Besieged

Resurgence

01/08/2017

Autoproduction

« Je sais pas d’où ils sortent, mais cré vingt dieu, ils bricolent pas les gamins !!! A c’te rythme, ils auraient ach’vé le labour en min d’une matinée boudoudiou !!! »

Il n’est certes pas très porté sur le langage soutenu, mais Marcel, ce bon vieux céréalier de 85 ans bien tapés à diablement raison. Les RESURGENCE ne bricolent pas, et ont vraiment des têtes de gamins. Sauf que lorsqu’ils empoignent leurs instruments, c’est pour jouer, mais pas pour…jouer. En fait, si, mais non, en admettant qu’ils possèdent tous un bagage technique assez impressionnant. Et d’ailleurs, ils ne se privent pas pour nous le démontrer dès le premier morceau de leur premier album, qui en huit minutes fait le tour de la question Brutal-Techno-Death moderne sans trop s’en poser. Mais bordel, quel résumé ! La fougue, l’inspiration, la brutalité, l’arrogance de ceux qui savent qu’ils ont une bonne carte à jouer, du potentiel, ce petit plus d’originalité, en gros, tout ce qu’un esthète exigeant est en droit d’attendre d’un combo juste naissant qui souhaite se faire une place au soleil de la violence ardente. Et faites-moi confiance, ces canadiens-là n’ont pas besoin de jouer des coudes pour gagner la leur, elle est déjà réservée par les élites confirmées. Car en substance, Besieged est l’un des LP les plus étourdissants de cette fin d’année, sauf qu’il est sorti en pleine chaleur de l’été, et que j’ai oublié de vous en parler.

Mais pas Marcel, sur qui on peut toujours compter.

Formé en 2007, ce quintette (Ron Holloway & Bryan Gobbi – guitares, Alex Gain – batterie, Fabian Popovici – basse et Parker Lane – chant) n’est pas du genre pressé, puisqu’en dix années, il n’a même pas pris la peine de publier. Non, ni démo, ni introductif EP, même pas un petit live à la volée, rien de rien, mais il faut reconnaître qu’en tendant l’oreille sur leur premier effort longue-durée, on comprend mieux qu’ils aient eu besoin de temps pour le peaufiner. Dans un registre Death moderne à légères accointances Deathcore, on ne peut guère faire mieux que cette succession de titres enivrants, qui vous secouent comme des pruniers avant de les faire tomber de votre pantalon pourtant déjà assez serré. Rois du riff qui tourne, qui vire et qui part en piqué, de la rythmique concassée qui prend le temps de survoler ses toms pour s’aérer, et de la ligne vocale bien tassé qu’on vous régurgite à la gueule sans précautions, les RESURGENCE sont plutôt des réminiscences de talent qui traîne depuis longtemps dans l’underground de Vancouver B.C, et qui finalement éclate au grand jour, en quarante-sept minutes chrono. Il faut dire que malmenés par de constants changements de line-up, les cousins canadiens n’ont pas été gâtés par le sort, et qu’ils ont en quelque sorte une revanche tonitruante à prendre, qui épouse les formes d’une musique vraiment brutale, mais concrètement fatale. En une poignée de morceaux, les cinq instrumentistes foutent le feu à vos oreilles, en passant en revue toutes les pirouettes stylistiques possibles, des arabesques folkloriques aux écrasements Heavy purement Core, titillant même parfois la corde insensible d’un MESHUGGAH fier d’être mathématiquement arrivé à ce résultat. Lequel ? Celui d’une précision sans faille et d’une bestialité de taille, unissant dans un même élan sauvagerie et précision technique, sans verser dans la stérilité d’un Deathcore trop concentré. Et Dieu sait si je tiens ce genre en horreur. Mais les RESURGENCE heureusement, ne font que le chatouiller, sans trop le réveiller.

Leurs influences ? CANNIBAL CORPSE, PANTERA, DOWN, STRAPPING YOUNG LAD, METALLICA, BLOODBATH, DEATH, autrement dit, quelques noms lâchés en pâture, et d’autres qui carburent. A la nitro évidemment, mais surtout, à la raison. Si le poumon basse/batterie des canadiens bat des mêmes secousses que celui de l’autre, plus connu, coincé dans la cage thoracique de Devin via son projet STRAPPING, la débauche sonore tend à singer les tics des bouchers à la feuille bien dure de CANNIBAL CORPSE, sans pour autant leur emprunter leur absence de pointillisme. Ici, on calibre, on mesure, mais on reste suffisamment authentique pour ne pas sonner trop clinique, malgré une production très policée obtenue en soudoyant les Rain City Recorders de Vancouver B.C. Matt Roach derrière la console à très bien senti le potentiel de ses poulains, et surtout, leur nature profonde, qui les fait osciller entre orgie de blasts en furie et acuité technique infinie, qui souvent cède la place aux sirènes d’une paillardise globale en forme de friandise (« Sodomy By Chainsaw », depuis Chris Barnes, on n’avait pas lu aussi rigolo). Besieged, étrangement agencé est donc loin d’énumérer de solides comptines balisées, et préfère emprunter des chemins plus escarpés pour séduire les déchaînés, en proposant un cocktail de compositions aux durées modulées. Trois morceaux se dégagent du lot, donc le fameux et explosif « Entombed Inside Your Brain » qui en tant qu’entame nous en ramasse une bonne, accompagné dans sa tâche épique par « Thy Divine Convalescence », intrus dans un jeu de quilles ensanglantées, et « All I Have Left » et ses neuf minutes bien pesées.

D’ailleurs, loin d’être gratuites, ces envies de fuite permettent au LP de se montrer sous un jour varié, puisque ce timing élargi offre au quintette quelques idées choisies qu’ils nous présentent avec un bonheur ressenti. Ainsi, le pesant mais mélodique « Thy Divine Convalescence » représente en quelque sorte la première accalmie d’un disque de folie, en choisissant de se laisser porter par un tempo lourd, autorisant les guitares à siffler, à couiner, à soloïser et à digresser plus que de raison, par pure sensibilité. Mais gare à la montée en puissance finale, d’un Heavy envahissant, qui ose le thème ultra redondant pour vous éclater les tympans. Moins linéaire mais pas moins efficace, le terminal « All I Have Left » compte les plaies sans les blesser, et empile les plans sans regrets, pour nous offrir une épopée finale toute en nuances de cruauté, manipulant le Death pour le faire entrer dans un carcan presque BM de sa noirceur, tout en distillant quelques pirouettes techniques assez fascinantes. Une fois encore, on reste subjugué par le chant écorché de Parker Lane, à la limite de la schizophrénie, et synthétisant les expirations les plus violentes de Glen Benton tout en inhalant les émanations toxiques d’un Steve Tucker en pleine crise d’asthme. Le frontman n’en est pas un que de nom, et on l’imagine parfaitement sur scène, en pleine oraison, célébrant à sa façon la vilénie vocale en provoquant un public en extase totale. Sachant se faire silencieux sur les breaks les plus harmonieux, le brillant chanteur ne rechigne pas à laisser la place aux longues parties instrumentales de ces trois fameux titres progressifs, ce qui ne fait que démontrer que chaque musicien connaît parfaitement son rôle.

Mais outre ces trois intermèdes longue-durée, Besieged, ce sont aussi de gros pavés format moyen qu’on vous fracasse à la tronche, tel « Machine », qui de sa terrible intro à la MORBID ANGEL passé au velcro nous larde l’estomac de coups bas. Il peut aussi se faire moins ouvert, et plus opaque, comme à l’occasion du surprenant « In My Grasp », qui de ses mélodies biscornues à la VOÏVOD ouvre nos horizons, avant de les refermer d’une fuite en avant terrifiante de gravité. Alors certes, en dix ans pour un seul album, les RESURGENCE n’auront pas vraiment mérité la palme de la productivité. Mais en accouchant d’un monstre protéiforme rendant au Death moderne ses lettres de noblesse, ils ont gagné celle de l’âpreté, et se posent en sérieux concurrents…d’eux-mêmes. Et Marcel de se gausser en repensant à sa saillie bien torchée. Il avait raison le vieux, les canadiens ne sont pas là pour bricoler. Ils construisent. Et pour durer.


Titres de l'album:

  1. Entombed Inside Your Brain
  2. Machine
  3. Sodomy by Chainsaw
  4. In The Mirror
  5. Thy Divine Convalescence
  6. Your Time Has Expired
  7. In My Grasp
  8. All I Have Left

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par mortne2001 le 23/12/2017 à 14:06
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