Nous en venant du sud profond des Etats-Unis, cette bande de huns ne se vend que sur ce qu’elle offre réellement. En regardant l’artwork de cet EP, en lisant les titres et en faisant attention au nom de baptême, l’auditeur éventuel ne s’attendra qu’à une seule chose : du Death bien maladif, sinistre, glauque, gluant, désespéré mais implacable, légèrement teinté de Doom pour ne surtout pas sonner plus joyeux que ses concurrents, et c’est exactement ce que Chasm of Rapturous Delirium délivre pendant vingt minutes. EXAUGURATE joue donc la franchise avec sa première réalisation en format court, proposant une course contre la montre modulée de segments pesants et oppressants, dans la plus grande tradition du Death américain non édulcoré. Formé de membres de combo comme HOLLOWED IDOLS, ECTOVOID, et SERAPHIC ENTOMBMENT, EXAUGURATE est le type même de groupe underground enfoncé dans le marigot d’une humanité décrépie, qui attend la fin de son histoire en se lamentant sur les occasions perdues. Aussi euphorique que les pleurs d’une veuve au-dessus de la tombe de son défunt mari, Chasm of Rapturous Delirium est grave, gras, rapide, ultrasonique, précis, tendu, et ressemble à s’y méprendre à une révolte de morts-vivants qui réclament plus de temps pour leur pause déjeuner. Et dès les premières secondes de « Clandestine Malevolence », les pions sont placés, les qualités mises en avant, et la batterie bastonne ses BPM sans relâche, secondée par des guitares circulaires glauques aux mélodies étranges et acides. Aucune surprise donc à attendre de ce premier EP qui joue la carte du classicisme, et que le label Rotted Life Records compare à l’explosion des maîtres de DEAD CONGREGATION, GRAVE MIASMA, et CRUCIAMENTUM qui eut lieu aux alentours de 2009/2010.
Enregistré au Second Sight Sound par Alex Parra, mixé et masterisé par Dan Lowndes au Resonance Sound, emballé dans un artwork d’EVM et mis en graphisme par Justin Stubbs, Chasm of Rapturous Delirium n’est qu’une courte ode ininterrompue à la violence post-mortem, aux sévices qu’inflige une mort injuste à une vie de déprime, et une conception du Death qui renvoie aux instants les plus sombres de l’humanité. Si les harmonies parviennent parfois à se faire une place à l’ombre de la désolation, lors de breaks assez futés, l’ensemble reste impitoyablement brutal et sans concessions, mais aussi terriblement pro et réfléchi. On sent que le groupe est constitué de vieux renards de la scène qui connaissent les tenants et aboutissants, et qui assument totalement leur vision et leurs influences. Alternant la lenteur éprouvante sans forcément s’engluer dans le Doom et les montées en puissance sans glisser vers le chaos, le quatuor (C.E. - guitare/chant, C.W. - guitare/chant, R.S. - basse et C.M. - batterie/textes) propose donc une carte de visite finement imprimée et ciselée. Rien de révolutionnaire évidemment, mais un Death effectif, bruyant, sale mais carré, rapide mais éprouvant. En structurant leurs morceaux avec flair, les américains se montrent sous un jour flatteur, et « Chasm of Rapturous Delirium » de répéter la même recette à base de couplets ultrarapides et de cassures éléphantesques, graves et déprimantes. Le chant, évidemment sourd et grognon fait une fois encore office de quatrième ligne rythmique, vomissant ses textes poétiques comme un zombi dégustant un surplus de cervelle. Mais avec une belle collection de riffs macabres, quelques soli étranges, hystériques mais enterrés dans le mix, des accélérations brutales menées par un batteur impeccable, le bilan est inattaquable, et la sensation optimale.
Petit court métrage d’horreur pour les oreilles, ce premier EP fait montre d’une personnalité bien définie, et ose même aller jusqu’au bout de sa philosophie en se vautrant dans le stupre mou et immonde d’un Doom/Death aux effluves de pourriture et de tripes faisandées. « Labyrinth of Veins » joue donc la montre et écrase le tempo pendant de longues minutes, pour offrir quelques variations bienvenues mais pas plus saines, avant que la batterie ne reprenne sa course en avant. « Ascendant Beyond Carrion » en final reprend les coups de bélier dans le pont levis et fait tomber les dernières défenses, avant que la princesse du royaume ne se fasse bouffer les entrailles par une horde de démons en rut. Du bien sec qui claque sur la peau, du Death qui ne refuse pas d’écraser le tempo pour accentuer le mal-être, et une bien belle mise en jambes pour EXAUGURATE qui peut prétendre à une place de choix sur le podium des nouvelles formations brutales et cruelles en devenir.
Titres de l’album :
01. Clandestine Malevolence
02. Chasm of Rapturous Delirium
03. Labyrinth of Veins
04. Ascendant Beyond Carrion
Du texte en grasDu texte en italiqueDu texte soulignédu texte barrédu texte en vertune liste d'item numérotée(...)
16/09/2020, 22:12
16/09/2020, 21:49
15/09/2020, 22:30
15/09/2020, 22:06
gros souvenirs, j'y avais emmené mon neveu de 7 ans et demi ! c'etait drole les regards partagés des gens entre "cool la relève" et "ce n'est pas un endroit approprié pour un enfant " lol. ce qui etait drole aussi le nombre de gens qui se sont barrés après slayer ...comme nous ;)
11/09/2020, 12:32
Novateur ? Je ne sais pas du tout ce que la "presse" en dit mais moi je le trouve très varié (y'a tout NAPALM là dedans !), pas mal de côtés GODFLESH aussi... Pis même un titre totalement KILLING JOKIEN ("Amoral"). Bref, j'adore !!! Album de l'année ???
11/09/2020, 10:59
Barney, toujours aussi intéressant en interview. Bon sang j'adore ce type !!! J'adore l'écart qu'il y a (toujours eu) entre l'aspect brutal de leur musique et le fond, l'esprit derrière tout ça. Quant au dernier album, j'ai bien envie de craquer aussi... Il est aussi "novateur(...)
11/09/2020, 08:04
Nubowsky + 1000000 !!! Le dernier album en date est juste EX-TRA-OR-DI-NAIRE !!! !!! !!! Il tourne en boucle chez moi en ce moment...
11/09/2020, 07:25
Bel effort qui illustre bien le retour en grâce dont bénéficie cet album depuis, disons, une douzaine d'années, et après être passé pour le plus faible dans l'opinion générale jusqu'à la sortie de "Load". Tout est dit ici dans les faits, qui sont au demeurant bien connus. Ce (...)
10/09/2020, 21:27
Sabaton, je n'y prête même plus attention. Pas ma came mais je respecte ceux qui aiment. Y a pas de mauvais Metal. - Le bon Metal, c'est quoi ? Bah tiens, tu prends ce disque là, tu le poses sur la platine, tu écoutes. Bah, c'est du bon Metal. Et le mauvais Metal ? Ah..(...)
10/09/2020, 11:22
J'ai bien aimé celle de David White (Heathen, chant). On sent que l'intérim des gratteux chez Exodus lui a bien cassé les couilles, tout comme le fait que Kragen Lum se soit pointé avec la totalité du nouvel album entièrement composé par lui et que White ne pouvait même pas y apporter ses te(...)
10/09/2020, 11:18
L’interview de Napalm est toujours aussi intéressante.. quelle conviction et quelle carrière exemplaire.
10/09/2020, 09:45