Oyez, oyez, amateurs de brutalité à l’ancienne, votre jour de chance est arrivé. De la perfide Albion nous en revient l’un des représentants les plus dignes de la vieille école anglaise, et c’est avec une joie mêlée de crainte que nous nous apprêtons à affronter les envahisseurs de REPULSIVE VISION. Il faut dire que le groupe s’était fait plutôt discret ces derniers temps, son premier long Look Past the Gore and See the Art accusant aujourd’hui trois ans d’âge. Ce début tonitruant laissait augurer d’une suite savoureuse, et c’est pourtant avec fermeté que Matt Davidson présente ce second chapitre de la saga. Si les débuts du groupe rimaient en effet avec ses stances personnelles, aujourd’hui, la horde est soudée, et travaille main dans la main. Et si Look Past the Gore and See the Art nous donnait déjà des céphalées de ses tonalités cruelles, Necrovictology est selon l’impétueux guitariste une amélioration notable de son optique, et un perfectionnement absolu des méthodes d’abordage. Nous ne demandons qu’à croire l’homme, d’autant que son honnêteté ne saurait être remise en cause. Dans une récente interview, le guitariste/chanteur s’est montré très enthousiaste du résultat obtenu, qui semble correspondre parfaitement à l’optique qu’il avait de son projet. Et en tendant brièvement les oreilles sur le résultat, impossible de le contredire. Necrovictology est une véritable déclaration d’intention, une énorme caillasse bombardée à la catapulte nucléaire, avec en guise de première ligne des démons-zombis assoiffés de sang qui n’ont pas peur de le faire couler par la jugulaire. En dopant son inspiration purement Death d’une grosse dose de nitro extérieure, REPULSIVE VISION nous livre un des efforts les plus jouissifs de cette seconde partie d’une année 2020 qui en avait cruellement besoin.
Fondé en 2010, REPULSIVE VISION était donc à l’origine un one-man-band initié par la créativité de Matt (WOMBBATH, HENRY KANE (live), ex-DOG SNOT, ex-ENSNARED, ex-RECOIL), avant qu’il ne trouve les bons compagnons de jeu. Aujourd’hui flanqué de Danny McEwan au chant, de Gary Young à la batterie et de Mark Kirby à la basse, Matt propose donc un réel effort de groupe dans lequel chaque musicien à voix au chapitre, et on sent cette cohésion assez rapidement en s’envoyant le pamphlet d’ouverture « Other Than Divine ». Ce monstrueux morceau permet d’afficher un featuring de la légende Max Otero de MERCYLESS, venu grogner de concert, et trace la ligne à suivre pendant l’heure qui suit : un Death très anglais dans le fond, mélangeant les racines de BENEDICTION, NAPALM DEATH avec les antécédents Punk de DISCHARGE, NAUSEA, et DRILLER KILLER pour n’en nommer que quelques-uns. Matt ne rechigne d’ailleurs pas à coller l’étiquette de « Crust filled old-school Death Metal » à sa musique, ce qui en dit long sur sa franchise. Et en effet, malgré des influences évidentes affichées (CARCASS, OBITUARY, ENTOMBED, BLACK SABBATH, REPULSION, SEPREVATION, DEATH, CATHEDRAL, CANDLEMASS, NAPALM DEATH, AT THE GATES, TERRORIZER, DRILLER KILLER, CANNIBAL CORPSE, MORTA SKULD, MORBID ANGEL, ATHEIST, EXHUMED, EDGE OF SANITY, WORMROT), REPULSIVE VISION reste assez unique dans son parti-pris, dopant son Metal de la mort d’une énergie Punk et Hardcore assez démoniaque. Distribué par la subdivision de Target Group, Emanzipation Productions (spécialisée dans le Death nostalgique), Necrovictology est une notice nécrologique d’un groupe bien vivant et déterminé à le montrer, qui capitalise sur un son parfait et sec pour propager son message pas si passéiste que ça.
Tablant sur l’efficacité d’un chant à deux voix hérité de la tradition CARCASS/DEICIDE, le groupe aligne les riffs mortels, les accélérations en 5G et les harangues vocales déchaînées pour nous entraîner dans sa folie de vélocité, qui toutefois n’abuse pas du chaos des blasts pour se montrer persuasive et contagieuse. Un morceau aussi entêtant que « Nepotism-Social Chameleon » synthétise d’ailleurs assez bien la démarche, avec son riff d’intro plaqué sur un tempo purement D-beat/Crust. Les voix de Matt et Danny se complètent alors à merveille, et l’ensemble dégage un entêtant parfum CARCASS/URSUT, comme si le Death et le Crust étaient réconciliés à jamais. On sent que le groupe capitalise sur ses racines anglaises pour se détacher de masse grouillante de groupes focalisés sur la Floride ou la Suède, même si « Other Than Divine » n’est pas dénué d’une petite touche AT THE GATES parfaitement délicieuse. Mais peu importent les origines, peu importent les influences, seule l’énergie compte, et à ce niveau-là, Necrovictology est un énorme concentré d’explosifs chargé sur un vieux camion décati et prêt à sortir de la route. Sorte d’équivalent musical du Salaire de la Peur, ce second LP prend un malin plaisir à trimbaler sa cargaison dangereuse sur les nids de poule, les dos d’âne, sans jamais ralentir sa cadence, pour donner encore plus de sueurs froides. S’appuyant sur un batteur au rendement de moissonneuse, Matt n’a plus qu’à lâcher ses riffs pas si classiques qu’ils n’en ont l’air, la voix délicatement sourde et scandinave de Danny n’a plus qu’à faire le reste du boulot. Le tout passe comme une gigantesque tornade ravageant les côtes bretonnes, avec des débarquements de troupes qui filent les jetons (« Exterior Of Normality »), des positions consolidées par des tempi plus posés (« Draconian Reprisals »), et de soudaines embardées vers les lignes ennemies, les armes en avant et toutes les dents dehors (« Selfless »).
Transpirant la haine de la demi-mesure par tous les pores, Necrovictology rentre dans le lard, sans oublier le swing, groove comme un derviche monté sur ressort, et nous offre l’euphorie d’un Death Metal vraiment festif (« Regret », grogné avec LandPhil de CANNABIS CORPSE/IRON REAGAN/MUNICIPAL WASTE). Résultat, quarante minutes de Death qui n’oublie pas ses accroches Thrash, une grosse claque à la mauvaise humeur, et certainement l’un des albums d’OSDM de l’année. Oh yeah.
Titres de l’album :
01. Other Than Divine (Ft. Max Otero)
02. Exterior Of Normality
03. Necrovictology
04. Blind Loyalty
05. Draconian Reprisals
06. Selfless
07. Echoes Of Deceit (Instrumental)
08. Through Gaslit Halls
09. Regret (Ft. LandPhil)
10. A Lifetime Of Suffering Deserved
11. Nepotism-Social Chameleon
12. To Delve The Depths ...
13. Paraskevidekatriaphobia
Du texte en grasDu texte en italiqueDu texte soulignédu texte barrédu texte en vertune liste d'item numérotée(...)
16/09/2020, 22:12
16/09/2020, 21:49
15/09/2020, 22:30
15/09/2020, 22:06
gros souvenirs, j'y avais emmené mon neveu de 7 ans et demi ! c'etait drole les regards partagés des gens entre "cool la relève" et "ce n'est pas un endroit approprié pour un enfant " lol. ce qui etait drole aussi le nombre de gens qui se sont barrés après slayer ...comme nous ;)
11/09/2020, 12:32
Novateur ? Je ne sais pas du tout ce que la "presse" en dit mais moi je le trouve très varié (y'a tout NAPALM là dedans !), pas mal de côtés GODFLESH aussi... Pis même un titre totalement KILLING JOKIEN ("Amoral"). Bref, j'adore !!! Album de l'année ???
11/09/2020, 10:59
Barney, toujours aussi intéressant en interview. Bon sang j'adore ce type !!! J'adore l'écart qu'il y a (toujours eu) entre l'aspect brutal de leur musique et le fond, l'esprit derrière tout ça. Quant au dernier album, j'ai bien envie de craquer aussi... Il est aussi "novateur(...)
11/09/2020, 08:04
Nubowsky + 1000000 !!! Le dernier album en date est juste EX-TRA-OR-DI-NAIRE !!! !!! !!! Il tourne en boucle chez moi en ce moment...
11/09/2020, 07:25
Bel effort qui illustre bien le retour en grâce dont bénéficie cet album depuis, disons, une douzaine d'années, et après être passé pour le plus faible dans l'opinion générale jusqu'à la sortie de "Load". Tout est dit ici dans les faits, qui sont au demeurant bien connus. Ce (...)
10/09/2020, 21:27
Sabaton, je n'y prête même plus attention. Pas ma came mais je respecte ceux qui aiment. Y a pas de mauvais Metal. - Le bon Metal, c'est quoi ? Bah tiens, tu prends ce disque là, tu le poses sur la platine, tu écoutes. Bah, c'est du bon Metal. Et le mauvais Metal ? Ah..(...)
10/09/2020, 11:22
J'ai bien aimé celle de David White (Heathen, chant). On sent que l'intérim des gratteux chez Exodus lui a bien cassé les couilles, tout comme le fait que Kragen Lum se soit pointé avec la totalité du nouvel album entièrement composé par lui et que White ne pouvait même pas y apporter ses te(...)
10/09/2020, 11:18
L’interview de Napalm est toujours aussi intéressante.. quelle conviction et quelle carrière exemplaire.
10/09/2020, 09:45