Hot and Flustered

Cold Meat

20/03/2020

Helta Skelta Records

Histoire de changer un peu du Hard mélodique, du Black féroce, du Thrash insistant, de l’avant-gardiste élitiste, de l’AOR chatoyant, et de tout ce qui constitue mon univers quotidien, j’ai décidé de m’intéresser au cas des australiens de COLD MEAT, qui ne sont pas les plus faciles à débusquer sur la toile. En effet, mis à part un lien guidant vers le Bandcamp de leur label, les cousins de Perth ne sont pas très présent sur les internets, mais en faisant-fi du manque d’informations, on parvient sans peine à trouver les mots pour les décrire. Ne comptez donc pas sur moi pour vous éclairer sur leur bio, introuvable, et je pourrais juste vous dire qu’ils ont déjà sorti une petite flopée de 7’’ comme tout bon groupe Punk qui se respecte. Oui, car malgré leur origine géographique et leur présence dans ces colonnes, les COLD MEAT n’ont pas grand-chose à voir avec ROSE TATOO, AC/DC ou AIRBOURNE, mais plutôt avec la scène Punk anglaise et ricaine des années 70, qu’ils remettent au goût d’un jour 2020 gangréné par les virus. Quatuor (Charlotte Thorne, Kyle Gleadell, Timothy Tittlemouse, Ashley Ramsey), le groupe est donc mené par une vocaliste qui n’a pas les paroles dans la poche, et qui chante comme à la grande époque de la libération des textes, à Detroit, Londres ou New-York, fin seventies. A l’écoute de ce premier long ne l’étant pas tellement (vingt-trois minutes), on pense à plusieurs choses, mais surtout à un charmant et abrasif mélange entre le Punk sauvage et sans concessions d’il y a quarante ans, et à son équivalent actuel, plus posé, mais pas moins revendicateur pour autant. Cela dit, les australiens ne se prennent pas pour des anarchistes en goguette, et n’hésitent pas à combiner des paroles politiques et des gags plus second degré, pour conférer à Hot and Flustered une aura assez spéciale, qui fleure bon la jeunesse rebelle et l’anarchie sympathique et bordélique.

Après quelques écoutes (et avec à peine vingt minutes de musique vous avez de quoi les multiplier), on pense à pas mal d’influences, dont le Post-Punk rigide de l’orée des eighties/mort des seventies (PIL, WIRE), au Punk féminin et féministe de la même époque (SLITS, X-RAY SPEX), mais aussi aux BIKINI KILL, aux SEX SNOBS, et en fait, à pas mal de choses toujours assez underground. Faisant preuve d’une énergie de tous les diables, les COLD MEAT sonnent même parfois comme des cousins enragés des GIRLS AGAINST BOYS (« Beach Photography »), et restent sur une ligne de conduite brute et raide. Cependant, quelques mélodies parviennent à se faire une petite place au milieu du chaos ambiant, toujours sous contrôle, mais suffisamment puissant pour retenir l’attention. Doté d’une production rêche mais étonnamment propre, ce premier LP fait donc honneur à la réputation de la scène Punk australe, et certains sites de référence n’hésitent pas à comparer nos quatre amis à KLEENEX, GOOD THROB entre autres allusions, alors qu’on sent en filigrane des traces de la théorie du « one, two, three, four » des RAMONES (« ZZ Top Hat », qui je vous le précise n’a pas grand-chose à voir avec le Rock sudiste). Plus bière cheap que bourbon de vingt ans d’âge, cet album à la fraîcheur de sa naïveté, et fait comme si le mouvement Punk historique trouvait encore un écho valide aujourd’hui, ce qui est évidemment le cas. Avec des titres très courts (deux seulement dépassent les trois minutes, sans lasser), les COLD MEAT frappent fort, débarquent comme des dératés pour repartir aussi vite, conscients du coup pas si fourré qu’ils viennent de nous jouer.

 Alors, on pogote, tranquille, dans sa tête ou dans son salon, et on apprécie full volume ces hymnes à la débauche raisonnable, qui abusent du feedback, des riffs simplistes, des rythmiques ne l’étant pas moins (« Manic Mechanic »), et des répétitions à outrance. Mais il y a quelque chose d’essentiel dans ce naturel désarmant, et entre la voix vraiment prenante d’Ashley Ramsey, et les thématiques d’arrière-plan entre Post-Punk froid et Rock traité façon primate, le jus prend, la sauce monte, d’autant que les musiciens parviennent toujours à trouver le bon gimmick pour nous engluer (« Crawlers » et ses saccades étranges sur dissonances prononcées). D’ailleurs, le décalage entre ce beat simpliste au possible et cette guitare triturée en background n’est pas sans évoquer BLACK FLAG en version beaucoup plus sommaire (« Piscies Crisies », « Industry Sleaze », avec mêmes quelques soli écorchés comme un vieux greffier), mais toute proportions gardées, Hot and Flustered est l’image sonore de sa superbe pochette, un peu grotesque, un peu inquiétante (et signée Jen Calandra), à considérer comme un mélange hétéroclite d’influences parfaitement digérées. D’ailleurs, Kyle Gleadell n’hésite pas à en parler comme d’un mélange de chansons stupides et de critiques plus sérieuses, ce qui a le mérite d’être clair et parfaitement honnête. Une autre façon de voir le Punk, plus déviante, pas totalement Post, un peu Garage sur les bords, mais totalement enthousiasmant. De quoi supporter le confinement en braillant des hymnes en brouillon plus finis qu’ils n’en ont l’air.

                                                      

Titres de l’album :

                        01. Piscies Crisies

                        02. Industry Sleaze

                        03. Womens Work

                        04. Bad Mood

                        05. Cinematic Fashion

                        06. Squirm

                        07. Beach Photography

                        08. ZZ Top Hat

                        09. Manic Mechanic

                        10. Crawlers


par mortne2001 le 22/02/2021 à 17:43
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