Into the Deep Madness Abyss

Human Drain

07/07/2017

Autoproduction

Dieu (ou Satan, au choix) sait que le Death technique n’est pas ma tasse de thé. Les rythmiques marteau-piqueur triggées, les riffs interchangeables et pompés sur SUFFOCATION et/ou MORBID ANGEL, le chant grognon qui rebondit sur les parois de la caverne…Non merci.

Mais dès lors qu’un groupe s’en revendique, tout en prônant d’autres valeurs, et faisant de fait preuve d’ouverture, alors mon intérêt s’éveille immédiatement, et parfois, se satisfait grandement du culot de musiciens un peu moins bornés et bourrins que la moyenne.

Ainsi, Bogota, la Colombie, pour un parcours assez chaotique, et un album qui ne l’est pas moins, mais diablement créatif et bouillonnant d’inventivité.

Pourtant, les influences sont là, et classiques. DEATH, CARCASS, CANNIBAL CORPSE, HYPOCRISY, LAMB OF GOD, ROMPEPROP, GRONIBARD, JUDAS PRIEST, OBSCURA, THE FACELESS, AMON AMARTH, PUTRID PILE, CHILDREN OF BODOM, IRON MAIDEN, MEGADETH, en gros, les classiques des classiques et…

Hein, comment ? GRONIBARD ? Là, j’avoue que la mention méritait d’être soulignée, puisqu’un trio colombien se réclamant de l’engeance de nos français farceurs (presque) préférés, n’est pas chose commune. Mais en sachant en sus que les trois acolytes en question aiment à mixer le Thrash, le Death, le Grind, le Goregrind, le Heavy, le Power et touiller le tout avec envie, la chose devient de plus en plus intéressante.

Et l’écoute du Into the Deep Madness Abyss en question achève de dissiper les derniers doutes. Oui, les HUMAN DRAIN sont formellement tarés, le revendiquent, et en sont fiers.

Sauf qu’en plus, ce sont de sacrés musiciens, et des compositeurs complètement flingués. Genre quoi ? Genre un mélange absolument contre nature et risquant l’excommunication entre CARNIVAL in COAL, BEHEMOTH, EXHUMED, DEATH et le CARCASS le plus Heavy, le tout agencé de façon à vous faire tourner en bourrique et vous étrangler d’une multitude de plans qui se percutent à une vitesse de fou. En gros, en substance, en détail et en transe, l’album de Death foutraque et libre de la matraque de l’été, qu’on va écouter, disséquer, analyser et apprécier dans les grandes largeurs sans être sûr de le comprendre.

Et plus c’est difficile, plus j’aime ça. Mais ça, vous le savez aussi, puisque vous aimez aussi.

Alors, allons-y, Oscar Rojas (basse/chant), Gustavo Sierra (guitare/chant) et Rodrigo Rojas (batterie), dernier line-up connu d’un groupe né en 2008, et qui au départ se consacrait à des reprises en tous genres avant d’établir son répertoire suite à une stabilisation de formation presque involontaire. Depuis, du travail, sans relâche, des efforts, mais un don au départ. Celui d’amalgamer des styles extrêmes, en les gardant extrêmes, et en aboutissant à une musique aussi viscérale que brutale, et aussi sadique que ludique. Un peu comme si les PSYKUP, PRIMUS, IWRESTLEDABEARONCE prenaient des cours de Brutal Death en compagnie de Chris Barnes et SUFFOCATION, tout en louchant sur le Gore bien craspec des MORTICIAN et autres LAST DAYS OF HUMANITY.

Tout ça tourne à fond dans la centrifugeuse de leur esprit aux idées brumeuses, et donne des cocktails tutti-frutti/tabasco/menthe à l’eau comme « Paradox », single de l’impossible, qui réussit la gageure de nous donner envie de vomir comme d’aller faire un câlin à notre voisin. Cris porcins, hurlements de zombies du petit matin, mais mélodies de guitare impeccables et rythmique implacable, dans une valse sans hésitation entre une version débraillée et sanglante d’ARCTURUS et une gigue infernale dans les bras d’Arno Strobl.

L’image vous sied ? Le pas de deux vous donne envie d’emballer le premier macchabé rencontré ?

C’est normal, puisque c’est aussi explosif qu’efficace, et aussi harmonique que dégueulasse. Et c’est fait exprès.

Mais plus sérieusement, et au-delà des bons mots et des formules à l’emporte-pièce, Into the Deep Madness Abyss est une gigantesque claque à la morosité ambiante, et se veut aussi groovy qu’il n’est enivrant. On a même le sentiment d’écouter la BO improbable d’un film complètement déjanté, racontant les aventures de flics morts-vivants enquêtant sur la disparition d’un chanteur Death d’opéra dans les rues de Bogota (« Shttuttuttut!»)

Difficile à croire ? Oui, mais tellement plaisant à écouter.

Car lorsqu’un groupe ne recule devant aucun défi, qu’il n’accepte aucune limite, et qu’il se montre aussi ironique que sa musique n’est atomique, le résultat est tout simplement…admirable. Et à ce niveau-là, les HUMAN DRAIN n’ont de leçon à recevoir de personne tant leurs morceaux peuvent se montrer aussi symphoniques qu’ils sont atypiques (« Be Really Dead », instrumental génial de quelques secondes, mais qui font ripailles de vos entrailles).

Et lorsque tout s’emballe et survole des hauteurs Brutal Death à la limite du Gore, nous sommes tous d’accord pour hurler qu’on en veut encore (« I Need to Kill You », oh oui, tuez-moi, mais à grands coups de grognements de plantigrade et de sifflantes d’harmoniques transcendantes). Mais finalement, cet album pourrait symboliser l’équivalent audio d’un épisode bien velu de The Walking Dead, avec attaque de rodeurs les dents pleines d’ardeur (« Infection »), avec une résistance humaine qui commence à salement accuser le coup des pertes (« Human Waste », Brutal Death Heavy et méchamment accrocheur, en équilibre entre blasts, double grosse caisse et saccades rythmiques sadiques), et qui du coup hésite à apprécier la bataille ou à s’en sortir vaille que vaille (« Enjoy Or Hide », mid tempo ou pas, qui pilonne, cartonne, bougonne et taille dans le vif avec des envolées en lead rappelant les bottes secrètes de Larry Lalonde).

Parvenu à ce stade, je suis certain que vous ne voyez toujours pas où je veux en venir. Mais ça, c’est normal, c’est fait pour. Parce qu’expliquer clairement ce que les HUMAN DRAIN ont voulu obtenir en enregistrant Into the Deep Madness Abyss serait comme :

  • Faire preuve d’un manque d’humilité crasse
  • Révéler à un néophyte toutes les subtilités comico-gore de Braindead ou Bad Taste
  • Dire à un pauvre gosse que le Père Noël n’existe pas et que ce sont bien ses parents qui lui achètent ces cadeaux pourris au supermarché du coin.

Et moi, je vous aime. Comme j’aime ces colombiens chafouins. Alors, je vais juste m’arrêter là.


Titres de l'album:

  1. Infection
  2. Human Waste
  3. Onto The Path
  4. Enjoy Or Hide
  5. Move Away
  6. Confusion Train
  7. Paradox
  8. Shttuttuttut!
  9. Be Really Dead
  10. I Need to Kill You

Bandcamp officiel


par mortne2001 le 11/08/2017 à 14:51
85 %    737

Commentaires (1) | Ajouter un commentaire


GuTs!
@186.154.146.26
14/08/2017, 15:53:44
Merci Metalnews! Ravi de vous rencontrer, et de savoir que vous apprécierez notre art!, love from Colombia. (Human Drain) ;)

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Test de nouvelle vidéo

grinder92 11/09/2020

Vidéos

From This Day Forward

mortne2001 10/09/2020

From the past

...And Justice For All

mortne2001 08/09/2020

From the past

Slayer + Megadeth 2011

RBD 05/09/2020

Live Report

Manifest Decimation

mortne2001 31/08/2020

From the past

Opeth 2006

RBD 29/08/2020

Live Report

Widespread Bloodshed/Love Runs Red

mortne2001 24/08/2020

From the past

PILORI / Interview

Baxter 18/08/2020

Interview

Dead can Dance 2013

RBD 15/08/2020

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
grinder92

Du texte en grasDu texte en italiqueDu texte soulignédu texte barrédu texte en vertune liste d'item numérotée(...)

16/09/2020, 22:12

grinder92

 

16/09/2020, 21:51

grinder92

16/09/2020, 21:49

grinder92

  Affichage des smileys

16/09/2020, 16:48

grinder92

 

16/09/2020, 15:51

grinder92

15/09/2020, 22:30

grinder92

15/09/2020, 22:06

grinder92

  

15/09/2020, 19:09

grinder92

 

15/09/2020, 18:39

grinder92

 

15/09/2020, 18:38

grinder92

Affichage de Smileys  

15/09/2020, 13:57

grinder92

test de fonctionnement

15/09/2020, 13:57

senior canardo

gros souvenirs, j'y avais emmené mon neveu de 7 ans et demi ! c'etait drole les regards partagés des gens entre "cool la relève" et "ce n'est pas un endroit approprié pour un enfant " lol. ce qui etait drole aussi le nombre de gens qui se sont barrés après slayer ...comme nous ;)

11/09/2020, 12:32

Humungus

Novateur ? Je ne sais pas du tout ce que la "presse" en dit mais moi je le trouve très varié (y'a tout NAPALM là dedans !), pas mal de côtés GODFLESH aussi... Pis même un titre totalement KILLING JOKIEN ("Amoral"). Bref, j'adore !!! Album de l'année ???

11/09/2020, 10:59

Living Monstrosity

Barney, toujours aussi intéressant en interview. Bon sang j'adore ce type !!! J'adore l'écart qu'il y a (toujours eu) entre l'aspect brutal de leur musique et le fond, l'esprit derrière tout ça. Quant au dernier album, j'ai bien envie de craquer aussi... Il est aussi "novateur(...)

11/09/2020, 08:04

Humungus

Nubowsky + 1000000 !!! Le dernier album en date est juste EX-TRA-OR-DI-NAIRE !!! !!! !!! Il tourne en boucle chez moi en ce moment...

11/09/2020, 07:25

RBD

Bel effort qui illustre bien le retour en grâce dont bénéficie cet album depuis, disons, une douzaine d'années, et après être passé pour le plus faible dans l'opinion générale jusqu'à la sortie de "Load". Tout est dit ici dans les faits, qui sont au demeurant bien connus. Ce (...)

10/09/2020, 21:27

Arioch91

Sabaton, je n'y prête même plus attention. Pas ma came mais je respecte ceux qui aiment. Y a pas de mauvais Metal. - Le bon Metal, c'est quoi ? Bah tiens, tu prends ce disque là, tu le poses sur la platine, tu écoutes. Bah, c'est du bon Metal. Et le mauvais Metal ? Ah..(...)

10/09/2020, 11:22

Arioch91

J'ai bien aimé celle de David White (Heathen, chant). On sent que l'intérim des gratteux chez Exodus lui a bien cassé les couilles, tout comme le fait que Kragen Lum se soit pointé avec la totalité du nouvel album entièrement composé par lui et que White ne pouvait même pas y apporter ses te(...)

10/09/2020, 11:18

Nubowsky

L’interview de Napalm est toujours aussi intéressante.. quelle conviction et quelle carrière exemplaire.

10/09/2020, 09:45