The Agony of Affliction ne m’avait pas vraiment laissé une impression durable. Non que les pauvres américains soient tellement anonymes qu’ils ne méritent pas qu’on s’intéresse à leur travail, mais leur musique est parfois si générique ou au contraire trop difficile à définir qu’on a du mal à imprimer leur emprunte dans notre subconscient…Aujourd’hui, 2020, le quintet se propose donc de continuer son long chemin en nous proposant son huitième album, palmarès riche pour une formation accusant à peine une décennie d’existence. Ayant déjà listé le parcours de la bande, je me garderai de reproduire ici leur discographie ou la liste exhaustive des groupes avec lesquels ils ont partagé la scène entre les Etats-Unis, le Canada ou l’Angleterre, et je me contenterai de parler de ce fameux Dream with Me. Et sans surprise, je confierai que ce nouvel album n’a pas déclenché chez moi de réaction plus épidermique que le précédent.

Pourtant, le Hard-Rock des originaires de Boston n’est pas si rébarbatif que ça, et même assez pluriel dans les faits. Il oscille entre une inspiration typiquement eighties et une optique plus abrasive emblématique des nineties, échappant à une datation nostalgique trop précise. Ce qui est constant par contre chez ces musiciens, est leur absence totale de sens artistique en ce qui concerne le choix de leurs visuels de pochette. Celle de The Agony of Affliction était déjà très vilaine, celle de Dream with Me n’est pas plus séduisante, bien au contraire. Difficile de s’abandonner au rêve en regardant ce graphisme digne de Paint découvert par un gothique/émo de troisième C, mais le contenant n’étant pas le plus important, intéressons-nous donc au contenu. Celui-ci ne diffère pas non plus énormément de ce que le groupe nous a offert depuis le début de sa carrière, avec toujours en exergue des morceaux passant d’une humeur à l’autre, s’ancrant dans une tradition Hard Rock assez moderne dans le fond, mais plutôt nostalgique dans la forme. Nostalgique, mais pas old-school pour autant, puisque LEAVING EDEN possède son identité propre depuis le temps. Enregistré par Johnny K.

(DISTURBED, FINGER 11, 3 DOORS DOWN, STAIND, MEGA DEATH, PLAIN WHITE T’S, POP EVIL, SEVENDUST, ADELITAS WAY), Dream with Me ne s’éloigne donc pas des sentiers déjà battus par les précédentes étapes du groupe, et propose une musique assez simple et efficace, basée sur un formalisme Rock/Alternatif assez notable, ce que « Blood Runs Cold » prouve de son énergie typiquement 90’s. On trouve donc des racines assez fermement plantées dans le sol d’un Hard Rock parfois énergique, parfois plus tendre, avec un mélange d’approches directes et de tentatives de séduction plus modulées. Les cinq musiciens (Eric Gynan à la guitare, basse et chant, Jake Gynan à la batterie, aux synthés et à la programmation, Eve au chant, Alyssa Bailey White aux claviers et Rich Chouinard à la basse) se fient donc à leur instinct pour jouer ce qui leur vient naturellement, et si le tout respire la sincérité, ne s’en dégage pas forcément une impression probante au moment de juger de la pertinence du concept.

En tergiversant pas mal entre les genres, en acceptant l’épure du Punk insérée dans un contexte purement Metal moderne, le groupe déstabilise et donne le sentiment de bouffer à tous les râteliers. Ainsi, « Accuse Me » prend à rebrousse-poil de sa simplicité énergique, tandis que « Dream with Me », le title-track s’abandonne à une nostalgie sensible et créé un décalage assez perturbant dans le déroulé. Pris indépendamment, les morceaux fonctionnent à divers niveaux, mais une fois assemblés, la versatilité peut poser problème, un peu comme si le groupe cherchait encore sa voie après dix ans de carrière. Le son, assez sec ne sert pas forcément la guitare, qui manque de pêche, alors que la basse au contraire se voit choyée et propulsée aux avant-postes. Le chant d’Eve, assez linéaire ne met pas vraiment en relief les harmonies, alors qu’on sent que certains titres auraient pu profiter d’une interprétation plus investie. Cela dit, et malgré ces griefs formulés en toute objectivité, la sauce prend parfois, notamment sur les morceaux les plus puissants, comme « Godless » qui dans un registre Hard agressif passe le haut de la rampe sans difficultés, grâce à un refrain très accrocheur. A l’inverse, « Let Me In » très Pop-Metal eighties est aussi une petite sucrerie délicieuse, qui rappelle les WARRANT, WINGER, et tous les chantres du Hair Metal romantique d’il y a trente ans. Fidèle à ses principes, le groupe cède à son habitude de la reprise incontournable, et nous gratifie après a-HA d’une relecture du classique Folk américain popularisé par les ANIMALS « House of the Rising Sun », dans une version électrique très proche de celle de 1964, quoique beaucoup moins subtile.

Alors, entre quelques syncopes sympathiques et très alternatives (« Chosen »), des durcissements pas désagréables du tout (« 4AM » et son petit côté SIXX AM justement…), et un final à la SOUL ASYLUM total Americana (« When I’m Stoned »), Dream with Me atteint un niveau de qualité tout à fait acceptable, sans laisser un souvenir impérissable. On sent que le groupe a moyen de s’extirper de sa condition un peu générique pour publier un album beaucoup plus cohérent et solide, mais qu’il se contente d’enregistrer les chansons au fil de l’eau. Pas de quoi les honnir ou les mettre au ban, mais pas de quoi non plus en faire un groupe à suivre à tout prix. Rendez-vous dans un an pour un nouvel album qui m’obligera à faire un effort de mémoire pour ne pas les oublier une fois de plus.    

             

Titres de l’album :

01. Blood Runs Cold

02. Accuse Me

03. Dream with Me

04. Chosen

05. 4AM

06. Godless

07. Let Me In

08. House of the Rising Sun

09. Un-Forbidden Pain

10. When I’m Stoned


Site officiel

Facebook officiel


par mortne2001 le 29/10/2020 à 17:45
70 %    239

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Test de nouvelle vidéo

grinder92 11/09/2020

Vidéos

From This Day Forward

mortne2001 10/09/2020

From the past

...And Justice For All

mortne2001 08/09/2020

From the past

Slayer + Megadeth 2011

RBD 05/09/2020

Live Report

Manifest Decimation

mortne2001 31/08/2020

From the past

Opeth 2006

RBD 29/08/2020

Live Report

Widespread Bloodshed/Love Runs Red

mortne2001 24/08/2020

From the past

PILORI / Interview

Baxter 18/08/2020

Interview

Dead can Dance 2013

RBD 15/08/2020

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
grinder92

Du texte en grasDu texte en italiqueDu texte soulignédu texte barrédu texte en vertune liste d'item numérotée(...)

16/09/2020, 22:12

grinder92

 

16/09/2020, 21:51

grinder92

16/09/2020, 21:49

grinder92

  Affichage des smileys

16/09/2020, 16:48

grinder92

 

16/09/2020, 15:51

grinder92

15/09/2020, 22:30

grinder92

15/09/2020, 22:06

grinder92

  

15/09/2020, 19:09

grinder92

 

15/09/2020, 18:39

grinder92

 

15/09/2020, 18:38

grinder92

Affichage de Smileys  

15/09/2020, 13:57

grinder92

test de fonctionnement

15/09/2020, 13:57

senior canardo

gros souvenirs, j'y avais emmené mon neveu de 7 ans et demi ! c'etait drole les regards partagés des gens entre "cool la relève" et "ce n'est pas un endroit approprié pour un enfant " lol. ce qui etait drole aussi le nombre de gens qui se sont barrés après slayer ...comme nous ;)

11/09/2020, 12:32

Humungus

Novateur ? Je ne sais pas du tout ce que la "presse" en dit mais moi je le trouve très varié (y'a tout NAPALM là dedans !), pas mal de côtés GODFLESH aussi... Pis même un titre totalement KILLING JOKIEN ("Amoral"). Bref, j'adore !!! Album de l'année ???

11/09/2020, 10:59

Living Monstrosity

Barney, toujours aussi intéressant en interview. Bon sang j'adore ce type !!! J'adore l'écart qu'il y a (toujours eu) entre l'aspect brutal de leur musique et le fond, l'esprit derrière tout ça. Quant au dernier album, j'ai bien envie de craquer aussi... Il est aussi "novateur(...)

11/09/2020, 08:04

Humungus

Nubowsky + 1000000 !!! Le dernier album en date est juste EX-TRA-OR-DI-NAIRE !!! !!! !!! Il tourne en boucle chez moi en ce moment...

11/09/2020, 07:25

RBD

Bel effort qui illustre bien le retour en grâce dont bénéficie cet album depuis, disons, une douzaine d'années, et après être passé pour le plus faible dans l'opinion générale jusqu'à la sortie de "Load". Tout est dit ici dans les faits, qui sont au demeurant bien connus. Ce (...)

10/09/2020, 21:27

Arioch91

Sabaton, je n'y prête même plus attention. Pas ma came mais je respecte ceux qui aiment. Y a pas de mauvais Metal. - Le bon Metal, c'est quoi ? Bah tiens, tu prends ce disque là, tu le poses sur la platine, tu écoutes. Bah, c'est du bon Metal. Et le mauvais Metal ? Ah..(...)

10/09/2020, 11:22

Arioch91

J'ai bien aimé celle de David White (Heathen, chant). On sent que l'intérim des gratteux chez Exodus lui a bien cassé les couilles, tout comme le fait que Kragen Lum se soit pointé avec la totalité du nouvel album entièrement composé par lui et que White ne pouvait même pas y apporter ses te(...)

10/09/2020, 11:18

Nubowsky

L’interview de Napalm est toujours aussi intéressante.. quelle conviction et quelle carrière exemplaire.

10/09/2020, 09:45