Common Ground

The Difference

05/01/2017

Autoproduction

« Toutes les deux minutes, quelqu’un est agressé sexuellement aux Etats-Unis ».

C’est sur ce constat effrayant que débute cet EP des californiens de THE DIFFERENCE, originaires de Carson, qui proposent donc en ce mois de janvier morose Common Ground, cinq titres de Post-Hardcore moderne et puissant qui en vingt minutes fait le tour de la question en y apportant son lot de réponses…personnelles.

Quatre musiciens (Sean Todd, Nic Miller, Jordan Damasco et Shaun Eozzo), dont deux se connaissent depuis l’école primaire et la prime enfance, et qui partagent la même passion pour une musique musclée, mélodique et actuelle.

D’ordinaire, je ne m’intéresse pas vraiment à l’émergence d’une énième entité Post-Hardcore juvénile qui de toute façon proposera exactement les mêmes idées que ses aînés, mais les THE DIFFERENCE ont ce je ne sais quoi de différent qui m’a poussé à étudier leur cas d’un peu plus près.

Non que leur musique soit vraiment novatrice, puisque le quatuor cite des influences classiques pour se situer (LIFE ON REPEAT, PARAMORE, THE COLOR MORAL, SLEEPING WITH SIRENS, THE RED JUMPSUIT APPARATUS, MEMPHIS MAYFIRE, BEING AS AN OCEAN), mais leur puissance et leur efficience laisse vraiment admiratif, et on ressort de l’écoute de cet EP vraiment galvanisé, prêt à affronter un monde où la violence et l’égoïsme règnent sans partage…Et il est toujours de bon ton de voir une poignée de jeunes musiciens se rebeller contre l’inéluctabilité.

Hors thématiques importantes à souligner, il me faut reconnaître que la musique de ces excités est sacrément agréable à écouter. Se voulant pont invisible entre le Metalcore le plus pertinent et contemporain et le Post-Hardcore le plus mélodique, les THE DIFFERENCE signent donc cinq titres qui frappent très fort, et qui n’abusent pas trop d’artifices superficiels de production pour dissimuler une pauvreté d’inspiration.

Et comme en sus, chaque morceau possède son propre ADN, le bilan est plus qu’enthousiasmant. Une énergie qu’on peut apprécier même à l’âge avancé de quarante-cinq ans est toujours bon signe, et il est certain que les quatre Californiens connaissent leur affaire, et savent trousser des compositions aussi portées sur l’harmonie que sur la violence la plus aboutie.

Difficile de mettre en avant un morceau plutôt qu’un autre, puisque tous sont excellents dans leur créneau respectif, sans nuire à cette cohérence diabolique qui prouvent s’il en était besoin que les étudiants se connaissent depuis longtemps.

Alors évidemment, les plus puristes et conservateurs d’entre vous vont crier au jeunisme et de suite passer à la chronique suivante une fois leurs oreilles posées sur l’entame « Rescape », qui ne ménage ni les grosses guitares Metalcore, ni les arrangements vocaux Post-Hardcore. Vous êtes en droit de ne pas aimer, mais pas d’en nier l’efficacité et le radicalisme assumé, qu’on retrouve comme empreinte sur toutes les interventions de cet EP, qui ne calme le jeu qu’en de rares moments très bien amenés.

Certains parleront de LINKIN PARK, d’autres d’un MADINA LAKE survitaminé, quelques-uns d’un BRING ME THE HORIZON un peu synthétisé, mais le tout est si bien mené qu’on se laisse amadouer, et qu’on dodeline de la tête dès l’occasion présentée.

Et celle-ci l’est régulièrement, spécialement sur ce brulot intense qu’est « Birth Write », qui cavale d’une rythmique en up tempo, pendant que les guitares tourbillonnent sans repos.

Dualité vocale en douceur/écorchée, avec un brin de phrasé Rap imposé, et riffs qui catapultent le thème en plein dans la réalité, c’est une affaire rondement menée, qui exulte d’un brin de folie tout à fait rafraichissant.

Avec en support une production remarquable, un peu cinématique sur les bords qui permet à une basse énorme de faire son trou sans en avoir l’air, et qui mesure les guitares au millimètre pour que leur tranchant ne perde pas son glissant.

Quelques arrangements ludique et modernes, et nous tenons-là un hit indéniable du Post-Hardcore US moderne, qui applique les recettes à sa façon, sans se brider ou tomber dans l’excès. Une certaine exubérance dans l’exécution permet aux THE DIFFERENCE de se démarquer des plus timorés, et l’adhésion est déjà jouée d’avance.

Les jeunes enragés osent même se frotter à l’exercice périlleux de l’hymne générationnel avec une reprise du « Youth Of The Nation » des P.O.D, qui affirme leur pouvoir décisionnaire et exécutif et leur application, sur fond de rage instrumentale d’un refrain mis en exergue par des couplets hargneux et subtilement rappés.

Notons une fois de plus l’extraordinaire travail d’une section rythmique vraiment soudée, qui permet aux guitares et au chant de se lâcher complètement, pour une percussion encore plus grande, spécialement lorsque les chœurs à l’unisson lâchent quelques slogans béton.

Petit passage obligé par la case smooth n’core, avec un « Less Ends Learned », aux motifs hautement radiophoniques, qui feront certainement les beaux jours de la toile en musique, et la boucle est bouclée avec panache, donnant à ce Common Ground de sérieux airs de condensé de Post-Hardcore contemporain qui n’oublie aucun détail en chemin.

C’est certes hautement calibré, ça déplaira aux amateurs de Hard bien burné, mais avec un peu d’ouverture d’esprit, chacun devrait y trouver un peu son compte comme je l’ai fait.

Après tout, si un vieux thrasher comme moi a trouvé le moyen d’y dénicher suffisamment de qualités pour en parler, vous pourriez être capable d’en apprécier certaines idées…A moins que vous ne soyez irrémédiablement fermé à toute sonorité moderne trop prononcée.

Dommage, mais essayez. La jeunesse à des choses à dire et à jouer, et lorsqu’on lui tourne le dos, c’est à ce moment-là qu’on finit par vraiment devenir coupé de la réalité.

 Aussi cruelle soit-elle.


Titres de l'album:

  1. Rescape (feat. Andrew Reimer)
  2. Birth Write
  3. False Profit (feat. Victor Larin)
  4. Less Ends Learned
  5. Youth of the Nation (P.O.D. cover)

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par mortne2001 le 25/01/2017 à 18:20
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