Necrotic Verses

Death Courier

05/06/2020

Transcending Obscurity

Je découvre encore ce matin un groupe qui n’est pas né de la dernière pluie d’acide, puisque les origines de DEATH COURIER remontent à la fin des années 80, alors que le groupe était l’un des pionniers de la scène extrême underground grecque. Formé en 1987 à Patras, le groupe a alors connu un début de carrière de quelques années étalées entre 87 et 1993, parvenant même avant son premier split à publier une kyrielle de démos, un EP, et même un LP initial, Demise, un an avant sa séparation. Dommage dira-t-on, mais ça n’était que partie remise, puisque la bête s’est relevée quelques temps plus tard sous l’impulsion de Billy Soulas, peu décidé à voir son bébé partir avec l’eau des toilettes d’Athènes. C’est ainsi qu’en 2009, seize ans après sa disparition, l’hydre à trois têtes se mit en sienne de reconquérir le monde, et nous offrit un second long en 2013, Perimortem. Mais en sept ans, le groupe ne fut pas des plus productifs, et malgré un split, un live (Die Hard), et une compilation regroupant ses démos et son EP (Necrorgasm, 1990), pas de matériel frais à se mettre sous le caveau, jusqu’à ce que 2020 célèbre le retour en fanfare des bestiaux. Et c’est le fameux label Transcending Obscurity qui se joint à la fête en nous proposant ce Necrotic Verses dans divers formats, troisième LP en plus de trente ans de carrière, et bien décidé à mettre les choses au point et à replacer les grecs sur l’échiquier de la brutalité européenne. Pour ce faire, pas grand changement dans la continuité, toujours cette hybridation entre Thrash et Death, et une furieuse envie d’en découdre, teintée d’ambitions de compositions qui sont manifestes dans leur simplicité effective. Soyons clair, Necrotic Verses ne propose rien de neuf, mais affiche une bonne santé, et si les webzines du monde entier se montrent assez dithyrambiques à propos de l’objet en question, il convient de modérer quelque peu leur enthousiasme pour juger de la bête en toute objectivité.

DEATH COURIER est un pur produit de sa génération, celle émergeant du marigot de l’humanité à la fin des eighties pour définir les courants putrides des nineties, décade où le genre explosa sur le marché. Seul membre d’origine, Billy Soulas (basse/chant) est secondé depuis 2009 par George Petousis à la guitare circulaire, et depuis 2014 par la frappe d’Ilias Iliopoulos, et continue son chemin comme un Paul Speckmann, fier de ses origines, et peu enclin à faire la moindre concession aux normes actuelles. C’est donc une nouvelle tranche de Death traditionnel à laquelle nous avons droit, sur laquelle de gros riffs bien épais ont été étalés façon rillettes de l’enfer, avec une grosse pincée de condiments épicés pour relever le tout. On retrouve donc l’énergie d’un trio qui ne se dément pas pendant une grosse demi-heure, des morceaux simples joués avec les tripes, des grognements sourds, des changements de tempo à l’avenant, et une tendance à la brutalité très appuyée. Il n’est pas rare que les titres soient entamés par un orage de blasts assez dense, avant que le rythme ne change quelque peu pour offrir des cassures salvatrices et dynamiques. Bien évidemment, le tout est dominé par la voix caverneuse de Billy, mais ce qu’on remarque avant tout, c’est le jeu incroyable d’un batteur à trois mains qui colle des fills partout et qui utilise ses mollets comme Steve Austin, lâchant des parties de double incroyables de vélocité, tout en maltraitant sa caisse claire avec la régularité d’un fusil mitrailleur.

En quatre coups de caisse claire bien secs, « Necrotic Verses » plonge dans le bain de folie, et définit le rythme à tenir sur toute la durée de l’album. Les blasts affilient les grecs à la frange la plus dure des acteurs du Death Metal classique, tandis que les breaks plus fluides confèrent la patine souple Thrash qui rend les attaques plus digestes. Et une fois ce coup de semonce frappé, le reste n’a plus qu’à suivre la ligne de conduite, sans dévier de sa trajectoire. En proposant un troisième album très formel, les grecs jouent la sécurité, mais surtout l’efficacité. Sans sombrer dans la prétention d’un Death trop technique et démonstratif, mais en étayant leurs thèses brutales de quelques finesses personnelles, les trois instrumentistes font preuve d’un savoir-faire qui remonte aux origines du genre, et sans le trahir, ils lui offrent un éclairage contemporain. Doté d’une production sans artifices, mais efficace et ne laissant pas la basse se noyer dans les fréquences, emballé dans un superbe artwork signé Misanthropic Art, Necrotic Verses ne trahit en rien les promesses de son titre, rappelle les débuts de GORGUTS, maltraite quelques harmonies acides, et offre un nombre conséquent de plans qui ne font qu’ajouter à la frénésie de l’ensemble. Certes, on a parfois du mal à distinguer les morceaux, mais avec un abattage pareil, un chant aussi sourd, et des riffs qui se suivent et s’enfilent à une vitesse infernale, pas le temps de trop réfléchir, et l’effet « claque dans la tronche » est maximal. Roi du blast qui tombe comme une pluie d’orage, Ilias Iliopoulos turbine comme une centrale atomique, rappelant les meilleurs batteurs du cru, avec sa frappe hystérique, mais précise. Les quelques passages lents permettent de respirer quelques secondes, mais pas trop longtemps pour ne pas perdre cette sensation d’apnée générale. Et c’est ainsi que la cadence ne faiblit jamais jusqu’à « Visceral Slice », proposant près de trente minutes d’attaque ininterrompue.

Le final « Remnants » propose un épilogue un peu différent en prenant son temps, pour plus de six minutes de démonstration renvoyant au meilleur de MALEVOLENT CREATION et DEMOLITION HAMMER, avec une grosse touche de SUFFOCATION par-dessus. Passés depuis longtemps maîtres dans l’art de la destruction, les DEATH COURIER continuent donc le massacre sans penser au lendemain, mais en s’appuyant sur une longue expérience de sadisme musical. Un LP Death résolument old-school de par la nature de pionniers des instrumentistes, mais qui fait méchamment du bien à l’âme souillée par les vices de l’humanité.

          

Titres de l’album :

01. Necrotic Verses

02. Mourning Ecstasy

03. As Heaven Blends With Roth

04. When Death Fits to Skin

05. Interlude

06. Pillars of Murk

07. Morsimon Imar

08. Immune to Burial

09. Visceral Slice

10. Remnants


Facebook officiel

Bandcamp officiel


par mortne2001 le 16/12/2020 à 17:41
78 %    215

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Test de nouvelle vidéo

grinder92 11/09/2020

Vidéos

From This Day Forward

mortne2001 10/09/2020

From the past

...And Justice For All

mortne2001 08/09/2020

From the past

Slayer + Megadeth 2011

RBD 05/09/2020

Live Report

Manifest Decimation

mortne2001 31/08/2020

From the past

Opeth 2006

RBD 29/08/2020

Live Report

Widespread Bloodshed/Love Runs Red

mortne2001 24/08/2020

From the past

PILORI / Interview

Baxter 18/08/2020

Interview

Dead can Dance 2013

RBD 15/08/2020

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
grinder92

Du texte en grasDu texte en italiqueDu texte soulignédu texte barrédu texte en vertune liste d'item numérotée(...)

16/09/2020, 22:12

grinder92

 

16/09/2020, 21:51

grinder92

16/09/2020, 21:49

grinder92

  Affichage des smileys

16/09/2020, 16:48

grinder92

 

16/09/2020, 15:51

grinder92

15/09/2020, 22:30

grinder92

15/09/2020, 22:06

grinder92

  

15/09/2020, 19:09

grinder92

 

15/09/2020, 18:39

grinder92

 

15/09/2020, 18:38

grinder92

Affichage de Smileys  

15/09/2020, 13:57

grinder92

test de fonctionnement

15/09/2020, 13:57

senior canardo

gros souvenirs, j'y avais emmené mon neveu de 7 ans et demi ! c'etait drole les regards partagés des gens entre "cool la relève" et "ce n'est pas un endroit approprié pour un enfant " lol. ce qui etait drole aussi le nombre de gens qui se sont barrés après slayer ...comme nous ;)

11/09/2020, 12:32

Humungus

Novateur ? Je ne sais pas du tout ce que la "presse" en dit mais moi je le trouve très varié (y'a tout NAPALM là dedans !), pas mal de côtés GODFLESH aussi... Pis même un titre totalement KILLING JOKIEN ("Amoral"). Bref, j'adore !!! Album de l'année ???

11/09/2020, 10:59

Living Monstrosity

Barney, toujours aussi intéressant en interview. Bon sang j'adore ce type !!! J'adore l'écart qu'il y a (toujours eu) entre l'aspect brutal de leur musique et le fond, l'esprit derrière tout ça. Quant au dernier album, j'ai bien envie de craquer aussi... Il est aussi "novateur(...)

11/09/2020, 08:04

Humungus

Nubowsky + 1000000 !!! Le dernier album en date est juste EX-TRA-OR-DI-NAIRE !!! !!! !!! Il tourne en boucle chez moi en ce moment...

11/09/2020, 07:25

RBD

Bel effort qui illustre bien le retour en grâce dont bénéficie cet album depuis, disons, une douzaine d'années, et après être passé pour le plus faible dans l'opinion générale jusqu'à la sortie de "Load". Tout est dit ici dans les faits, qui sont au demeurant bien connus. Ce (...)

10/09/2020, 21:27

Arioch91

Sabaton, je n'y prête même plus attention. Pas ma came mais je respecte ceux qui aiment. Y a pas de mauvais Metal. - Le bon Metal, c'est quoi ? Bah tiens, tu prends ce disque là, tu le poses sur la platine, tu écoutes. Bah, c'est du bon Metal. Et le mauvais Metal ? Ah..(...)

10/09/2020, 11:22

Arioch91

J'ai bien aimé celle de David White (Heathen, chant). On sent que l'intérim des gratteux chez Exodus lui a bien cassé les couilles, tout comme le fait que Kragen Lum se soit pointé avec la totalité du nouvel album entièrement composé par lui et que White ne pouvait même pas y apporter ses te(...)

10/09/2020, 11:18

Nubowsky

L’interview de Napalm est toujours aussi intéressante.. quelle conviction et quelle carrière exemplaire.

10/09/2020, 09:45