Grimorium Verum

Witchfyre

08/08/2018

Fighter Records

Les espagnols, comme les allemands ont toujours érigé la fidélité comme vertu cardinale en ce qui concerne leurs artistes de prédilection. Ainsi, dans les années 80, certains groupes se voyant fermer quasiment toutes les portes savaient qu’ils pourraient trouver asile en terre ibère et germaine. Mais cette fidélité s’est aussi exprimé intra-muros, puisque les combos nationaux ont toujours bénéficié d’un soutien sans faille tout au long de leur carrière, et si ce point semble anecdotique à une époque où la nouveauté est plus alléchante que le patrimoine, elle prend tout son sens replacée dans un contexte de nostalgie très prononcé. En témoigne la ferveur que soulève le cas des WITCHFYRE, galvanisé par une sécurité de suivi, d’autant plus que les pauvres musiciens ont dû faire face à de nombreux problèmes pour enfin pouvoir sortir leur premier longue-durée. Il leur aura fallu attendre deux ans pour obtenir un deal de distribution, puisque ce Grimorium Verum était à la base prévu pour voir le jour en 2016…Il prit donc la poussière sur les étagères de l’oubli durant vingt-quatre mois, mais grâce à l’intérêt de la structure Fighter Records, subdivision du label national X-Treem Music, nous pouvons aujourd’hui en apprécier la flamboyance, et les WITCHFYRE se voient donc offrir une tribune qu’ils méritent amplement. Et sincèrement, il eut été vraiment dommage que les fans d’un Heavy Metal racé et passionné ne puissent s’en repaître, tant ce premier disque officiel déborde d’énergie Metal et d’emphase lyrique. Certes, les convenances sont respectées, et rien d’original n’en est à espérer, mais la conviction dont fait preuve le quintette permet à ce LP de se hisser en haut du panier des sorties fascinées par le Heavy old-school, sans avoir à trop tirer sur la corde…

Fondé en 2011, WITCHFYRE n’a jamais évité les clichés et autres obsessions traditionnelles. Si leur musique se satisfait très bien du respect des codes en vogue en Europe il y a trente ans, leur imagerie ne joue pas non plus le jeu de l’évolutionnisme, et reste concentrée sur les figures imposées de la magie, de l’Heroïc-Fantasy et autres légendes de grimoires, ce qui explique sans doute ce choix de baptême très logique. Après avoir sorti un premier simple en 2013, Banshee, les cinq chevaliers en armure de fer (Emi Metal - chant, P.G. War - basse, G.G. Andrews - guitare, J. Thundervil - batterie et L. O'Witchfield - guitare) ont commencé à travailler leur partition avec plus d’application, pour proposer à leur public un premier MCD, Legends, Rites and Witchraft, distribué par nos amis français d’Infernö Records. Cette belle ascension semblait promise à une trajectoire logique, mais las, de nombreux soucis ont empêché ce premier album de voir le jour en temps et en heure, problème qui a finalement trouvé une issue heureuse, puisque vous pourrez enfin le déguster au mois d’août de cette même année. Et qui dit Heavy Metal, qui dit New Wave Of British Heavy Metal, dit guitares, dit riffs d’airain et chant lyrique, et c’est exactement ce qui vous attend sur ce Grimorium Verum, qui de ses pages remplies d’incantations et autres sortilèges envoutera les plus nostalgiques d’entre vous, mais plus généralement, tous les amateurs d’un excellent Heavy presque progressif dans les faits et assez proche des travaux d’ANGEL OF MERCY et de HEIR APPARENT, la finesse d’exécution en moins, mais la puissance homérique en plus. On y retrouve tout ce qui a toujours fait le charme de notre musique préférée, de ces couplets plein d’assurance à ces refrains en transe, en passant par ces envolées de guitare héroïques, et ces déambulations rythmiques assez denses. Vous avez dit IRON MAIDEN ? C’est une influence oui, et revendiquée, mais c’est loin d’être la seule, et elle n’est là que pour baliser, et non pas souligner…

D’autres viennent compléter le tableau des héros, et nos amis espagnols ne se privent pas pour les nommer. JUDAS PRIEST, MERCYFUL FATE, W.A.S.P., RUNNING WILD, ACCEPT, KING DIAMOND, SAXON, CRIMSON GLORY, HEAVENS GATE, DIO, BLACK SABBATH, QUEENSRŸCHE, ANGEL WITCH, DIAMOND HEAD, MALICE, MEGADETH, LIZZY BORDEN, VICIOUS RUMORS, SKID ROW, RIOT, SANCTUARY, METAL CHURCH, soit un joli melting-pot des plus dignes représentants de l’odyssée 80’s, bien que certains noms soient méchamment plus pertinents que d’autres. Ainsi, celui de MERCYFUL FATE est très patent sur des morceaux sombres et épiques comme « Behind The Wall », qui associe les riffs ténébreux de la paire La Rocque/Shermann à la théâtralité d’un chant à la King Diamond, tout en truffant sa propre structure de breaks inopinés mais mélodiques. Il est aussi tout à fait possible de penser à un crossover assez futé entre les plus intègres diplomates enchaînés allemands et leurs homologues américains plus libres dans leur approche, spécialement lorsque nos oreilles sont stimulées par des envolées comme celle de « The Guardian of The Dead ». En associant la lourdeur du Metal d’outre-Rhin et la fluidité du Heavy ricain, les espagnols trouvent une frontière intéressante à explorer, eux qui sont tous compétents dans leur domaine respectif, et qui ont trouvé un bel équilibre sonore qui permet à une basse lourde et emphatique de jouer aux avant-postes. Plaçant à des endroits stratégiques des morceaux plus courts pour dynamiser la machine, WITCHFYRE joue donc un jeu très intelligent à base de séquences mémorielles et d’embardées sensorielles, et taquinent la fibre Power en plusieurs occurrences, rappelant même dans ces instants précis les magiques RIOT et les non moins féériques SATAN (« Night Hunter »).

Le nom de MANILLA ROAD pourra aussi être placé dans la conversation sans tomber dans le hors-sujet, spécialement lorsque la rythmique adopte un chaloupé assez typique, et que les guitares s’emmêlent dans la mystique (« Devil’s Child »), et finalement, le nom d’IRON MAIDEN finit par s’estomper de lui-même, lorsqu’un certain modernisme nuancé s’avance sans reculer (« Queen Of The Night », qui adapte les débuts de QUEENSRYCHE à un contexte plus contemporain). Illuminant de ses harmonies et de sa puissance des débats occultes, Grimorium Verum s’autorise même quelques incartades plus prononcées qui reviennent une fois encore dans le giron de MERCYFUL FATE, et « Samhain » de clôturer la célébration de la plus opaque des façons, en travaillant sa compo, et en la rendant aussi noire et illuminée qu’une nuit de pleine lune. Rien de bien provocant dans le fond, mais une forme qui prend celle d’un Heavy Metal de très grande qualité, incarné par des musiciens à la foi sans bornes, qui n’ont d’autres armes que leurs propres possibilités, et leur évidente sincérité. Une jolie surprise qui aura dû patienter pour enfin pouvoir nous enthousiasmer, mais qui procure trois quarts d’heure de plaisir pur.       

          

Titres de l'album:

                      01 Devil's Child

                      02 Lord of the Underworld

                      03 No Rest For the Witched

                      04 The Guardian of the Dead

                      05 Behind the Wall

                      06 Night Hunter

                      07 Queen of the Night

                      08 Samhain

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par mortne2001 le 07/08/2018 à 18:22
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