Cobra Cadabra

Iron Bastards

04/04/2019

Hell Production

Y’a des trucs qu’on n’a presque pas besoin d’écouter pour aimer. Juste au feeling, comme ça, un nom de groupe qui accroche les yeux et une pochette au graphisme différent, une attitude, un power-trio, et puis des références directes…Non, mais après, à moins d’avoir une culture musicale qui avoisine le candidat de télé-réalité sur une échelle graduée de l’élève de maternelle étourdi au pseudo-philosophe moyennement télégénique, impossible de passer à côté de l’énorme clin d’œil IRON BASTARDS…Parce que si vous connaissez un peu votre lexique Rock N’Roll, vous aurez immédiatement noté l’accolade entre deux albums de MOTORHEAD, Iron Fist et…Bastards. Les apparences étant parfois trompeuses, on peut rester méfiant, mais même sans connaître la discographie passée des marsouins, « Inside the Nest » ne laisse planer aucun doute. C’est crade, ça pue la graisse, ça laisse des tâches, mais ça fait péter la distorsion et couler la sueur comme Lemmy à sa grande époque, c'est-à-dire toute sa vie. Oui, néophyte, rassure-toi, les IRON BASTARDS sont bien des fans de la tête de moteur et ne s’en cachent pas depuis le début de leur carrière, qui remonte aujourd’hui à quelques années. Et ces années ne furent pas uniquement consacrées à l’ingurgitation de boissons alcoolisées et de substances prohibées, puisque ce Cobra Cadabra est déjà le troisième LP des strasbourgeois, qui n’ont donc pas traîné dans le caniveau à la recherche d’un mégot. Et à l’inverse, fan, rassure-toi aussi, ton groupe favori n’a pas tourné le dos à ta/sa passion, et délivre toujours un énorme Heavy Rock qui fleure bon les effluves de tour-bus et autres clopes mal éteintes sous une botte.

De là, plusieurs options vous sont possibles. Considérer ce trio (David Bour : basse/chant, David Semler : guitares et Anthony Meyer : batterie) comme une association de malfaiteurs plagiaires incapables de faire la différence entre fac-similé et hommage, ou alors justement comme le plus beau qu’on a pu rendre à Lemmy de son vivant et depuis sa mort. Si vous optez pour la seconde solution, ne vous sentez pas faible ou fautif : c’est la bonne. Car autant de passion concentrée en aussi peu de minutes est une gageure que tous les musiciens sous influence ne peuvent pas relever, et les trois strasbourgeois s’en tirent une fois encore avec des lauriers plus que mérités. La formule n’a pas changé, les potards à fond, les manches qui saignent et les oreilles qui chopent la teigne, pour quarante minutes et des poussières de MOTORHEAD-like suppurant la foi indéfectible en un Rock joué Heavy, mais avec le groove des origines. C’est simple, Cobra Cadabra pourrait être un album inédit de l’ex-bande à Lemmy, enregistré dans les nineties, et faisant la jonction/résumé entre Ace of Spades, Rock N’Roll et Bastards. Production énorme qui fait trembler le casque comme les amplis, distorsion à fond les ballons, et surtout, une voix, celle de David, qui ressemble tellement à celle de son héros qu’on se perd parfois en conjectures. Mais l’homme ne le fait pas exprès, et utilise cette similitude flagrante à bon escient, pour parfaire des instrumentaux qui auraient pu indifféremment être composés en compagnie de Phil Campbell, Eddie Clarke, Wurzel, Phil Taylor ou Mikkey Dee.

Alors ça mouline bien sûr, et sec comme un bourbon pris à deux heures du mat après avoir écrasé le troisième paquet de clopes de la journée, mais ça mouline avec raffinement dans la débauche et avec beaucoup d’intelligence. Ayant parfaitement compris l’approche de leur modèle, les IRON BASTARDS attendent d’avoir des riffs mortels pour leur consacrer une chanson entière, ne se contentant pas d’une relecture malhabile d’un standard que l’on connaît par cœur. On sait très bien que dans ce genre d’entreprise l’approximation n’est pas de mise, et que seul le talent peut vous mener à bon port, et « Cobra Cadabra » de nous exploser à la gueule de sa basse évidemment survoltée et de sa guitare déchaînée. C’est à peu près aussi classe qu’un greaser qui drague une fille de joie sur le parking d’un restau routier, ça gicle dans tous les coins de la pièce, mais c’est aussi jouissif qu’une première masturbation adolescente, au son d’un Rock qui vous fait vous sentir enfin homme. Il y a du Blues là-dedans, celui que Lemmy aimait tant, mais surtout, un art consommé de la percussion immédiate, dans la même optique que les NUGENT, AC/DC et tous ceux qui ont un jour compris que les fioritures n’étaient pas indispensables. On en trouve pourtant sur Cobra Cadabra, dans les petits licks et soli de David Semler, dans les mélodies qui sont chopées par les burnes, et dans l’agencement global, qui alterne les branlées et les poussées de fièvre, taquinant même les cinq minutes sur le diaboliquement groovy « With the World on your Side ».

Mais que serait un groupe de fondus sans quelques virées speed incontrôlées, et « Speed Machine » de rappeler une fois encore les « Overkill » ou « Ace of Spades » tout en clignant de l’œil nominativement en direction du « Silver Machine » d’HAWKIND, composé par le maître himself. En version ultrarapide, ça fonctionne, mais en version médium aussi, et les morceaux les plus longs de ne pas se montrer moins inspirés que la moyenne, avec un addictif « You Only Live Twice », au boogie détrempé par les heures d’attente dans des bleds paumés. Après tout, les mecs ont de la bouteille, et pas seulement dans le flight-case, puisqu’ils totalisent depuis quelques temps plus de deux-cents concerts un peu partout dans le monde, et en support de têtes d’affiche de la trempe de Phil CAMPBELL, SODOM, OVERKILL, SOULFLY ou Udo DIRKSCHNEIDER. Ça fait toujours bien sûr un CV, et ça se sent à chaque seconde, lorsque les breaks bluesy coupent la chique à un enfer Rock N’Roll de circonstance (« Outside the Nest », résister à ça, c’est comme affirmer qu’on peut avoir passé sa vie peinard et heureux sans avoir vu MOTORHEAD live), ou lorsque les notes s’accumulent alors que la tension augmente (« Riffpower », tout est dit dans le titre, hybride entre VAN HALEN et le HEAD). Mais bon, histoire de ne pas les brosser dans le sens du poil pendant deux plombes, j’ajoute que « Feel it in Your Bones » doit coller la trique aux VULCAIN, et que ce troisième LP des IRON BASTARDS est LE truc à écouter si Lemmy vous manque. Parce que se l’enfiler, c’est quand même plus gai que de poser une bouteille de Jack sur une tombe, et que de toute façon, Ian K. n’a jamais aimé les pleureuses.            

 

Titres de l’album :

                          1.Inside the Nest

                          2.Cobra Cadabra

                          3.Days of Rage

                          4.Bad Dream

                          5.With the World on your Side

                          6.Speed Machine

                          7.You Only Live Twice

                          8.Riffpower

                          9.Feel it in Your Bones

                         10.Stay off the Line

                         11.Outside the Nest

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par mortne2001 le 15/08/2019 à 16:28
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