Viles Contrées

Gévaudan

26/07/2019

Autoproduction

Le GEVAUDAN (en occitan : Gavaudan ou Gevaudan ; en latin : Gabalitanus pagus) est une ancienne province française. À la Révolution française son territoire a servi de base pour former le département de la Lozère. (Wikipedia, géographique).


La Bête du GEVAUDAN (la Bèstia de Gavaudan en occitan) est un animal à l'origine d'une série d'attaques contre des humains survenues entre le 30 juin 1764 et le 19 juin 1767. Ces attaques, le plus souvent mortelles, entre 88 à 124 recensées selon les sources, eurent lieu principalement dans le nord de l'ancien pays du Gévaudan. Puisant leur inspiration dans un essai du gynécologue Paul Puech (1910) ainsi que dans les romans de l'angliciste Abel Chevalley (1936) et du folkloriste Henri Pourrat (1946), plusieurs ouvrages et articles rédigés par des défenseurs du loup évoquent l'œuvre d'un tueur en série éventuellement figuré en dresseur de fauves et parfois identifié au comte de Morangiès ou à un fils de Jean Chastel prénommé Antoine. Or aucun document ne corrobore cette hypothèse d'une implication humaine, essentiellement influencée par le genre romanesque.
(Wikipedia, historique)

Le GEVAUDAN et sa bête ont donc alimenté le bestiaire fantastique de l’histoire, et tous ceux ayant vu le film « Le Pacte des Loups » pensent en connaître l’histoire. Personne ne sut vraiment qui fut responsable de toutes ces attaques, mais avant d’être le théâtre de massacres plongeant la population dans les affres de l’angoisse, le GEVAUDAN était déjà une terre de mystère et de contes. Depuis 2017, un musicien français s’est focalisé sur ses légendes et sa mystique, et c’est aujourd’hui qu’il nous propose de nous raconter sa propre vision des choses, au travers de ce premier long qui ne cache aucunement ses accointances avec le BM le plus formel des années 90. Fondé par M.T comme un one-man band, GEVAUDAN est donc l’œuvre d’un seul homme, qui s’est débrouillé pour faire entendre sa parole d’un Black Metal très traditionnel, à cheval entre l’aridité des dogmes de départ, et des mélodies qui ont conduit ensuite à en faire un genre un peu plus noble et acceptable. Viles Contrées est donc son premier jet longue-durée, tout à fait raisonnable d’ailleurs puisqu’à peine au-dessus de la demi-heure, mais il s’en dégage un parfum très spécial, un peu brumeux, ombrageux, et d’un enivrement assez agréable de sa pluralité. Loin de se contenter de foncer dans le tas, le musicien originaire de Bretagne module donc, et articule ses compositions autour d’ambiances vraiment prenantes, qui ne sont pas sans rappeler une combinaison entre la sècheresse canadienne des années 90 et la florissante moisson nationale du siècle suivant.  

Sans s’ancrer dans une mouvance particulière, et en acceptant le folklore comme composante essentielle d’une musique abrasive, MT nous propose donc sept véritables morceaux, entourés d’une intro et d’une outro, n’hésitant pas à utiliser du matériel acoustique et à laisser une grande place aux arrangements, pour un voyage  régional dans un pays unique, source de fantasmes, qu’il retranscrit parfaitement bien de son inspiration multiple, mais cohérente. Sans hésiter à appuyer sur les aspects les plus abrasifs du BM des origines, MT nuance le propos et adapte ses rythmiques, qui peuvent se vouloir impitoyables et tempétueuses (« Exorcisme »), ou au contraire plus en relief et avides de mouvements et émotions (« La Bête »). Loin de se borner à reproduire des schémas déjà existant, le musicien pioche donc dans son passé et dans l’histoire de quoi alimenter ses propres histoires, sans renier ce côté underground qui permet de le rattacher à une certaine frange française extrême qui passe aujourd’hui pour un cas d’école sur la scène internationale. Guitare acide, mais semblant parfois résignée, rythmique qui s’adapte aux humeurs, chant bien évidemment écorché, Vile Contrées s’apparente à un voyage initiatique au cœur des mythes du passé, comme une visite guidée par les esprits anciens, impression renforcée par une production un peu étouffée, et une recherche paradoxalement poussée dans l’épure. Aucun effet de manche, aucune prétention progressive, mais des arguments en rideau de fumée, d’une brume matinale opacifiant la réalité, et un trip aux confins du fantasme, pour un disque qu’on comprend bricolé à la maison, mais à la portée professionnelle indéniable.

Très peu de longues introspections, des titres qui savent rester raisonnables, des similitudes dans les thèmes de guitare, mais un travail vocal recherché, qui hésite entre récitation discrète et harangue agressive, et paradoxe d’une douceur dans la violence qui crée une scission avec la plupart des acteurs de la scène (« Cimetière », des lignes vocales en narration pour un background mélodique à la DISSECTION). Avec une place laissée à la culture locale (« Penc'hoed sant lalu (Exode rural) »), un intérêt pour les choses de la terre, une fascination pour le vrai, GEVAUDAN pourtant loin du Folk Black en emprunte certains accents, sans verser dans la niaiserie d’une instrumentation trop mièvre, et ne se repose que sur les structures classiques (basse/guitare/batterie et chant) pour épouser les contours des histoires qu’il raconte. On sent une véritable humilité dans ce travail d’artisan, certes misanthrope dans sa mise en forme, mais plein d ‘empathie dans le rendu, avec ce BM biscornu, étrange, qui se love au creux d’un Metal plus formaliste pour soudainement éclater les carcans de blasts furieux. Très modeste, ce premier album est une petite chose précieuse, comme une vieille légende oubliée qui reviendrait à la vie et qui célèbrerait la vie paysanne, la gloire de la terre, et la préciosité des valeurs de base de l’humanité. Loin de jouer les pingres créatifs, MT nous donne beaucoup, se détache des obsessions habituelles, et compose selon son inspiration, sans se brider, pour toujours illuminer la noirceur d’harmonies acides et de cassures de rythme impromptues (« Notre Terre »). On apprécie donc cette lucidité musicale teintée d’onirisme historique, un peu comme un pèlerinage sur les terres des anciens pour en ressentir le passé, légué comme un ultime cadeau avant l’oubli. Un beau travail d’amateur, de passionné dans le sens le plus noble du terme, et un Vile Contrées qui au final s’avère un peu court, mais enivrant.  
 

               

Titres de l'album :

                            1.Intro

                            2.La Bête

                            3.Cimetière

                            4.À la fenêtre 

                            5.Exorcisme

                            6.Penc'hoed sant lalu (Exode rural)

                            7.Notre terre   

                            8.Outro

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par mortne2001 le 06/06/2020 à 14:27
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