Sect of Vile Divinities

Incantation

21/08/2021

Relapse Records

J’ai failli récemment m’atteler à la chronique du dernier SINISTER, et j’ai finalement jeté l’éponge. Je me suis dit, « a quoi bon donner mon opinion sur un groupe qui propose la même chose depuis ses débuts, et qui de toutes façons remportera l’adhésion de ses fans sans déclencher de changement d’opinion chez ses détracteurs ? ». La question est légitime, et se posait déjà à l’époque, lorsque les RAMONES, MOTORHEAD, CANNIBAL CORPSE, MASTER, AC/DC ou quelques autres icônes incontournables se fendaient d’inédits. En effet, quel est l’intérêt pour un chroniqueur de revenir une fois encore sur l’importance des pionniers, tout en admettant leur statisme depuis des années et leur envie de prolonger une méthode qu’ils ont eux-mêmes mise en place ? Dire que les nouvelles chansons sont comme les anciennes et qu’elles ne valent pas les classiques ? Dire que depuis longtemps, plus personne n’attend la moindre prise de risque de leur part ? Dénigrer leur immobilisme sous couvert de jeunisme ou de groupes plus fondamentaux leur ayant emboîté le pas ? En effet, la roue des interrogations personnelles tourne, comme l’horloge, et on finit par laisser la nouveauté dans sa boîte, de peur de ne rien avoir à dire. La même problématique s’est posée à propos du dernier IMMOLATION, qui sont encore deux crans de légende au-dessus de SINISTER, et qui sortent leur douzième album en 2020. IMMOLATION, les dépositaires du secret glauquissime du Death à tendance Doom poussé à tous ses extrêmes, et qui depuis le cryptique et massif Onward to Golgotha sont les garants d’une musique sourde, inquiétante, lourde et stressante. Alors, un nouvel album des américains est pour les fans une épiphanie évidemment, puisqu’on sait depuis longtemps que seul IMMOLATION sait vraiment faire du IMMOLATION. Et justement, sur ce Sect of Vile Divinities, IMMOLATION continue de faire du IMMOLATION, sans se poser de question, et sans changer quoi que ce soit à son optique barbare et en grand écart.

Par respect pour la foi de John McEntee, seul membre originel à la barre depuis les débuts du groupe fin 80, nul ne peut dire du mal de sa créature, d’autant qu’elle n’a jamais vraiment déçu. Elle a pu chagriner par son manque chronique d’audace, mais jamais par la qualité de sa musique. Et une fois encore, McEntee a composé des morceaux comme lui seul sait le faire, en choisissant une fois encore de se rendre aux deux frontières de l’extrême, frappant la porte de la lourdeur absolue et enjambant la clôture de la vitesse bien sale. Encore une fois produit par l’infatigable Dan Swanö, Sect of Vile Divinities possède un son bien nostalgique et sec comme un coup de trique, mais parfaitement adapté aux changements d’humeur du groupe. Avec des graves profonds mais qui ne broutent pas l’herbe des guitares, un chant méchamment en avant, et un rappel des techniques en vogue au début des années 90, le travail du gourou des consoles est une fois de plus remarquable, et permet à l’entame monstrueuse « Ritual Impurity (Seven Of The Sky Is One) » de nous rentrer dans le lard sans prendre de gants. Mais IMMOLATION n’a jamais été le genre de groupe à perdre son temps en politesses inutiles et en salamalecs redondants, préférant commencer directement le massacre par l’épisode de la machette, et à ce titre, ce premier morceau est un modèle du genre, suivi par…onze autres modèles du genre. Je le répète une fois de plus, ce nouvelle album n’offre rien que Dirges of Elysium ou Profane Nexus n’offraient déjà, le mois d’août n’est pas le mois de décembre et on n’est pas à Noël, et Sect of Vile Divinities ressemble comme deux gouttes de sang à ses grands frères, n’égalant évidemment pas la méchanceté de son plus vieil aîné, ni celle de ses cadets, mais il reste une fournée tout à fait honnête de vilénie, comme en témoigne des gestes glauques et lourds comme « Ignis Fatuus », ou des aplatissements en règle comme « Entrails Of The Hag Queen », qui démontrent que les américains n’ont pas perdu leur souplesse de grand écart entre Brutal Death vraiment véloce et Doom Death vraiment atroce.

Rien d’inédit donc, si ce n’est l’accueil d’un nouveau guitariste, Luke Shively (de DISMEMBERMENT), et toujours en premier et second lieutenants Kyle Severn à la batterie et Chuck Sherwood à la basse, pour une valse sans hésitation sur les terres d’un Death Metal de tradition qui ne cache aucunement sa fascination pour le formalisme en vogue dans les années 90. D’un niveau équivalent aux deux ou trois derniers efforts du groupe, et le second pour le retour chez Relapse, Sect of Vile Divinities va bien sûr allécher les fans et peut-être en fidéliser une poignée d’autres, ceux qui tomberont au hasard de la violence sur « Black Fathom’s Fire », ou sur le monstre de lourdeur « Unborn Ambrosia » qui démontre en six minutes pourquoi IMMOLATION est toujours aussi indispensable à la scène Death, au même titre que ses homologues de l’époque. Il n’y a pas à tortiller des boyaux, SUFFOCATION, INCANTATION, IMMOLATION sont des noms en on qui depuis le départ sont les leaders d’un mouvement né il y a trente ans, et les seuls à avoir la légitimité d’en perpétrer l’esprit sans avoir recours à des techniques old-school d’imitation. D’ailleurs, personne n’est capable d’imiter le quatuor de Johnstown, qui depuis plus de trente ans propose la même soupe à base de restes humains, parfois mangée glacée, parfois servie bouillante, mais toujours aussi délicieuse et préparée avec la même haine de la modération.

Pochette superbe, production ne l’étant pas moins, pléthore de morceaux qui soulignent un désir de générosité envers la fanbase, ce douzième LP se rangera facilement aux côtés des autres sur l’étagère de la passion et de la fidélité, et c’est pour ça et pour ci que finalement, il est toujours utile de chroniquer les disques d’un groupe comme IMMOLATION. Un groupe qui sait rester fixé sur ses propres objectifs, et qui sait toujours ce que ses fans attendent de lui, sans risquer de perdre leur confiance en s’égarant sur les chemins hasardeux de l’expérimentation. Après tout, lorsqu’on a inventé un sous-genre, autant l’exploiter jusqu’au bout au risque de passer pour un indécrottable rétrograde. Mais on aime les rétrogrades ici. Surtout quand ils ont ce talent inné pour nous traîner dans la boue de la lie de l’humanité.  

                                                                                                

Titres de l’album:

01. Ritual Impurity (Seven Of The Sky Is One)

02. Propitiation

03. Entrails Of The Hag Queen

04. Guardians From The Primeval

05. Black Fathom’s Fire

06. Ignis Fatuus

07. Chant Of Formless Dread

08. Shadow-Blade Masters Of Tempest And Maelstrom

09. Scribes Of The Stygian

10. Unborn Ambrosia

11. Fury’s Manifesto

12. Siege Hive


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par mortne2001 le 20/09/2020 à 14:44
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