Eye In Hell

Vulcano

13/03/2020

Mighty Music

Zhema Rodero n’est pas peu fier, et pour cause, pour la première fois de sa longue carrière, il vient de signer un deal sur un gros indépendant Metal. Et pas des moindres, le danois Mighty Music, connu pour défendre des valeurs d’ouverture et pour épauler ses groupes de A à Z. Et gageons que la célèbre maison de disques nordique doit se satisfaire de ce deal, qui lui permet d’héberger une autre légende du Metal dans son écurie. D’ailleurs, Zhema est comblé de partager les box avec des pointures comme TYGERS OF PAN TANG ou ARTILLERY, ce qu’il exprime avec conviction dans les arguments promotionnels. Ce qu’il oublie, c’est qu’il est lui-même une des plus grandes légendes de l’underground mondial, et l’un des premiers musiciens à avoir joué du Heavy en Amérique du Sud. En effet, VULCANO, alors encore appelé ASTAROTH a vu le jour à l’orée même des années 80, devenant de fait le premier représentant crédible des musiques agressives lusophones. Mais c’est en 1983 que l’on trouve trace de la première production du groupe, avec le EP en langue natale Om Pushne Namah qui secoua pas mal de tignasses de Rio à Belo Horizonte. La comparaison serait trop tentante d’ailleurs, mais inutile de la faire. On ne saura jamais quel impact eut le groupe sur une bande de jeunes chevelus à connaître sous le baptême de SEPULTURA, et si ce dernier a connu un rayonnement international, les pauvres VULCANO sont toujours restés dans une ombre qui finalement, leur convenait assez bien. Et Rodero, fier guitariste, d’enfoncer le clou. Sa créature a toujours compté sur elle-même, uniquement, et si aujourd’hui la bête peut enfin jouir d’une distribution à grande échelle et d’une promotion idoine, ça n’est que mérité. Et pour cause, puisque VULCANO, au même titre que SARCOFAGO, MUTILATOR et autres références plus ou moins obscures a toujours représenté la quintessence de la brutalité brésilienne, et bénéficie encore d’une réputation sans tâches.

Des dévoués à la cause donc, qui malgré une séparation de cinq années, n’ont jamais vraiment stoppé leur course. Et si en 2020, le line-up n’est plus supporté que par Zhema en tant que membre d’origine, l’esprit bestial est toujours là, et mis en exergue par de nouveaux complices tout aussi investis que les anciens. Aujourd’hui, VULCANO est quintet (Zhema Rodero - guitare, Luiz Carlos Louzada - chant, Carlos Diaz - basse, Gerson Fajardo - guitare et Bruno Conrado – batterie), et nous propose donc la bagatelle de son onzième album studio, et le premier depuis XIV en 2016. Trois ans d’attente donc, mais est-ce pour autant que l’épiphanie professionnelle et la signature sur un solide label s’accompagnent d’une victoire artistique digne des plus grands jours du groupe ? Je ne le cacherai pas, car c’est un secret de polichinelle, mais VULCANO n’est jamais parvenu à retrouver l’aura de son premier et inimitable album Bloody Vengeance, encore considéré comme l’achèvement d’un Black Thrash sale, paillard et suintant de stupre. Et d’albums anecdotiques en relèvements de compteur d’importance médium, le groupe est toujours resté fidèle à une démarche brutale, quoique beaucoup plus agencée que dans sa prime jeunesse. De fait, Eye In Hell et sa sublime pochette signée de la main de Roberto Toderico (PAGANIZER, PESTILENCE, SODOM, TYGERS OF PAN TANG) n’est rien de plus ni de moins qu’une excellente livraison de Thrash à tendance Black, supérieure à bien des tranches de vie nostalgiques de notre époque, mais quand même en deçà de certaines productions plus underground que la première conversation précédant la première répétition de Max et Igor. Avec justement une production claire et nette, et certainement la meilleure de leur carrière, les brésiliens peuvent enfin savourer la joie d’une instrumentation ordonnée et d’un carnage maîtrisé, ce qui n’est pas le moindre des atouts de cette sortie. Les autres ? De bons morceaux, un investissement qu’on sent énergique et sincère, et niveau déceptions, une linéarité inévitable, malgré une recherche d’arrangements variés, et des titres assez passe-partout, comme s’ils avaient été composés entre 84 et 85.

Toujours soutenu par la voix de Luiz Carlos Louzada, seul autre membre du groupe à être présent depuis les années 90, Zhema peut riffer comme un beau diable et lâcher ses morsures les plus fiables. La saccade est toujours reine, et si Eye In Hell retrouve la politesse des efforts Thrash des mid eighties, on regrette parfois les approximations de mise en place, la méchanceté gratuite, qui ont depuis longtemps laissé place à une précision diabolique et une inspiration SLAYER a postériori (« Mysteries of the Black Book », les mélodies tiennent du mimétisme, et on pense immédiatement à EXUMER, qui lui aussi savait lire les yeux fermés un songbook de King and Co.). Produit par Zhema Rodero et Ivan Pelliciotti aux O Beco studios, de Curitiba, Brésil, entre avril et août 2019, cette nouvelle tornade de vélocité est toutefois d’une solidité indéniable, et d’une fluidité remarquable. Et si les morceaux gardent ces intitulés entièrement dédiés à la cause du malin qui inspire toujours autant les brésiliens, leur contenu n’en est pas pour autant aussi éloigné de la vague Nostalgic Thrash qui se déverse sur nos côtes depuis de longues années. On le comprend dès « Bride of Satan », qui jongle habilement entre un démarcage light du dernier POSSESSED et une tentative de renouer avec la violence du passé, malgré des soli propres et presque justes jusqu’à la dernière note. C’est évidemment agréable, et ça rappelle même les autres mésestimés de HEXX, ce qui en dit assez long sur l’effet produit. Pas grand reproche majeur à formuler donc, d’autant que les chansons sont toutes assez brèves, avec une seule incartade au-delà des quatre minutes lors du final éponyme, lourd comme les burnes de Satan sur la tête.

Basse ronflante et presque digne d’OVERKILL ou NUCLEAR ASSAULT, sans que le groupe ne s’entiche d’un Crossover fort peu à propos, voix hargneuse quoique légèrement monocorde, mais des riffs, des descentes de toms, des tendances aux syncopes (« Sinister Road »), et une bonne humeur générale qui est révélatrice de l’état d’esprit de VULCANO. Une joie palpable d’être encore capable de foutre le bordel plus de trente ans après la création du groupe («When the Days Falls », ça carbure encore Thrashcore limite Black, comme quoi les mecs en ont encore sous la cuisse), et de livrer des albums honnêtes certifiant du travail bien fait. Bonne pioche donc pour les deux parties, le groupe et son label, mais aussi pour toi fan de Thrash avec un minimum de culture et de mémoire. Celle de Zhema est bonne, et il est logique qu’il réclame aujourd’hui les fruits de sa passion incandescente. Il le mérite amplement.  

       

Titres de l’album :

                            01. Bride of Satan

                            02. Cursed Babylon

                            03. Evil Empire

                            04. Struggling Beside Satan

                            05. Sinister Road

                            06. Devil Bloody Banquet

                            07. Sirens of Destruction

                            08. Dealer of my Curse

                            09. Mysteries of the Black Book

                            10. Inferno

                            11. Cybernetic beast

                            12. When the Days falls

                            13. Eye in Hell

Site officiel

Facebook officiel


par mortne2001 le 25/03/2020 à 17:49
78 %    785

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Test de nouvelle vidéo

grinder92 11/09/2020

Vidéos

From This Day Forward

mortne2001 10/09/2020

From the past

...And Justice For All

mortne2001 08/09/2020

From the past

Slayer + Megadeth 2011

RBD 05/09/2020

Live Report

Manifest Decimation

mortne2001 31/08/2020

From the past

Opeth 2006

RBD 29/08/2020

Live Report

Widespread Bloodshed/Love Runs Red

mortne2001 24/08/2020

From the past

PILORI / Interview

Baxter 18/08/2020

Interview

Dead can Dance 2013

RBD 15/08/2020

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
grinder92

Du texte en grasDu texte en italiqueDu texte soulignédu texte barrédu texte en vertune liste d'item numérotée(...)

16/09/2020, 22:12

grinder92

 

16/09/2020, 21:51

grinder92

16/09/2020, 21:49

grinder92

  Affichage des smileys

16/09/2020, 16:48

grinder92

 

16/09/2020, 15:51

grinder92

15/09/2020, 22:30

grinder92

15/09/2020, 22:06

grinder92

  

15/09/2020, 19:09

grinder92

 

15/09/2020, 18:39

grinder92

 

15/09/2020, 18:38

grinder92

Affichage de Smileys  

15/09/2020, 13:57

grinder92

test de fonctionnement

15/09/2020, 13:57

senior canardo

gros souvenirs, j'y avais emmené mon neveu de 7 ans et demi ! c'etait drole les regards partagés des gens entre "cool la relève" et "ce n'est pas un endroit approprié pour un enfant " lol. ce qui etait drole aussi le nombre de gens qui se sont barrés après slayer ...comme nous ;)

11/09/2020, 12:32

Humungus

Novateur ? Je ne sais pas du tout ce que la "presse" en dit mais moi je le trouve très varié (y'a tout NAPALM là dedans !), pas mal de côtés GODFLESH aussi... Pis même un titre totalement KILLING JOKIEN ("Amoral"). Bref, j'adore !!! Album de l'année ???

11/09/2020, 10:59

Living Monstrosity

Barney, toujours aussi intéressant en interview. Bon sang j'adore ce type !!! J'adore l'écart qu'il y a (toujours eu) entre l'aspect brutal de leur musique et le fond, l'esprit derrière tout ça. Quant au dernier album, j'ai bien envie de craquer aussi... Il est aussi "novateur(...)

11/09/2020, 08:04

Humungus

Nubowsky + 1000000 !!! Le dernier album en date est juste EX-TRA-OR-DI-NAIRE !!! !!! !!! Il tourne en boucle chez moi en ce moment...

11/09/2020, 07:25

RBD

Bel effort qui illustre bien le retour en grâce dont bénéficie cet album depuis, disons, une douzaine d'années, et après être passé pour le plus faible dans l'opinion générale jusqu'à la sortie de "Load". Tout est dit ici dans les faits, qui sont au demeurant bien connus. Ce (...)

10/09/2020, 21:27

Arioch91

Sabaton, je n'y prête même plus attention. Pas ma came mais je respecte ceux qui aiment. Y a pas de mauvais Metal. - Le bon Metal, c'est quoi ? Bah tiens, tu prends ce disque là, tu le poses sur la platine, tu écoutes. Bah, c'est du bon Metal. Et le mauvais Metal ? Ah..(...)

10/09/2020, 11:22

Arioch91

J'ai bien aimé celle de David White (Heathen, chant). On sent que l'intérim des gratteux chez Exodus lui a bien cassé les couilles, tout comme le fait que Kragen Lum se soit pointé avec la totalité du nouvel album entièrement composé par lui et que White ne pouvait même pas y apporter ses te(...)

10/09/2020, 11:18

Nubowsky

L’interview de Napalm est toujours aussi intéressante.. quelle conviction et quelle carrière exemplaire.

10/09/2020, 09:45