Dream Machine

Sybernetyks

17/10/2016

Autoproduction

« Nous prenons soin de votre futur »…

Non, ne vous inquiétez pas, je ne vous propose pas les services d’une nouvelle société de préservation de l’environnement, ni une nouvelle marque de lessive encore plus bio, juste le premier longue durée d’un groupe bien de chez nous qui justement, s’attaque au problème des corporations, des multinationales, et par extension, de l’avenir de notre planète.

Sujet noble s’il en est, concept de circonstance, qui sont donc ces chevaliers des temps modernes, pourfendeurs du capitalisme destructeur à outrance, s’inspirant sans doute d’œuvres passées qui nous mettaient déjà en garde quant à un futur encore plus sombre que celui qu’elles anticipaient ?

Ces chevaliers au départ n’étaient qu’un. Paul Darbot a en effet décidé en décembre 2012 de nous proposer sa vision d’un Metal Alternatif riche et ouvert à de multiples influences. Sevré de littérature de science-fiction et de films fantastiques/d’anticipation depuis son plus jeune âge, Paul créé un monde futuriste pessimiste et nihiliste, aux mains de gigantesques corporations…Il nomme son projet SYBERNETYKS, trouve des compagnons de route partageant sa vision (Emilien Vives, Jyhell et Thomas Leon), et se lance dans la composition d’un premier EP, The Corporation, avant de lui donner une courte suite avec le trois titres Cerberus.

De ces œuvres en format réduit émerge un Metal moderne, soumis à diverses influences, qui trouve aujourd’hui son point de maturation dans la concrétisation d’un premier LP, Dream Machine, qui en effet, a de quoi nous faire rêver d’un monde meilleur auquel nous ne pouvons pas forcément prétendre autrement que dans une dimension artistique.

Conceptuellement, Dream Machine ressemble beaucoup à des films comme Rollerball, Dark City, 12 Monkeys et tant d’autres qui ont prédit à l’humanité un sort peu enviable, en confiant les rênes du pouvoir à de gigantesques conglomérats, dans l’optique d’un Soleil Vert ou d’un 1984. La thématique est d’usage depuis la fin des années 60, et trouve souvent écho dans le travail de musiciens ayant une conscience humaine et écologique affirmée, mais souvent, tout ça tourne au manichéisme outrancier qui vient gâcher les nobles intentions de départ.

Je vous rassure -  et vous devez vous en douter puisque j’ai pris mon clavier pour en parler – SYBERNETYKS n’a pas choisi de noyer son message dans une musique mélasse dégoulinante de saccharose ou de clichés bon marché. Et loin de s’accommoder d’un simple Metal froid et mécanique, le quatuor a privilégié un métissage des genres pour offrir à ses fans potentiels un joli crossover côtoyant aussi bien le Metal Alternatif que le Néo Thrash, le progressif, et même quelques touches fugaces de Math/Indus totalement en phase avec les thèmes abordés.

Mais la musique de Dream Machine, totalement en accord avec son principe de fonctionnement onirique, fait subtilement cohabiter violence et mélodie dans un mécanisme habile et très bien huilé, parvenant à synthétiser l’esprit de groupes comme LINKIN PARK, FEAR FACTORY, Devin TOWNSEND et DREAM THEATER/PERIPHERY sans jamais donner le sentiment de plagier leurs songes instrumentaux.

Technique présente mais pas envahissante, mélodies très prononcées, enchaînement de parties délicatement ciselées et ouvertement puissantes, et surtout, concision dans le déroulement de l’album qui empêche le quatuor de se lancer dans de longues digressions qui auraient pu se montrer trop stériles.

Morceaux qui sont donc courts, aux arrangements fouillés et jamais gratuits, même si certaines couleurs pastels peignent le décor de façon un peu trop uniforme parfois.

Mais quel premier album est exempt de défauts ?

En tout cas, la société futuriste que nous décrivent-les SYBERNETYKS est étrange et assez fascinante en l’état, et séduit par sa dualité.

Si le groupe se place dans un univers Cyberpunk en citant William Gibson et des bandes comme Matrix ou Blade Runner, sa musique est tout sauf froide et robotique, et se montre même chaleureuse à l’occasion de titres comme l’accrocheur « Disconnected », qui propose même une intervention finale en solo tout à fait pertinente et « organique ».

Le modus operandi est souvent le même, riffs saccadés et précis sur les couplets, phrasé de chant heurté, et puis mentions plus évasives et harmoniques sur les refrains, sans jamais se départir de cette énergie qui les empêche de sombrer dans la mièvrerie.

« Karma Protocol » et «Junction» en étant les meilleures illustrations, ce qui n’évite pas les écarts de conduite ou les arpèges et la douceur prennent le relais, sur « Satellite » notamment, qui ressemble à ce qu’auraient pu produire les ALICE IN CHAINS.

Un surplus de puissance est tangible sur le segment « D.N.A » qui fricote avec les dédales rythmiques de PERIPHERY ou le DREAM THEATER de Awake, tandis que « Revolution » se veut plus Cyber Metal et accélère le tempo pour se rapprocher d’un Néo Thrash à la FEAR FACTORY, en version plus light et alternative, disons-le.

 

Le son de l’album est tout à fait honnête et très bien équilibré, et permet au groupe de proposer un final à la hauteur de ses ambitions, avec un « Dream Machine » conclusif, qui rappelle même des groupes comme WASTEFALL et SPINESHANK dans des incarnations plus humaines et débarrassées de leurs tics les plus agressifs.

Mais en tant que « presque » premier jet, Dream Machine est une belle démonstration de patchwork assemblé avec précision et conviction, et une étape franchie sur la longue route de la perfection d’une recette de Metal alternatif progressif, pas vraiment prétentieux, et assez humble dans sa conception.  Mélodies entêtantes quoiqu’un peu systématiques, staccato de guitare au millimètre, parties rythmiques coulantes et élastiques, et lignes vocales profondes et pleines de sensibilité.

Si notre monde de demain se veut aussi déshumanisé que le décrivent les Tourangeaux, vous pourrez compter sur eux pour vous montrer la lumière de l’espoir.


Titres de l'album:

  1. Virtual Lights
  2. D.N.A.
  3. Downstream
  4. genesis
  5. Tech-Noir
  6. Disconnected
  7. Karma Protocol
  8. As The Stars Fade Away
  9. Satellite
  10. Junction
  11. Revolution
  12. Dream Machine

Bandcamp officiel


par mortne2001 le 23/10/2016 à 16:44
75 %    819

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