Seven Chains

Seven Chains

19/12/2016

Autoproduction

Partons du postulat suivant je vous prie.

Disons que vous aimez le Death, le Black, que vous ne crachez pas sur un brin d’arrangements noisy, et que le Dark Ambient ne vous rebute pas.

Assumons que l’expérimentation dans ces domaines vous sied. Que vous ne juriez que par la prise de risques, les essais parfois incongrus, les mélanges de genres inhabituels, les incrustations d’instrumentations étranges. Que la normalité vous pèse et que la brutalité trop outrancière vous agace au plus haut point.

Ceci posé, glosons et admettons que les trios soient votre configuration favorite. Que vous aimiez autant AVULSED que OPETH, PINK FLOYD que GRIS, JETHRO TULL que SUN O))), et que les titres excédant les normes de durée vous mettent dans un état de transe profonde.

Alors dans ce cas, très précis et particulier, je deviens derechef en cette morne après-midi votre meilleur ami. Pourquoi ? Parce que je viens vous entretenir des SEVEN CHAINS, qui correspondent en tous points à tous les critères que je viens d’énoncer.

Pas moins.

Les SEVEN CHAINS sont donc trois, évidemment (Noah Lane Coleman – guitare/chant/piano, Scott Yost – basse et Chris Peterson – batterie), épaulés par quelques musiciens externes (Val Dorr: saxophone alto, Melissa Wilson – violoncelle, Dominique Aneekaneeka – alto), viennent de la jolie ville de Coeur D'Alene, Idaho, existent depuis peu, mais ont quand même pris le temps de composer, d’enregistrer et de proposer dans un superbe tape packaging leur premier longue durée, éponyme et étiré.

Trois morceaux pour presque quarante-cinq minutes de musique, la messe est dite, et le tocsin funèbre résonne. Mais ça n’est pas pour autant que le Funeral Doom règne en maître loin de là, même si les allusions à la lourdeur sont multiples et souvent pertinentes.

Enregistré dans diverses caves et autres entrepôts de leur région, Seven Chains est ce genre d’album inclassable que vous allez vous échiner à décomposer pendant des heures sans vraiment parvenir à une conclusion probante.

Disons alors pour la forme, qu’il unit le Black, le Post Black, le Death, l’avant-garde, le Progressif, le Doom et le Post Doom dans un même ballet pluriforme, au tempo allegro ma non troppo, et aux surprises aussi inattendues qu’incongrues, sans pour autant ressembler à un foutoir sans nom…enfin presque.

Ce premier effort fait aussi partie de la catégorie d’œuvres qu’on adule ou qu’on vilipende. Il est certain que la logique, la cohésion et l’argumentation en sont totalement absentes, et qu’il convient de l’aborder l’esprit aussi libre que celui de ses concepteurs au moment de l’enregistrer. Mais ne croyez pas pour autant avoir affaire à un genre de puzzle inextricable sans queue ni tête, puisque l’atmosphère qui s’en dégage finit par former un consensus indirect une fois l’écoute terminée.

Pour faire simple et lisible, les SEVEN CHAINS peuvent parfois sonner comme un ABRUPTUM à l’aise dans son cellier, comme un PARADISE LOST des premières années un peu perdu dans les limbes, comme un OPETH porté sur le Dark Ambient ruiné par des arrangements champêtres, ou comme un mélange entre GNAW THEIR TONGUE et un CATHEDRAL des pâquerettes plein les longs cheveux.

Tout ça ne vous explique rien ?

C’est normal, c’est voulu, et après tout, je pense que les trois membres du groupe seraient très peinés de constater qu’on tente en vain de coucher sur papier leur musique.

Peine perdue en effet.

Trois morceaux donc, tous d’une durée déraisonnable, dont un « Alleluia » final qui bouffe à lui seul la moitié du métrage de ses errances étranges.

Avec une entame de plusieurs minutes laissant une guitare électrique disperser un ou deux accords sans amplification, et à peine soutenue par quelques percussions discrètes, on se retrouve plongé dans les glorieuses seventies, lorsque tout était possible, et surtout l’impossible.

Et puis soudain, après cinq minutes de litanie évolutive, l’ambiance contemplative est rompue par une charge Death/Doom très renfrognée, qui s’avance, qui recule, qui s’impose et qui s’excuse, pour laisser l’acoustique reprendre sa place, un peu comme si NEUROSIS et SUN O))) se disputaient les faveurs du public.

Torrent de blasts qui explose le cadre, déluge de feu BM, multiples cassures de rythme, breaks dissonants, gravité extrême, silence, pour que le Dark Ambient s’impose dans des grondements inquiétants et autres échos distants.

De longues minutes de grouillement pas vraiment rassurant, et la litanie reprend, dans un effort Post BM/Death vraiment impressionnant, qui monte en pression pour exploser dans une haine purement Black, qui laisse un final en coda très strident refermer le chapitre.

Voilà donc vingt-et-une minutes de musique posées sur chronique, ce qui n’est pas toujours facile. Mais dites-vous pourtant que ce morceau n’est pas le plus atypique du lot, bien au contraire.

On pourrait dire que la palme de l’originalité revient à l’ouverture décalée de « Mysterion », qui après une longue intro venteuse se fait taillader par une charge Black imposante, qui elle aussi revient comme un mantra empêchant le passage vers un niveau supérieur.

Puis, une fois de plus, le Death pesant et éprouvant à la dISEMBOWELMENT écrase l’espace sonore, pouvant compter sur le soutien vocal macabre de Noah Lane Coleman (qui n’a pas souvent du voir la lumière du jour), jusqu’à une interruption médiane, fricotant avec le Progressif des 70’s, rappelant le FLOYD de 70/71, ou même les digressions occultes de la clique BLACK WIDOW/COMUS/COVEN/ANTONIUS REX…

Guitare space rock, basse volubile, cordes, orgue, vents, qui finalement s’écrasent sur une reprise à la BLACK SABBATH pastichée par les VED BUENS ENDE…

« Metanoia », la pièce la plus courte du lot n’échappe pas à l’affranchissement des contraintes non plus, et offre un démarrage un peu out of tune aggravé d’un chant abyssal en arrière-plan, le tout étiré à l’envi sur presque trois minutes, avant qu’un Death peu complaisant ne prenne la suite. Mais grâce à une production parfaite et délicatement analogique (pas mal pour un truc capté dans des caves et entrepôts), on se prend au jeu des longueurs et des itérations, pour peu que l’on soit sensible à ce genre d’exercices…

Alors, que dire en définitive ?    

Que malgré des défauts inhérents à tout premier album expérimental (enchaînements qui sentent parfois le collage au hasard, rythme pas toujours métronomique, chant un peu trop sous-mixé, idées qui prennent un peu trop de place), Seven Chains reste une curiosité intéressante que beaucoup jugeront surfaite, mais que d’autres porteront aux nues de l’avant-garde underground.

Mais si les travaux de tous les groupes cités dans cette chronique mélangés au sein d’un même élan titillent votre curiosité, alors écoutez ces trois morceaux.

 Vous le regretterez peut-être, mais au moins vous aurez essayé.


Titres de l'album:

  1. Mysterion
  2. Metanoia
  3. Alleluia

Bandcamp officiel


par mortne2001 le 05/01/2017 à 14:51
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