Bloodlust

Marita

09/04/2018

Autoproduction

Je réfléchissais à haute voix récemment, digressant sur le fait que les extrêmes m’attiraient invariablement…AOR, Grind, Sludge, avant-garde, Noise, Free Jazzcore, en gros, toutes les excroissances possibles du Hard-Rock prises dans tous les sens, mais…pas de Hard-Rock à proprement parler. Et comme finalement, ce schéma me faisait ressembler au proverbial chat qui se mange sa proverbiale queue, j’ai pris mes jambes à mon clavier, et je me suis jeté sur la première sortie « classique » que j’ai pu dénicher. En l’occurrence, le nouvel effort solo d’une mystérieuse artiste norvégienne, MARITA, qui visiblement, connaît la musique, l’air, mais aussi la chanson. Cette jeune vocaliste qui naquit en 1989, l’année de l’explosion/dernier souffle de la vague Hair-Metal des 80’s et qui chantait « Holy Diver » de DIO à l’arrière de la voiture de son papa, n’est pas née de la dernière pluie de décibels, et a bien traîné ses graves au poste de bassiste de l’ensemble local GRIMSKULL (un LP, Monster Master en 2012)…que je ne connais d’ailleurs pas plus. Mais nonobstant ces détails techniques, autant dire que la musicienne sait ce qu’elle veut, et qu’elle s’est d’ailleurs offert une nouvelle escapade en solitaire, ou presque, pour enregistrer cet album qui se veut révérence flamboyante à la musique précédant sa naissance…Un LP entièrement consacré au Hard-Rock de tradition californienne, que MARITA décrit comme « un hommage aux coiffures bouffantes, au spandex, et à la bonne humeur des années 80, inspiré des classiques de l’horreur et du thriller, des vampires, et tous les trucs cools qui font peur ». La pochette vous en dira un peu plus dans le genre transylvanien buccal et sexy, mais autant dire que musicalement, l’affaire est aussi simple qu’elle n’est complexe…

Non que Bloodlust soit un mauvais album, ce qu’il n’est assurément pas. Mais il n’est pas non plus un « bon album » stricto-sensu, et ce pour une raison très simple. La voix de MARITA, très fluette, manque du panache des vocalistes de légende qui savaient transcender un riff simple pour nous faire atteindre le nirvana de la décoloration auditive, et dessert souvent des morceaux qui ne demandaient qu’à exploser comme une bombe de laque près d’un feu de bois allumé. Si la partie instrumentale assurée par Trygve Johan Solheim (guitare, instruments additionnels) et Geir Arne Solheim (basse, groove) assure dans les grandes largeurs, les messieurs connaissant suffisamment leur boulot pour tronçonner et soloïser, les vocal duties de la demoiselle laissent un peu à désirer, et rappellent parfois les couinements de Lisa Dominique, qui elle non plus n’avait pas forcément l’envergure d’une Rock N’Roll Lady. Sur les titres les plus légers, le timbre fluet de la chanteuse entraîne le Hard-Rock chamarré de son backing-band vers des rivages Pop assez agréables, et donne un cachet bubble-gum à l’entreprise, mais lorsque l’ambiance se durcit, on a un peu de mal à adhérer à ces couplets et refrains entonnés de façon très monocorde, les capacités de gosier se limitant au demi-octave nécessaire, et à la justesse indispensable pour ne pas sortir de la gamme. Mais en faisant abstraction de ce défaut somme toute assez prononcé, certaines chansons tiennent la route, comme l’entame légèrement Punky sur les bords de « 66 Crush », rappelant la moue boudeuse des RUNAWAYS et de Suzy QUATRO, en version plus superficielle et moins coquine, ou « Horror High » qui ne se prive pas non plus de piocher dans le répertoire de BON JOVI de quoi alimenter son propre bestiaire FM.

Bien que limité à une dizaine de morceaux pour une demi-heure de musique, Bloodlust devient vite redondant, malgré les modulations accomplies pour varier les tempi. S’il est évident que les deux acolytes de la chanteuse donnent tout ce qu’ils ont dans le ventre, et se montrent en tous points convaincants, leurs efforts sont régulièrement ruinés par une approche un peu trop light de l’investissement de gorge, comme le démontre malheureusement le plutôt bon « 10 To Midnight », qui aurait pu se montrer hit-single très efficace si MARITA (on finit par ne plus dissocier le projet de l’artiste…) disposait de capacités moins bridées. Mais entre des démonstrations de pur Hard mélodique et festif (« Seek The Fortune », au phrasé plus adapté et tellement enfantin qu’on finit par craquer), des transitions gentiment horrifiques (« Threshold Of The Night », récréatif), des classiques presque Heavy qui nous replongent dans la période bénie de la fin des années 80 (« Bloodlust ») et de jolies pochades Heavy-Pop (« Flesh Is Burning », avec pas mal de flair et des effets sur la voix, ça passe comme une BD sonore de bon aloi), le bilan reste satisfaisant, sinon inoubliable. Il est certain que ceux qui ne seront pas choqués ou gênés par cette voix assez irritante trouveront le tout très digeste, et ils auront donc parfaitement le droit d’apprécier cet album pour ce qu’il est, à savoir une belle tranche de fun à ne surtout pas prendre au sérieux, mais qui fait le job en faisant des heureux. Dommage que la chanteuse se contente souvent de minauder dans la même tonalité, sans chercher à exploiter ses petites capacités, car quelques trouvailles d’interprétation auraient pu encore plus tirer le travail vers le haut. Ce qui n’aurait été que justice face au travail abattu par ces deux musiciens qui en arrière-plan sauvent souvent les meubles…Et si MARITA cite Joan Jett, Lee Aaron ou Debbie Harry, comme somme d’influences, elle est encore trop proche d'une version musicale des Monster High pour prétendre entrer dans le cercle très fermé des poupées rockantes aussi sexy qu’impressionnantes.


Titres de l'album:

  1. 66 Crush
  2. Horror High
  3. 10 To Midnight
  4. Seek The Fortune
  5. Danger City
  6. Sleep Among The Dead
  7. Threshold Of The Night
  8. Bloodlust
  9. Zombified (Do You See The End)
  10. Flesh Is Burning

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par mortne2001 le 01/05/2018 à 18:01
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