Vengeance

Dreadful Fate

15/06/2018

To The Death Records

De bruit et de fureur, tel était plus ou moins le leitmotiv de la génération Punk, qui s’évertua à faire trembler les institutions sur leurs nobles bases. Pourtant, ce slogan digne de mai 68 allait aussi comme un gant à la vague Thrash la plus bestiale des années 80, et on pourrait même en digresser sur les termes pour aboutir à une formule du genre « de clous et de fureur » ou « de bruit et d’horreur ». Mais ce qui paraissait raisonnable il y a trente ans devient légèrement décalé avec le temps, et il est toujours difficile d’admettre que des quadragénaires prétendument raisonnables puissent encore se répandre en Metal incandescent et autres pastiches satanistes de pacotille. Mais il n’y a pas d’âge en ce qui concerne la passion, et c’est un peu la leçon à tirer du premier LP/EP des suédois enragés de DREADFUL FATE, qui malgré un parcours bref et une naissance récente ne sont pas vraiment les premiers venus. Formée en 2017, la troupe n’a eu pour le moment l’occasion de ne publier qu’une démo la même année, très franchement et justement baptisée The Sin of Sodom, qui leur a permis de se faire entendre et de trouver un label national pour cautionner leurs exactions les moins pudiques. Nous retrouvons donc aux commandes de cette caste de barbares des faciès et noms bien connus de l’underground, qui y traînent leurs basques depuis un bon moment, au sein de formations diverses, anecdotiques ou plus formelles. Ainsi, la lecture du line-up nous permet de noter que certains des membres ne sont pas vraiment des bleusailles, puisque nous retrouvons Total Destruction, aka Fredrik Karlén à la basse (ex-HELLFIRE, ex-MERCILESS, ex-ASMODEUS), Corpse Skelethor alias Perra Karlsson à la batterie (IN AETERNUM, NEX, NOMINON, THORIUM, ex-DION FORTUNE, ex-SERPENT, ex-T.A.R, ex-WORTOX, ex-DESTRÖYER 666, ex-DIE HARD, ex-BENEDICTION), Bestial aka Mikael Castervall au chant (ex-FUNERAL, ex-HYPNOSIA, ex-PORTRAIT, ex-BIRDFLESH) mais aussi, et plus notoirement Death Ripper aka Johan Jansson à la guitare (INTERMENT, MOONDARK, ex-DELLAMORTE, ex-FULMINATION, ex-HATRED, ex-REGURGITATE, ex-BEYOND, PARASIT, ex-CENTINEX, ex-DEMONICAL, ex-ENTOMBED A.D et pas mal d’autres). Vous avez dit bagage ? Oui en effet, et si les CV donnent le tournis, tout ça ne sombre pas non plus dans l’auto-complaisance, puisque le LP en question est plutôt du genre velu, méchant, malpoli et surtout, nostalgique d’une époque bénie ou le Thrash et le Black se mélangeaient encore sans tenir compte des querelles de clocher.

Premier paragraphe de présentation maousse, mais ce projet le valait bien. A première vue, rien ne distingue ce concept de la masse grouillante de disciples lubriques de la cause bestiale, et pourtant, l’exubérance qui s’en dégage propulse ce Vengeance au rang de déclaration d’intention parfaitement assumée. Il faut dire que les quatre olibrius nous avaient prévenus, puisque leur première démo aux faces identiques contenait déjà une reprise du « Tormentor » de KREATOR, dont ce premier longue-durée confirme l’affiliation à peine déguisée. SODOM, KREATOR, le listing n’a pas forcément besoin d’être étendu, et pourtant le lexique des DREADFUL FATE contient beaucoup d’autres phonèmes, dont certains empruntés à la vague sud-américaine la plus violente (SEPULTURA, SARCOFAGO, MUTILATION, VULCANO, et tous les autres frères en O), ou tapant du pied sous la table des IMPALED NAZARENE, en adaptant leur malice épileptique au vocabulaire Thrash/Black des eighties affamées. Nous sommes donc entre gens parfaitement éduqués, et si Vengeance joue la brièveté de durée pour caser un maximum de barouf en un minimum de temps, il contient suffisamment d’idées jouissives pour vous faire éjaculer mentalement un bon moment. On tombe nez à nez avec des rythmiques nucléaires, face à fesse avec des déjections vocales encore fumantes, et les yeux dans le monocle avec des riffs cinoques, franchement perturbés, mais toujours promptement tronçonnés. Sans chercher à titiller la corde sensible de l’originalité, les suédois jouent avec une cruelle efficacité, et touchent le centre de la cible sans gaspiller de munitions. J’en conviens, la plupart des plans sentent le réchauffé, spécialement aux oreilles rodées à la cause Thrash blackisé d’il y a une trentaine d’années, mais la joie et l’enthousiasme dont font preuve ces maudits lascars sont hautement contagieux et corrosifs, et les morceaux s’enchaînent comme lors d’un concert en co-headlining du SODOM et du KREATOR de la grande époque, le timbre de Bestial ressemblant étrangement aux rugissements juvéniles de notre bon vieux Mille.

Beaucoup de paillardise donc, pas mal d’intelligence d’efficacité aussi, pour un résultat qui prône une extraversion totale et une implication implacable. Dès l’ouverture plus que tonitruante de « Vengeance », la messe est dite, les croix renversées et les boucs sodomi….Enfin bref, vous m’avez compris, c’est à un sabbat en rut majeur auquel vous êtes conviés, mené à un train d’enfer qui ne rechigne pas à accélérer pour atteindre les sommets d’un SEPULTURA sur « War » (« Death Sentence », genre de DARK ANGEL passé en 78 tours et agrémenté d’une petite sauce saignante à la SARCOFAGO). Pour autant, ne prenez pas ces musiciens de métier pour de gentils farceurs déguisés, car ils savent aussi piquer à SODOM leurs plus brillantes idées (« Altar of Cruelty », qui s’accommode fort bien d’un riff et d’une ambiance qu’on croirait exhumés d’Obsessed By Cruelty), et mettre en avant une fausse gaucherie qui ne dissimule que très mal une réelle précision d’agression. Ça joue bourrin des deux mains, mais carré, et lorsque les mondes s’entrechoquent comme sur le titre susmentionné (car en plus ces quatre malandrins ne s’embarrassent pas de principes et chapardent aussi chez HELLHAMMER de quoi être à l’heure), la secousse se ressent jusqu’à la racine de votre fondement. Mais des intitulés aux breaks puissamment martelés, tout est fait pour nous replonger dans les affres des débuts de l’ultra-brutalité, et lorsque la machine s’emballe, le cœur déballe (« Unholy Lust », rien entendu d’aussi pervers et sadique depuis qu’en rêve j’ai imaginé Mika Luttinen reprendre In The Sign Of Evil en entier), alors même que les guitares parviennent à rester concentrées sur des riffs vicieusement troussés. En gros, et ce jusqu’au terminal « The Final Sacrifice », la luxure est bien lubrifiée, mais le coït musclé. A l’image d’une gigantesque partouze entre initiés, les DREADFUL FATE signent avec Vengeance un manifeste de libertinage outrancier, en restant collés (évidemment) à leurs références, mais en leur apportant ce petit plus actuel qui fait la différence. Pas très propre, ni recommandable en société, mais terriblement efficace et décalotté.                                 

       

Titres de l'album:

                         1.Vengeance  

                         2.Death Sentence      

                         3.Altar of Cruelty     

                         4.Unholy Lust           

                         5.Witches Hammer   

                         6.Hour of Reprisal    

                         7.Eternal Fire 

                         8.The Final Sacrifice

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par mortne2001 le 12/07/2018 à 18:39
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