Organa

Organa

09/08/2017

Autoproduction

Une nouvelle découverte venue d’Allemagne qui décidément ce matin a décidé de prouver sa supériorité dans tous les créneaux extrêmes disponibles. Cette fois-ci, pas d’Industriel à l’horizon, ni de Black Metal, encore moins de Thrash radical, mais plutôt une forme de Néo Crust très sombre et évolutive, qui se nourrit de l’essence même du style en l’ouvrant à des perspective encore plus ténébreuses que d’habitude. Peu de tuyaux à se mettre sous la dent concernant ces nouveaux pourfendeurs de violence stridente, mis à part quelques initiales qui ne disent pas grand-chose, et un laïus de présentation qu’on pourrait attribuer à n’importe quel groupe de la nouvelle génération.

Alors sachez pour info que les ORGANA sont anti fascistes, anti racistes, anti nationalistes et anti sexistes, anti homophobie et toute forme d’oppression. La règle est d’usage de nos jours, mais ne vous attendez pas pour autant à un discours musicalement correct, puisque l’assaut de nos amis de NRW est plutôt du genre salée, et juste assez brève pour nous laisser sonnés.

Disponible en version dématérialisée, mais aussi en tape via Colossus Tapes, ce premier EP est peu ou prou à l’image de sa pochette énigmatique et obscure, et propose un Crust tirant sur un Hardcore très abrasif et sans pitié, spécialement pour vos oreilles.

Adeptes de riffs vraiment noirs et souillés et d’un chant bien évidemment époumoné, les allemands savent rester en terrain balisé tout en semant quelques idées très personnelles sur le chemin. On sent les influences de cette nouvelle génération spontanée qui aime à brouiller les pistes en croisant les genres, mais la violence sous-jacente et bien présente finalement fait le travail grâce à une rythmique inspirée et une guitare déprimée, et les morceaux s’enchaînent dans une désillusion totale qui n’infléchit pas pour autant la puissance déployée. Ces mêmes morceaux se plaisent à évoluer dans le cercle restreint d’un format très resserré, évoquant parfois la vilénie instrumentale dissonante d’un UNSANE encore plus agressif  (« Desensibilisiert », qui en effet a de quoi désensibiliser le plus émotif d’entre vous), ou celle d’un DISCHARGE tombé dans un creuset de Chaotic Core dont il ne parvient plus à s’extraire (« Draisine »). Comme vous le constatez, les influences sont une fois de plus multiples et ouvertes, mais fondues dans un bain d’acide hautement corrosif, qui vous arrache les chairs d’un feedback vraiment traumatique. Basse qui ronfle son ennui, guitare qui torture sa révolte, et chant qui vomit sa bile sur les extrémistes de tout poil, pour une union parfaite entre lucidité et brutalité instrumentale.

Pas plus de deux minutes et une poignée de secondes, telle est la règle. Mais les ORGANA l’acceptent et la maîtrisent du haut de leur gravité de thèmes, et des hymnes à la lucidité comme « Columba » en sont les témoins de leur chaos savamment agencé, qui sème même quelques blasts épars sur le chemin avant de se fixer sur un tempo gluant qui vous colle au bitume. Les plans se succèdent, tous aussi vénéneux les uns que les autres, et susceptibles de faire passer les NAILS pour de gentils planteurs de clous sur tuteurs. Mais du côté d’Organa, les fleurs ne poussent pas, même pas celles du mal, et tout fane avant éclosion. Et ce premier EP devient de fait très impressionnant, non de par son originalité, mais de par sa pugnacité un peu la tête penchée qui regarde l’avenir par le prisme de la violence, pas du tout larvée et bruyamment exprimée. Ainsi, le cavalant et interrompu « Bleischürze » justifie tous les débordements possibles, du dédoublement des voix jusqu’aux changements de tempo pilotés à l’aveugle, qui confèrent à cette composition toute l’urgence électrique dont elle avait besoin.

Pourtant quelques rares mélodies Post parviennent à se tailler un chemin vers une lumière pale, en tamisant les arpèges pour les décharner au maximum avant une énième poussée de puissance soufflante.

« Methode » l’explique d’ailleurs, de sa rapidité hystérique, et de ses saccades Metal assez surprenantes pour un groupe qui ne semble pas forcément partager d’accointances avec notre monde un peu trop standardisé. Alors on casse le moule, on laisse le larsen briser les tympans, on martèle un beat vraiment oppressant, et on fait passer le message coûte que coûte, histoire de laisser les masses se débrouiller avec.

ORGANA et son éponyme entame est vraiment symptomatique de cette scène allemande, à la lisière du Hardcore et du Crust qui ne choisit que les matières les plus opaques pour travailler ses créations. Avec une outro discrète et inquiétante, le quatuor allemand nous laisse augurer d’une suite pas vraiment plus gaie, mais qu’on attend quand même comme l’annonce de la dernière catastrophe meurtrière à la télévision. Un groupe ancré dans son époque, qui la conchie, mais qui propose quand même des solutions.


Titres de l'album:

  1. Intro
  2. Desensibilisiert
  3. Schleier
  4. Draisine
  5. Columba
  6. Bleischürze
  7. Methode

Bandcamp officiel


par mortne2001 le 29/08/2017 à 17:59
70 %    769

Commentaires (1) | Ajouter un commentaire


Noohmsul
membre enregistré
31/08/2017, 11:10:53
L'extrait est très bon ! Ca me rappel un peu ce très bon groupe qu'était Some Pedestrian, bien que ce soit assez différent

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