From the Dead

Stallion

30/06/2017

High Roller Records

Alors comme ça, on n’a rien fait de mieux que le Metal des années 80 ? Depuis les meilleurs efforts de JUDAS PRIEST, DESTRUCTION, GRAVE DIGGER et DIO, notre genre préféré ne fait que balbutier quelques modernismes qui finalement ont abruti la jeunesse qui a succédée à la nôtre ? C’est un point de vue, et visiblement, de plus en plus de groupes le partagent, en tentant de retrouver le souffle épique de ces glorieuses années. Allez, on ne va pas se voiler la face, entre les combos pur old-school Thrash et ceux qui revisitent à leur sauce les pattes d’éléphantesques 70’s à grandes rasades de fuzz’, la nostalgie est plus qu’à la mode. Elle est quasiment redevenue la norme qu’elle a été il y a une trentaine d’année. Mais qui s’en plaindrait finalement ? Pas les musiciens qui visiblement, mangent leur pain quotidien en tapant dans les tranches déjà découpées de Heavy bien salé, celui que nous proposaient les cadors de la seconde division, en multipliant les riffs condamnant la trahison, les rythmiques en marteau-pilon, et les envolées vocales plus lyriques que de raison. Cette fascination pour les productions des années 80 n’est certainement pas une finalité en soi chez la plupart des instrumentistes des années 2010, mais pour les autres, qui ne jurent que par les clous et le son bien rond, c’est un dogme, et une religion. En témoigne le second LP des allemands de STALLION, qui comme leur nom l’indique, n’ont de cesse de fuir la réalité de leur temps comme un cheval fou qui cavale près de l’océan.

Les STALLION ont vu le jour en 2013, et n’ont pas chômé depuis. Entre deux bracelets cloutés à faire briller, ils ont poli leur jantes chromées en donnant naissance à une première démo, rapidement suivie de deux EP (Mouting The World en 2013 et 24/7, plein de disponibilité en 2014). Puis le temps est venu de proposer un LP complet, ce qui fut chose faire avec Rise and Ride, qui présentait un groupe à l’identité affirmée, mais qui se cherchait encore niveau production. Son rêche et attitude frondeuse, pour un voyage dans le temps laissant une impression fameuse, ce premier effort ne faisait pas grand cas de sa fascination pour des approches d’antan, tout en tentant d’y apporter sa propre vision. Depuis, le quintette de Weingarten (chant – Pauly, guitares – Äxxl & Olli Gee, bass – Stämpfe et batterie – Aaron) a bien travaillé son spectacle chanté, pour lui offrir une cohérence qui a de quoi décontenancer. Pourquoi ? Parce que justement, cette cohérence n’empêche pas une indéniable diversité, qui leur fait revisiter des styles différents mais bien assemblés. Si la plupart des groupes versant dans la tendresse old-school préfèrent jouer les puristes et s’en coller à quelques influences bien tassées, les allemands privilégient au contraire un survol d’une décennie qui a laissé parler la poudre, tout en allumant la mèche pour tout faire péter.

Si From The Dead est résolument Heavy dans le fond, ce que des riffs vraiment appuyés passent leur temps à démontrer, le fond est beaucoup moins frais, et même torride, puisqu’il se frotte au Speed acharné, au Thrash déchaîné, et même au Power le plus enflammé. Tout ceci donne lieu à un mélange cramoisi, qu’une sublime pochette aux tons rougis illustre de façon choisie, et surtout, à un déroulé de morceaux tous plus puissants les uns que les autres, frappés du sceau d’une production délicieusement 84/85 qui rend la nostalgie encore plus casher.   

Alors, si vous souhaitez headbanguer comme des flingués au son d’hymnes que les BULLET, GRAVE DIGGER, LIZZY BORDEN, LIVING DEATH auraient pu composer chacun de leur côté avant de mettre leur travail en commun, From The Dead est vraiment fait pour vous. Pas simplement parce qu’il refuse le présent, mais surtout parce qu’il a pris le temps de proposer de vraies chansons bien burnées, aux arrangements sobres mais estampillés, et au niveau instrumental salement relevé. En plus d’être des esthètes, les STALLION s’avèrent être des musiciens chevronnés, qui ont bossé leur partition avant même de chercher le gros son. Tout ça nous donne une pelletée de classiques à reprendre en chœur dans une salle de concerts qui ne commencent jamais à l’heure, mais qui une fois débutés, vous entraînent dans la folie d’un Metal solide et méchamment puissant. A l’image de ce « Underground Society » qui ouvre l’album de la façon la plus tonitruante qui soit, et en mixant les riffs tournoyant d’un DESTRUCTION bien virevoltant à l’énergie d’un BULLET qui plaçait le chant lyrique et les plans percutants au premier plan. Ça joue fun mais sérieux, comme une boutade qui n’en est pas une, mais qu’on se plaît à narrer pour la centième fois à ses petits-enfants. Car les allemands sont ceux de la vague Heavy/Thrash d’antan, qu’ils se plaisent à revisiter en serrant les dents. C’est certes à peu près aussi original qu’un bootleg de RUNNING WILD déniché dans une convention, mais la concision et la persuasion dont ces animaux de scène font preuve achève de nous convaincre avant que l’on ait pu proférer le moindre juron.

Tour à tour mélodique, typique, atomique ou concentrique, From The Dead se frotte et se pique, à tous les sous-genres, revisitant le Heavy d’ACCEPT avec un brio indéniable (« Waiting For A Sign », qu’on croirait braqué de bandes cachées de Metal Heart reprises à son compte par un LIZZY BORDEN presque radiophonique), ou le Speed/Thrash des LIVING DEATH et TOXIK, aux angles arrondis d’une intro Folk et d’un refrain qui en a dans le froc (« From The Dead »). Leur atout majeur ? Un humour dévastateur, mais aussi des convictions opposées à la volée (« Kill Fascists », dix-sept secondes d’antiracisme), et un sens inné de la composition qui bondit d’un mid tempo trampoline, qui nous propulse dans un ciel Heavy rythmique hystérique (« Hold The Line », ou comment adapter la vague NWOBHM aux impératifs commerciaux des glorieuses 80’s). Et en fouinant dans les recoins de la seconde division de l’époque, les STALLION ont exhumé de quoi nous fumer pendant une longue soirée (« Lord Of The Trenches », avec toujours ces envolées lyriques vocales suraiguës qui nous rappellent Mike Sanders, sur fond d’instrumental à la TYRANT). Certes, aucune surprise à attendre d’un album qui en refuse le principe, mais beaucoup d’efficacité, et un enthousiasme qui finit par fédérer sans chercher à acheter notre opinion déjà bien formalisée. De morceaux courts et destructeurs (« Step Aside »), en longues suites qui font notre bonheur (« Awaken The Night »), les allemands déploient tout leur arsenal d’armes fatales, qui vont de l’intro délicate en trompe l’oreille en couplets concentrés à la JUDAS enfin de ses chaînes libérées, pour mieux nous attacher au poteau vintage qui finalement, est si solidement planté dans la terre Heavy/Speed qu’on ne peut même plus le faire trembler, à condition d’en avoir envie.

Beaucoup vous diront que ce second LP des STALLION n’est rien de plus qu’un joli exercice de style, mais je préfère y voir une déclaration d’amour sincère et passionnée. En quarante-cinq petites minutes, les allemands parviennent à recréer les sensations éprouvées il y a bien trente années, sans paraitre déplacés. D’excellentes chansons interprétées avec passion, que demander de plus lorsqu’on pense que le Metal des années 80 n’aurait pas du connaitre de fin ?


Titres de l'album:

  1. Underground Society
  2. Down and Out
  3. Hold The Line
  4. Waiting For a Sign
  5. From The Dead
  6. Kill Fascists
  7. Lord Of The Trenches
  8. Black Box
  9. Step Aside
  10. Awaken The Night

Site officiel


par mortne2001 le 15/10/2017 à 17:41
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