Fear

Valkyrie

24/07/2020

Relapse Records

Dans le petit monde du recyclage old-school, les reprises de méthodes en version intégrale sont devenues monnaie courante. Il y a ceux qui recyclent MAIDEN, d’autres SABBATH, certains THIN LIZZY, et on se demande même si l’industrie du disque n’est en train de suivre l’exemple d’Hollywood. En manque de créativité, l’industrie du cinéma procède à un relifting d’œuvres anciennes qui devient franchement gênant et pénible, et on s’attend au même genre de répercussions dans l’univers musical. A quand les remakes foireux d’albums connus, histoire d’attirer l’attention et de proposer un produit facile mais sans aucune valeur artistique ? Néanmoins séparons les imbéciles des créateurs, et reconnaissons quand même le talent de musiciens qui repiquent certes, mais qui plantent à leur façon. Ainsi sont les américains de VALKYRIE, qui depuis le début de leur carrière n’ont de cesse d’évoluer pour ne pas faire du surplace, et qui se placent en convergence des méthodes US et scandinave. On connaît plusieurs périodes donc dans la carrière du groupe, après des débuts franchement Doom et une progression plus Heavy, mais au moment de négocier le virage du quatrième album, les originaires d’Harrisonburg ont adopté la bonne attitude. Laisser tomber quelques réflexes un peu trop systématiques, et des citations un peu trop flagrantes. Et c’est ainsi que toujours soutenus par Relapse, la machine à broyer la facilité, VALKYRIE nous propose ce qui sera sans doute son meilleur LP à ce jour, et en tout cas le plus équilibré et mélodique. Evidemment, certains réflexes sont toujours là, et on les sent au travers des plans les plus Heavy, qui rappellent la fascination des européens et américains pour la NWOBHM et la naissance du Metal du côté de Birmingham. Mais en 2020, les chansons du quatuor ont ce je-ne-sais-quoi de progressif et évolutif qui les rapprochent d’une version allégée de MASTODON. La comparaison vous semble osée ? Elle l’est, et pourtant mesurée.

Jake Adams (guitare/chant), Peter Adams (guitare/chant), Alan Fary (basse) et Warren Hawkins (batterie) ont plus ou moins appliqué les principes du CORROSION OF CONFORMITY des nineties, celui de « Albatross », pour mettre au point leur plan. Des guitares acides et légèrement psychédéliques, une rythmique méchamment Heavy Metal, une basse qui ondule comme aux grandes heures des boucles seventies, et le résultat est plus que probant : il est hypnotique. Dès « Feeling So Low », l’ironie est de mise, puisque le morceau déclenche l’euphorie et non la déprime. La production immense signée du studio Earth Analog est ample et pleine de respirations, et l’artwork sublime de Jeremy Hush évoque un Death Metal plongé dans les affres de la raison de l’âge, ou un Doom qui finalement à cédé la place à une transformation en bonne et due forme de la magie de THIN LIZZY dans une époque dominée par GHOST, NIGHT FLIGHT ORCHESTRA, et quelques autres plus doués que la moyenne. Du Hard des seventies remis d’actualité par un flair incroyable pour agencer les plans, à tel point qu’on a parfois le sentiment d’écouter du SONIC YOUTH ou du GIRLS AGAINT BOYS se faisant les dents sur le répertoire de SIR LORD BALTIMORE. Bien que nimbé d’une aura un peu floue, Fear est précis dans ses contours, purs dans ses arpèges, ferme dans ses riffs. On sent la mélancolie pointer le bout de son mouchoir sur les passages les plus harmoniques, mais le tout est exubérant et intelligent à la fois. La mesure de l’enthousiasme suggère que le DEEP PURPLE Mark III n’est toujours pas tombé aux oubliettes, mais que l’importance d’outsiders plus légers comme GRAVEYARD et HAUNT n’est pas non plus occulté et que les américains se tiennent au courant de la concurrence. Toute cette clairvoyance donne de petits bijoux mélodiques de NWOBHM comme « Afraid To Live », rythmiquement imparable, et au charme suranné des chansons exhumées d’un passé lointain revenant à la vie.

Ne vous méprenez pas sur mes propos, VALKYRIE ne propose pas vraiment du neuf, mais sa brocante/vide grenier créatif attire un maximum de chalands, alléchés par la qualité et le prix modique. Entre le groove vraiment souple et les attaques plus franches, le Blues se taille la part du lion au travers de chorus de guitare puristes, mais chaleureux. C’est de cette façon que le roublard « Lovebird » commence, et la guitare à fort à faire à lutter contre la présence proéminente d’une basse vraiment gironde à la chaleur analogique. Et finalement, ce mélange entre CORROSION et le LIZZY est si savoureux qu’on se laisse entraîner et qu’on apprend de ce savoir-faire précieux, malgré un timing de titres assez étiré, et des idées qui se répercutent sans vraiment le cacher. En faisant simple, mais riche, les américains ont fait le bon choix, et ne nous inondent pas d’informations, préférant nous laisser apprécier les parties mélodiques et rythmiques à notre bon vouloir, et Dieu sait si ces mêmes parties sont envoutantes et irrésistibles. La distorsion, parfaitement équilibrée sent bon les amplis Orange, et si le chant se montre un peu linéaire parfois, il provoque une sorte de mantra de l’esprit qui répète constamment le même motif : « VALKYRIE est unique, mais accessible ». Le mantra nous permet donc d’accéder à une dimension supérieure, là où la qualité de la musique prime sur son côté branché et up in time, et même si l’on sait le quatuor rattaché à la locomotive nostalgique, on accepte d’en être les passagers volontaires.

Il est difficile de chroniquer un disque qui semble parfait de bout en bout. Il est difficile d’en décrire le contenu sans trop en dévoiler, alors justement qu’il n’y a pas grand-chose à dire sur une musique qui mise sur le ressenti et non l’analyse. A l’image de ces instrumentistes perdus dans la liberté des années 70 et jammant comme des fous jusqu’à trouver l’idée porteuse, VALKYRIE jamme, mais jamais dans le vide. « Fear And Sacrifice » lie les seventies aux eighties, et sonne pourtant hors du temps de son tempo totalement syncopé, et si le fond de l’air est toujours aussi Heavy et Doom, le rendu est nerveux, prêt à bondir, sauf lorsque la tension retombe un peu et joue la sensibilité (« Brings You Down », du PANTERA cool joué par un groupe suédois dans un Folk Park vide à minuit). Alors oui, tout ça est prévisible dans un sens, comme dans tous les cas de produits old-school manufacturés pour plaire aux plus anciens, et rappeler aux plus jeunes l’importance de l’histoire. Rien ne choque, tout séduit, et le son a été travaillé pour ne pas choquer les oreilles. Mais on pense à KYUSS, et ceux qui ont remis le Desert Rock à l’honneur, et si « Evil Eye » aurait largement un sa place sur le chef d’œuvre Blind des COC, la constatation est à prendre comme un compliment et non un reproche ironique. Sans tomber dans le piège du remake facile, Fear accommode des restes encore fameux, et prouve que les VALKYRIE ne sont pas loin de leur Valhalla.                  

   

Titres de l’album:

01. Feeling So Low

02. Afraid To Live

03. Lovebird

04. The Choice

05. Fear And Sacrifice

06. Brings You Down

07. Evil Eye

08. Exasperator


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par mortne2001 le 12/03/2021 à 17:37
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