The Ferrymen

The Ferrymen

02/06/2017

Frontiers Records

Frontiers continue sa politique de rapprochement international et de collaborations prestigieuses en nous confiant les clefs d’un nouveau projet, dont la porte se présente sous un aspect massif, aux ferrures dorées et à la serrure imposante, qui nous laisse plus ou moins apercevoir l’intérieur. Et sous une superbe pochette qui ne renie en rien les ambitions de ses créateurs, se cache donc un nouveau supergroupe, uni sous la bannière d’un Heavy Metal de tradition, débordant d’énergie et de lyrisme.

Quels sont donc cette fois-ci les instrumentistes impliqués dans l’aventure ?

Une sacrée brochette, puisque le label Italien ne fait jamais semblant de recruter en deuxième division en risquant de ternir son blason.

On retrouve donc au casting de ce nouveau concept Hard’n’Heavy, le guitariste suédois Magnus Karlsson (PRIMAL FEAR, MAGNUS KARLSSON'S FREE FALL), le chanteur chilien Ronnie Romero (LORDS OF BLACK, RAINBOW) et l’infatigable cogneur américain Mike Terrana (TARJA, RAGE, AXEL RUDI PELL, VISION DIVINE), qui pour l’occasion se sont débrouillés seuls pour mettre en commun leur inspiration, évidemment dérivée de toutes les participations émaillant depuis des années leur CV respectif.

Et dire que le résultat est à la hauteur du calibre de ces mercenaires est un doux euphémisme que l’introductif et explosif « End Of The Road », soulèvera avec beaucoup de fermeté…

Sous un artwork signé Stan W. Decker et un mixage chromé par Simone Mularoni, se cache donc un des albums de HM lyrique de l’année, qui va certainement ravir tous les fans du style. Le projet est né du cerveau fécond et des doigts habiles de Magnus Karlsson, qui a composé le répertoire à l’été 2016 de sa Suède natale. Une fois les chansons abouties, il les fit transiter par les mains du label dans les oreilles de Ronnie Romero, qui se déclara partant sans hésiter. Ne restait plus qu’à fédérer Mike Terrana au projet, pour que le géant US cogne ses parties de batterie de sa résidence italienne, et les douze pistes de ce The Ferrymen furent completes.

Cet album fait bien sûr partie d’une caste très restreinte de disques où la réputation de grands instrumentistes fait tout le travail en amont, encore faut-il que leurs capacités n’aient pas été émoussées par la facilité d’enregistrement. Souvent, nous aboutissons à un résultat fort complaisant, qui table sur quelques noms fameux pour attirer le chaland dans ses filets, ou à des œuvres déjà tièdes avant même qu’elles ne soient pressées.

Ici, le cas est tout autre. Et la réussite écrasante.

Dieu sait pourtant si les featuring de Terrana n’ont jamais été ma tasse de thé, malgré le jeu puissant et démonstratif du bonhomme. J’ai toujours tenu en horreur les PRIMAL FEAR, mais j’avoue avoir toujours été séduit par le timbre chaud et velouté de Ronnie Romero, qui apporte à ce premier album éponyme toute l’étendue de son organe qui fait merveille une fois posé sur des morceaux aux structures directes, mais un tantinet progressives sur les bords.

L’association des trois musiciens fonctionne à plein régime, et même si chacun a enregistré un peu dans son coin, l’osmose est totale. On s’immerge donc dans un monde brillant de mille feux, et qui replace la mystique du Heavy le plus pur et mélodique au centre de toutes les attentions.

Outre une pochette superbe qui se porte à la hauteur des morceaux, et une production énorme qui sans nous écraser de son amplitude nous offre un spectacle auditif larger than life, les douze chansons qui forment cette symphonie de lyrisme qu’est The Ferrymen, sont toutes hautement recommandables, et forment une fois mises bout à bout un tableau d’une magnificence assumée, ce qui eut égard au talent des trois musiciens n’est pas vraiment étonnant.

Ce qui l’est plus, c’est qu’au gré des morceaux, les inflexions de guitare de Magnus, la frappe de Mike et la voix de Ronnie nous fasse penser à STRYPER, HAREM SCAREM, BONFIRE, tout autant qu’à Jorn Lande. Mais là est la magie de ce disque qui a su transcender son inspiration pour dépasser les attentes déjà très grandes qu’il suscitait en amont.

Cette magie est d’ailleurs palpable non seulement au travers de la partition générique composée par Magnus, qui s’est dépassé pour l’occasion, mais aussi dans la luxuriance d’arrangements simples mais efficaces qui constituent une sous trame fascinante apportant une plus-value indéniable.    

Plus simplement, sans chercher la complication, le trio a réussi à proposer un disque d’une richesse formidable, sans dévier de son but initial : provoquer le Heavy pour le confronter à l’AOR, au Hard-Rock, mais aussi au Power Metal, empruntant de fait un petit morceau d’ADN de chaque participant impliqué.

Il suffit pour s’en rendre compte de piocher un des titres au hasard, ou de se focaliser sur les plus impressionnants, à l’instar de l’admirable « One Heart », et de son intro acoustique très pure. Le chant fantastique de Romero a permis au guitariste de composer à peu près tout ce qu’il voulait, tant ce vocaliste à des moyens illimités, et une aisance bluffante dans tous les registres. Et en définitive, ce morceau ressemble à un crossover surréaliste entre le lyrisme de sang bleu des RAINBOW, et la puissance de PRIMAL FEAR, expurgée de tous ses poncifs les plus irritants.

Les hymnes s’accumulent, et on attend en vain le point faible qui fera vaciller le géant. Mais même en lui jetant subjectivement toutes les pierres de mauvaise foi les plus lourdes au visage, il ne tremble pas, et traverse son heure d’odyssée d’un pas lourd et pourtant si léger à la fois.

C’est le paradoxe le plus flagrant d’un LP qui se veut aussi emphatique qu’aérien, et aussi démonstratif qu’humble dans son approche.

Certes, les soli incendiaires de Karlsson phagocytent avec brio l’expressionisme allumé du concitoyen Malmsteen, certes les coups de boutoir de Terrana nous ramènent au cœur d’un Heavy allemand décomplexé, et les volutes vocales de Romero matérialisent dans l’espace le spectre de Jorn Lande ou de Ronnie James Dio, mais la combinaison des trois pouvoirs se concrétise dans un tout, bien supérieur à la somme de ses parties.

Alors, le talent déroule, et les moments de bravoure s’accumulent sous nos pavillons médusés. Du hit inévitable et éponyme de « Ferryman » et son Heavy dru rehaussé d’un refrain charnu, à « Welcome To My Show » qui éclabousse ses sextolets sur la table d’un Hard-Rock up tempo servi bouillant, en passant par l’envoutant et mystique « The Darkest Hour » qui ne rechigne pas à en rajouter côté riffs saignants, et « Cry Wolf », qui ne crie pas au loup en vain et ose des nappes de synthés symptomatique des 80’s, modernisant le RAINBOW le plus légendaire d’une patine de cire mélodique à la BONFIRE.

Toutes les intro sont léchées, toutes les parties sont ciselées, et même lorsque l’atmosphère se veut plus sombre (« Enter Your Dream »), la lumière nous inonde et les percussions de Terrana grondent dans le ciel d’un Metal pluriel.

Et si bien évidemment, l’originalité est aux abonnés absents (ce qui est le fil rouge de tous ces projets chapeautés par Frontiers), l’efficacité est permanente, et le souffle brûlant. C’est avant tout ce qu’on recherche au travers de telles réalisations, qui ne sacrifient toutefois pas l’innocence à la pertinence.

Avec un tel passeur, il est évident que les auditeurs franchiront le fleuve qui les emmènera sur les rives d’un autre-monde, celui où tous les musiciens sont rois, et où les fans de Heavy Metal font loi.


Titres de l'album:

  1. End Of The Road
  2. Ferryman
  3. Fool You All
  4. Still Standing Up
  5. Cry Wolf
  6. One Heart
  7. Darkest Hour
  8. How The Story Ends
  9. Enter Your Dream
  10. Eyes On The Sky
  11. Eternal Night
  12. Welcome To My Show

Facebook officiel


par mortne2001 le 23/06/2017 à 14:31
80 %    779

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Test de nouvelle vidéo

grinder92 11/09/2020

Vidéos

From This Day Forward

mortne2001 10/09/2020

From the past

...And Justice For All

mortne2001 08/09/2020

From the past

Slayer + Megadeth 2011

RBD 05/09/2020

Live Report

Manifest Decimation

mortne2001 31/08/2020

From the past

Opeth 2006

RBD 29/08/2020

Live Report

Widespread Bloodshed/Love Runs Red

mortne2001 24/08/2020

From the past

PILORI / Interview

Baxter 18/08/2020

Interview

Dead can Dance 2013

RBD 15/08/2020

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
grinder92

Du texte en grasDu texte en italiqueDu texte soulignédu texte barrédu texte en vertune liste d'item numérotée(...)

16/09/2020, 22:12

grinder92

 

16/09/2020, 21:51

grinder92

16/09/2020, 21:49

grinder92

  Affichage des smileys

16/09/2020, 16:48

grinder92

 

16/09/2020, 15:51

grinder92

15/09/2020, 22:30

grinder92

15/09/2020, 22:06

grinder92

  

15/09/2020, 19:09

grinder92

 

15/09/2020, 18:39

grinder92

 

15/09/2020, 18:38

grinder92

Affichage de Smileys  

15/09/2020, 13:57

grinder92

test de fonctionnement

15/09/2020, 13:57

senior canardo

gros souvenirs, j'y avais emmené mon neveu de 7 ans et demi ! c'etait drole les regards partagés des gens entre "cool la relève" et "ce n'est pas un endroit approprié pour un enfant " lol. ce qui etait drole aussi le nombre de gens qui se sont barrés après slayer ...comme nous ;)

11/09/2020, 12:32

Humungus

Novateur ? Je ne sais pas du tout ce que la "presse" en dit mais moi je le trouve très varié (y'a tout NAPALM là dedans !), pas mal de côtés GODFLESH aussi... Pis même un titre totalement KILLING JOKIEN ("Amoral"). Bref, j'adore !!! Album de l'année ???

11/09/2020, 10:59

Living Monstrosity

Barney, toujours aussi intéressant en interview. Bon sang j'adore ce type !!! J'adore l'écart qu'il y a (toujours eu) entre l'aspect brutal de leur musique et le fond, l'esprit derrière tout ça. Quant au dernier album, j'ai bien envie de craquer aussi... Il est aussi "novateur(...)

11/09/2020, 08:04

Humungus

Nubowsky + 1000000 !!! Le dernier album en date est juste EX-TRA-OR-DI-NAIRE !!! !!! !!! Il tourne en boucle chez moi en ce moment...

11/09/2020, 07:25

RBD

Bel effort qui illustre bien le retour en grâce dont bénéficie cet album depuis, disons, une douzaine d'années, et après être passé pour le plus faible dans l'opinion générale jusqu'à la sortie de "Load". Tout est dit ici dans les faits, qui sont au demeurant bien connus. Ce (...)

10/09/2020, 21:27

Arioch91

Sabaton, je n'y prête même plus attention. Pas ma came mais je respecte ceux qui aiment. Y a pas de mauvais Metal. - Le bon Metal, c'est quoi ? Bah tiens, tu prends ce disque là, tu le poses sur la platine, tu écoutes. Bah, c'est du bon Metal. Et le mauvais Metal ? Ah..(...)

10/09/2020, 11:22

Arioch91

J'ai bien aimé celle de David White (Heathen, chant). On sent que l'intérim des gratteux chez Exodus lui a bien cassé les couilles, tout comme le fait que Kragen Lum se soit pointé avec la totalité du nouvel album entièrement composé par lui et que White ne pouvait même pas y apporter ses te(...)

10/09/2020, 11:18

Nubowsky

L’interview de Napalm est toujours aussi intéressante.. quelle conviction et quelle carrière exemplaire.

10/09/2020, 09:45