The Confessor

Dumal

31/08/2020

Vigor Deconstruct

C’est sous un torrent de violence et de blasts que débute l’écoute de The Confessor, qui en effet peut servir de technique imparable pour faire avouer aux hérétiques leurs péchés les moins pardonnables. Entendez par hérétiques les chrétiens évidemment, et non les païens, puisque cette confrérie américaine s’épanouit dans un Black Metal traditionnel, résolument antichrétien et antithéiste. Toutefois, les DUMAL n’en sont pas à leur première séance d’inquisition inversée, puisque leur quête a débuté en 2013 et n’a pas vraiment épargné nos oreilles depuis lors. Fondé en Pennsylvanie, ce collectif qui de son nom fait clairement référence aux « Fleurs du Mal » de Baudelaire a depuis presque chaque année proposé un format, qu’il soit court entre 2013 et 2016 avec deux EP’s (Amblerian Rehearsal 2013, Piety & Iron), et deux splits partagés avec HELCARAX, WINDFAERER et WOLFCLOAK, et enfin, un premier long en 2017 qui affirmait enfin le plein potentiel de ces musiciens très attachés aux valeurs violentes traditionnelles. C’est ainsi que The Lesser God représentait enfin le premier grand pas pour les américains, proposant un BM de facture fort classique, et très inspiré des normes en vogue dans les années 90. Les quelques sites recensant le cas des originaires d’Ambler n’hésitaient d’ailleurs pas à les comparer à quelques influences notables, dont BARGHEST, YELLOW EYES, BONE AWL, FORN, ULTHA, KRALLICE, mais aussi BEHEMOTH, DRUDKH, JUDAS ISCARIOT, ARCKANUM, TAAKE ou même MÜTIILATION, alors que la référence The Metal Archives place quelques autres indices, dont MGLA, SATANIC WARMASTER, UADA, FIN, SARGEIST et même AORLHAC. L’inspiration américaine semble donc butiner un peu partout autour du monde, mais ces multiples pistes ne doivent pas cacher la vérité essentielle de ce second LP : le formalisme est en effet de rigueur, et souvent, on pense aux légions de MARDUK et à quelques fondus de BM norvégien de la grande époque.

Terriblement classique dans le fond et la forme, The Confessor ne propose rien de neuf, encore moins d’expérimental ou d’avant-gardiste, et se colle à la ligne du parti nineties pour proposer un Black vraiment véhément, très rythmique, aux sonorités parfois slaves, mais toutefois moins prononcées que sur le premier LP. La seule obsession du trio (Adam Siatkowski - basse/chant), Evan Williams - batterie et Andrew Dorflinger - guitare, line-up inchangé depuis 2013) est donc de perpétuer un esprit formateur et fondateur, en reprenant à leur sauce les enseignements scandinaves d’il y a vingt ou trente ans, sans jamais en déformer le prisme. The Confessor s’adresse donc aux plus puristes des fans de BM, ceux qui en ont assez de le voir se transformer pour séduire un nouveau public, mais qui n’aiment pas non plus qu’on altère sa puissance par des productions lo-fi. En partant de ce constat, pas grand-chose de neuf à propos de ce nouveau chapitre qui n’ait déjà été dit à propos du premier, et c’est via une véhémence de tous les instants que le groupe américain manifeste sa foi et sa passion, ce qu’on comprend rapidement en encaissant les premières mesures du terrible « Devour The Child ». Après un fill d’entrée sobre de la part de Williams, les blasts tombent comme une pluie de grêle, et le chant aride de Siatkowski fait le lien avec le passé, sans aucune gêne. Et c’est sans doute ce qui rend ce second LP aussi passionnant, cette confiance absolue en la tradition qui empêche le groupe de dévier de sa route pour tenter des choses plus modernes. Mais nous avons besoin de groupes comme DUMAL pour nous souvenir de la vilénie d’origine, celle que les premiers combos norvégiens et suédois ont érigée en tant que principe absolu, et celle que le martial et impérial « Some Ritual » rappelle de ses sonorités abrasives et de sa grandiloquence mélodique.

Mais le trio ne se contente pas d’une accumulation de BPM pour exprimer sa rage, et retrouve régulièrement l’acidité du BM le plus contextuel, via le long et progressif « Through Fields Of Peasant Graves », aussi rêche qu’un linceul fraîchement lavé. En ralentissant le tempo, les américains ne sont pas moins probants, bien au contraire, et montrent un visage séduisant, et terriblement professionnel. On apprécie ces ambiances délétères, mortifères qui nous ramènent des années en arrière, et nous font nous repencher sur les premières années d’un style qui n’a rien perdu de sa force. Certes, tout peut être deviné, les plans anticipés, et les mélodies presque sifflées avant qu’elles ne naissent, mais ce classicisme a quelque chose de rassurant dans une époque vouée aux gémonies expérimentales, qui tolère de moins en moins les flashbacks. Le BM est d ‘ailleurs l’un des rares genres qui ne se vautre pas dans la nostalgie, préférant regarder en avant, et l’importance de DUMAL n’en est que plus grande. Un titre comme « Unrealized Dreams » en est d’ailleurs une belle démonstration, qui prouve que les trois musiciens savent rester incorruptibles de violence tout en proposant des riffs mémorisables et un phrasé vocal très groove. Loin d’une linéarité gênante, The Confessor module donc ses attaques, fonce souvent dans les rangs, mais sait faire preuve de plus de finesse pour ne pas lasser de son ultra brutalité. Certes, j’en conviens, le très MARDUK période Legion « Ossuaric Inversion » fait vraiment plaisir à entendre en renvoyant au séminal Heaven Shall Burn, mais la lourdeur BATHORY du final « Amalgamation: Time, Space, And Circumstanceé » est aussi appréciable.

Un disque basé sur les fondements passés, mais qui affirme sa personnalité, et qui confirme le talent d’un trio sinon essentiel, du moins important. Et il est tout à fait possible de croire que le troisième LP de DUMAL sera LE postulat définitif du BM old-school à la norvégienne. Je n’en doute à aucun moment.                                                    

                                                                                                                                                                                        Titres de l’album:

01. Devour The Child

02. Some Ritual

03. Black Tendrils Of Christ

04. Through Fields Of Peasant Graves

05. Unrealized Dreams

06. Ossuaric Inversion

07. Amalgamation: Time, Space, And Circumstance


Bandcamp officiel


par mortne2001 le 30/05/2021 à 14:11
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