Des mines patibulaires, un look qui ne laisse pas place au doute, des t-shirts qui en disent long sur l’inspiration, et une provenance qui laisse augurer d’un ton et d’un fond plus ou moins brutaux. Telle est la façon dont on rentre en contact avec les colombiens de CERCENATED en regardant leurs clichés promo, qui au prime abord, pourraient laisser penser à un énième combo Blackened Thrash, la spécialité locale. Du Thrash radicalisé sur fond de ténèbres BM ? Que nenni, puisque le quintet se propose à contrario d’explorer d’autres racines, celles d’un Death Metal de tradition, joué toutefois avec un minimum d’ambition. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le groupe n’est pas muet au moment de nous confier son parcours, sa longue bio dispo sur Facebook n’occultant aucune étape de sa carrière. Et autant dire que malgré une naissance en 2010, le parcours de la bête ne fut pas de tout repos, avec des remaniements incessants, des arrivées, des départs, des stabilisations, pour enfin se lancer sur le marché, non sans difficultés. Pourtant, dès 2010, les choses semblaient bien parties avec l’enregistrement d’une première démo, At the Beginning of War. Le fan éventuel découvrait alors une formation sous haute perfusion de classiques, chose assez logique puisque CERCENATED fut à l’origine formé pour rendre un hommage appuyé aux putréfiés et gelés DISMEMBER. C’est donc du côté du Death suédois qu’il faut chercher l’imagination de ces colombiens, qui depuis ont heureusement élargi leur champ d’action. Mais en reconnaissant une fascination pour UNLEASHED et DEICIDE, les jeunes musiciens ont donc pu modeler leur apparence en faisant appel à d’autres entrées bien connues des amateurs de Metal de la mort…Il leur fallut toutefois six ans et autant de mouvements internes pour lâcher leur premier longue-durée, In Circles of Total Dominance, publié à compte d’auteur en 2016. Et c’est encore quatre ans plus tard que la bande revient toujours en autogestion avec Towards To Judecca qui sans faire montre d’un culot de tous les diables, dénote suffisamment dans la production actuelle pour se faire remarquer.
Toujours en autoproduction, Towards To Judecca permet donc aux cinq musiciens (Cristian Valderrama - chant, Javier Martinez - guitare et seul membre fondateur, Ivan Lopez - guitare, Santiago Martinez - basse et Diego Pérez - batterie, les deux membres les plus récents) de retravailler leur partition et de s’éloigner de leurs obsessions scandinaves, pour proposer une hybridation intéressante entre le Death en vogue en Floride au début des années 90 et son homologue sud-américain, plus brutal et viscéral. L’extrême traité par les CERCENATED est donc résolument old-school, mais il n’en manque pas d’intérêt pour autant. Loin de se contenter d’une nostalgie bas du front, les originaires de Sogamoso insufflent à leur musique un vent de folie tout à fait rafraîchissant, malgré leur optique résolument bouillante. Ainsi, l’auditeur en découvrant ce deuxième effort se prendra en pleine tronche l’exubérant « Revelations », qui parvient à synthétiser la précision rythmique de MORBID ANGEL et l’esprit farouche de SUFFOCATION, pour un ballet d’ultraviolence totalement savoureux. On remarque évidemment une mise en place très carrée de la part des instrumentistes, qui multiplient les plans comme Chuck les pieds dans la gueule, mais aussi un travail vocal très étudié, empruntant à Benton sa schizophrénie vocale pour nous entraîner dans un tourbillon de folie musicale. Les multiples astuces d’arrangement permettent aux guitares de ne pas se contenter de riffs bateau mais d’imposer de petits licks diaboliques, tandis que la rythmique en arrière-plan soutient l’ensemble de sa vélocité pleine de flair. En un seul morceau, le groupe nous persuade bien de l’originalité de sa démarche passéiste, et se distingue de ses concurrents par une démence musicale palpable.
Doté d’un son sec et d’une production rêche, Towards To Judecca fait honneur à ses compositeurs, qui tout en retrouvant l’impulsion d’origine, se démarquent du reste de la production actuelle un peu trop portée sur le mimétisme. Avec un frontman/grogneur de la trempe de Cristian Valderrama, CERCENATED joue sur des tripes fraîches, et appuie sa créativité rythmique (parfois à la limite d’un Techno-Death très efficace) d’une efficacité de tous les instants, produisant une somme d’énergie impressionnante, aérée par des breaks tantôt lourds, mais souvent ultrarapides (« Destructive Entity »). On pense évidemment à une traduction des blasphèmes de DEICIDE dans un langage païen sud-américain, mais l’énergie dont font preuve les cinq instrumentistes permet aux compositions de s’enfoncer dans les enfers du Death, avec toujours cette percussion constante des riffs qui donnent du volume (« Of Fire Upon Throne »). Pas bégueules en termes d’accroche, les colombiens savent travailler leur plans pour les rendre accrocheurs, cédant parfois à la pression des dissonances pour conférer à leur musique une aura mystique. En quarante minutes, le combo fait plus que le job, lâchant parfois des morceaux à l’assise presque Heavy (« Ritual de Sangre y Barro »), sans le sacrifier à l’outrance générale. On sent que le quintet est à l’aise avec sa personnalité, et l’exagération des tempi ne cache en rien un vrai désir d’adhésion chez l’auditeur, convaincu par ces guitares en constante révolution (« Pactum (Erebos) »). Sans vraiment chambouler l’ordre mondial, Towards To Judecca propose de véritables chansons et pas de simples prétextes à la débauche sonique, et certaines sonnent même comme des hits d’outre-tombe (« Temple of Gnosis »), avec breaks malins et partie centrale finaude.
Tout n’est évidemment pas d’une originalité flagrante, mais l’ensemble sonne millimétré, et suffisamment libre pour être apprécié. Entre les trouvailles d’un batteur jamais en rade de plans qui percutent (« Oath »), une paire de guitaristes ayant appris leur bréviaire floridien sur le bout des médiators, un bassiste bien présent et gras, et un chanteur méchamment à l’aise dans son costume, CERCENATED s’affirme après dix ans d’existence comme une force majeure de l’underground colombien, méritant largement un deal au-delà de ses frontières.
Titres de l’album :
01. Evocations
02. Revelations
03. Natural Light of Doom
04. Destructive Entity
05. Of Fire Upon Throne
06. Ritual de Sangre y Barro
07. Pactum (Erebos)
08. Temple of Gnosis
09. Oath
10. Towards to Judecca
Du texte en grasDu texte en italiqueDu texte soulignédu texte barrédu texte en vertune liste d'item numérotée(...)
16/09/2020, 22:12
16/09/2020, 21:49
15/09/2020, 22:30
15/09/2020, 22:06
gros souvenirs, j'y avais emmené mon neveu de 7 ans et demi ! c'etait drole les regards partagés des gens entre "cool la relève" et "ce n'est pas un endroit approprié pour un enfant " lol. ce qui etait drole aussi le nombre de gens qui se sont barrés après slayer ...comme nous ;)
11/09/2020, 12:32
Novateur ? Je ne sais pas du tout ce que la "presse" en dit mais moi je le trouve très varié (y'a tout NAPALM là dedans !), pas mal de côtés GODFLESH aussi... Pis même un titre totalement KILLING JOKIEN ("Amoral"). Bref, j'adore !!! Album de l'année ???
11/09/2020, 10:59
Barney, toujours aussi intéressant en interview. Bon sang j'adore ce type !!! J'adore l'écart qu'il y a (toujours eu) entre l'aspect brutal de leur musique et le fond, l'esprit derrière tout ça. Quant au dernier album, j'ai bien envie de craquer aussi... Il est aussi "novateur(...)
11/09/2020, 08:04
Nubowsky + 1000000 !!! Le dernier album en date est juste EX-TRA-OR-DI-NAIRE !!! !!! !!! Il tourne en boucle chez moi en ce moment...
11/09/2020, 07:25
Bel effort qui illustre bien le retour en grâce dont bénéficie cet album depuis, disons, une douzaine d'années, et après être passé pour le plus faible dans l'opinion générale jusqu'à la sortie de "Load". Tout est dit ici dans les faits, qui sont au demeurant bien connus. Ce (...)
10/09/2020, 21:27
Sabaton, je n'y prête même plus attention. Pas ma came mais je respecte ceux qui aiment. Y a pas de mauvais Metal. - Le bon Metal, c'est quoi ? Bah tiens, tu prends ce disque là, tu le poses sur la platine, tu écoutes. Bah, c'est du bon Metal. Et le mauvais Metal ? Ah..(...)
10/09/2020, 11:22
J'ai bien aimé celle de David White (Heathen, chant). On sent que l'intérim des gratteux chez Exodus lui a bien cassé les couilles, tout comme le fait que Kragen Lum se soit pointé avec la totalité du nouvel album entièrement composé par lui et que White ne pouvait même pas y apporter ses te(...)
10/09/2020, 11:18
L’interview de Napalm est toujours aussi intéressante.. quelle conviction et quelle carrière exemplaire.
10/09/2020, 09:45