The Fifth Sun

Fraise

 

Autoproduction

Bon là, forcément, vous allez y avoir droit. Dieu sait que je ne suis pas foncièrement amateur de calembours faciles, mais avec un nom pareil, ce groupe ne me laisse pas le choix…Quelle idée bizarre a pu passer à travers la tête de ces musiciens pour opter pour un baptême pareil ??? En tout cas, leur patronyme ne laisse évidemment pas de glace (à la fraise), ce qui permet de les repérer assez facilement dans le flot de sorties actuelles. Les chroniqueurs français à l’humour un peu facile vont donc utiliser tout leur champ (de fraises) lexical pour multiplier les jeux de mots foireux, mais je ne fais pas partie de cette catégorie de plumes faciles qui tombent dans le piège de la fantaisie gratuite. Nonobstant cette introduction, le cas des FRAISE est assez intéressant en soi. Il est en effet assez rare en 2020 de tomber sur un groupe suédois sans maison de disques, spécialement avec une carrière aussi fournie. Fondé en 2002, ce quintet a déjà publié cinq longue-durée, peinant à trouver un soutien officiel, ce qui ne manque pas d’intriguer alors qu’on sait pertinemment que tout ce qui sort des pays scandinaves est immédiatement signé pour cause de hype commerciale et artistique patente. Malchance ? Oubli ? A l’écoute de ce The Fifth Sun je serais tenté de dire sans méchanceté aucune que la logique semble respectée, puisque The Fifth Sun fait partie de ces œuvres anonymes qu’on écoute sans déplaisir aucun, mais qui ne stimulent pas vraiment les sens en se cantonnant à un Heavy Metal classique et sans imagination. Non que la démarche ne soit pas efficace, car elle l’est dans un sens, mais la voie suivie par ces originaires d’Alingsås a tout d’une impasse de créativité, répondant à des critères d’orientation un peu trop sécuritaires pour vraiment étonner. Musicalement, et après quatre LPs au caractère solide et mélodique, The Fifth Sun se contente de rabâcher des recettes Heavy/Power en vogue depuis les années 90, utilisant des capacités techniques indéniables pour se complaire dans un formalisme qui dérange sur la durée.

Avec sa pochette flamboyante, ce cinquième chapitre semble se vendre sur des prétentions symphoniques et ambitieuses. Et le début de l’album semble s’accorder de ce parti-pris tape-à-l’œil, avec deux titres qui mettent le feu aux poudres sans trop pousser sur la puissance de l’explosion. Simon Lindholm (basse), Patrick Fransson (batterie), Fredrik Falkerstedt (guitare), Ola Mauritz (claviers) et Staffan Ericson (chant) jouent en rangs serrés, lâchent les watts, proposent des riffs francs et séduisants, pourtant, après quelques écoutes, on se prend à oublier rapidement ce qu’on a entendu pour se demander où tout ça veut vraiment en venir. Sans que l’on puisse formuler de reproche particulier à l’égard de la formation qui dispose d’individualités notables (notamment le guitariste Fredrik Falkerstedt qui mouline sévère en rythmique et qui propose des interventions volubiles en solo), on tourne un peu en rond, quoiqu’on remarque que le quintet a légèrement accéléré le tempo au regard de ses productions précédentes. En regardant de loin les rares critiques de leurs œuvres sur les sites référentiels, on note que leurs sorties sont rarement sanctionnées de critiques dithyrambiques, obtenant dans le meilleur des cas une moyenne polie, et dans le pire des notes juste en dessous des 50% qui ne sont ni cruelles ni agressives, mais juste objectives. Et je peux comprendre pourquoi le groupe ne déchaîne pas plus les passions, ayant moi-même connu quelques difficultés pour m’accrocher à ce Heavy Metal passéiste et décidément trop poli pour être rebelle. Il n’y a aucune honte à se vouloir sage et dans le rang, mais les chansons proposées ici ressemblent toutes à des recyclages de Heavy allemand dans le pire des cas, et à des tentatives de clonage de Power Metal nordique dans le meilleur. Acceptons quand même une montée en puissance des tempi et de l’ambiance générale, mais avec deux bons tiers de morceaux en mid tempo, et un petit tiers plus Speed que la moyenne, The Fifth Sun reste dans une norme un peu dérangeante, et ne s’affilie pas au talent naturel du peuple suédois à trousser des hymnes fédérateurs qui laissent des souvenirs impérissables dans les oreilles. Ceci dit, nier l’impact de « Wake Up, Shining », up-tempo d’entame à la STRATOVARIUS/PRIMAL FEAR serait totalement injuste, et rejeter le tourbillon mélodique de « Be One of Us » reviendrait à admettre que nos œillères nous cachent les tympans. Certes, le tout est à peu près aussi original qu’un inédit d’UDO sorti des tiroirs pour une compilation, mais le tout est percutant à défaut d’être original, et surtout, entraînant. Las, la bonne impression ne dure pas, et les titres suivants se posent en redites un peu maladroites, manquant d’harmonies marquantes et de gimmicks séduisants.

Que reprocher formellement à un groupe qui fait ce qu’il peut pour alimenter la chaudière en charbon, mais qui peine à vraiment titiller les sens ? Des facilités un peu trop flagrantes, des transitions légèrement téléphonées, et surtout, moins tangible, un manque cruel de magie qu’on reproche plus facilement à des suédois, d’ordinaire plus habiles à transcender la normalité. Un titre comme « In the Dead of the Night » illustre à merveille ce constat, avec son riff trop ordinaire pour vraiment convaincre, et un chanteur qui se donne, mais qui vocalise souvent dans le vide. Il y a pourtant des choses plus ou moins sympathiques sur cet album, comme cette allusion très poussée à la NWOBHM qu’est « Sintasia », qui mélange avec plus ou moins de bonheur MAIDEN et TAD MOROSE, mais en refusant obstinément les variations, en occultant les ambiances plus tamisées, les refrains un peu plus radiophoniques, les FRAISE finissent par lasser de tant d’obstination à respecter leurs propres codes. Seul « Farewell » offre un peu d’espace avec son duo claviers/voix, mais avec moins de deux minutes au compteur, cette pause ne permet pas de reprendre son souffle ou d’espérer des lendemains plus ensoleillés. « To Be… », en final, laisse quand même espérer d’une suite moins convenue avec son instrumental hautement harmonique, mais ces deux derniers segments ne parviennent pas à rétablir l’équilibre et donnent le sentiment de possibilités gâchées par une trop grande linéarité. On comprend assez facilement à l’écoute de The Fifth Sun pourquoi les suédois sont encore sans label, leur musique se montrant trop générique et entêtée pour vraiment représenter un potentiel commercial quelconque. Une sortie à réserver aux plus acharnés des fans d’un Heavy subtilement teinté de Power, mais qui laissera les autres totalement indifférents, et pas vraiment enclin à utiliser cet album pour sucrer les FRAISE.    

                      

Titres de l’album :

01. Opusalis Consentum

02. Wake Up, Shining

03. Be One of Us

04. Twin of My Soul

05. In the Dead of the Night

06. Lust for Life

07. Meditation

08. Sintasia

09. In the End

10. Farewell

 11. To Be…


Site officiel


par mortne2001 le 20/03/2021 à 17:22
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