The Harvest

Endseeker

13/09/2019

Metal Blade

La difficulté du travail promotionnel d’un label aujourd’hui est sensiblement la même depuis les années 80/90. Sauf qu’avec ce déferlement d’artistes old-school, la donne a changé, et la problématique s’est densifiée. Comment vendre efficacement un groupe qui ressemble en tout point à celui que vous avez signé le mois précédent, et qui lui-même puisait son inspiration dans des réservoirs que le passé a abondamment alimentés ? Est-il possible par exemple de vanter les mérites d’ENTOMBED A.D alors qu’une bonne trentaine de groupes pompent leurs idées sur eux, et qu’eux aussi ont besoin d‘arguments pour trouver tribune dans la presse et le cœur des fans ? La gageure ne doit pas être des plus simples, et les mêmes qualités mises en avant pour essayer de tirer vers le haut des albums qui risquent de finir dans les oubliettes de l’histoire musicale. En parlant d’histoire musicale, le cas des ENDSEEKER est presque un cas d’école, de par les références qu’ils affichent et la musique qu’ils pratiquent. Fondé en 2014, ce quintet (Torsten – Basse, Ben – Guitare, Lenny – Chant, Jury Kowalczyk – Guitare et André Kummer – Batterie) est ainsi passé de l’anonymat le plus total à une signature chez Metal Blade en quelques années, et avec un seul album au compteur. Originaires de Hamburg, les musiciens ont d’abord opté pour un format EP (Corrosive Revelation, 2015), avant de passer au format long il y a deux ans via Flesh Hammer Prophecy distribué par l’estimé indépendant et underground F.D.A. Records. Jusqu’ici rien de vraiment choquant, et cette signature s’explique sans doute par le professionnalisme du quintet, qui depuis des débuts s’ingénie à progresser pour devenir imperfectible, sans rien renier de sa philosophie. Et ce professionnalisme s’accompagne d’une franchise relativement appréciable, puisque les hambourgeois admettent qu’ils ont pratiquement tout piqué à l’école suédoise, celle des nineties qui imposa au monde une vision glacée d’un Death Metal plus létal que jamais. Des allemands qui jouent du Death scandinave ? Voici qui soutient la théorie d’un langage universel, mais surtout, d’une fascination pour le passé qui occulte de plus en plus la projection vers l’avenir.

Cette fascination pour le passé s’articule chez les ENDSEEKER par une liste d’influences qui balisent le terrain. Ils nomment donc sur leur page Facebook les noms d’ENTOMBED, NIHILIST, GRAVE, DISMEMBER, CARNAGE, NECROPHOBIC, UNANIMATED, DESULTORY, GOREFEST, HYPOCRISY, SLAYER, ce qui permet à l’auditeur éventuel de bien comprendre ce qui l’attend. Et ce qui l’attend, c’est justement une énième grosse tranche de nostalgie à base de HM-2, de riffs froids comme un hiver de mort, de rythmiques concassées qui imposent la cadence, et d’un chant qui toutefois ose des choses moins systématiques. En jouant l’honnêteté immédiate, il convient de te prévenir cher lecteur, que rien de neuf ne t’attend à l’intérieur de cet album, rien en tout cas que tu n’as déjà entendu des dizaines de fois. Mais loin de se contenter de reprendre à leur compte les recettes légendaires et éprouvées des meilleurs fossoyeurs suédois, les allemands y injectent une sévère dose de rigueur germaine qui rappelle les meilleurs moments de la période Death de MORGOTH, avec ce petit surplus Thrash groovy issu des CARNAL FORGE. On pense aussi parfois à une version boosté du CARCASS de fin de carrière, avec cette euphorie mélodique héritée des AT THE GATES (« Epitome Of Decadence »), multiplicité qui apporte une plus-value non négligeable à un LP qui finalement, montre bien des qualités. C’est certes classique, autant que peut l’être un discours de Lars Goran Petrov sur les origines de la scène de Stockholm, Mais l’énergie dont fait preuve le quintet, et la solidité de ses compos génère une puissance soufflante, même si certains morceaux ont tendance à marquer le pas et à jouer le jeu d’un mid tempo pas toujours très pertinent.

Mais fort heureusement, la tonalité générale de l’album, sombre mais souple, nous permet d’oublier le manque flagrant de prise de risques de The Harvest. Cette nouvelle récolte, une fois encore produite par Eike Freese (HEAVEN SHALL BURN, DEEP PURPLE, GAMMA RAY) au Chameleon studio de Hambourg, fait la part belle à l’agressivité et la véhémence, et privilégie un tempo général assez dense, le tout soutenu par des riffs tronçonnés avec une belle conviction. On en comprend assez rapidement les tenants et aboutissants, dès « Parasite », qui en moins de trois minutes nous offre une démonstration de force probante. Dès l’entame, le groupe bombe le torse et se rappelle des déflagrations nordiques d’ENTOMBED et DISMEMBER, tout en assouplissant le son des anciens d’une production plus claire, et de transitions plus fluides. Il ose même lâcher quelques blasts dès le départ pour donner le ton, et place quelques arrangements séduisants, dont quelques notes de basse et un flow de Lenny qui nous évite les grognements sourds habituels pour se rapprocher d’un Hardcore vraiment sale. Mais pas d’inquiétude à avoir, l’ensemble est estampillé Death jusqu’au bout des médiators usés, et « Pulse » de confirmer l’allégeance avec beaucoup d’emphase. Rien d’ambitieux, mais une volonté de se sortir de schémas trop usés pour adapter les vues anciennes à des théories plus récentes, et une transposition du crédo nostalgique à des aspirations plus contemporaines. Evidemment il est impossible de passer sous silence l’importance de l’ENTOMBED global sur les choix des allemands, mais leur manière d’éviter la paraphrase en coulant leurs évolutions dans un magma de haine leur permet de signer des manifestes de violence vraiment impressionnants (« Cure »).

Les titres les plus longs ne sont pas forcément les plus fascinants, et « Whores Of War » d’alourdir l’ambiance avec un surplus de graisse, se basant plus volontiers sur le moyennement inspiré « Crawl » de leurs idoles que sur la terreur glauque de « Stranger Aeons ». On note le coup de mou de mi-parcours, mais on aime toujours cette façon de traiter les chœurs de loin, laissant des nappes vocales d’arrière-plan s’évaporer comme des spectres lascifs. Le mélange de cruauté allemande et de froideur suédoise fonctionne donc plutôt bien, même si pas grand-chose ne permet de distinguer cette sortie de la masse old-school mensuelle. On retiendra donc un son plutôt costaud, des musiciens qui s’investissent à plein, et très souvent, de l’aisance dans le traitement rythmique qui nous évite les pilonnages systématiques et les engluements un peu trop poussés. Pas encore assez affranchi pour se montrer innovant, ENDSEEKER progresse avec prudence, mais a les armes pour devenir une prochaine référence sur la scène vintage européenne.       

             

Titres de l'album :

                       01.Parasite

                       02.Pulse

                       03.Cure

                       04.Spiritual Euphoria

                       05.Whores Of War

                       06. The Harvest

                       07.Epitome Of Decadence

                       08.Immortalized

                       09.Vicious Devourer

                       10.Symphony Of Destruction

Site officiel

Facebook officiel

Bandcamp officiel


par mortne2001 le 07/01/2020 à 17:53
75 %    656

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Test de nouvelle vidéo

grinder92 11/09/2020

Vidéos

From This Day Forward

mortne2001 10/09/2020

From the past

...And Justice For All

mortne2001 08/09/2020

From the past

Slayer + Megadeth 2011

RBD 05/09/2020

Live Report

Manifest Decimation

mortne2001 31/08/2020

From the past

Opeth 2006

RBD 29/08/2020

Live Report

Widespread Bloodshed/Love Runs Red

mortne2001 24/08/2020

From the past

PILORI / Interview

Baxter 18/08/2020

Interview

Dead can Dance 2013

RBD 15/08/2020

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
grinder92

Du texte en grasDu texte en italiqueDu texte soulignédu texte barrédu texte en vertune liste d'item numérotée(...)

16/09/2020, 22:12

grinder92

 

16/09/2020, 21:51

grinder92

16/09/2020, 21:49

grinder92

  Affichage des smileys

16/09/2020, 16:48

grinder92

 

16/09/2020, 15:51

grinder92

15/09/2020, 22:30

grinder92

15/09/2020, 22:06

grinder92

  

15/09/2020, 19:09

grinder92

 

15/09/2020, 18:39

grinder92

 

15/09/2020, 18:38

grinder92

Affichage de Smileys  

15/09/2020, 13:57

grinder92

test de fonctionnement

15/09/2020, 13:57

senior canardo

gros souvenirs, j'y avais emmené mon neveu de 7 ans et demi ! c'etait drole les regards partagés des gens entre "cool la relève" et "ce n'est pas un endroit approprié pour un enfant " lol. ce qui etait drole aussi le nombre de gens qui se sont barrés après slayer ...comme nous ;)

11/09/2020, 12:32

Humungus

Novateur ? Je ne sais pas du tout ce que la "presse" en dit mais moi je le trouve très varié (y'a tout NAPALM là dedans !), pas mal de côtés GODFLESH aussi... Pis même un titre totalement KILLING JOKIEN ("Amoral"). Bref, j'adore !!! Album de l'année ???

11/09/2020, 10:59

Living Monstrosity

Barney, toujours aussi intéressant en interview. Bon sang j'adore ce type !!! J'adore l'écart qu'il y a (toujours eu) entre l'aspect brutal de leur musique et le fond, l'esprit derrière tout ça. Quant au dernier album, j'ai bien envie de craquer aussi... Il est aussi "novateur(...)

11/09/2020, 08:04

Humungus

Nubowsky + 1000000 !!! Le dernier album en date est juste EX-TRA-OR-DI-NAIRE !!! !!! !!! Il tourne en boucle chez moi en ce moment...

11/09/2020, 07:25

RBD

Bel effort qui illustre bien le retour en grâce dont bénéficie cet album depuis, disons, une douzaine d'années, et après être passé pour le plus faible dans l'opinion générale jusqu'à la sortie de "Load". Tout est dit ici dans les faits, qui sont au demeurant bien connus. Ce (...)

10/09/2020, 21:27

Arioch91

Sabaton, je n'y prête même plus attention. Pas ma came mais je respecte ceux qui aiment. Y a pas de mauvais Metal. - Le bon Metal, c'est quoi ? Bah tiens, tu prends ce disque là, tu le poses sur la platine, tu écoutes. Bah, c'est du bon Metal. Et le mauvais Metal ? Ah..(...)

10/09/2020, 11:22

Arioch91

J'ai bien aimé celle de David White (Heathen, chant). On sent que l'intérim des gratteux chez Exodus lui a bien cassé les couilles, tout comme le fait que Kragen Lum se soit pointé avec la totalité du nouvel album entièrement composé par lui et que White ne pouvait même pas y apporter ses te(...)

10/09/2020, 11:18

Nubowsky

L’interview de Napalm est toujours aussi intéressante.. quelle conviction et quelle carrière exemplaire.

10/09/2020, 09:45