Hellwolf

Bloody Nightmare

04/08/2018

Sade Records

Question. Vous êtes plutôt Speed ou Thrash ? Ou alors, les deux, un genre de spreesher ? Ou un threesher ? Ah oui tiens, les deux néologismes sont sympa, je garde au cas où Encyclopedia Metallum cherche de nouveaux qualificatifs…Quoiqu’il en soit, l’un ou l’autre, ou les deux, vous allez fondre pour un nouvel album made in Colombia, via le premier effort presque longue-durée des BLOODY NIGHTMARE, Hellwolf, qui ne fait pas grand cas de ses inclinaisons passéistes. On sait que l’Amérique du Sud est plutôt versée dans la nostalgie, mais après tout, pas mal de groupes brutaux et essentiels venant de la bas, il n’est pas étrange dès lors de constater que les musiciens actuels souhaitent leur rendre hommage. Pourtant, point de Thrash blackisé ce matin, mais bien de Speed effréné, celui-là même que les DESTRUCTION, les LIVING DEATH et autres ACID, ABATTOIR, EXCITER ont popularisé sauvagement en leur temps, jouant souvent avec les frontières de violence du Thrash sans en sombrer dans la démence. Pourtant, le cas des BLOODY NIGHTMARE pourrait prêter à confusion, eux qui justement ont commencé leur carrière sur les chapeaux de patches d’un Thrash assez furieux, avant de bifurquer sur l’autoroute de la raison pour revenir à la maison. Du Speed donc, âpre mais joyeux, rude mais heureux, qui sur ce premier effort nous offre le visage d’une exubérance toute sud-américaine, rythmique en avant et riffs dans le vent.

Fondé en 2010, et ayant évolué pendant deux ans sous pavillon DARKMOON, les BLOODY NIGHTMARE ont soudainement viré casaque mais pas retourné leur veste pour autant, en optant pour un nouveau patronyme et un style plus en adéquation avec leurs attentes. Alexander Daza (chant/guitare), Jose Luis Fisherman (chant/guitare), Miguel Valderrama (basse/chœurs) et Nelson Camacho (batterie), se sont donc unis à Bogota, et ont fini par accoucher d’une première démo en 2014 (Fiddlerman Possessed), avant d’enchaîner les singles et les splits (Speed Legion en 2016, et en compagnie des REVENGE), pour finalement, cinq ans après la création définitive de leur entité de se lancer dans l’exercice jouissif du LP, LP qui notons-le atteint une durée fort peu honorable d’une petite demi-heure une fois l’intro passée. Soit sept véritables morceaux pour convaincre, et fédérer les amateurs de Speed mordant et giclant, ce qui suffit amplement à juger de leur potentiel. Et celui-ci est conséquent, puisque loin de sombrer dans la paillardise habituelle des colombiens et brésiliens, les BLOODY NIGHTMARE préfèrent la précision et la bonne humeur, même si leur Metal non édulcoré aura de quoi satisfaire les plus déchaînés d’entre vous.

Elaboré à base de rythmiques franches et de riffs circulaires, ce Hellwolf est à des années lumières musicales de son graphisme brouillon, qui ramène au bon souvenir des traits les plus grossiers des dessinateurs à deux mains gauches des années 80. Mixant les influences picturales du See You In Hell  de GRIM REAPER (dont il emprunte aussi quelques astuces mélodiques) et du Loup Garou de Londres de John Landis (avec un peu de nichons animés pour attirer le chaland lubrique), Hellwolf n’est rien de moins qu’une jolie démonstration de fluidité et d’agressivité, sous la forme d’une poignée de compositions qui varient suffisamment le propos sans le dénaturer pour fidéliser un public avide de sonorités vintage, mais toujours d’actualité grâce à la vague old-school qui sévit depuis quelques années. On y retrouve donc toute la folie de la scène sud-américaine, mais aussi la rigueur rythmique allemande, toujours coupée au biseau, et une foi inébranlable en un Metal non aseptisé, avant que le métissage et le crossover ne pointent le bout de leur nez. D’ailleurs, on le sent avant même d’avoir posé une oreille sur l’album, au jugé d’un tracklisting qui n’évite pas les clichés. Mesurez-donc la tradition, « Black Fire Force », « Possessed By War », Unidos Por El Mal », « Tormento Eterno », on se croirait revenu au bon vieux temps de DESTRUCTION et KREATOR, alors même que le propos ici est beaucoup plus modéré, et parfois proche d’un BLIND GUARDIAN en pleine descente de cuvée.

Alors, que dire d’un album somme toute prévisible de bout en bout ? Qu’il aménage quand même quelques surprises, dont le très Rock N’Power « Road To Hell » et son parfum MOTORHEAD au soleil et RAMONES en plein ciel, ou cette outro très délicate qui ramène donc le nombre de véritables morceaux à six (« Banshee’s Epilogue »), ce qui nous questionne donc sur la catégorie dans laquelle ranger ce premier faux LP. Gros EP ? Petit LP ? La question reste ouverte, mais la musique n’en est pas moins alerte. De coups d’accélérateur rythmique en pauses mélodiques, les colombiens nous la jouent fine, sans perdre de vue le fait que le Metal est un genre qui se savoure bouillant et plein d‘allant. Et après une mise en bouche jouant la nuance, « Hellwolf », le title-track rentre dans la danse, et nous bouscule de son tempo méchamment costaud, tout en développant l’ambiance sur plus de cinq minutes, pour oser un premier tiers exclusivement instrumental, avant qu’un cri perçant ne nous explose les tympans au rythme d’un Speed qui rappelle même les débuts d’HELLOWEEN. Du beau boulot, certes classique mais caliente mucho, et après ce coup de semonce, le soufflé ne retombe que très rarement, voire jamais, même lorsque l’ambiance s’assombrit sur le diabolique « Possessed By War » qui flirte avec les excès d’un Thrash qui reste quand même poli et mesuré. Sans faire preuve de trop d’audace, les colombiens s’aménagent suffisamment de place pour tester deux ou trois petites choses, dont des soli tout à fait performants, et des envolées vocales au lyrisme flamboyant.

Titres développés pour laisser s’exprimer les idées, mais pas trop pour que la redondance ne s‘installe pas trop confortablement, individualités respectables, mais collectif idéal, une véritable folie collective pour un travail précis (« Tormento Eterno », si DESTRUCTION avait percuté SARCOFAGO, ça aurait pu donner ce genre de fête païenne allegro), et Hellwolf de s’installer tranquillement sur le podium des sorties Speed old-school du mois. Un album un peu court, mais qui s’avale d’un trait, et qui prouve que l’Amérique du Sud reste décidément maîtresse en son terrain.    

 

Titres de l'album :

                       1.Loneliness Mourn

                       2.Hellwolf

                       3.Possessed By War

                       4.Tormento Eterno

                       5.Unidos por el Mal

                       6.Black Fire Force

                       7.Road To Hell

                       8.Banshee´s Epilogue

Facebook officiel

Bandcamp officiel


par mortne2001 le 09/09/2018 à 16:35
78 %    730

Commentaires (1) | Ajouter un commentaire


Miguel angel real Valderrama
@186.80.157.143
09/09/2018, 17:50:41

Merci beaucoup, pour une telle critique, nous vous en sommes très reconnaissants. bientôt plus de nouvelles sur bloody nightmare

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Test de nouvelle vidéo

grinder92 11/09/2020

Vidéos

From This Day Forward

mortne2001 10/09/2020

From the past

...And Justice For All

mortne2001 08/09/2020

From the past

Slayer + Megadeth 2011

RBD 05/09/2020

Live Report

Manifest Decimation

mortne2001 31/08/2020

From the past

Opeth 2006

RBD 29/08/2020

Live Report

Widespread Bloodshed/Love Runs Red

mortne2001 24/08/2020

From the past

PILORI / Interview

Baxter 18/08/2020

Interview

Dead can Dance 2013

RBD 15/08/2020

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
grinder92

Du texte en grasDu texte en italiqueDu texte soulignédu texte barrédu texte en vertune liste d'item numérotée(...)

16/09/2020, 22:12

grinder92

 

16/09/2020, 21:51

grinder92

16/09/2020, 21:49

grinder92

  Affichage des smileys

16/09/2020, 16:48

grinder92

 

16/09/2020, 15:51

grinder92

15/09/2020, 22:30

grinder92

15/09/2020, 22:06

grinder92

  

15/09/2020, 19:09

grinder92

 

15/09/2020, 18:39

grinder92

 

15/09/2020, 18:38

grinder92

Affichage de Smileys  

15/09/2020, 13:57

grinder92

test de fonctionnement

15/09/2020, 13:57

senior canardo

gros souvenirs, j'y avais emmené mon neveu de 7 ans et demi ! c'etait drole les regards partagés des gens entre "cool la relève" et "ce n'est pas un endroit approprié pour un enfant " lol. ce qui etait drole aussi le nombre de gens qui se sont barrés après slayer ...comme nous ;)

11/09/2020, 12:32

Humungus

Novateur ? Je ne sais pas du tout ce que la "presse" en dit mais moi je le trouve très varié (y'a tout NAPALM là dedans !), pas mal de côtés GODFLESH aussi... Pis même un titre totalement KILLING JOKIEN ("Amoral"). Bref, j'adore !!! Album de l'année ???

11/09/2020, 10:59

Living Monstrosity

Barney, toujours aussi intéressant en interview. Bon sang j'adore ce type !!! J'adore l'écart qu'il y a (toujours eu) entre l'aspect brutal de leur musique et le fond, l'esprit derrière tout ça. Quant au dernier album, j'ai bien envie de craquer aussi... Il est aussi "novateur(...)

11/09/2020, 08:04

Humungus

Nubowsky + 1000000 !!! Le dernier album en date est juste EX-TRA-OR-DI-NAIRE !!! !!! !!! Il tourne en boucle chez moi en ce moment...

11/09/2020, 07:25

RBD

Bel effort qui illustre bien le retour en grâce dont bénéficie cet album depuis, disons, une douzaine d'années, et après être passé pour le plus faible dans l'opinion générale jusqu'à la sortie de "Load". Tout est dit ici dans les faits, qui sont au demeurant bien connus. Ce (...)

10/09/2020, 21:27

Arioch91

Sabaton, je n'y prête même plus attention. Pas ma came mais je respecte ceux qui aiment. Y a pas de mauvais Metal. - Le bon Metal, c'est quoi ? Bah tiens, tu prends ce disque là, tu le poses sur la platine, tu écoutes. Bah, c'est du bon Metal. Et le mauvais Metal ? Ah..(...)

10/09/2020, 11:22

Arioch91

J'ai bien aimé celle de David White (Heathen, chant). On sent que l'intérim des gratteux chez Exodus lui a bien cassé les couilles, tout comme le fait que Kragen Lum se soit pointé avec la totalité du nouvel album entièrement composé par lui et que White ne pouvait même pas y apporter ses te(...)

10/09/2020, 11:18

Nubowsky

L’interview de Napalm est toujours aussi intéressante.. quelle conviction et quelle carrière exemplaire.

10/09/2020, 09:45