Tu peux tromper mille personnes une fois. Mais tu ne peux pas tromper mille personnes mille fois. Non…Autrement dit, il est toujours facile de dénicher un bon album de Hardcore. Mais il est beaucoup plus difficile de trouver un bon album de Hardcore. Il faudrait écouter mille albums de Hardcore pour en trouver mille bons. Non, un bon pour mille.
Enfin bref, vous m’avez compris.
Il y a bon Hardcore et bon Hardcore. Comme il y a bon Crust et bon Crust. Et assurément, les KÜRØISHI font partie de la première catégorie. Ou de la deuxième.
Mais ce qu’il y a à savoir, c’est qu’ils sont un bon groupe de Crust/D-Beat.
Et je sais d’avance ce que vous allez me répondre. Un truc du genre, « Normal, ils sont Finlandais, c’est facile pour eux ! »
Mais non, justement, c’est encore plus difficile, puisque tous les meilleurs viennent de Suède ou de Finlande. Alors faire son trou en passant après les légendes, c’est encore plus compliqué, surtout sans pelle.
KÜRØISHI, ce sont cinq mecs un peu hirsutes, un peu URSUT (Kai Jaakola – chant, Ilari Kinnunen et Markku "Lene" Leinonen – guitares, Timo Lindholm – batterie et Jani Kaarlela – basse), une découverte inopinée en 2016, et un premier LP dans la foulée, distribué en vinyle aux USA par SPHC, en Europe par Fight Records et en CD au Japon par Break The Records. Et même en tape tiens, via les services de Creative Class War.
Un LP blindé ras la gueule d’hymnes Crust et Darkcore qui ne fait pas dans la dentelle, et pérennise l’esprit des TRAGEDY en y insufflant une bonne dose de pessimisme revêche à la DISCHARGE. Mais en plus lourd, en plus méchant, en plus suintant, en gros, en plus indécent et puissant.
Pourtant rien de bien nouveau sous le soleil noir du Hardcore tendu, sauf que l’astre baignant Poverty.Ignorance.Greed.Slavery dans l’ombre est encore plus noir qu’une nuit scandinave sans fin. Et même l’amateur éclairé de Crust/D-beat un peu blasé d’avoir tout découvert et tout écouté sera bien obligé d’admettre que ce premier effort à quelque chose de plus, de particulier, dans son approche sans complaisance de la violence qu’il livre crue et pesante, au moins autant qu’une enclume de destin qu’on porte sur de frêles épaules. Ne cherchez pas, en substance, ce disque est au moins aussi indispensable que toutes les tables de loi l’ayant précédé. C’est comme ça.
Déjà, il bénéficie d’un son à la hauteur de ses sales prétentions. Une production gravissime, à l’emphase directe et profonde, qui met en exergue une rythmique infatigable sans le sacrifier aux guitares qui occupent l’espace, mais sans le polluer. Un équilibre parfait, qui gonfle les basses et les fait rebondir sur l’écho mat d’une caisse claire/défibrillateur qui martèle un tempo d’enfer. Des riffs simplissimes mais pas simplistes pour autant, des breaks infernaux et hivernaux qui cassent le schéma trop établi couplet/faux refrain/bridge pour délinéariser un ensemble qui s’écoute comme une litanie de haine dispensée par des révoltés permanents, qui savent d’ailleurs très bien que tout le monde les entend et va les comparer aux WOLFBRIGADE, DISFEAR, j’en passe et des plus ou moins indispensables puisque la liste est trop longue.
Mais après tout, on a tous besoin de références, et le but étant de les assumer tout en traçant sa route, les KÜRØISHI peuvent mouliner tranquille, personne n’ira les emmerder avec ce genre de considérations déplacées.
Alors du bon travail, OK, mais pourquoi ?
J’ai déjà plus ou moins répondu en substance à cette question, et anticipé toutes celles à venir. Poverty.Ignorance.Greed.Slavery, à la frontière du Crust, du D-Beat et du Darkcore est un monstre de vilénie, qui en veut salement à vos enceintes, mais qui varie et manie l’oblitération comme personne, osant même parfois s’embourber dans un terrain marécageux pour en faire ressortir les émanations les plus nauséabondes (« Annettiin Hänen Elää », rarement entendu truc aussi glauque depuis très, très longtemps). Mais leur kif, sans souci, ce sont bien sûr ces morceaux qui courent comme des dératés, mais pas comme des poulets étêtés. Parce que ce quintette sait exactement où il veut aller, et dans quelle ruelle borgne il veut vous coincer. Celle dont on ne ressort qu’avec plusieurs dents cassées, et la mine défaite, pas forcément prêt à en encaisser plus, mais résigné devant un destin qu’on ne peut occulter en gardant les paupières scellées
D’aucune me diront que tout ça n’est pas bien neuf, et que ce premier LP n’a rien d’un fantasme annoncé, je leur répondrai de tendre un peu mieux leurs oreilles pour qu’ils y décèlent la quintessence d’un Hardcore brutal à la nordique, qui se sert allégrement dans le patrimoine US et Asiatique pour endurcir encore plus son ton.
Certes, ça n’est que du Crust, du D-Beat affolé, mais c’est justement ça le point fort des KÜRØISHI qui donnent des leçons de savoir-faire sans en avoir l’air et qui signent là un disque qui fera date dans l’histoire du genre. Un disque sale, rêche, sans empathie, sans regrets, qui déboule comme des giboulées de mars pour ruiner la journée, et qui déploie des trésors de violence pour agresser, bousculer, tout en restant musical et mélodique (« Lakes On Fire »).
Et puis cette voix…Kai Jaakola aurait pu se retrouver hurleur en chef d’un combo de Death, de Thrash ou de Grind sans que l’on trouve matière à redire, et son chant horriblement caverneux s’accorde très bien de parties de guitares empesées qui plombent le moral tout en accélérant les pulsions cardiaques de façon déraisonnée.
Quand le combo hurle « Freedom » en intro, il nous suggère un énorme Death’n’Crust à rendre vers de rage les ENTOMBED et autres UNKIND.
Quand il s’affole sur « Gasoline Stains », le spectre de Lemmy se réjouit de cette quatre cordes en gigogne qui émiette l’espoir de notes vrombissantes rebondissant sur des chœurs vaillants. Et quand il prend ses aises sur un « Hierarchy » glauque comme une file d’attente au job center, il à la mine renfrogné d’un Heavy dégénérant sur un D-Beat qui va tout casser, y compris les chaises et les guichets d’allocations bondés.
Bon, allez.
Il est toujours facile de dénicher un bon album de Hardcore. Mais il est beaucoup plus difficile de trouver un bon album de Hardcore.
Réjouissez-vous. Vous avez trouvé un excellent album de Hardcore.
Titres de l'album:
Du texte en grasDu texte en italiqueDu texte soulignédu texte barrédu texte en vertune liste d'item numérotée(...)
16/09/2020, 22:12
16/09/2020, 21:49
15/09/2020, 22:30
15/09/2020, 22:06
gros souvenirs, j'y avais emmené mon neveu de 7 ans et demi ! c'etait drole les regards partagés des gens entre "cool la relève" et "ce n'est pas un endroit approprié pour un enfant " lol. ce qui etait drole aussi le nombre de gens qui se sont barrés après slayer ...comme nous ;)
11/09/2020, 12:32
Novateur ? Je ne sais pas du tout ce que la "presse" en dit mais moi je le trouve très varié (y'a tout NAPALM là dedans !), pas mal de côtés GODFLESH aussi... Pis même un titre totalement KILLING JOKIEN ("Amoral"). Bref, j'adore !!! Album de l'année ???
11/09/2020, 10:59
Barney, toujours aussi intéressant en interview. Bon sang j'adore ce type !!! J'adore l'écart qu'il y a (toujours eu) entre l'aspect brutal de leur musique et le fond, l'esprit derrière tout ça. Quant au dernier album, j'ai bien envie de craquer aussi... Il est aussi "novateur(...)
11/09/2020, 08:04
Nubowsky + 1000000 !!! Le dernier album en date est juste EX-TRA-OR-DI-NAIRE !!! !!! !!! Il tourne en boucle chez moi en ce moment...
11/09/2020, 07:25
Bel effort qui illustre bien le retour en grâce dont bénéficie cet album depuis, disons, une douzaine d'années, et après être passé pour le plus faible dans l'opinion générale jusqu'à la sortie de "Load". Tout est dit ici dans les faits, qui sont au demeurant bien connus. Ce (...)
10/09/2020, 21:27
Sabaton, je n'y prête même plus attention. Pas ma came mais je respecte ceux qui aiment. Y a pas de mauvais Metal. - Le bon Metal, c'est quoi ? Bah tiens, tu prends ce disque là, tu le poses sur la platine, tu écoutes. Bah, c'est du bon Metal. Et le mauvais Metal ? Ah..(...)
10/09/2020, 11:22
J'ai bien aimé celle de David White (Heathen, chant). On sent que l'intérim des gratteux chez Exodus lui a bien cassé les couilles, tout comme le fait que Kragen Lum se soit pointé avec la totalité du nouvel album entièrement composé par lui et que White ne pouvait même pas y apporter ses te(...)
10/09/2020, 11:18
L’interview de Napalm est toujours aussi intéressante.. quelle conviction et quelle carrière exemplaire.
10/09/2020, 09:45