Faces Turn Away

Kassad

10/02/2017

Autoproduction

Si en plus les mecs ne me facilitent pas la tâche qui est déjà bien compliquée comme ça…KASSAD, Londres, Angleterre, one-man band, premier LP après un EP, et voilà bien tout ce que je peux vous raconter à propos de ce projet aussi obscur que sa musique n’est fouillée et sombre.

C’est un peu succinct, je le reconnais, mais laissons parler la musique qui elle, à bien des choses à raconter sans que je ne trouve les mots pour la décrire avec fidélité.

Disons juste que ce concept est né en (remplissez le blanc si vous avez l’info), et que son premier effort, Humans, avait de quoi intriguer, et s’est attiré un joli following de base sur les réseaux spécialisés.

On sait les musiciens de BM assez férus de mystère et d’obscurantisme, mais une fois de plus, le pinacle est atteint.

Rien à dire, mais beaucoup de choses à écouter.

 

Faces Turn Away, pour faire simple, est un album au contenu aussi opaque et froid que son contenant. D’ailleurs, cette sublime pochette vous en dira plus que n’importe quel laïus sur les intentions de son auteur. Nihilisme, description de la société sans faux-semblant, misanthropie ambiante, protectionnisme individuel et collectif, les thèmes abordés ici sont d’usage mais sont mis en exergue par l’un des extrêmes les plus glaciaux que j’ai pu aborder depuis longtemps.

Au vu du timing, j’ai d’abord pensé à un effort de Dark Ambient redondant, mais il s’agit bien de BM brutal et fondamental, et l’un des plus abouti que j’ai pu écouter depuis un bon moment. Aussi abrasif qu’il ne peut être contemplatif, aussi lapidaire qu’il n’est mortellement séduisant, ce premier LP se veut cri primal d’un musicien en proie aux affres de l’existence, et qui s’exprime de façon brutale, sans pour autant négliger quelques nuances de sentiments.

En gros comme un détail, l’exemple frappant d’un disque intelligent qui n’utilise pas la force brute en tant que telle, mais comme vecteur. Et ça, c’est toujours bon signe dans une époque rongée par la facilité et l’immédiateté.

Sept chapitres pour une double version digitale/tape édition supra limitée, et autant de tronçons différents qui respectent pourtant une logique implacable. Une sorte de descente aux enfers qui singe l’abomination d’un Downward Spiral en l’adaptant aux exigences du BM le plus cru et professionnel. Pas de boucles ici, pas de supercherie synthétique boursouflée, juste des guitares, éventuellement une basse, une rythmique efficace, et surtout un chant, qui hurle, se mutile les cordes vocales, susurre, exorcise, et finalement nous prend aux tripes de sa cruelle lucidité. En substance, KASSAD pourrait incarner un point de jonction involontaire entre le Black le plus terrifiant et le Post Black le plus évanescent, sans pour autant sacrifier ses dogmes de base. Parvenir à convaincre de la pertinence de ses arguments tout en présentant une musique riche, fouillée, et ancrée dans l’inconscient collectif le plus basique. Vie, mort, solitude, et entre les deux, souffrance, errance, et damnation terrestre.

Pas joli-joli, mais lucide.

Et surtout, créatif.

Ainsi, « Void » se veut lourdeur, emphase, grandiloquence et tragédie musicale, de son riff ample et de ses mélodies circulaires qui tournent comme des charognards autour d’un cadavre, tandis qu’une voix grave distille sa litanie d’horreur dans nos oreilles figées par le froid.

« Madness », suite immédiate et contrepoint parfait, se souvient au contraire des enseignements des 90’s et les fait fructifier à l’ombre d’un soleil noir d’ultraviolence dramatique. Voix saturée au premier plan, et toujours ces guitares qui tournent et virent comme des démons qu’on tente d’extirper d’une âme condamnée.

« Broken », radicalise encore le ton, et concasse les rêves agonisants d’une double grosse caisse qui avance comme un destin inéluctable, pendant que le chant vous extirpe d’un sommeil troublé, dans une énorme progression lyrique/cathédrale sonore qui vous écrase de sa grandeur.

« Faces Turn Away », c’est un soir de misère affective, lorsque les passants semblent ne plus vous voir essayer de vous protéger de la pluie qui inonde vos dernières illusions. Absence totale de rythmique, pour un tapis de sons sombres, qui coulent comme un rideau de gouttes de déprime, et toujours cette voix aussi dérangeante que résignée, qui signe l’arrêt de mort d’un avenir déjà pourri sur place.

« Pulse », final Ambient de près de dix minutes, caché sur la face B de la cassette, laisse les étoiles vous emporter au loin d’un univers qui n’est plus le vôtre. Un peu BURZUM synthétique sans le côté rudimentaire de l’équipement de prison, chute inévitable dans un autre univers, c’est une conclusion qui n’en est pas une et laisse le livre des morts ouvert.

Avant ça, un « Shame » d’ouverture qui ne prend pas à revers, mais attaque de face d’un déluge de blasts antédiluviens, pour un BM rauque, sans pitié, qui sur plus de sept minutes déverse sa haine. Son sec et rêche, mixage brut, et incarnation vocale à la limite d’un Pain Metal à la SILENCER. Le panorama est dessiné, à vous de l’accepter ou de partir.

« Pariah », qui set la soupe aux outcast de tout poil, se veut plus empreint d’une solennité toute nordique, mais n’hésite pas à lacérer de guitares à la DISSECTION, avant de déchirer les chairs d’un modus operandi totalement DARK FUNERAL/MARDUK. Le titre le plus estampillé BM du lot, ambitieux et terre à terre, et presque opératique dans sa démesure.

Faces Turn Away est un album qui vous glace les sangs, et qui vous laisse dans un état catatonique. C’est une spirale descendante dans les entrailles du mal humain absolu, de celui qui vous fait comprendre que l’enfer c’est les autres, et donc vous aussi.

 Un disque de solitude, de mal être, d’avenir noir comme une nuit sans fin. Et une œuvre musicale d’importance, qui se nourrit de toutes les nuances possibles sans perdre de son impact cruel.


Titres de l'album:

  1. Shame
  2. Pariah
  3. Void
  4. Madness
  5. Broken
  6. Faces Turn Away
  7. Pulse

Bandcamp officiel


par mortne2001 le 28/02/2017 à 13:51
80 %    725

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Test de nouvelle vidéo

grinder92 11/09/2020

Vidéos

From This Day Forward

mortne2001 10/09/2020

From the past

...And Justice For All

mortne2001 08/09/2020

From the past

Slayer + Megadeth 2011

RBD 05/09/2020

Live Report

Manifest Decimation

mortne2001 31/08/2020

From the past

Opeth 2006

RBD 29/08/2020

Live Report

Widespread Bloodshed/Love Runs Red

mortne2001 24/08/2020

From the past

PILORI / Interview

Baxter 18/08/2020

Interview

Dead can Dance 2013

RBD 15/08/2020

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
grinder92

Du texte en grasDu texte en italiqueDu texte soulignédu texte barrédu texte en vertune liste d'item numérotée(...)

16/09/2020, 22:12

grinder92

 

16/09/2020, 21:51

grinder92

16/09/2020, 21:49

grinder92

  Affichage des smileys

16/09/2020, 16:48

grinder92

 

16/09/2020, 15:51

grinder92

15/09/2020, 22:30

grinder92

15/09/2020, 22:06

grinder92

  

15/09/2020, 19:09

grinder92

 

15/09/2020, 18:39

grinder92

 

15/09/2020, 18:38

grinder92

Affichage de Smileys  

15/09/2020, 13:57

grinder92

test de fonctionnement

15/09/2020, 13:57

senior canardo

gros souvenirs, j'y avais emmené mon neveu de 7 ans et demi ! c'etait drole les regards partagés des gens entre "cool la relève" et "ce n'est pas un endroit approprié pour un enfant " lol. ce qui etait drole aussi le nombre de gens qui se sont barrés après slayer ...comme nous ;)

11/09/2020, 12:32

Humungus

Novateur ? Je ne sais pas du tout ce que la "presse" en dit mais moi je le trouve très varié (y'a tout NAPALM là dedans !), pas mal de côtés GODFLESH aussi... Pis même un titre totalement KILLING JOKIEN ("Amoral"). Bref, j'adore !!! Album de l'année ???

11/09/2020, 10:59

Living Monstrosity

Barney, toujours aussi intéressant en interview. Bon sang j'adore ce type !!! J'adore l'écart qu'il y a (toujours eu) entre l'aspect brutal de leur musique et le fond, l'esprit derrière tout ça. Quant au dernier album, j'ai bien envie de craquer aussi... Il est aussi "novateur(...)

11/09/2020, 08:04

Humungus

Nubowsky + 1000000 !!! Le dernier album en date est juste EX-TRA-OR-DI-NAIRE !!! !!! !!! Il tourne en boucle chez moi en ce moment...

11/09/2020, 07:25

RBD

Bel effort qui illustre bien le retour en grâce dont bénéficie cet album depuis, disons, une douzaine d'années, et après être passé pour le plus faible dans l'opinion générale jusqu'à la sortie de "Load". Tout est dit ici dans les faits, qui sont au demeurant bien connus. Ce (...)

10/09/2020, 21:27

Arioch91

Sabaton, je n'y prête même plus attention. Pas ma came mais je respecte ceux qui aiment. Y a pas de mauvais Metal. - Le bon Metal, c'est quoi ? Bah tiens, tu prends ce disque là, tu le poses sur la platine, tu écoutes. Bah, c'est du bon Metal. Et le mauvais Metal ? Ah..(...)

10/09/2020, 11:22

Arioch91

J'ai bien aimé celle de David White (Heathen, chant). On sent que l'intérim des gratteux chez Exodus lui a bien cassé les couilles, tout comme le fait que Kragen Lum se soit pointé avec la totalité du nouvel album entièrement composé par lui et que White ne pouvait même pas y apporter ses te(...)

10/09/2020, 11:18

Nubowsky

L’interview de Napalm est toujours aussi intéressante.. quelle conviction et quelle carrière exemplaire.

10/09/2020, 09:45