Shadow of the Sword

Stälker

17/11/2017

Napalm Records

Je pense que si la compétition fait rage pour obtenir les droits d’organisation des Jeux Olympiques, on pourrait imaginer une lutte encore plus féroce pour la planification nationale des Championnats du monde de True Metal. Mais attention, par « True », je n’entends pas aborder le cas des slips cloutés de MANOWAR ni des épées polies de RHAPSODY, mais plutôt de la vision qu’ont certains groupes d’un Metal de tradition, qui se doit de respecter les codes édictés durant les années 80. Il est certain que ce cachet d’authenticité prend des airs de Saint Graal à obtenir pour toute formation de Heavy/Speed/Thrash qui se respecte en 2017, à tel point qu’il devient difficile de dénicher des sorties n’étant pas estampillées « vintage »…Le choix devient plus vaste qu’un rayon primeurs dans un supermarché, et tout en ménageant la ménagère, la chèvre, et le chou, le combat est de plus en plus rude worldwide pour sonner truer than evil itself. En témoigne cette première réalisation des néo-zélandais de STÄLKER, qui avec à peine une démo en poche, sont parvenus à se faire signer chez les orfèvres de Napalm Records, certainement alléchés par le parfum délicieusement rétro du Speed de ces cousins australs. A priori, pourtant, rien ne distingue ce trio de la masse grouillante de speedos qui multiplient les tirs de cartouchière, laissant le sol jonché de douilles après nous avoir bien cassé les c…….Mais il faut dire qu’avec plus d’un millier d’exemplaires de Satanic Panic refourgués, les néo-zélandais avaient de quoi séduire, sur la promesse de ventes digitales et physiques assez conséquentes en cas de long format. Ce LP a donc fini par voir le jour, et ne trahit aucunement les croyances de toujours, puisqu’il brûle du même feu ardent, tout en se montrant un chouïa plus professionnel. Mais plus professionnel ne veut pas dire stérile pour autant, et la hargne de ce Metal mordant est restée intacte, bénéficiant toutefois d’un son beaucoup plus dans le ton. Celui d’antan, comme il se doit.

STÄLKER, c’est avant tout un trio (Daif – basse/chant, Chris – guitare et Nick – batterie), originaire de Wellington, abritant en son sein d‘anciens RAZORWYRE, ce qui en dira un peu plus aux initiés. Nonobstant ce passé qui n’a plus lieu d’être, les trois malandrins distillent en leur sein un subtil (??) mélange de Speed, de Heavy et de Thrash, qu’ils agrémentent d’une attitude bravache, histoire que le chaland lambda pensent qu’ils sortent tout droit des années 80. Et il faut avouer que l’illusion est bluffante, puisque en mettant de côté un travail aux consoles un peu trop propre pour être vintage, et ce malgré un delay et une réverb’ très insistants sur la voix, on s’y croirait, revenu aux premiers temps d’un Speed/Thrash allemand n’occultant pas pour autant des influences ricaines. Pas de grosse progression à noter depuis cette première démo sacrée, l’attitude est toujours la même, tout comme le look qui peut prêter à sourire, si on le prend au premier degré. La musique à l’inverse, est du genre solide, et s’ancre dans une lignée de combos aux dents aiguisées, suggérant une alliance pas si contre nature que ça entre des LIVING DEATH en plein émoi, un CROSSFIRE pas vraiment en crise de foi, un DESTRUCTION un peu fragile du foie, et finalement, pas mal d’émanations de la première vague Speed/Thrash de la Bay Area, pour ces riffs circulaires qui empoisonnent l’air de leurs saccades d’enfer. Le tout est joué avec une conviction sans failles, certainement dû au fait que les compositions ont été travaillées, léchées, enrichies d’arrangements sataniques assez déments pour que le premier possédé passant ne souhaite pas se faire exorciser. Et dans le créneau très recherché du Metal incandescent, il est certain que Shadow of the Sword fait figure de bel enfant, aux bras musclés et au cuir tanné.  

Evidemment, nous n’évitons aucun cliché, et tout y passe, du guerrier assoiffé de sang, aux démons l’étant tout autant, en passant par les révérences habituelles aux armes d’acier qui ornent des hanches fermement musclées. Le gout de la bière n’est pas trop prononcé, et le tout s’avère plus digeste qu’une fête germaine aux saucisses trop huilées, même si parfois, lorsque le tempo ralentit, la digestion s’avère plus compliquée. Mais comme les tempi virevoltent et ne se stabilisent que lors de breaks pas trop téléphonés (« Satanic Panic », le genre d’hymne que pas mal de belligérants aimeraient bien pouvoir aiguiser), le tout est méchamment bien enlevé, à tel point qu’on frise parfois la perfection, lorsque le timing est court et bon (« Shocked To Death », celui-là, Schmier aurait pu nous le placer sur un Infernal Overkill bien cramé). D’ailleurs, les trois compères ne sont pas fous, et privilégient des timings resserrés, histoire de ne pas trop nous gaver. Une exception toutefois, avec un « Path Of Destruction » qui ose les cinq minutes dépassées, mais qui de son intro militaro-orageuse nous entraîne sur la piste d’un Heavy version mélodico-tapageuse. Progressif le trio ? Pas vraiment, mais pas simpliste pour autant. On sent que les bonhommes ont du métier derrière eux, et qu’ils ne se contentent pas de quelques crachats fielleux. Ici, on bosse sa partition, pour la rendre impeccable, même si quelques taches de sang viennent souiller le cartable («Total Annihilation », le genre d’intro rêvée pour tout défoncer). Les STÄLKER sont même assez culottés pour se frotter à l’exercice de la reprise dangereusement déformée, en s’attaquant à la légende DEATH, via une appropriation complètement exubérante de son « Evil Dead », pourtant si respecté. Et le tout passe comme une lame dans un bide trop gonflé, puisque le trio en plus de l’attitude, à le son, et le niveau pour rester d’aplomb.

Loin d’être anecdotique, ce premier LP se veut plutôt épique, et lâche quelques ambiances étranges, qui nous emmènent sur les traces de pèlerins qui se démènent (« Demon Dawn ») pour sauver l’humanité d’une menace infernale et alléchée. Maîtres es-Speed, les olibrius ne se posent pas trop de question, et jouent la carte de la baston, pour rester au premier plan, et laisser les cancres au fond (« Master of Mayhem », que des WARFARE en colère auraient sans doute transcendé en des temps reculés, accompagnés d’un POSSESSED pas encore trop mutilé). On termine même le périple sur de l’assombri, qui synthétise la NWOBHM, le Doom, le Speed et le Thrash endurci, pour un terminal « Steel God », qui érige en divinité ce Metal décidément très corsé. Alors, certes, entre leurs tronches de derniers de la classe affublés de peaux de panthère et bardé de cartouchières, leurs textes à rendre jaloux le fils illégitime et dyslexique de Paul Baloff et Eric Adams, et cette production qui noie les vocaux sous l’écho, le tableau semblait difficile à restaurer. Et pourtant au final, il brille d’une patine incroyable, à tel point qu’il ferait de l’ombre à la Joconde. Mais celle des STÄLKER n’est pas du genre énigmatique, et a troqué son sourire contre des cornes du diable et un bracelet seize rangs, clous allemands, ceux qui piquent le plus. En tout cas, ça ne m’étonnerait pas que d’éventuels Championnats du monde de True Metal se déroulent du côté de Wellington. Pas fous les néo-zélandais, avec un tel champion, sont sûrs de garder une brassée de médailles à la maison !


Titres de l'album:

  1. Total Annihilation
  2. The Mutilator
  3. Path of Destruction
  4. Shadow of the Sword
  5. Satanic Panic
  6. Shocked to Death
  7. Demon Dawn
  8. Master of Mayhem
  9. Evil Dead
  10. Steel God

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par mortne2001 le 21/12/2017 à 17:51
85 %    703

Commentaires (2) | Ajouter un commentaire


...
@78.192.38.132
23/12/2017, 11:13:06
trop mélodique et cliché/ridicule pour moi. Amusant et permet de passer un bon moment néanmoins!

hujle
@37.172.100.7
27/12/2017, 16:11:53
C'est une parodie ?

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