Myth, Magic and Steel

Savage Master

25/10/2019

Shadow Kingdom Records

De l’avantage de ne pas être pris pour une buse. Avec une pochette pareille, un nom pareil, et un titre d’album pareil, pas de tromperie possible sur la marchandise. Et pour cause, puisque les SAVAGE MASTER sévissent depuis maintenant six ans sur la scène Heavy US, se targuant de trois longue-durée et de deux EP. Mené de voix d’acier par la flamboyante Stacey Savage et de guitare de fer par Adam Neal, ce gang de nostalgiques aux riffs cloutés fait en effet partie des fers de la lance de la New Wave of Old American Heavy Metal, cette vague qui déferle sur le monde depuis que quelques musiciens se sont aperçus que le vintage c’est comme les vide-greniers, ça peut rapporter sans coûter grand-chose. Coûter en termes d’inspiration évidemment, puisque tous les combos impliqués s’ingénient à reprendre à leur compte des recettes éprouvées depuis les années 80, sans changer d’un iota les ingrédients, au point qu’on peut parfois se perdre entre les influenceurs et les suiveurs. Mais comme dans toute catégorie, il y a les bons suiveurs, et les mauvais. Alors, vous pouvez emboîter le pas de cette bande hirsute aux photos promo subtilement SM : ils font partie des meilleurs. Leur Metal non édulcoré trouve sa source dans l’héritage national d’un label comme New Renaissance records, et le parallèle n’est pas utilisé par hasard. Car Stacey et ses sbires peuvent parfois rappeler l’optique d’HELLION, le groupe d’Ann Boleyn, la finesse en moins, mais la passion égale. Avec ce look improbable, on pense aussi aux MENTORS, mais finalement, après écoute de ce troisième album qui confirme la réputation, on songe plutôt aux MANILLA ROAD, à ANGEL WITCH, mais aussi à BITCH, et lorsque le tempo s’affole, aux SAVAGE GRACE, soit quelque part la crème de l’underground US d’eighties qui transposaient à leur façon la folie de la NWOBHM. Le terme est lâché, et à dessein, puisque la source d’inspiration des originaires de Louisville, Kentucky est clairement identifiée.

Guitares à la tierce, longs morceaux épiques, motifs catchy et ambiance subtilement occulte, le décor est planté, et travaillé. Ne se contentant pas d’une imagerie finaude et de quelques clichés choc, les américains nous offrent une tranche de revival qui sent bon l’authenticité et l’honnêteté. De là, il convient de garder le recul nécessaire à l’appréciation objective de l’œuvre, et admettre que l’hommage a parfois des allures de clin d’œil forcé, spécialement lorsque les thèmes sentent un peu le réchauffé. Ainsi, la redondance cyclique gagne parfois sur le terrain de l’inspiration, spécialement sur un morceau comme « Crystal Gazer » qui se contente de répéter le même gimmick à l’infini, en piquant quelques astuces d’arrangement à Angus Young. Heureusement pour nous, cette répétition d’un Heavy Metal un peu léthargique est minoritaire sur l’album, qui la plupart du temps traverse les terres du milieu avec un panache éclatant, toutes guitares dehors et les chœurs vengeurs en étendard. Quel meilleur exemple de ce courage métallique que « Lady of Steel », hymne comme on n’en fait plus depuis 85/86, ou « Myth, Magic and Steel » qui reprend le meilleur d’ACCEPT pour l’accommoder à la sauce US, plus légère en bière et moins grasse sur les oreilles. Gardant sous contrôle leurs pulsions, les américains ne font pas traîner les débats, et restent la plupart du temps sous la barre des trois ou quatre minutes, bien conscients que leurs idées ne leur permettent pas de viser la longueur. Seule exception à cette règle, le final épique et glorieux de « Warrior vs Dragon », dont le titre pourrait faire rougir de plaisir les MANOWAR et autres RHAPSODY. Avec ses huit minutes bien tassées, ce morceau est l’épilogue grandiose que l’on est en droit d’attendre d’un groupe aussi attaché aux valeurs traditionnelles, tout comme on attendait il y a trente ans un « Rime of the Ancient Mariner » ou un « Alexander The Great ».

Aussi Heavy qu’il n’est Doomy, SAVAGE MASTER se sert de toutes les armes d’époque à sa disposition, et tente tant bien que mal de varier les climats, tout en gardant cette patine sombre et occulte qui lui va si bien. Impossible au demeurant de ne pas se dire qu’une bataille rangée entre le WARLOCK de Doro et le BITCH de Betsy aurait pu donner un contexte belliqueux similaire, tant la voix rauque et éraillée de Stacey rappelle celles de ses illustres modèles. Pas toujours très finaud, ce Metal pur et costaud sait toutefois se faire un peu moins lourdaud, comme en témoigne le très speed « The Devil's Ecstasy » qu’on aurait pu retrouver sur les premiers RUNNING WILD ou LIVING DEATH, et qui témoigne de l’importance européenne dans l’affaire américaine. Musiciens capables, compositeurs humbles, le quatuor (Stacey Savage - chant, Adam Neal - guitare, Larry Myers - guitare et John Littlejohn - batterie) ne prend donc aucun risque et reste en terrain balisé, mais fait montre d’un certain flair noir lorsque l’atmosphère se veut plus feutrée et oppressante (« The Owl »), sans perdre de sa teneur en mélodie. On se dit évidemment que l’impact du SAB sur la génération 1980 est toujours aussi important de nos jours, et que la transition entre la lourdeur et la puissance est toujours aussi effective, lorsque le catchy « Flyer in the Night » résonne de son riff sautillant. Tout à fait conscients du caractère classique et bien dans son temps de leur philosophie, les SAVAGE MASTER ne sont pas dupes de leurs emprunts, et les assument plutôt bien, parvenant souvent à nous donner l’illusion d’un voyage dans le temps, grâce à une production clean mais passéiste et quelques hymnes bien troussés et blindés de toiles d’araignée (« High Priestess », un genre de court métrage Hammer pour les oreilles). Un voyage dans le temps sympathique certes pour les nostalgiques, mais quand même un cran en deçà de ce à quoi les américains nous avaient habitués, puisque Myth, Magic and Steel sonne quand même parfois un peu forcé, et tentant par tous les moyens de réitérer les exploits (modestes, restons raisonnable) des deux premiers LP.

D’ordinaire étape cruciale dans la carrière d’un groupe, ce troisième album ne convainc donc pas totalement, et se repose souvent sur des formules toutes faites. Il faudra à l’avenir que SAVAGE MASTER aille fouiller plus loin dans ses souvenirs de quoi remplir un disque entier, sous peine de se voir happé par la masse grouillante des combos old-school. Les vide-grenier, ça rapporte, mais seulement si on ne refourgue pas que des fonds de tiroir.      

                                  

Titres de l’album :

                        01. Myth, Magic and Steel    

                        02. The Devil's Ecstasy    

                        03. The Owl

                        04. Flyer in the Night    

                        05. Crystal Gazer    

                        06. Lady of Steel    

                        07. High Priestess    

                        08. Far Beyond the Grave    

                        09. Warrior vs Dragon

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par mortne2001 le 29/02/2020 à 14:55
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