Déjà quatre ans que nous étions sans nouvelles des parisiens de THE GREAT DIVIDE, et le temps commençait à se faire long. Il est certain que White Bird, publié en 2014 montrait des signes d'indépendance flagrants, alors que leur premier LP, Tale Of Innocence And Experience, était encore méchamment sous influence deux ans plus tôt. On le savait, les frenchies avaient du mal à s'écarter du tutorat d'un COMEBACK KID qui leur convenait parfaitement (au point que leur premier single s'enorgueillissait du parrainage de Scott Wade himself), mais on les sentait capables de s'extirper de cette ombre tamisant leur lumière, ce que le dernier EP présageait de façon plus affirmée. C'est donc avec plaisir, mais aussi quelques interrogations que nous accueillons ce second longue durée, Linger Over Linger On, qui entérine les espoirs placés en eux, en révélant un visage terriblement plus personnel qui leur sied à merveille. On a désormais beaucoup plus de mal à situer leur Hardcore moderne et légèrement Post sur une carte précise, tant le groupe s'évertue à multiplier les pistes, sans pour autant sombrer dans l'hétérogénéité déplacée ou forcée. Mais entre des couplets vraiment efficaces et des refrains entonnés à plusieurs voix qui font mouche à chaque fois, le bilan est plus que satisfaisant, d'autant plus que le combo parisien à choisi la voie de la concision, en stoppant le timing juste au-dessus de la barre fatidique de la demi-heure. Certes, quelques éléments de ci de là rappellent leurs débuts, notamment dans les passages mélodiques les plus “faciles”, mais les points forts sont tellement probants qu'on excuse encore ces quelques toutes petites erreurs de jeunesse.
Mélodique, le terme est lâché, puisqu'il colle à la peau des THE GREAT DIVIDE. Mais cette propension à diluer la brutalité dans l'harmonie ne doit pas faire oublier que c'est la puissance qui prédomine, la plupart du temps méchamment d'ailleurs, produisant de fait une série impressionnante d’uppercuts Hardcore contemporains, témoignant d'un métier qui commence à rentrer. Impossible en substance de résister à une entrée en matière aussi percutante que « @realDonald », qui de son énorme riff redondant nous met dans le bain, agressif comme une meute de pitbulls affamés, et aiguisé comme une lame inoxydable fièrement exhibée. Le groupe est en place, et la rythmique inventive et bondissante permet toutes les audaces aux guitares, qui ne se privent pas pour s'exprimer, le long de riffs effilés. Le chant est de plus en plus assuré, et la mise en place carrée, pour une démonstration de style et de force qui place l'album sous les meilleurs augures. Mais le groupe n'en a pas pour autant choisi la facilité en frappant coup sur coup, puisque « Anyone Evermore » se la joue Post juste ce qu'il faut pour se rapprocher des DEFTONES première période, tout en accélérant la cadence pour ne pas sombrer dans le contemplatif à outrance. Mais en deux morceaux, les parisiens nous cueillent à froid et soufflent le chaud, histoire de s'excuser de cette absence prolongée. Panaché de chansons qui ne se contentent pas d'un schéma préparé, Linger Over Linger On alterne les ambiances et les durées, et sait distiller l'immédiat comme le développé, et l'instinctif comme le directif. Ne se laissant plus embrouiller par des références un peu trop envahissantes, le groupe taille sa route et lâche quelques pamphlets au passage, servis par un son aux petits oignons au bel équilibre Hardcore de tradition/ Post de saison, pour un melting-pot séduisant et convaincant.
On sent que les musiciens ont travaillé leur copie, qu'ils remettent presque immaculée, mais encore assez souillée pour garder une street credibility, offrant ainsi sur un plateau deux superbes interludes (“Wave I” et “Wave II”), permettant d'effectuer des transitions en douceur entre deux moments de douleur. Lorsque l'humeur est tendue, l'impact est rendu, au centuple, et “The Books” de hurler son urgence, catapulté par un up-tempo méchamment rageur et des lignes de chant toutes en aigreur. Guitares soudainement plus posées, et alternance de violence, pour des thèmes aussi accrocheurs qu'une épingle à nourrice dans le cœur, et “CIFO” de se rapprocher des racines les plus crédibles du genre, au point de se mettre à la colle avec les origines US les plus notables. Sans se mettre à table, les THE GREAT DIVIDE avouent implicitement qu'il était temps de trouver leur propre style, et de le développer pour le rendre quasiment imperfectible. On sent toute la rage des riffs qui taillent dans le gras pour ne disposer dans les plats que les tranches les plus finement coupées, alors que la rythmique nuance et module, avance et recule, pour marteler son beat forcené, ou pour suggérer des instants de calme mérités. Mais même en pratiquant l'ouverture, Linger Over Linger On nous traite à la dure, même si par moments, on sent que les mecs ont envie de séduire, comme le démontre sans honte ce contagieux “Wise”, aux couplets parfaitement Post, et au refrain ardemment Core. Osmose, partage des tâches en tout raisonnement, pour une logique implacable, qui transforme cet espoir en confirmation. Nous savons désormais que le quatuor à les armes pour conquérir l'Europe, et pourquoi pas le monde, en défiant sur leur propre terrain les anglais et les américains.
En variant suffisamment la donne du début à la fin, les parisiens tiennent le rythme et ne le lâchent jamais, se permettant même de l'accélérer lorsque l'intensité le réclame, histoire de nous brûler les tympans d'un “Ubac” vraiment véhément, qui impose un phrasé heurté. Et en final/épilogue, le title-track laisse voguer la pirogue, en reprenant à son compte les principes précédents, mais les étalant sur un timing moins serré pour mieux les asséner. Toujours à cheval entre Hardcore rugueux et mélodique furieux, mais sans avoir à choisir un camp plutôt que les deux, les THE GREAT DIVIDE prouvent que les années passées dans l'ombre ont été mises à profit, et que leur retour risque de déclencher l'euphorie. On se prend à rêver d'entendre ces brûlots sur scène, face à un public bien chauffé, qui reprendra en cœur tous ces refrains bien huilés. La mécanique des fluides joue donc en faveur de Linger Over Linger On qui incarne aujourd'hui un instantané fidèle du groupe qu'il représente, mais aussi celui d'une scène Hardcore mélodique nationale toujours en bonne santé. A la vôtre les mecs!
Titres de l'album:
Du texte en grasDu texte en italiqueDu texte soulignédu texte barrédu texte en vertune liste d'item numérotée(...)
16/09/2020, 22:12
16/09/2020, 21:49
15/09/2020, 22:30
15/09/2020, 22:06
gros souvenirs, j'y avais emmené mon neveu de 7 ans et demi ! c'etait drole les regards partagés des gens entre "cool la relève" et "ce n'est pas un endroit approprié pour un enfant " lol. ce qui etait drole aussi le nombre de gens qui se sont barrés après slayer ...comme nous ;)
11/09/2020, 12:32
Novateur ? Je ne sais pas du tout ce que la "presse" en dit mais moi je le trouve très varié (y'a tout NAPALM là dedans !), pas mal de côtés GODFLESH aussi... Pis même un titre totalement KILLING JOKIEN ("Amoral"). Bref, j'adore !!! Album de l'année ???
11/09/2020, 10:59
Barney, toujours aussi intéressant en interview. Bon sang j'adore ce type !!! J'adore l'écart qu'il y a (toujours eu) entre l'aspect brutal de leur musique et le fond, l'esprit derrière tout ça. Quant au dernier album, j'ai bien envie de craquer aussi... Il est aussi "novateur(...)
11/09/2020, 08:04
Nubowsky + 1000000 !!! Le dernier album en date est juste EX-TRA-OR-DI-NAIRE !!! !!! !!! Il tourne en boucle chez moi en ce moment...
11/09/2020, 07:25
Bel effort qui illustre bien le retour en grâce dont bénéficie cet album depuis, disons, une douzaine d'années, et après être passé pour le plus faible dans l'opinion générale jusqu'à la sortie de "Load". Tout est dit ici dans les faits, qui sont au demeurant bien connus. Ce (...)
10/09/2020, 21:27
Sabaton, je n'y prête même plus attention. Pas ma came mais je respecte ceux qui aiment. Y a pas de mauvais Metal. - Le bon Metal, c'est quoi ? Bah tiens, tu prends ce disque là, tu le poses sur la platine, tu écoutes. Bah, c'est du bon Metal. Et le mauvais Metal ? Ah..(...)
10/09/2020, 11:22
J'ai bien aimé celle de David White (Heathen, chant). On sent que l'intérim des gratteux chez Exodus lui a bien cassé les couilles, tout comme le fait que Kragen Lum se soit pointé avec la totalité du nouvel album entièrement composé par lui et que White ne pouvait même pas y apporter ses te(...)
10/09/2020, 11:18
L’interview de Napalm est toujours aussi intéressante.. quelle conviction et quelle carrière exemplaire.
10/09/2020, 09:45