Pagan Rhythms

Spiritworld

10/07/2020

Autoproduction

L’idée d’aller tenter votre chance dans la capitale du vice du Nevada, Las Vegas vous a-t-elle déjà tenté ? Blackjack, craps, machines à sous ? C’est vrai qu’en matant des heist movies comme Ocean’s 11, ça donne envie de tenter le diable et d’aller faire rouler les dés, histoire de doubler la mise une fois, puis deux, et pourquoi pas trois ? La sensation de voir les symboles tourner sur la machine pour s’aligner, de regarder cette petite bille stopper sur la bonne case à la roulette, ou de savoir qu’on a en main de quoi plaquer un bon gros full aux rois a de quoi allécher les plus mesurés… « Argent facile » comme le disait John Connor dans Terminator 2, mais à la rigueur, si le jeu du hasard vous tentait à Las Vegas, je vous proposerais bien une autre vision de cette ville abominable salie de temples consuméristes et autres clubs de strip-tease aux allures d’étals de viande. Je vous proposerais d’y rencontrer un local, seul dans son coin, et plus à même de vous procurer des sensations fortes qui risqueront moins de ponctionner votre PEL. Par contre, ce sont vos oreilles qui risquent d’en prendre un coup, parce qu’avec ce lascar, pas question de crooner ou de smooth Jazz, mais bien de Hardcore méchamment métallique tirant même sur le Thrash option Groove, de quoi rendre vos nuits moins romantiques, mais beaucoup plus actives. Le projet SPIRITWORLD est né de l’esprit fécond d’un seul homme, le même qui est toujours seul aux commandes du navire en 2020, Stu Folsom et son nom hommage à la célèbre prison. Sauf que Stu ne gratouille pas la solitude sur une petite guitare acoustique pour les fans de Country, mais s’échine sur une électrique pour en tirer les riffs les plus pugnaces, les plus méchants et hargneux, et proposer une musique qui en trente petite minutes, s’apparente à un gigantesque pain dans la tronche style PRO-PAIN ou EXILE.

Inutile de tergiverser, Pagan Rhythms est une succession d’hymnes païens à la gloire du Hardcore teinté de Metal. Le genre de truc à faire passer une association entre AGNOSTIC FRONT et BIOHAZARD pour une réunion d’anciens scouts comparant leur totem. Doté d’un son maousse, ce premier LP de SPIRITWORLD serait la bande-son idéale pour un combat de boxe au MGM Grand, avec public riche mais survolté, et ambiance électrique jusqu’au bout des gants. Chaque titre sonne comme un cri de rue, une énorme révolte organisée par des démons sortis des enfers pour stimuler les plus démunis, et les forcer à se la jouer prise de la Bastille au Nevada. Totalement décomplexé, Stu rentre dans le lard, ose les figures empruntées, lâche Death pour mieux pilonner Groove, impose quelques blasts, des cris glaçant les sangs (« The Demon Storm »), et se pose en grand prêtre satanique d’un Hardcore qui échappe pour quelques instants aux problèmes de société. Rien de neuf ici, mais une rage à faire tomber les dents de Flanagan entre deux portes, et une propension à durcir le Core d’un peu de Death sans aller tomber dans le piège du Deathcore. Morceaux courts, aux motifs simples, refrains fédérateurs, lourdeur ambiante, moiteur générale, oppression des guitares, et charge non-stop pour un disque qui a de faux-airs de Reign in Blood du Hardcore métallique contemporain. Pris à la gorge par le monumental « Pagan Rhythms », le fan aura tôt fait d’invoquer les pires démons pour les faire remonter sur cette pauvre terre et ravager les alentours, boosté par un riff simplissime au rendu énorme et par un chant rauque, grave et sourd. Tout est tellement efficace et porté à son maximum qu’on est bluffé par tant d’épaisseur, et si l’ensemble était allé encore un tout petit peu plus loin, le ridicule aurait sans doute pointé le bout de ses moqueries.

Mais ici, pas de ridicule, bien au contraire. Une frappe massive dans le râtelier de la mesure, mais surtout, un flair incroyable pour lâcher un Groove qui donne la niaque, et compter sur le batteur des MARS VOLTA, Thomas Pridgen, pour pilonner comme un damné. Riffs Hardcore et Thrash pour sifflantes et arrangements à la SLAYER, le bilan est lourd, et les victimes nombreuses. Difficile d’imager cette écoute en employant les bons termes, tant la sensation d’avoir affaire au pire gang de vicieux new-yorkais heurte l’esprit et donne des cauchemars. Mais la scène ne se passe pas à New-York, mais bien à Las Vegas, et « The Bringer of Light » de confirmer que le Nevada ne doit pas grand-chose à la Californie en termes de licks bien méchants et gluants. Il est incroyable de constater que Stu trouve toujours la bonne approche sans tomber dans la redite, et parvient toujours à propulser ses morceaux d’un riff costaud, truffant le tout de chœurs revanchards et de breaks qui tombent pile poil. Pour un LP composé et écrit seul, Pagan Rhythms tient la dragée haute, et se permet même des accès de colère incroyables, à l’image de ces blasts introduisant le mortel « Unholy Passages ». Sans jouer les analogies un peu hasardeuses, SPIRITWORLD est un peu le pendant maléfique d’Andrew W.K, un frère jumeau qui déteste faire la fête, à moins qu’elle ne consiste à casser des mâchoires et briser des cranes. En neuf morceaux seulement, l’américain dame le pion à la majorité des sorties actuelles inspirées Core, maintient la charge pendant trente minutes, sonne comme un AGNOSTIC FRONT piqué aux stéroïdes, ou comme les CRO-MAGS en stage de survie dans la jungle amazonienne. Ce qu’on aime par-dessus tout, ce sont ces allusions Thrash qui reviennent régulièrement (« Night Terrors »), et surtout, cette hargne/haine ne se démentant pas.

Tous les chapitres sont fortement recommandables, certains amenés par des samples (« Armageddon Honkytonk & Saloon », gentiment satanique avec son « the devil made me do it »), d’autres rentrant directement dans le vif du sujet (« Comancheria », plus aplatissant que ce machin, je ne vois guère qu’un rouleau-compresseur), mais l’un dans l’autre, beigne après beigne, dent perdue après dent perdue, Pagan Rhythms s’avère monstre et modèle du genre, de ceux qu’on citera encore dans vingt ans comme comparaison chez les meilleurs. Alors, oui, il y a vraiment mieux à faire à Las Vegas que d’aller ouvrir son porte-monnaie face à une idiote machine à sous. De toute façon, ces trucs-là sont clairement conçus pour vous arnaquer, alors que Stu Folsom vous en donnera pour plus que votre argent.     

         

Titres de l’album:

01. Pagan Rhythms

02. The Bringer of Light

03. Unholy Passages

04. Night Terrors

05. The Demon Storm

06. Armageddon Honkytonk & Saloon

07. Godless

08. Comancheria

09. Ritual Human Sacrifice


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par mortne2001 le 26/03/2021 à 17:55
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