Pacifisticuffs

Diablo Swing Orchestra

08/12/2017

Candlelight Records

« Tout ça n’était donc pas qu’un simple coup de bol, mais bien une affaire de talent. Huit musiciens volubiles, impossibles à cadrer et encore moins à maîtriser…Des fous du volant version Satanas et Diabolo pleine bourre qui ne redoutent rien. Mais ça m’épuise tout ça…Quand vais-je pourvoir remiser mon loup de côté et me reposer un peu, hein les gars ?

Vous êtes infatigables décidemment….Mais continuez nom de Dieu, continuez !!! »

Il y a cinq ans, c’est de cette façon que je terminais ma chronique de Pandora's Piñata des DIABLO SWING ORCHESTRA. Et je ne sais pas si mon injonction leur a fait peur à l’époque, ou bien était-ce peut-être mon enthousiasme, mais depuis, j’étais sans nouvelles d’eux, et mon univers s’en trouvait beaucoup moins joyeux…Je me posais des questions, ayant quand même en ma possession quelques éléments pour juger de leur continuité, mais l’inquiétude s’installait. D’autant que les suédois avaient parlé d’un album à paraître en 2014, après un renouvellement de line-up, mais après trois ans passés à les attendre pour reprendre la fête transcendante, je m’angoissais sévère…Etaient-ils encore capables de nous surprendre, ou au moins de revenir ne serait-ce qu’un instant pour nous entraîner de nouveau dans leur monde baroque n’roll ? Aujourd’hui, la réponse s’éclaire d’un soleil d’hiver, qui dessine de ses rais un gigantesque « oui » sur l’ombre du passé, et je dois reconnaître que mon petit cœur se sent soulagé. Néanmoins, les interrogations planaient. Beaucoup s’étaient montrés déçus de leur troisième album en date (frange de leur auditorat donc je ne faisais pas partie), et surtout, inquiets du départ de la vocaliste démente Annlouice Lögdlund, celle-là même qui sublimait de ses excès lyriques la déclaration « Voodoo Mon Amour » qui entamait ce troisième chapitre de la façon la plus romantico-tonitruante qui fut. Depuis, c’est Kristin Evegård qui a repris les vocal duties, et admettons après quelques minutes que la nouvelle Castafiore de l’octette suédois s’est parfaitement intégrée au global, à tel point que les chaussures à talons lui vont parfaitement bien. La nouvelle Cendrillon n’aura donc pas à chercher ses pantoufles de vair, puisque les musiciens lui ont offert sur un plateau, bien après minuit, mais sans que son carrosse ne se transforme de façon un peu rosse en citrouille.

L’autre acteur/cogneur à avoir rejoint la troupe de saltimbanques barges, est le percussionniste Johan Norbäck, qui lui aussi doit rentrer dans la peau d’un des acteurs les plus importants de l’alchimie du groupe, qui repose en grande partie sur ce culot rythmique qui permet aux DIABLO de tutoyer la samba, de donner l’accolade à la salsa, tout en gardant du coin de l’œil la beauté Metal qui les a un jour transformés en attraction de carnaval. Et celui développé par Pacifisticuffs, à la pochette fluo chamarrée, est du genre de folie complète, qui s’arrête faire un petit coucou aux cantatrices de l’opéra, tout en serrant la pogne des brass-bands croisés sur une route de plus en plus nouée et sinueuse, passant par la forêt avant de se retrouver en plein centre-ville bondé. Cinq ans de disparition n’ont pas fait dévier les suédois de leur trajectoire, toujours aussi peu linéaire, mais pleine d’espoir. On retrouve leurs inclinaisons à partir un peu dans tous les sens, tout en gardant la boussole dans le bon, le leur, qui leur permet de serpenter dans la nuit sans tomber dans l’oubli. Et même si les sensations épidermiques éprouvées lors de la découverte de The Butcher's Ballroom, toujours considéré comme leur chef d’œuvre ultime (et il l’est certainement…), restent loin derrière nous dans le temps, ce tant attendu quatrième album passe largement la barre, et une fois de plus, relègue la concurrence au simple rang de faire-valoir, tout juste bonne à animer des micros-trottoirs ou des bals du samedi soir. Tout commence pourtant par une entrée en matière exubérante, mais assez rassurante, qui opte pour une démence rythmique soulignée de nappes vocales plutôt convaincantes, mais suffisamment rentrées dans le rang pour que notre sang fasse plus d’un tour. Toujours aussi Thrash que Pop, toujours aussi formellement Trad’ que foncièrement Power, et incluant même quelques éléments Country qui traînaient par-là, les DIABLO SWING ORCHESTRA nous démontrent en à peine plus des deux minutes de « Knucklehugs (Arm Yourself With Love) » qu’ils n’ont rien perdu de leur propension à nous distraire de leur ton, et s’essaient à l’exercice du pas de chauffe avec brio, sans brûler leur semelle, mais en laissant le tapis du salon bien chaud. Et puis, des violons, et un pas de deux chaloupé et subtilement caliente prend le relais, pour un « The Age Of Vulture Culture » que l’on aurait pu danser à l’occasion de Sing Along Songs for the Damned & Delirious, et qui ne fait aucunement honte à la tradition. La salle se remplit petit à petit, tout comme le balcon, et les spectateurs assistent hagards mais euphoriques au comeback le plus déluré de cette fin d’année, de ceux qu’on accepte non comme argent comptant, mais comme délivrance à l’avenant. L’aventure continuerait donc de plus belle ?

Et comment mes chers, et osons tout de suite dire que Pacifisticuffs corrige les rares erreurs de son prédécesseur pour se hisser quasiment au niveau d’un premier album qui avait volé la vedette sous le regard des badauds.

Petite dernière, Kristin Evegård s’est intégrée avec facilité et euphorie à la bande, et son timbre de voix, plus passe-partout et moins en arabesques incandescentes que celui d’Annlouice, la rapproche même d’une Pat Benatar cartoon lorsqu’elle monte dans les aigus. Mais elle est parfaitement à sa place en plein centre de cette débauche de furie sonore, que « Superhero Jagganath » fait monter d’un cran, osant le Symphonic-Medieval-Power-Epic-Thrash Metal, un peu comme si les FAITH NO MORE, NIGHTWISH, MACHINE HEAD, les FUN LOVIN CRIMINALS et BUENA VISTA SOCIAL CLUB se tapaient une gigue d’enfer en forme de bœuf entre frères, sous la supervision d’une cantatrice d’opéra-pop faisant des bulles de savon avec sa gorge en plein milieu d’un chœur de petits chanteurs à la gueule de bois. On reste admiratif devant telle débauche de talent, et l’univers dépeint par ce Pacifisticuffs est à l’image de sa pochette, coloré, endiablé, imprévisible et envouté, mais le seul exorcisme qui pourrait vous en protéger n’existe pas, alors autant chanter à tue-tête avant le trépas histoire de partir dans l’au-delà dans une grosse ambiance de fiesta. Les violons vous y attendent, mais joués par un Tom Waits en pleine descente (« Lady Clandestine Chainbreaker »), qui finit par poser l’instrument pour vous faire valser sur trois temps, et profiter de la décence de mariachis qui détournent le regard…Il est encore une fois inutile de tenter de résister, puisque le délire proposé par les suédois est complet, de qualité, et suffisamment varié dans ses tentatives pour satisfaire les plus tarés. Nous avons même droit à des clins d’œil plutôt inhabituels, comme cette ambiance Dance/Disco via « Jigsaw Hustle », qui réconcilie l’esprit des GARBAGE et l’envie des BLONDIE via une série de vignettes Pop tout à fait délectables, ou ce soudain accès de délicatesse de menuet sur l’intransigeant « Interruption », qui loin d’un coïtus interruptus nous offre une jouissance incroyable de ses cuivres qui giclent sur un instrumental galactico-jazzy.

Climat lourdement Heavy (« Climbing The Eyewall »), bonds de cabri de cabaret maudit (« Karma Bonfire », encore un truc que Devin aurait mis à sa sauce en compagnie de son Bad Devil…), et la danse romance s’achève en nage et en transe, nous laissant quitter le bal avec des étoiles plein les yeux et des notes qui s’agitent dans les cieux.     

Nouvelle formation, mais vieilles habitudes, pour une ouverture sur des possibilités encore plus larges, telle pourrait être la conclusion d’un quatrième album qui prouve que les suédois sont toujours de bon aloi. Mais finalement, je m’en tiendrai à mon final précédent, toujours valable malgré cet écart de cinq ans.

Vous êtes infatigables décidemment….Mais continuez nom de Dieu, continuez !!!


Titres de l'album:

  1. Knucklehugs (Arm Yourself With Love)
  2. The Age Of Vulture Culture
  3. Superhero Jagganath
  4. Vision Of The Purblind
  5. Lady Clandestine Chainbreaker
  6. Jigsaw Hustle
  7. Pulse Of The Incipient
  8. Ode To The Innocent
  9. Interruption
  10. Cul-De-Sac Semantics
  11. Karma Bonfire
  12. Climbing The Eyewall
  13. Porch Of Perception

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par mortne2001 le 19/12/2017 à 14:36
88 %    727

Commentaires (3) | Ajouter un commentaire


poybe
membre enregistré
20/12/2017, 13:54:09
Il était temps ... 5 ans c'est beaucoup trop d'attente.

ddlameche
@78.192.38.132
21/12/2017, 07:57:58
pauvre chou

Uter
@93.17.233.98
27/12/2017, 10:25:56
très décu par ce nouvel album, je n'aime pas du tout cette nouvelle chanteuse trop "lisse", et ce titre disco, quelle horreur, bref c'était mieux avant

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