2020

Vandenberg

29/05/2020

Mascot Records

Ne le cachons pas, pour beaucoup, Adrian Vandenberg, c’est ce gigantesque hollandais qui a accompagné David Coverdale au sein de WHITESNAKE pendant une bonne décennie, en remplacement de John Sykes avant la parution du classique 1987. L’homme est d’ailleurs resté fidèle à son capitaine pendant la tempête, l’épaulant jusqu’à Restless Heart, avant que le groupe ne sombre dans les affres des nineties. Il est certain que cette décennie a profondément marqué les fans, mais aussi le musicien, qui grâce à David a pu connaître les joies d’un succès commercial sans pareil, affrontant des foules immenses et vendant des albums par palettes alors même qu’il n’avait pas joué sur certains d’entre eux (rappelons pour la bonne bouche que c’est Sykes qui a enregistré 1987 et pas Adrian ou Vivian Campbell). J’ai éprouvé beaucoup de pitié pour lui qui a du se voir relégué à l’arrière-plan lorsque Coverdale a fait son caprice Steve Vaï (pour un disque en demi-teinte), mais l’un dans l’autre, c’est le musicien qui a marqué de son emprunte l’histoire du WHITESNAKE US le plus rentable. Sauf que la carrière d’Adrian n’a pas attendu la mansuétude de David pour exister, l’homme ayant publié des albums bien avant que l’ex-DEEP PURPLE ne s’intéresse à lui. Les plus anciens et les passionnés savent que le hollandais a initié sa carrière sous son propre nom au début des années 80, publiant coup sur coup trois LPs, dont un premier éponyme qui lui ouvrit les portes des charts. Ce furent ensuite Heading For A Storm et Alibi qui clôturèrent cette première partie de carrière, avant la suite que l’on vient d’exposer, Adrian trouvant même le moyen dans les années 90 de mettre sur pied le supergroupe MANIC EDEN en compagnie de Rudy Sarzo, Tommy Aldridge et Ron Young. Un parcours remarquable donc, et surtout, une foi indéfectible en un Hard-Rock traditionnel que le guitariste prodige affectionne tant, et c'est avec un plaisir teinté de curiosité que nous avons appris la reformation de son propre VANDENBERG pour un quatrième album, trente-six ans après Alibi

                 

Avec ce nouveau chapitre, VANDENBERG ne prend personne en traitre. De la pochette sobre qui rappelle son premier album, jusqu’à un tracklisting classique qui ressemble à s’y méprendre à un best-of de POISON, en passant par l’auto-reprise du classique « Burning Heart » seul tube du groupe ayant affolé les classements en 1982, tout est fait pour plonger l’auditeur dans un climat de confiance qui rassure. Et après écoute des morceaux en question, inutile de tourner autour du pot, Adrian fait du VANDENBERG, et c’est tant mieux puisque c’est ce qu’il sait faire de mieux. Une fois encore, comme dans MANIC EDEN, l’homme a su s’entourer des meilleurs pour le soutenir. La meilleure opération a été l’enrôlement au chant du fantastique Ronnie Romero, qui outre son implication dans le Ritchie Blackmore’s RAINBOW a aussi officié aux côtés de Leo Leoni et Michael Schenker, et qui ici apporte une énorme plus-value à ce comeback. Outre ce flamboyant vocaliste au timbre reconnaissable entre mille, on retrouve à la rythmique d’autres figures bien connues de la scène, et notamment le bassiste Randy Van Der Elsen (TANK), mais aussi le batteur capé Koen Herfst (Bobby Kimball de TOTO, EPICA et DORO), au sujet duquel Adrian ne tarit d’ailleurs pas d’éloges : « Koen a été élu meilleur batteur de hard-rock hollandais depuis plusieurs années. Il a ce genre de feu dans les tripes qui ferait sourire les plus grands comme John Bonham et Ian Paice ». Ainsi entouré, le hollandais volant a pu reprendre son envol, et proposer une digne suite à ses aventures légendaires, et autant dire que 2020 plane à des hauteurs que peu de musiciens peuvent atteindre avec leurs vieilles ailes.

Produit par Bob Marlette (BLACK SABBATH, Alice COOPER, Marilyn MANSON, Rob ZOMBIE), 2020 est comme son nom l’indique la projection d’un début de carrière dans une époque contemporaine. Toutefois, faire totalement confiance à ce titre pour juger du contenant serait une erreur, puisque ce quatrième album de VANDENBERG est en quelque sorte un entre-deux entre le passé et le présent, mais pas seulement la transposition du passé dans le présent. Bien sûr, l’autocitation de « Burning Heart » relie cette nouvelle œuvre à un passé illustre (de la même façon que Coverdale citait le sien en réactualisant « Cryin’ in the Rain » ou « Here I go Again »), mais le reste de l’album s’inscrit dans une vague actuelle de musiciens allant chercher leur inspiration dans les grands classiques de la littérature Hard-Rock. On sent ainsi ces allusions typiquement eighties travaillées d’arrangements seventies, le tout retranscrit dans un langage 2K sur l’ouverture explosive de « Shadows Of The Night » qui cavale d’un bon tempo, et qui rappelle une version plus ZEP de BLACK COUNTRY COMMUNION. Mais dès « Freight Train », le naturel revient au galop, et Adrian retrouve cet appétit de riffs tranchants et de sifflantes agressives, le tout dominé du chef par le chant de Ronnie Romero, un peu grinçant, mais toujours aussi puissant. Outre son line-up officiel, 2020 peut se targuer de la visite de deux amis fameux, l’ancien complice Rudy Sarzo (Ozzy OSBOURNE, WHITESNAKE) et Brian Tichy (FOREIGNER, Ozzy OSBOURNE), ce qui confère à l’œuvre une aura de fête entre et pour passionnés qui se reconnaissent toujours dans un Hard-Rock flamboyant et sans fioritures. Pas d’esbroufe ici, juste un Hard joué parfois un peu Glam, parfois légèrement Heavy, souvent bluesy, qui ne trahit pas la première partie du parcours, mais qui s’offre de nouveaux horizons. C’est bien sûr carré, très inspiré des sources d’Adrian depuis ses débuts (le riff de « Hell and High Water » qui aurait fait plaisir au Jake E Lee de BADLANDS, lui-même légèrement inspiré de Jimmy Page), ça ne cherche pas l’innovation et encore moins la révolution, mais ça fait du bien aux oreilles.

D’autant que l’homme n’a pas oublié la sensibilité au placard, avec un « Let It Rain » qui rappelle les grandes heures du SNAKE. Le hollandais l’a jouée fine, puisqu’il a préféré proposer des morceaux courts et concis et un album au timing plus que raisonnable, pour ne pas nous étouffer sous une tonne de morceaux longs et/ou dispensables. On tombe sur des syncopes jumpy (« Ride Like The Wind »), sur une lourdeur en mid avec basse méchamment proéminente (« Shout »), sur des burners de jeunes loups en manque de fêtes du samedi soir (« Light Up The Sky »), en gros, sur la quintessence d’un Hard-Rock de grande classe, joué par des musiciens qui acceptent leur âge et leur pedigree, mais qui n’ont pas oublié de s’amuser. Ce retour est donc une opération clairement réussie, tout sauf opportuniste, qui réjouira l’arrière-garde des fans tout comme la première ligne des petits jeunes découvrant le bonheur d’une musique simple, mais sincère.

  

Titres de l’album :

01. Shadows Of The Night

02. Freight Train

03. Hell and High Water

04. Let It Rain

05. Ride Like The Wind

06. Shout

07. Shitstorm

08. Light Up The Sky

09. Burning Heart - 2020

10. Skyfall


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par mortne2001 le 21/06/2020 à 14:52
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