Ferox

Unborn

19/04/2020

Autoproduction

Plusieurs raisons valables de s’intéresser à cet EP (selon ma propre expérience). D’abord, parce qu’il s’appelle Ferox. Et tous les Ferox que je connais le sont vraiment. Tiens, Cannibal Ferox par exemple, qui mangeait encore plus cru et sale que Cannibal Holocaust. Et Rank Ferox aussi, qui photocopiait plus vite que son ombre en mangeant la moitié du papier. Ça vous suffit comme raisons ? Non ? Parce que moi, oui. Sur ce, je n’ai pas grand-chose à vous apprendre sur ce groupe, sinon qu’il vient de la Creuse si j’en juge par le slug de son adresse Facebook, qu’il est en activité depuis je ne sais pas quand, et qu’il évolue en formation quatuor selon son line-up (Magni: basse et chant, Brice: batterie, Dip: guitare et Kefran : guitare). En dehors de ces quelques éléments, rien, mais ça n’a aucune importance, parce qu’UNBORN, on en parle à cause de sa musique, et sa musique est justement du genre…bien Ferox. Au menu, un énorme Death Metal sorti de nulle part, ou plutôt des abysses d’une inspiration infernale, qui ne connaît que peu de baisses de régime, et qui carbure à l’adrénaline bestiale pure. A tel point qu’on a souvent l’impression de se fader un genre de Proto-Techno-Death, aux ambitions moins élevées, mais à l’efficience bien relevée. A la limite, et la complexité inextricable en moins, je ne vois qu’un mélange entre COMA CLUSTER VOID et GOJIRA pour parler de ces quatre tarés qui utilisent la violence à dessein pour nous faire très mal. Très mal, mais intelligemment. Il n’est pas question ici de Brutal, de Slamming, de Deathcore, ou je ne sais quelle extension stérile, mais bien de Death 90’s joué avec la démence de notre nouveau siècle, une démence chirurgicale, et pourtant terriblement expressive dans les faits.

Je m’explique. En mélangeant un maximum de plans sans perdre en cohésion, les musiciens nous offrent des morceaux qui sont autant de mini scénarii, avec des cassures, des breaks incroyablement moites et pesants, des accélérations brutales genre 5G en avant-première, le tout sous couvert d’aspirations mélodiques dans les soli indéniables. On accroche immédiatement à cette optique excessive, d’autant que les bougres ont le bon goût de porter à ébullition leur méthode. Ainsi, le tourbillon « La Rou(g)e » est une sorte de paroxysme à lui seul, avec différentes parties bien distinctes, formant un tout gigantesque. Très compétents chacun à leur poste, les musiciens offrent un festival de fluidité dans la brutalité, et rappellent les exactions de SUFFOCATION transposées dans une névrose contemporaine, se jouant des écarts d’époque et d’attitude. Modernes sans vraiment le vouloir, les mecs assurent aussi le service après-vente d’une nostalgie patente, celle qu’on sent clairement sur l’immédiat « Holocaust », qui vous écrase les nerfs façon MORBID ANGEL sous vitamine C, avec une batterie qui pilonne, qui écrase, qui virevolte, le tout s’arrangeant toujours pour inclure de petites références à la scène Melodeath scandinave (AT THE GATES notamment). C’est bien évidemment impressionnant de puissance, mais pas trop roboratif, même si quelques idées en pilote automatique reviennent parfois. Le plus convaincant dans l’affaire, outre cette concision rythmique bluffante, reste la voix incroyablement raclée et grave de Magni qui vocifère sans interruption, mais avec beaucoup de panache. Le côté précis et mathématique de l’affaire n’est pas sans rappeler certaines interventions de GORGUTS, sans les crises de folie inextricables, et parfois, on songe même à une union fugace entre STRAPPING YOUNG LAD et MESHUGGAH,  en version plus abordable et moins fertile.

Mélangeant le chant en français et en anglais, le groupe s’ouvre des portes, et ose être le plus extrême possible sans tomber dans les travers des excès les moins pardonnables. Et puis après tout, comment ne pas prendre en affection un groupe qui reprend du vieux SEPULTURA dans le texte, en nous offrant une relecture du classique « Troops of Doom » ? Relecture très honnête d’ailleurs, qui mélange l’Indus et le Thrash/Death, pour une appropriation convaincante qui s’inscrit très bien dans la logique de cet EP. Bourrin, mais malin, inflexible mais fluide, ce premier effort est donc une sacrée entrée en matière qui en dit long sur l’efficacité du groupe en live, chacun des morceaux ayant été composé pour permettre à la boucherie en concert de tourner à plein régime. Pas forcément le truc le plus original que vous pourrez écouter ces temps-ci, mais un exutoire fabuleux à la frustration ambiante, le genre de truc qu’on écoute en pulvérisant ses meubles Ikea sans avoir à parler suédois.    

                                                                                              

Titres de l’album :

                        01. Ferox

                        02. Necronomicon

                        03. La Rou(g)e

                        04. Holocaust

                        05. Face au Vide

                        06. Troops of Doom

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par mortne2001 le 04/10/2020 à 14:36
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