Nouveau venu sur la scène Metal grecque, SHADOWGRIN se propose de revisiter le Power Metal musclé en lui insufflant une puissance Thrash discrète, mais tangible, aboutissant selon les musiciens du groupe, à un « mélange unique ». Autant ne pas jouer le suspense trop longtemps, car ce premier album n’a rien d’unique en soi. Plutôt que l’originalité, il convient d’y chercher l’efficacité, puisque les huit morceaux de ce Shadowrise ne font rien de plus que perpétrer une tradition de métissage. Une tradition née dans les années 80, qui consistait alors à durcir le Heavy Metal sans le faire sombrer dans les affres bruitistes du Thrash, méthode appliquée par les METAL CHURCH, SAVAGE GRACE, ICED EARTH, JUDAS PRIEST et tous les groupes pratiquant un Heavy Metal dit « violent ». On peut éventuellement ajouter à cette liste les canadiens d’ANNIHILATOR et d’EXCITER, mais l’approche des musiciens hellènes n’est pas sans charme dans son désir d’unir sous une seule impulsion la force du Heavy, la fluidité du Speed et l’épaisseur du Thrash, à la même manière de nos chers DRAKKAR sur leur premier LP X-Rated. Le parallèle n’est pas si osé que ça, et en tant que premier pas dans la cour des grands, Shadowrise est plutôt convaincant, à défaut d’être totalement inédit, voire indispensable. Le groupe l’avoue, il a débuté sa carrière par le biais de reprises bien senties, reprises de valeurs sûres comme ICED EARTH, SAVATAGE, SABATON, SLAYER, PANTERA et ANNIHILATOR, et on sent qu’en effet, ces jeunes années sous référence leur ont bien servi à élaborer leur propre répertoire. Sorti en autoproduction, ce premier longue-durée fait donc partie de ces œuvres agréables à écouter, distrayantes sur le moment, mais qu’on ne ressort qu’à l’occasion, pour faire découvrir une nouveauté à quelques amis.
Rien de péjoratif dans cette déclaration, puisque le groupe sait se montrer aussi efficace qu’entrainant. Misant au maximum sur l’ambivalence d’une puissance nuancée de mélodies prononcées, les grecs (Chris G. Vamphyri - chant, Antonis Alexandris & Manos T. - guitares, Leo Lester - basse et Panos Bekropoulos - batterie) retrouvent parfois l’inspiration épique de nos chers ADX et autres MANIGANCE, et proposent donc des titres agencés, réfléchis, élaborés, reposant tous sur un instrumental solide dominé de la voix lyrique et emphatique de Chris G. Vamphyri. Les inflexions et le vibrato du chanteur pourront rebuter les amateurs de vocaux rudes et âpres, tout comme les nombreux passages harmoniques irriteront les amateurs d’une violence plus ouverte, mais lorsque toutes les composantes trouvent un équilibre parfait, le résultat est plus que convaincant, comme le démontre l’épique et pugnace « The Rite », qui n’est pas sans évoquer une union entre le MAIDEN le plus chevaleresque et l’ICED EARTH le plus combatif. Pouvant s’appuyer sur une section rythmique inépuisable (et un batteur jamais avare de fills démultipliés), et une paire de guitaristes volubiles, le groupe avance donc à vue, et en profite pour recycler les trois morceaux de son précédent EP éponyme (« Sins », « Land of the Blind » et « Shattered Dreams »). Nous avons donc droit dans les faits à cinq nouveaux morceaux seulement, mais sans insister sur le caractère partiellement inédit de cette réalisation, concentrons-nous plutôt sur le savoir-faire de musiciens pointus qui connaissent leur affaire et le bréviaire des riffs de METALLICA sur le bout des doigts.
Dès le départ, la franchise est de mise, et « Dark Apprentice » de nous replonger dans la jonction entre les eighties et les nineties. Plans francs, avancée classique, pour mieux imposer un break étrange, à base d’arrangements synthétiques qui offrent un peu de fraîcheur à l’affaire, sans la transformer en cas d’urgence. On aurait d’ailleurs aimé que le groupe développe un peu plus cette théâtralité, et nous offre plus de surprises et moins de formalisme Heavy. Bien sûr, la conviction et la foi dont font preuve les instrumentistes permettent souvent de se concentrer sur l’efficacité d’un Power Metal vraiment touffu, celui développé sur « Land of the Blind », plus agressif que la moyenne avec ses parties en double, mais les envolées lyriques de Chris G. Vamphyri viennent souvent gâcher les parties les plus musclées qui aurait mérité plus de sobriété. Le quintet se montre toutefois à l’aise dans des constructions plus évolutives, qui une fois encore en appellent aux plus grands noms du genre, MAIDEN, METALLICA, ICED EARTH (« The Rite »). En version courte, SHADOWGRIN se montre méchamment persuasif, et lâche la bride, se rapprochant d’une version plus tragique d’ANNIHILATOR, avec accélérations efficientes et dureté des guitares tangible (« Bloodlust »). Persuasifs en terrain lourd (« Shattered Dreams »), les instrumentistes ne résistent pas très longtemps à la facilité des mélodies les plus convenues, alors que l’auditeur lambada aurait préféré une incursion plus prononcée en territoire Thrash, histoire de se faire les dents sur une musique plus agressive. D’autant que l’équilibre sonore est assez faible, les parties les plus douces souffrant d’une production un peu hésitante, comme un collage sonore aux imbrications aléatoires. Mais ne nous montrons pas trop exigent envers un groupe qui malgré six ans d’existence entame juste son entrée professionnelle, et encourageons les grecs à trouver une voie moins hybride, ou à l’inspiration plus diversifiée. Un éloignement des influences les plus marquantes ne pourra qu’être salvateur, et un second LP marquera peut-être l’affirmation d’une identité plus personnelle.
Titres de l’album :
01. Dark Apprentice
02. Land of the Blind
03. Sins
04. The Rite
05. Shade of the Gods
06. Bloodlust
07. Shattered Dreams
08. Shadowrise
Du texte en grasDu texte en italiqueDu texte soulignédu texte barrédu texte en vertune liste d'item numérotée(...)
16/09/2020, 22:12
16/09/2020, 21:49
15/09/2020, 22:30
15/09/2020, 22:06
gros souvenirs, j'y avais emmené mon neveu de 7 ans et demi ! c'etait drole les regards partagés des gens entre "cool la relève" et "ce n'est pas un endroit approprié pour un enfant " lol. ce qui etait drole aussi le nombre de gens qui se sont barrés après slayer ...comme nous ;)
11/09/2020, 12:32
Novateur ? Je ne sais pas du tout ce que la "presse" en dit mais moi je le trouve très varié (y'a tout NAPALM là dedans !), pas mal de côtés GODFLESH aussi... Pis même un titre totalement KILLING JOKIEN ("Amoral"). Bref, j'adore !!! Album de l'année ???
11/09/2020, 10:59
Barney, toujours aussi intéressant en interview. Bon sang j'adore ce type !!! J'adore l'écart qu'il y a (toujours eu) entre l'aspect brutal de leur musique et le fond, l'esprit derrière tout ça. Quant au dernier album, j'ai bien envie de craquer aussi... Il est aussi "novateur(...)
11/09/2020, 08:04
Nubowsky + 1000000 !!! Le dernier album en date est juste EX-TRA-OR-DI-NAIRE !!! !!! !!! Il tourne en boucle chez moi en ce moment...
11/09/2020, 07:25
Bel effort qui illustre bien le retour en grâce dont bénéficie cet album depuis, disons, une douzaine d'années, et après être passé pour le plus faible dans l'opinion générale jusqu'à la sortie de "Load". Tout est dit ici dans les faits, qui sont au demeurant bien connus. Ce (...)
10/09/2020, 21:27
Sabaton, je n'y prête même plus attention. Pas ma came mais je respecte ceux qui aiment. Y a pas de mauvais Metal. - Le bon Metal, c'est quoi ? Bah tiens, tu prends ce disque là, tu le poses sur la platine, tu écoutes. Bah, c'est du bon Metal. Et le mauvais Metal ? Ah..(...)
10/09/2020, 11:22
J'ai bien aimé celle de David White (Heathen, chant). On sent que l'intérim des gratteux chez Exodus lui a bien cassé les couilles, tout comme le fait que Kragen Lum se soit pointé avec la totalité du nouvel album entièrement composé par lui et que White ne pouvait même pas y apporter ses te(...)
10/09/2020, 11:18
L’interview de Napalm est toujours aussi intéressante.. quelle conviction et quelle carrière exemplaire.
10/09/2020, 09:45