Slipknot

Slipknot

29/06/1999

Roadrunner Records

« The whole thing I think is sick ». 742617000027 (Code Barre de Mate.Feed.Kill.Repeat).

Here comes the pain.

Jamais un tel avertissement placé en début d’album n’aura été aussi vrai. On avait pourtant connu ça, vingt cinq ans auparavant, avec un autre groupe qui ne voulait pas dévoiler le visage de ses membres, qui achetaient leurs colifichets dans des magasins pour animaux. Mais eux sonnaient comme une douce brise aux oreilles et avaient choisi un patronyme séduisant, le baiser.

Ici, il n’y a rien de séduisant. Juste de la violence, explicite, intérieure, physique, morale. Une incitation à la haine, à l’autodestruction, mais avant tout cela, il fallait détruire ce vieux monde agonisant. Et donc choisir un nom à la hauteur de la tâche inéluctable et pourtant effrayante. Un nœud coulant. SLIPKNOT.

I Feel Sick.

Tu m’étonnes, il y avait de quoi rendre physiquement malade, de quoi se sentir claustrophobe, et pourtant prêt à affronter cette société à vomir. En une chanson, et une seule, les neuf de Des Moines venaient de poser les bases intrinsèques de la violence instrumentale du siècle à venir, certainement aussi étouffant que celui qui n’allait pas tarder à mourir. Exit KORN, exit SLAYER, exit tout le reste. Slipknot et c’est tout. L’alpha, l’Omega, le Yin, le Yang. Et surtout, s’en sortir, et peu importe par quelle porte, qu’on finirait par enfoncer de toute façon.

Et puisque cette putain de société nous considère tous comme de simples matricules, autant les adopter comme autant de surnoms. Vous savez compter jusqu’à neuf ? Mais pouvez vous appréhender le bruit produit par autant de musiciens chaotiques et pourtant sur d’eux-mêmes ?

Jamais, et je choisis ce terme sciemment, un « premier » album n’aura eu un tel impact sur les kids, la presse, et le monde de la musique en général. Et la réaction des vieux de la vieille (la France au premier rang, qui n’aura de cesse de fustiger ces branleurs se cachant derrière des costumes pour détourner l’attention de leur musique de merde.) ne se fit pas attendre.

Trop bruyant, trop marketing, trop pré chauffé. Ca puait tout ça.

Oui, ça puait, ça puait la catharsis. Ca puait la colère.

Fuck it all, fuck this world, fuck everything that you stand for.

Rien de bien nouveau sous le soleil pourtant. Beaucoup de Thrash, une pointe de Techno, du Hardcore, des percus infernales, un DJ sadique, un batteur nerveux et précis, et un chanteur possédé. On avait déjà expérimenté la recette, mais jamais les ingrédients n’avaient été aussi bien dosés. Une sorte de croisement improbable entre la furie nihiliste d’ATARI TEENAGE RIOT, la folie bruitiste contrôlée de SLAYER, et la rigueur sèche de REFUSED. Du Néo Métal ? Dans l’étymologie, je dis oui, dans le rendu, il en est hors de question. Juste un tir de barrage ininterrompu, un jet de bile multiple à portée variable. Et des hits, à ne plus savoir qu’en faire, des ambiances poisseuses, glauques, sombres, sans espoir de retour.

Libérez ma colère.

On pouvait à l’époque envisager cet album comme une ode intégrale à la destruction ou bien au contraire considérer chacun des titres comme une agression individuelle. Mais en aucun cas comme une vulgaire provocation destinée à attirer l’attention, même si quelque part, là aussi était le but du jeu. S’extirper d’une condition misérable dont on ne voulait plus, d’un anonymat subi dans une ville perdue au milieu de nulle part. Et pour détruire un ensemble, pour annihiler un concept, autant y aller franchement, et faire le maximum de bruit possible. Car Slipknot, l’album, est une épreuve, un genre de sprint de fond, dont il faut assumer la débauche d’énergie inhérente du début à la fin. Il n’était pas un album « facile », loin de là.

Tu ne peux pas voir la Californie sans les yeux de Marlon Brando.

Un incroyable chaos, pourtant si précis, si cliniquement épouvantable que tout en comparaison sonnait fade tout à coup. Et même si le nonette se permettait de refourguer d’anciennes compositions à la sauce 1999 (« Slipknot » accéléré et devenu (SIC), « Tattered & Torn », « Only One ») et de balancer en guise de conclusion une auto analyse aux forceps rappelant autant le « Daddy » de Jonathan Davis que le « God » de John Lennon, on leur pardonnait tout, parce qu’ils parlaient de nous à travers eux. Et peu importe l’âge que vous aviez à la sortie de cet album, si quelque part une blessure toujours ouverte vous faisait souffrir, vous ETIEZ concernés. Et si vous lisez ces lignes aujourd’hui, c’est que la cicatrice n’a rien guéri.

Get this and die.

Bon nombre de classiques du groupe figurent sur ce premier LP, qui s’assumait en tant que tel avec son titre éponyme. « Wait & Bleed », « (SIC) », « Eyeless », « Surfacing », « Spit It Out », « Liberate », toujours interprétés avec la même rage instinctive et primale. Tout simplement parce que Slipknot était le cri initial d’une bête enfin libérée, à qui on donnait les moyens de s’exprimer. Et même si SLIPKNOT ne retrouverait plus jamais l’urgence de ce hurlement séminal, ils avaient posé les bases de ce que la musique allait devenir. Et allait offrir au monde son propre reflet, hideux, cacophonique, insensé, au travers d’un spectacle intégral. Ainsi qu’un des premiers albums les plus féroces de tous les temps.

Dans ma coquille, j’attends et je saigne.

Comme nous tous, oui.

Comme nous tous.

Et jamais une invective d’introduction n’aura été aussi pertinente.

(Here comes the pain !)


Titres de l'album:

                           1.742617000027
                           2.(sic)
                           3.Eyeless
                           4.Wait and Bleed
                           5.Surfacing
                           6.Spit It Out
                           7.Tattered & Torn
                           8.Frail Limb Nursery
                           9.Purity
                           10.Liberate
                           11.Prosthetics
                           12.No Life
                           13.Diluted
                           14.Only One
                           15.Scissors

Site officiel


par mortne2001 le 17/08/2019 à 14:39
90 %    675

Commentaires (2) | Ajouter un commentaire


Saddam Mustaine
@84.6.7.126
18/08/2019, 00:42:58
Un album ou il faut pas réfléchir, c'est beaucoup de bruit, ça tremble c'est juste fait pour nous détruire la cervelles et les oreilles c'est assumé et ça marche, ça te met la dose.

J'assume aimé dans ce sens mais je n'y vois rien d'autre et ça me suffit de m'explosé la tete.


yolo
@78.192.38.132
18/08/2019, 22:57:05
Slips sales forever

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Test de nouvelle vidéo

grinder92 11/09/2020

Vidéos

From This Day Forward

mortne2001 10/09/2020

From the past

...And Justice For All

mortne2001 08/09/2020

From the past

Slayer + Megadeth 2011

RBD 05/09/2020

Live Report

Manifest Decimation

mortne2001 31/08/2020

From the past

Opeth 2006

RBD 29/08/2020

Live Report

Widespread Bloodshed/Love Runs Red

mortne2001 24/08/2020

From the past

PILORI / Interview

Baxter 18/08/2020

Interview

Dead can Dance 2013

RBD 15/08/2020

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
grinder92

Du texte en grasDu texte en italiqueDu texte soulignédu texte barrédu texte en vertune liste d'item numérotée(...)

16/09/2020, 22:12

grinder92

 

16/09/2020, 21:51

grinder92

16/09/2020, 21:49

grinder92

  Affichage des smileys

16/09/2020, 16:48

grinder92

 

16/09/2020, 15:51

grinder92

15/09/2020, 22:30

grinder92

15/09/2020, 22:06

grinder92

  

15/09/2020, 19:09

grinder92

 

15/09/2020, 18:39

grinder92

 

15/09/2020, 18:38

grinder92

Affichage de Smileys  

15/09/2020, 13:57

grinder92

test de fonctionnement

15/09/2020, 13:57

senior canardo

gros souvenirs, j'y avais emmené mon neveu de 7 ans et demi ! c'etait drole les regards partagés des gens entre "cool la relève" et "ce n'est pas un endroit approprié pour un enfant " lol. ce qui etait drole aussi le nombre de gens qui se sont barrés après slayer ...comme nous ;)

11/09/2020, 12:32

Humungus

Novateur ? Je ne sais pas du tout ce que la "presse" en dit mais moi je le trouve très varié (y'a tout NAPALM là dedans !), pas mal de côtés GODFLESH aussi... Pis même un titre totalement KILLING JOKIEN ("Amoral"). Bref, j'adore !!! Album de l'année ???

11/09/2020, 10:59

Living Monstrosity

Barney, toujours aussi intéressant en interview. Bon sang j'adore ce type !!! J'adore l'écart qu'il y a (toujours eu) entre l'aspect brutal de leur musique et le fond, l'esprit derrière tout ça. Quant au dernier album, j'ai bien envie de craquer aussi... Il est aussi "novateur(...)

11/09/2020, 08:04

Humungus

Nubowsky + 1000000 !!! Le dernier album en date est juste EX-TRA-OR-DI-NAIRE !!! !!! !!! Il tourne en boucle chez moi en ce moment...

11/09/2020, 07:25

RBD

Bel effort qui illustre bien le retour en grâce dont bénéficie cet album depuis, disons, une douzaine d'années, et après être passé pour le plus faible dans l'opinion générale jusqu'à la sortie de "Load". Tout est dit ici dans les faits, qui sont au demeurant bien connus. Ce (...)

10/09/2020, 21:27

Arioch91

Sabaton, je n'y prête même plus attention. Pas ma came mais je respecte ceux qui aiment. Y a pas de mauvais Metal. - Le bon Metal, c'est quoi ? Bah tiens, tu prends ce disque là, tu le poses sur la platine, tu écoutes. Bah, c'est du bon Metal. Et le mauvais Metal ? Ah..(...)

10/09/2020, 11:22

Arioch91

J'ai bien aimé celle de David White (Heathen, chant). On sent que l'intérim des gratteux chez Exodus lui a bien cassé les couilles, tout comme le fait que Kragen Lum se soit pointé avec la totalité du nouvel album entièrement composé par lui et que White ne pouvait même pas y apporter ses te(...)

10/09/2020, 11:18

Nubowsky

L’interview de Napalm est toujours aussi intéressante.. quelle conviction et quelle carrière exemplaire.

10/09/2020, 09:45