Fuero Negro

Disorder

21/04/2017

Satanath Records, Symbol Of Domination

L’obstination paie. En tout cas, c’est le genre de leitmotiv tout fait qu’on assène à ceux qui semble relâcher leurs efforts, et qui ne se vérifie pas toujours.

Parfois. Rarement. Mais il est certain que dans des cas très précis, cet adage s’avère plein de bon sens, pour peu que les individus concernés soient dotés d’une motivation à l’épreuve des balles, genre caractère blindé en vitres teintées sans jeter un coup d’œil à la pression qui s’exerce à l’extérieur.

Et c’est le cas semble-t-il de notre ami de l’après-midi, le Salvadorien Jorge Montesino, qui depuis presque vingt-cinq ans suit une feuille de toute très personnelle dont il n’a que très rarement dévié.

Jorge a commencé la musique en 1993, en composant ses propres chansons sur une guitare acoustique, qu’il fixait sur les bandes fatiguées d’un vieux magnétophone. Dépité de ne trouver aucun musicien pour l’accompagner dans sa quête extrême, ces derniers préférant exprimer leur créativité en jouant un Grunge très en vogue à l’époque, il lui fallut attendre 1994 pour enfin réunir un line-up digne de ce nom afin de répéter et de jouer live. Bien évidemment, pour ce faire, il dû accepter à ses côtés des instrumentistes ne faisant pas partie de la galaxie Metal, la condition sine qua non pour arriver à ses fins. En 2001, la première démo de DISORDER vit donc le jour, Voces de la Tumba, aussitôt suivi d’un premier LP baptisé du même nom un an plus tard.

 

Las, cet accomplissement signifia aussi un arrêt presque définitif des affaires courantes, et DISORDER sombra dans un long coma, avant d’en être extirpé par Jorge en 2011. Affublé du nouveau sobriquet de Morbid, Jorge s’acoquina avec son neveu Kevin Orellana, autrement surnommé Hellbastard. L’union fut de courte durée, puisque le pauvre Kevin se vit intimer l’ordre d’aller ranger ses shorts dans un autre tiroir juste avant la sortie du second LP du groupe, En El Rio Del Olvido, publié en 2014.

Depuis, Morbid est devenu M.Q, travaille en duo avec V.K (Iosif Najarro, membre des CONCEIVED BY HATE), a collaboré à un split en compagnie des Suédois de TOTAL INFERNO en 2016, et sort donc cette année son troisième longue durée, qui affiche toujours de belles prétentions extrêmes, sans faire de mystères sur son message interne et profond.

A savoir, jouer la musique la plus viscéralement brutale possible, sans fioritures, en se basant sur des riffs simples et des rythmiques puissamment violentes et rapides. Et si le Thrash à forts relents Black est votre canette de Lager préférée, réjouissez-vous, car Fuero Negro va vous en mettre une bonne derrière la nuque.

Musicalement, l’affaire est aussi simple qu’elle n’est efficace. Jorge se fie donc à ses instincts primaux, et se consacre corps et âme à un Blackened Thrash de première bourre, qui toutefois – et malgré ses précisions, auxquelles il tient – se permet quelques fantaisies mélodiques de bon aloi. Ne vous attendez donc pas à une charge ininterrompue singeant les IMPALED NAZARENE ou les premières exactions de WARHAMMER, puisque DISORDER joue autant sur la franchise de ses thèmes que sur les extrapolations légères qu’il imprime aux morceaux, qui finalement, sont beaucoup moins basiques que sa philosophie ne le laissait croire. Nous sommes donc en présence d’un Thrash très efficace, et dont la patine Black est surtout conférée par le chant sombre et sourd de Jorge, qui outre la guitare et les vocaux, s’occupe aussi de la basse, assez linéaire il faut l’avouer.

Si parfois ses motifs rappellent une version très dark de GRIP INC, SLAYER ou même DESPAIR, et si le tempo insufflé par V.K est assez souvent statique et speed, la musique proposée sur Fuero Negro est à l’image de son nom, et brûle d’un souffle ardent dont les braises s’envolent tout autour de vos oreilles assez malmenées. Il est certain que si les variations vous sont indispensables pour apprécier une musique aussi extrême soit-elle (mais celle de DISORDER est quand même assez pondérée), vous risquez de trouver l’écoute un peu décevante et les accès de rage relativement roboratifs, puisque de « Carroñeros de Justicia » à « Fuego Negro », les altérations et modulations sont plutôt rares, et les chansons calquées sur le même moule, incassable cela dit.

Sympathique, mais répétitif, telle pourrait être la sentence prononcée à l’égard d’un disque qui ne dévie jamais de sa trajectoire, et qui se cale sur un certain nombre de BPM, quitte à reproduire les mêmes breaks au même endroit.

Et si le travail de V.K au kit est admirable de régularité, gageons que l’homme aurait aimé varier un peu plus ses mouvements pour apporter aux titres le dynamisme qui parfois leur fait défaut.

On note quand même un semblant de déviance sur le final « Fuego Negro », qui débute par un mid tempo accrocheur, soutenu par un riff plus joyeux que fonceur, mais bien sûr, c’est un leurre destiné à nous écraser le nez sur une rage Thrash encore une fois soutenue.

Même croches égrenées au même rythme, même chant raclé, même riff rebondissant et purement Thrash, la boucle est bouclée, et finalement, un peu trop serrée pour nous permettre de respirer.

Non que la tentative soit dénuée d’intérêt, loin de là, mais il est certain que Jorge aurait gagné à diluer son propos dans un peu de nuances histoire de proposer des idées un peu plus aérées. Une accélération soudaine, ou au contraire quelques passages en down tempo, un break un peu moins calqué sur les précédents, ou un changement atonal au chant eurent été les bienvenus, mais après tout, c’est la vison de Jorge, et il convient de la respecter.

D’ailleurs, l’homme est un très bon instrumentiste aux soli très affutés et précis, qui savent se montrer harmoniques et suffisamment rapides pour le style sans tomber dans le fouillis ou la démonstration stérile. Il aurait tout intérêt à varier son chant comme il varie ses interventions, pour conférer à ses morceaux plus d’épaisseur et moins de prévisibilité.

Mais en l’état, et si vous cherchez un album qui justement ne cherche pas la petite bête sans vous prendre pour de gros bourrins sans tête, Fuero Negro fera parfaitement l’affaire dans un cadre Thrash teinté de BM light, qui tient la route, mais ne prend pas assez de risques de peur d’une éventuelle sortie de piste.

Saluons tout de même l’acharnement d’un homme qui n’a jamais renoncé. Comme quoi, l’obstination…Mais je l’ai déjà dit.


Titres de l'album:

  1. Carroñeros de Justicia
  2. Existencias Paralelas
  3. Bajo El Yugo De La Ignorancia
  4. 333
  5. Tiempos Violentos
  6. Misantropica Barbarie
  7. Fuego Negro

Facebook officiel


par mortne2001 le 05/06/2017 à 14:20
68 %    726

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Test de nouvelle vidéo

grinder92 11/09/2020

Vidéos

From This Day Forward

mortne2001 10/09/2020

From the past

...And Justice For All

mortne2001 08/09/2020

From the past

Slayer + Megadeth 2011

RBD 05/09/2020

Live Report

Manifest Decimation

mortne2001 31/08/2020

From the past

Opeth 2006

RBD 29/08/2020

Live Report

Widespread Bloodshed/Love Runs Red

mortne2001 24/08/2020

From the past

PILORI / Interview

Baxter 18/08/2020

Interview

Dead can Dance 2013

RBD 15/08/2020

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
grinder92

Du texte en grasDu texte en italiqueDu texte soulignédu texte barrédu texte en vertune liste d'item numérotée(...)

16/09/2020, 22:12

grinder92

 

16/09/2020, 21:51

grinder92

16/09/2020, 21:49

grinder92

  Affichage des smileys

16/09/2020, 16:48

grinder92

 

16/09/2020, 15:51

grinder92

15/09/2020, 22:30

grinder92

15/09/2020, 22:06

grinder92

  

15/09/2020, 19:09

grinder92

 

15/09/2020, 18:39

grinder92

 

15/09/2020, 18:38

grinder92

Affichage de Smileys  

15/09/2020, 13:57

grinder92

test de fonctionnement

15/09/2020, 13:57

senior canardo

gros souvenirs, j'y avais emmené mon neveu de 7 ans et demi ! c'etait drole les regards partagés des gens entre "cool la relève" et "ce n'est pas un endroit approprié pour un enfant " lol. ce qui etait drole aussi le nombre de gens qui se sont barrés après slayer ...comme nous ;)

11/09/2020, 12:32

Humungus

Novateur ? Je ne sais pas du tout ce que la "presse" en dit mais moi je le trouve très varié (y'a tout NAPALM là dedans !), pas mal de côtés GODFLESH aussi... Pis même un titre totalement KILLING JOKIEN ("Amoral"). Bref, j'adore !!! Album de l'année ???

11/09/2020, 10:59

Living Monstrosity

Barney, toujours aussi intéressant en interview. Bon sang j'adore ce type !!! J'adore l'écart qu'il y a (toujours eu) entre l'aspect brutal de leur musique et le fond, l'esprit derrière tout ça. Quant au dernier album, j'ai bien envie de craquer aussi... Il est aussi "novateur(...)

11/09/2020, 08:04

Humungus

Nubowsky + 1000000 !!! Le dernier album en date est juste EX-TRA-OR-DI-NAIRE !!! !!! !!! Il tourne en boucle chez moi en ce moment...

11/09/2020, 07:25

RBD

Bel effort qui illustre bien le retour en grâce dont bénéficie cet album depuis, disons, une douzaine d'années, et après être passé pour le plus faible dans l'opinion générale jusqu'à la sortie de "Load". Tout est dit ici dans les faits, qui sont au demeurant bien connus. Ce (...)

10/09/2020, 21:27

Arioch91

Sabaton, je n'y prête même plus attention. Pas ma came mais je respecte ceux qui aiment. Y a pas de mauvais Metal. - Le bon Metal, c'est quoi ? Bah tiens, tu prends ce disque là, tu le poses sur la platine, tu écoutes. Bah, c'est du bon Metal. Et le mauvais Metal ? Ah..(...)

10/09/2020, 11:22

Arioch91

J'ai bien aimé celle de David White (Heathen, chant). On sent que l'intérim des gratteux chez Exodus lui a bien cassé les couilles, tout comme le fait que Kragen Lum se soit pointé avec la totalité du nouvel album entièrement composé par lui et que White ne pouvait même pas y apporter ses te(...)

10/09/2020, 11:18

Nubowsky

L’interview de Napalm est toujours aussi intéressante.. quelle conviction et quelle carrière exemplaire.

10/09/2020, 09:45