Toxic Invasion

D-ozz

13/07/2020

Autoproduction

Notre increvable Michel Drucker parlerait d’un « parcours atypique » en recevant ce groupe sur son canapé rouge du dimanche, et il aurait une fois de plus raison. Il faut dire que malgré un nom peu connu dans nos contrées, les D-OZZ ne sont pas des new-born metallists dans leur Russie natale, puisqu’ils jouent sous ce nom depuis…1995. On retrouve dans le line-up deux membres de la formation d’origine, Dmitriy Mikhailov le batteur et Anatoly Bulatov le guitariste, mais par contre, personne des deux incarnations précédentes, puisque selon la bible The Metal Archives, le combo existe depuis 1990, époque à laquelle il battait pavillon CRANIOTOMY. S’en sont suivies trois années sous un autre patronyme, avant la création de la formation définitive, qui existe donc depuis vingt-cinq ans. Avec une longévité pareille, le fan se devrait de pouvoir compter sur une discographie conséquente, et pourtant, le combo de Saint-Pétersbourg n’a publié que deux longue-durée, auxquels succédaient de longues périodes de silence. C’est ainsi que rien n’est sorti sous leur nom depuis treize ans, et leur deuxième LP Дети порока, qui lui-même suivait de trois ans l’initial В пределах досягаемости. C’est donc un comeback en anglais que les russes ont choisi, et un format médium puisque seulement six morceaux viennent combler cette longue absence, mais gageons que leur puissance saura satisfaire les moins impatients. En conjonction de plusieurs styles, la bande (complétée d’Alexander Lotnik à la basse, Alexander Shishkanov à la guitare, tous deux depuis 2010, Alex Tkachev au chant depuis 2011 et visiblement Oleg Sobolevsky au chant lui aussi depuis 2016, à confirmer) se propose donc d’incarner la brutalité la plus contemporaine, s’appuyant quand même sur quelques principes old-school.

C’est donc une sorte de Thrash/Death qui nous est proposé, ou l’inverse selon les morceaux, et autant admettre qu’aussi linéaire soit l’optique, elle est efficace et écrase quelques os au passage. En jonction du Groove Metal des années 90 et du Néo-Death scandinave de la même époque, D-OZZ nous brutalise d’un Metal métissé, à la superbe pochette, qui prend tout de même le soin de ne pas répéter la même attaque pendant vingt minutes. C’est donc une succession de plans souvent rapides, parfois très, parfois au contraire lents comme un dimanche d’hiver, et si le tout occulte toute forme d’originalité, il ne s’en montre pas moins compétitif. On prend pleinement conscience du potentiel du groupe dès « Wild Oriental War », qui de son intro aux sirènes inquiétantes nous avertit qu’on risque de ne pas rigoler très longtemps. Et c’est après un riff très souple et accrocheur que les débats s’enveniment, montrant un combo droit dans ses bottes, et rappelant de loin le NO RETURN le plus impitoyable. On pense évidemment aussi à AT THE GATES, en moins systématique, mais l’ambiance explosive alternant mid tempo solide et accélération dantesque ne nous laisse guère le temps de trop réfléchir, si ce n’est pour noter une formule de chant rauque qui risque d’être irritante à la longue.

Heureusement, l’instrumentale offre de l’air, et si le son des guitares est un peu trop propre pour être vraiment sauvage, les riffs savent se montrer assez catchy pour qu’on se prenne au jeu, d’autant que le batteur connaît son job et alterne les frappes avec flair. Quelques mélodies éparses permettent de relier le tout à la génération 90, celle du groupe justement, et il semblerait que les D-OZZ soient assez imperméables aux modes en vogue depuis. Pas totalement old-school, mais pas contemporain non plus, ajoutant une grosse basse lourde aux breaks déjà étouffants, Toxic Invasion ose donc la variété dans la solidité, et nous convainc de ses capacités à dévier de sa trajectoire bien tracée quand il le faut. Le tout est très carré, trop même pour certains, et si les intros sont toujours très travaillées (celle de « Toxic Invasion » rappelle le KREATOR de ces dernières années), les couplets choisissent souvent la même formule, sauf lorsqu’ils optent pour une fluidité à la SOILWORK/EXODUS. Beaucoup de références donc, une dualité vocale entre harangues viriles et grognements d’outre-tombe, pour un savoir-faire traditionnel qui n’évite pas toujours la mièvrerie de mélodies un peu trop cliché. Mais les hits ne manquent pas, et entre l’aplatissement en règle du monstrueux « Chains Of Zombification », et la lenteur moite et oppressante de « The Thirst », cet EP est suffisamment coloré pour intéresser tous les fans d’un extrême bien maîtrisé, et récité avec application. Le format aide évidemment à faire passer quelques facilités de sa brièveté, mais pour un retour sur le devant de la scène, les russes font feu de tout bois, et terminent pas une dernière salve en baroud d’honneur fusant comme un missile moyenne portée.

Bon retour donc pour les D-OZZ, qui ne cherchent pas la première division, mais qui animent la seconde de leur brutalité raisonnable et de leur sens de l’à-propos mélodique.                  

   

Titres de l’album:

                        01. Wild Oriental War

                        02. Do You Feel The Pain?

                        03. Toxic Invasion

                        04. Chains Of Zombification

                        05. The Thirst

                        06. Price Of Salvation

Site officiel

Facebook officiel


par mortne2001 le 08/03/2021 à 17:55
75 %    214

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Test de nouvelle vidéo

grinder92 11/09/2020

Vidéos

From This Day Forward

mortne2001 10/09/2020

From the past

...And Justice For All

mortne2001 08/09/2020

From the past

Slayer + Megadeth 2011

RBD 05/09/2020

Live Report

Manifest Decimation

mortne2001 31/08/2020

From the past

Opeth 2006

RBD 29/08/2020

Live Report

Widespread Bloodshed/Love Runs Red

mortne2001 24/08/2020

From the past

PILORI / Interview

Baxter 18/08/2020

Interview

Dead can Dance 2013

RBD 15/08/2020

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
grinder92

Du texte en grasDu texte en italiqueDu texte soulignédu texte barrédu texte en vertune liste d'item numérotée(...)

16/09/2020, 22:12

grinder92

 

16/09/2020, 21:51

grinder92

16/09/2020, 21:49

grinder92

  Affichage des smileys

16/09/2020, 16:48

grinder92

 

16/09/2020, 15:51

grinder92

15/09/2020, 22:30

grinder92

15/09/2020, 22:06

grinder92

  

15/09/2020, 19:09

grinder92

 

15/09/2020, 18:39

grinder92

 

15/09/2020, 18:38

grinder92

Affichage de Smileys  

15/09/2020, 13:57

grinder92

test de fonctionnement

15/09/2020, 13:57

senior canardo

gros souvenirs, j'y avais emmené mon neveu de 7 ans et demi ! c'etait drole les regards partagés des gens entre "cool la relève" et "ce n'est pas un endroit approprié pour un enfant " lol. ce qui etait drole aussi le nombre de gens qui se sont barrés après slayer ...comme nous ;)

11/09/2020, 12:32

Humungus

Novateur ? Je ne sais pas du tout ce que la "presse" en dit mais moi je le trouve très varié (y'a tout NAPALM là dedans !), pas mal de côtés GODFLESH aussi... Pis même un titre totalement KILLING JOKIEN ("Amoral"). Bref, j'adore !!! Album de l'année ???

11/09/2020, 10:59

Living Monstrosity

Barney, toujours aussi intéressant en interview. Bon sang j'adore ce type !!! J'adore l'écart qu'il y a (toujours eu) entre l'aspect brutal de leur musique et le fond, l'esprit derrière tout ça. Quant au dernier album, j'ai bien envie de craquer aussi... Il est aussi "novateur(...)

11/09/2020, 08:04

Humungus

Nubowsky + 1000000 !!! Le dernier album en date est juste EX-TRA-OR-DI-NAIRE !!! !!! !!! Il tourne en boucle chez moi en ce moment...

11/09/2020, 07:25

RBD

Bel effort qui illustre bien le retour en grâce dont bénéficie cet album depuis, disons, une douzaine d'années, et après être passé pour le plus faible dans l'opinion générale jusqu'à la sortie de "Load". Tout est dit ici dans les faits, qui sont au demeurant bien connus. Ce (...)

10/09/2020, 21:27

Arioch91

Sabaton, je n'y prête même plus attention. Pas ma came mais je respecte ceux qui aiment. Y a pas de mauvais Metal. - Le bon Metal, c'est quoi ? Bah tiens, tu prends ce disque là, tu le poses sur la platine, tu écoutes. Bah, c'est du bon Metal. Et le mauvais Metal ? Ah..(...)

10/09/2020, 11:22

Arioch91

J'ai bien aimé celle de David White (Heathen, chant). On sent que l'intérim des gratteux chez Exodus lui a bien cassé les couilles, tout comme le fait que Kragen Lum se soit pointé avec la totalité du nouvel album entièrement composé par lui et que White ne pouvait même pas y apporter ses te(...)

10/09/2020, 11:18

Nubowsky

L’interview de Napalm est toujours aussi intéressante.. quelle conviction et quelle carrière exemplaire.

10/09/2020, 09:45