C’est l’histoire de trois mecs qui lors de l’hiver 2016 ont décidé de jouer ensemble, en utilisant le minimum d’équipement, et en se bombardant chanteurs à part entière. Ce jour-là, à Umeå, la terre a tremblé, mais les secousses se font ressentir dans toute l’Europe à présent, puisque les trois lascars ont trouvé une structure nationale pour diffuser leur bordel ambiant. Chose qui n’était pas gagnée au départ, au regard de la misanthropie artistique dont ils font preuve, et à la densité du Crossover qu’ils proposent. Pas d’autre identité à leur accoler, puisqu’ils tiennent à leur anonymat, mais un premier EP à signaler, qui au regard des standards des styles pratiqués ressemble quand même méchamment à un LP. En onze morceaux et dix-sept minutes, les suédois de LONELY GRAVE nous prouvent que leur pays n’est pas que vintage fashion ou Crust aphone, et que les modes ne sont pas forcément adoptées par tout le monde. Car dans le leur, c’est plutôt le Grind et le Powerviolence qui déterminent la direction, et autant dire qu’elle ressemble à une vilaine impasse encombrée d’une foule interlope qui ne vous veut pas que du bien. Pas grand-chose d’autre à déballer concernant leurs plus sombres secrets, mais ce Craterface qui tente de les percer à jour tout en opacifiant encore un peu plus la réalité. Dignes héritiers d’un Hardcore à tendance Grind des origines, les LONELY GRAVE jouent une musique très vilaine, en forme de bruit à peine maîtrisé, qui se contente souvent du minimum pour irriter, et qui sombre parfois dans le Harsh Noise le plus cru pour subtilement agacer (« Craterface », MERZBOW délocalisé en Suède, et il se les gèle).
Eminemment bruyant, cet EP est le fruit d’un accouchement aux forceps entre un papa Grind et une maman Powerviolence, aussi barrés l’un que l’autre, et qui résulte en la naissance d’un bébé hybride pas vraiment content de quitter son habitat naturel. Alors, il gesticule, il hurle, il use du feedback comme moyen d’expression, et se rapproche des plus grands flingués de l’histoire du boucan made in USA, sans perdre de vue ses racines scandinaves. Dans un désir ardent de faire plus de bruit énervant que ses collègues, le trio manipule les riffs écorchés et maladifs, les accélérations dantesques, les brusques à-coups qui brisent les cervicales, enrobant le tout dans une production parfaitement ignoble pour passer pour encore plus tarés qu’ils ne sont. Pas foncièrement inintéressant, Craterface n’est pas non plus une pierre angulaire d’un style véhément, mais se pose en premier chapitre d’une légende en gestation. Si la plupart des morceaux ne dépassent que très rarement la minute et la poignée de secondes, certains prennent leur temps, à l’instar du terrifiant « Buy Punk Gloves », qui n’est pas forcément le plus captivant du lot. C’est définitivement en version courte que les suédois sont les plus convaincants, d’autant plus qu’ils parviennent à caser pas mal de traumas dans un temps relativement court. Acmé de cette constatation, « Don’t Let Me In », s’évertue à multiplier les pains, pour les transformer en pierres dures comme l’acier, et nous propose donc un méchant mélange de Powerviolence cru et de Grind en fulgurances, ce qui a le don de vous faire bondir de votre fauteuil sans bouger.
Toujours sur la brèche en bons amoureux de la vitesse, les suédois savent aussi écraser le tempo pour se rapprocher d’un Sludge Indus vraiment maladif, via « The Three Beggars », sorte d’hypnose GODFLESH/NAILS/WORLD NARCOSIS qui reste toutefois attaché à des principes de violence palpable. Mais le reste, et principalement toute la première moitié du EP ne s’embarrasse pas de principes et fonce dans le tas, profitant d’un trio de hurleurs pour exhorter son mal-être. Alors, on bouscule, on rentre dans le lard, on dézingue les riffs à grands coups de dissonance, et en gros, on utilise toutes les armes dissuasives à sa disposition pour faire fuir les plus modérés et rester entre psychopathes éclairés. Tout ça ne se dépare toutefois pas d’une certaine forme de musicalité maladive à mi-chemin entre LOCK UP et les FETISH 69 (« Tub », gros riff redondant sur beat rebondissant, avant une fois de plus de céder aux sirènes Powerviolence qui vous collent toujours au cul), tout en gardant sous le coude des méthodes d’attaque assez sadiques et impromptues (« Simian Laughter », gras, gros, rapide, suintant, moisi et tout ce que vous voulez placer entre l’écrasante lourdeur et la vélocité prononcée). Pas vraiment de faute de goût, mais parfois, des directs dans le foie (« Kneeling Begging - Do It », « Intrusive Pines », le Grindcore de papa dans le Loudcore de maman, et ça glisse assez mal sans lubrifiant), et des mises en garde qui sentent bon la cave et le syndrome de Stockholm (« The Extremist », véritable hit de l’album qui place sur la table tous les ingrédients). En gros une vision de l’extrême en Suède qui refuse pas mal de principes nationaux, et qui taille sa route avec le sac sur le dos. Une musique vraiment laide, distordue à l’extrême, qui pollue le Hardcore de déchets toxiques Grind et Sludge, pour aboutir à la mixture la plus épaisse et écœurante sur le marché. Il faudra bien sur doser tout ça et se débarrasser de ces stridences plus agaçantes que menaçantes, mais le parcours semble pavé de mauvaises intentions, ce qui est toujours bon signe.
C’est l’histoire de trois mecs qui lors de l’hiver 2016 ont décidé de jouer ensemble, en utilisant le minimum d’équipement, et en se bombardant chanteurs à part entière. Et c’est tout sauf une histoire drôle. A moins que l’humour suédois ne se cache pas uniquement dans le nom des meubles Ikea.
Titres de l'album:
01. The Extremist
02. Anglamakerskan
03. Tub
04. Simian Laughter
05. Intrusive Pines
06. Kneeling Begging Do It
07. Craterface
08. They Shall Take Up Serpents
09. Buy Punk Gloves
10. Don’t Let Me In
11. The Three Beggars
Du texte en grasDu texte en italiqueDu texte soulignédu texte barrédu texte en vertune liste d'item numérotée(...)
16/09/2020, 22:12
16/09/2020, 21:49
15/09/2020, 22:30
15/09/2020, 22:06
gros souvenirs, j'y avais emmené mon neveu de 7 ans et demi ! c'etait drole les regards partagés des gens entre "cool la relève" et "ce n'est pas un endroit approprié pour un enfant " lol. ce qui etait drole aussi le nombre de gens qui se sont barrés après slayer ...comme nous ;)
11/09/2020, 12:32
Novateur ? Je ne sais pas du tout ce que la "presse" en dit mais moi je le trouve très varié (y'a tout NAPALM là dedans !), pas mal de côtés GODFLESH aussi... Pis même un titre totalement KILLING JOKIEN ("Amoral"). Bref, j'adore !!! Album de l'année ???
11/09/2020, 10:59
Barney, toujours aussi intéressant en interview. Bon sang j'adore ce type !!! J'adore l'écart qu'il y a (toujours eu) entre l'aspect brutal de leur musique et le fond, l'esprit derrière tout ça. Quant au dernier album, j'ai bien envie de craquer aussi... Il est aussi "novateur(...)
11/09/2020, 08:04
Nubowsky + 1000000 !!! Le dernier album en date est juste EX-TRA-OR-DI-NAIRE !!! !!! !!! Il tourne en boucle chez moi en ce moment...
11/09/2020, 07:25
Bel effort qui illustre bien le retour en grâce dont bénéficie cet album depuis, disons, une douzaine d'années, et après être passé pour le plus faible dans l'opinion générale jusqu'à la sortie de "Load". Tout est dit ici dans les faits, qui sont au demeurant bien connus. Ce (...)
10/09/2020, 21:27
Sabaton, je n'y prête même plus attention. Pas ma came mais je respecte ceux qui aiment. Y a pas de mauvais Metal. - Le bon Metal, c'est quoi ? Bah tiens, tu prends ce disque là, tu le poses sur la platine, tu écoutes. Bah, c'est du bon Metal. Et le mauvais Metal ? Ah..(...)
10/09/2020, 11:22
J'ai bien aimé celle de David White (Heathen, chant). On sent que l'intérim des gratteux chez Exodus lui a bien cassé les couilles, tout comme le fait que Kragen Lum se soit pointé avec la totalité du nouvel album entièrement composé par lui et que White ne pouvait même pas y apporter ses te(...)
10/09/2020, 11:18
L’interview de Napalm est toujours aussi intéressante.. quelle conviction et quelle carrière exemplaire.
10/09/2020, 09:45