Side Evil

Enslaver

05/06/2020

Sony Music Brasil

Quelle énorme surprise de tomber au hasard des sorties sur un groupe de Thrash venant du Brésil…Je plaisante, ce pays étant depuis longtemps le troisième plus gros exportateur du genre derrière les Etats-Unis et l’Allemagne, mais un album estampillé sud-américain fait toujours bonne impression au prime abord. Spécialement lorsque le dit album ne dure qu’une demi-heure et fait la part belle aux figures les plus radicales du créneau. Formé en 2015 à Maringá, ENSLAVER a déjà prouvé sa valeur au gré de quelques formats, publiant presque chaque année un témoignage. Après deux démos en 2015 (Stained by Blood) et 2016 (Deathcurse / Murder.Inc), un EP en 2017 (Promo), un split en 2018 (Digital Yourself Vol.1, sampler présentant les valeurs montantes, en compagnie de PLAGUE RAGES, CANGAÇO, TERRORSPHERE, KARBURALCOOL et PROJETO TRATOR), ENSLAVER passe donc à la vitesse supérieure, et nous offre son premier longue-durée, après avoir obtenu un bon deal avec Sony Music Brésil. Fêtons donc l’arrivée de Side Evil, d’autant que l’œuvre ne manque ni de piquant, ni de méchanceté instrumentale. Nous étions en droit d’attendre les brésiliens sur le terrain de la bestialité, tradition nationale oblige, mais leur version du Thrash ressemble plus à un mix entre les tendances américaine et allemande, avec ce surplus d’énergie lusophone qui transcende une violence somme toute raisonnable. Huit morceaux, dont seulement deux au-dessus de la barre des quatre minutes, une cadence raisonnable qui toutefois s’excite quand il le faut, un bel éventail de riffs convaincants, des saccades en veux-tu en voilà, un chant hargneux mais intelligible, telle est donc la recette de ce premier LP qui se place dans les sorties intéressantes de l’année.

Sans révolutionner le genre, les brésiliens en proposent une vision plus ou moins personnelle, à base de recyclage de plans SLAYER et d’idées SEPULTURA, le tout sous caution d’un radicalisme germain en vogue à la fin des années 80. Les références éventuelles sont nombreuses, outre les deux précitées, et on pense parfois à ACCUSER, EXUMER, DORSAL ATLANTICA, KREATOR, tout en gardant sous le coude l’importance d’une précision typiquement nord-américaine. Rien de fondamentalement troublant là-dedans, mais une énergie qui ne se dément pas, des capacités individuelles notables, et une propension à toujours trouver le bon plan pour relancer la machine. Le groupe a donc capitalisé sur sa jeune expérience pour trousser des chansons simples, directes, parfois plus sombres et lentes que la moyenne (« Die With The Rest » et son ambiance à la Season in the Abyss), mais bien souvent rapides comme l’éclair, avec cette patine sauvage typique des artistes brésiliens (« Behind The Resistence »). Avec un chanteur à la limite du Hardcore (Luís Vitor, qui ne profite aussi pour gratter), un second guitariste pas avare de soli qui tiennent la route (Peppe), et une section rythmique à l’abattage conséquent (Pedro Vinícius à la basse et Francisco Vitor au kit), ENSLAVER joue crânement sa carte de groupe nostalgique, mais parvient à éviter la paraphrase d’une hystérie collective qui ne sacrifie pas à la cohésion d’ensemble. Un trip au cœur des eighties qui emballe et déballe, qui délivre son quota de plans mosh et d’accélérations fulgurantes, et qui au final attire la sympathie des headbangers qui savent reconnaître les leurs.

En acceptant le postulat de départ qu’aucune idée neuve ne sera mise sur le tapis, on apprécie Side Evil pour ce qu’il est, à savoir un bulldozer Thrash qui n’écrase pas tout sur son passage, mais uniquement les ruines qui ne tiennent plus debout. Et lorsque le quatuor fait preuve de flair, le résultat est en tout point convaincant, comme sur le hit fatal « Murder Inc » qui use d’une intro assez originale avant de partir dans la relecture du catalogue de riffs les plus immédiats. On aime ces variations raisonnables qui confèrent à l’écoute un caractère sautillant, et cette foi en un Metal franc du collier et légèrement diabolique. Certes, nous sommes loin des incantations les plus sataniques de la scène brésilienne historique, mais des accès de fièvre Speed de la trempe de « Enslaver » feront plaisir aux fans de DESTRUCTION qui regrettent la grande époque des allemands. Rien à jeter dans cette petite demi-heure qui passe finalement très vite, au point qu’on regrette qu’un ou deux morceaux supplémentaires n’aient pas été ajoutés en fin de course. D’autant que le final « Pain Lust », méchant et sale comme un glaviot d’EXHORDER achève de nous convaincre de l’investissement des musiciens. Le tout est propre et carré, juste assez blasphématoire pour intéresser les plus sauvages, et se présente sous la forme d’un LP qui aurait cartonné en 1988. Production sobre mais percutante, avec des guitares tout en médiums, grosse caisse à l’écho modéré, basse un peu noyée, chant mis en avant et chœurs épars, tout est là pour faire la fête à la violence la plus maitrisée, en ayant parfaitement conscience du coté recyclage de l’affaire. Mais contrairement à beaucoup de combos se contentant d’emprunter aux maîtres leurs idées les plus classiques, les ENSLAVER possèdent suffisamment de personnalité pour se détacher et ne pas nous les briser avec des enchaînements de plagiaires.

Sympathique mais pas fondamental, Side Evil est diabolique juste ce qu’il faut, et reste dans une moyenne tout à fait acceptable.

        

Titres de l’album :

                     01. Insane Mankind

                     02. Behind The Resistence

                     03. Blood Will Follow Blood

                     04. Last Breath

                     05. Die With The Rest

                     06. Murder Inc

                     07. Enslaver

                     08. Pain Lust

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par mortne2001 le 20/12/2020 à 14:51
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