Tout seul, enfermé chez soi, quelles sont les options ? Regarder des séries à la télé, tricoter un pull à ses petits-enfants qu’ils arboreront fièrement à Noël prochain, faire des mots-croisés, regarder par la fenêtre, monter des étagères Ikea, réparer l’évier, consulter des sites en ligne pour commander des trucs inutiles. Les options ne manquent pas, et pourtant s’il est une catégorie bien précise d’humains dont le comportement n’a pas vraiment changé suite au confinement global, c’est bien celle des misanthropes du Black Metal le plus farouchement Raw. Ainsi, ce brave Paul Gibson (aka Hrafn), n’a pas attendu la promulgation des mesures de Boris pour rester cloîtré chez lui à enregistrer le plus de morceaux possibles, histoire de les publier sur des formats spécifiques, au rayonnement plus que confidentiel. Depuis sa création en 2016, le projet THY DYING LIGHT a donc multiplié les supports comme Jésus multipliait les pains et les pardons, lâchant coup sur coup trois démos en 2016, puis trois EP’s, avant de tout regrouper sur une première compilation en 2018 (dont la chronique est dispo sur Thrashocore pour en savoir plus, je conseille la lecture), sobrement intitulée Forgotten by Time. Depuis 2018, le concept n’a pas ralenti la cadence, puisque un split a vu le jour en compagnie de TRUE LOVE, précédant de peu une nouvelle compilation (Tombs of the Forgotten / Black Death), un nouvel EP, un live, une troisième compilation, résumant plus ou moins l’appartenance et l’optique (Cumbrian Black Metal), avant d’enfin consacrer un peu plus d’énergie à l’élaboration d’un premier long éponyme que j’ai eu le plaisir de découvrir ce matin (nous sommes encore en mars, je le précise).
THY DYING LIGHT dans les faits, c’est un peu l’archétype du concept BM nihiliste et solitaire dans toute sa magnificence. Le duo (complété par Azrael/Marc Hoyland à la guitare et batterie selon la bio) est de cette caste à prôner des valeurs puristes, non seulement en termes de style, mais aussi d’attitude commerciale. Ainsi, chaque sortie est réservée à une élite, les pressages étant plus que confidentiels, avec une quantité minimale de tapes et de vinyles qui ne dépassent jamais les cent, voire trente exemplaires. Ce qui en fait évidemment des objets très recherchés par les fans, traquant les sorties sold-out pour enrichir leur collection. Thy Dying Light ne fait pas exception à la règle, et se voit édité en tape par le label d’esthètes allemands Worship Tapes, une cassette au noir de jais et à la pochette qui ne laisse planer aucun doute sur les orientations. Avec des musiciens évoluant dans l’underground le plus total et au sein d’un nombre conséquent de formations/projets (ATRA MORS, ETHEREAL FOREST, GLARAMARA, HEATHEN DEITY, HELVELLYN, NEFARIOUS DUSK, SKIDDAW, TORVER, WITHER, 13 CANDLES, MORTE LUNE, ÚLFARR, VOLITION), THY DYING LIGHT est donc une bouée dans un océan d’inspiration, mais surtout un magnifique hommage au BM des origines, celui qui réfutait alors toute théorie d’évolution, tout geste de compromission, se basant sur une noirceur totale et des riffs lancinants, des blasts omniprésents, des ambiances délétères et des lignes vocales hurlées à plein poumons. Le style est connu, l’approche est reconnue, et rien dans ce premier LP ne viendra bousculer vos convictions BM, mais bien les renforcer.
Notons toutefois une chose importante. Bien que définitivement plongé dans les affres d’un minimalisme créatif, le groupe ne se contente pas de quelques hurlements et de riffs qui couinent captés par un micro unique placé dans la pièce adjacente. La musique présente sur la bande de Thy Dying Light est d’excellente qualité, présentant des similitudes avec le BM nordique des années 90, mais jouit surtout d’une production étonnamment bonne, même excellente, qui permet de discerner tous les instruments et idées sans avoir à les imaginer. Loin d’un caprice de tête de mule enfermé dans sa cave, THY DYING LIGHT est donc une véritable entité, qui d’un côté privilégie les optiques radicales et brèves, mais qui d’un autre se complait dans une progression macabre parfaitement délicieuse, comme en témoigne le monstrueux « Ritual Altar », que le BATHORY viking et le DARKTHRONE morbide adouberaient sans aucune hésitation. Avec des riffs plaqués comme la peste bubonique sur un visage difforme, les deux acolytes nous prennent dans des filets, et créent des textures sourdes, compactes, épaisses, dignes des plus grandes heures de la légende noire. C’est ainsi que si la première partie de l’album se contente de saillies sous la barre des quatre minutes, la seconde ose les inserts plus développés et plein de bon goût. Très convaincant lorsqu’il ralentit considérablement le tempo, le groupe nous propose alors des processions funèbres et funestes, dont « Temple of Flesh » et ses dissonances bienvenues, ou « Thy Dying Light » qui n’est pas sans évoquer une version très rudimentaire de DISSECTION, avec cette même envie de grandeur, ici confinée et plus tamisée, mais bien concrète.
Evidemment, l’avide de brutalité ne pourra s’empêcher de louer les qualités lapidaires de « Impaler », sobre et supersonique, ni de chanter les louanges de « The Rise of Evil » qui retrouve l’essence diabolique des premiers efforts de la légende norvégienne, mais les esthètes sauront reconnaître la patte des vrais créateurs qui n’hésitent pas à placer des pions de transition mélodique (« Death Knell »). Les deux anglais en profitent même pour se citer dans le texte, en reprenant un titre d’un autre de leurs projets, NEFARIOUS DUSK, laissant « In the Shadows » comme épitaphe d’un premier album beaucoup plus profond que la moyenne. Certes, il doit être difficile de faire la part des choses et de différencier les différents vecteurs d’expression de Paul et Marc, mais en se bornant à THY DYING LIGHT, on constate que les deux musiciens ont des choses à dire, et qu’ils les disent de façon très convaincante. Un album à réserver aux fans de BM assez cru, mais qui acceptent les productions de qualité.
Titres de l’album :
01.Under the Horns
02.Cold In Death
03.Impaler
04.Black Death
05.The Rise of Evil
06.Ritual Altar
07.Fist of Satan
08.Temple of Flesh
09.Thy Dying Light
10.Death Knell
11.In the Shadows (NEFARIOUS DUSK cover)
Du texte en grasDu texte en italiqueDu texte soulignédu texte barrédu texte en vertune liste d'item numérotée(...)
16/09/2020, 22:12
16/09/2020, 21:49
15/09/2020, 22:30
15/09/2020, 22:06
gros souvenirs, j'y avais emmené mon neveu de 7 ans et demi ! c'etait drole les regards partagés des gens entre "cool la relève" et "ce n'est pas un endroit approprié pour un enfant " lol. ce qui etait drole aussi le nombre de gens qui se sont barrés après slayer ...comme nous ;)
11/09/2020, 12:32
Novateur ? Je ne sais pas du tout ce que la "presse" en dit mais moi je le trouve très varié (y'a tout NAPALM là dedans !), pas mal de côtés GODFLESH aussi... Pis même un titre totalement KILLING JOKIEN ("Amoral"). Bref, j'adore !!! Album de l'année ???
11/09/2020, 10:59
Barney, toujours aussi intéressant en interview. Bon sang j'adore ce type !!! J'adore l'écart qu'il y a (toujours eu) entre l'aspect brutal de leur musique et le fond, l'esprit derrière tout ça. Quant au dernier album, j'ai bien envie de craquer aussi... Il est aussi "novateur(...)
11/09/2020, 08:04
Nubowsky + 1000000 !!! Le dernier album en date est juste EX-TRA-OR-DI-NAIRE !!! !!! !!! Il tourne en boucle chez moi en ce moment...
11/09/2020, 07:25
Bel effort qui illustre bien le retour en grâce dont bénéficie cet album depuis, disons, une douzaine d'années, et après être passé pour le plus faible dans l'opinion générale jusqu'à la sortie de "Load". Tout est dit ici dans les faits, qui sont au demeurant bien connus. Ce (...)
10/09/2020, 21:27
Sabaton, je n'y prête même plus attention. Pas ma came mais je respecte ceux qui aiment. Y a pas de mauvais Metal. - Le bon Metal, c'est quoi ? Bah tiens, tu prends ce disque là, tu le poses sur la platine, tu écoutes. Bah, c'est du bon Metal. Et le mauvais Metal ? Ah..(...)
10/09/2020, 11:22
J'ai bien aimé celle de David White (Heathen, chant). On sent que l'intérim des gratteux chez Exodus lui a bien cassé les couilles, tout comme le fait que Kragen Lum se soit pointé avec la totalité du nouvel album entièrement composé par lui et que White ne pouvait même pas y apporter ses te(...)
10/09/2020, 11:18
L’interview de Napalm est toujours aussi intéressante.. quelle conviction et quelle carrière exemplaire.
10/09/2020, 09:45